Pierre Lemaitre - Travail soigné

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Dès le premier meurtre, épouvantable et déroutant, Camille Verhœven comprend que cette affaire ne ressemblera à aucune autre. Et il a raison. D’autres crimes se révèlent, horribles, gratuits… La presse, le juge, le préfet se déchaînent bientôt contre la « méthode Verhœven ».
Policier atypique, le commandant Verhœven ne craint pas les affaires hors normes mais celle-ci va le placer totalement seul face à un assassin qui semble avoir tout prévu. Jusque dans le moindre détail. Jusqu’à la vie même de Camille qui n’échappera pas au spectacle terrible que le tueur a pris tant de soin à organiser, dans les règles de l’art…
Prix Cognac, 2006.

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Camille contempla un instant son antithèse, Armand. Pauvre Armand. Inspecteur à la Brigade criminelle depuis près de vingt ans, il y en avait bien dix-neuf et demi qu’il jouissait de la réputation du plus sordide radin que la police ait jamais hébergé. C’était un homme sans âge, long comme un jour sans pain, les traits creusés, maigre et inquiet. Tout ce qui pouvait définir Armand se situait du côté du manque. Cet homme était la pénurie incarnée. Son avarice n’avait pas le charme d’un trait de caractère. C’était une pathologie lourde, très lourde, indépassable et qui n’avait jamais amusé Camille. Au fond, Camille se foutait comme de l’an quarante de la pingrerie d’Armand mais après tant d’années à travailler avec lui, il souffrait toujours de voir le « pauvre Armand » conduit, malgré lui, à d’incroyables bassesses pour ne pas dépenser un centime et à des stratégies extraordinairement compliquées pour éviter seulement de payer une mauvaise tasse de café. Héritage peut-être de son propre handicap, Camille souffrait parfois de ces humiliations comme si elles étaient les siennes. Le plus pathétique était la réelle conscience qu’Armand avait de son état. Il en souffrait et de ce fait il était devenu un homme triste. Armand travaillait en silence. Armand travaillait bien. À sa manière, il était peut-être même le meilleur des seconds rôles de la Brigade criminelle. Son avarice avait fait de lui un policier méticuleux, pointilleux, scrupuleux, capable d’éplucher un annuaire téléphonique pendant des jours entiers, de planquer d’interminables heures dans une voiture au chauffage détraqué, d’interroger des rues entières, des professions entières, de retrouver, au sens propre du terme, une aiguille dans une meule de foin. Lui eût-on confié un puzzle d’un million de pièces, Armand n’aurait pas fait autre chose que de le prendre, de rentrer dans son bureau et de consacrer, dans leur scrupuleuse intégralité, ses heures de service à le reconstituer. Peu importait d’ailleurs la matière de sa recherche. Le sujet n’avait aucune importance.

Son obsession de l’accumulation excluait toute préférence. Elle avait souvent fait des merveilles et, si tout le monde s’accordait à trouver Armand insupportable au quotidien, on admettait sans hésitation que ce flic obstiné, ratisseur, avait quelque chose de plus que les autres, quelque chose d’intemporel qui montrait admirablement à quel point, menée à son extrême limite, une tâche sans intérêt peut confiner au génie. Après avoir usé d’à peu près toutes les blagues possibles sur son avarice, ses collègues avaient peu à peu renoncé à s’en moquer. Personne ne s’en amusait plus. Tout le monde était atterré.

— Bien, conclut Camille lorsque Louis eut terminé son exposé. En attendant les premiers éléments, on va prendre les choses comme elles viennent. Armand et Maleval, vous commencez à pister les indices matériels, tout ce qui a été trouvé sur place, la provenance des meubles, des objets, bibelots, vêtements, linge, etc. Louis, tu t’occupes de la bande vidéo, la revue américaine, bref, de tout ce qui est exotique, mais tu ne t’éloignes pas. Si quelque chose de nouveau intervient, Louis se charge de la communication. Des questions ?

Il n’y avait pas de questions. Ou il y en avait trop, ce qui revenait au même.

12

La police de Courbevoie avait été informée du crime le matin par un appel anonyme. Camille descendit en écouter l’enregistrement.

« Il y a eu meurtre. Rue Félix-Faure. Au 17. »

C’était assurément la même voix que celle du répondeur téléphonique, avec la même déformation, due sans doute au même appareil.

Camille passa les deux heures suivantes à remplir des formulaires, des constats, des questionnaires, à remplir les blancs du texte avec les inconnues de l’enquête en se demandant sans cesse à quoi tout ça rimait.

Soumis aux nécessités de la vie administrative, il se sentait souvent atteint d’une sorte de strabisme mental. De son œil droit, il renseignait des formulaires, se pliait aux exigences de la statistique locale et rédigeait, dans le style réglementaire, des PV et des rapports d’intervention tandis que sur la rétine de son œil gauche restaient collées des images de corps éteints jetés sur le sol, de plaies noires de sang coagulé, de visages ravagés par la douleur et la lutte désespérée pour rester vivant, l’ultime regard d’incompréhension devant l’évidence de la mort certaine, toujours surprenante.

Et parfois, tout cela se superposait. Camille surprit l’image de doigts de femmes coupés, disposés en corolle dans le logo de la Police judiciaire… Il posa ses lunettes sur le bureau et se massa lentement les sourcils.

13

Bergeret, le responsable de l’Identité, en bon militaire qu’il avait été, n’était pas homme à se précipiter ni, satisfait de son importance, à répondre aux urgences de quiconque. Mais sans doute Le Guen avait-il usé de son influence (combat de titans entre les deux hommes, deux inerties s’affrontant dans un corps à corps pathétique, comme dans un combat de sumos filmé au ralenti). Toujours est-il qu’en fin d’après-midi, Camille disposa des premiers éléments provenant de l’Identité.

Deux jeunes femmes, donc, entre 20 et 30 ans. Blondes toutes les deux. L’une, 1,65 m, 50 kg, une tache de vin au genou (intérieur gauche), bonne denture, forte poitrine, l’autre, à peu près la même taille, à peu près le même poids, aussi bonne denture, pas de signe particulier, assez forte poitrine également. Les deux victimes avaient pris un repas au cours des trois à cinq heures ayant précédé la mort : crudités, carpaccio, et vin rouge. L’une des victimes avait choisi des fraises au sucre, l’autre un sorbet au citron. Toutes deux avaient également bu du Champagne. Une bouteille de Moët Hennessy brut et deux coupes retrouvées sous le lit portaient leurs empreintes. C’est avec les doigts découpés et regroupés que la trace sanguinolente avait été faite sur le mur. La reconstitution du modus operandi, expression dont raffolent tous ceux qui n’ont jamais fait de latin, allait évidemment prendre davantage de temps. Dans quel ordre avaient-elles été découpées en morceaux, de quelle manière, et avec quoi ? Avait-il fallu un seul ou plusieurs hommes (ou femmes ?), avaient-elles été violées, comment (ou avec quoi ?). Autant d’inconnues dans cette équation macabre que Camille avait pour mission de résoudre.

Détail plus étrange : l’empreinte si nette d’un majeur, apposée sur le mur, n’était pas réelle mais réalisée avec un tampon encreur.

Camille n’avait jamais nourri de suspicion particulière à l’égard de l’informatique, mais certains jours il ne pouvait s’empêcher de penser que ces machines avaient vraiment une sale âme. À peine tombés les premiers éléments de l’Identité, l’ordinateur du fichier central lui en apporta une confirmation en lui donnant le choix entre une bonne et une mauvaise nouvelle. Pour la bonne nouvelle, il lui servait l’identité de l’une des deux victimes, retrouvée à partir de ses empreintes. Une certaine Évelyne Rouvray, 23 ans, demeurant à Bobigny, connue des services de police pour prostitution. Et pour la mauvaise, elle signait clairement le retour du refoulé et lui faisait revenir en pleine tête ce qu’il avait maladroitement tenté de chasser quelques minutes plus tôt. La fausse empreinte trouvée sur le mur correspondait à une autre affaire, remontant au 21 novembre 2001 et dont le dossier lui fut remonté aussitôt.

14

Le dossier, lui aussi, avait une sale âme. Sur ce point, tout le monde était d’accord. Seul un flic suicidaire aurait pu souhaiter être chargé de cette affaire qui avait déjà fait beaucoup trop parler d’elle. À l’époque, les reporters s’étaient livrés à des commentaires sans fin sur la fausse empreinte d’un doigt plongé dans l’encre noire apposée sur l’un des orteils de la victime. Pendant quelques semaines, la presse en avait véhiculé les détails sous divers labels. On avait parlé du « crime de Tremblay », de « la décharge tragique », la palme revenant, comme souvent, au Matin qui avait couvert l’affaire en évoquant « la jeune fille fauchée par la mort ».

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