Маргерит Дюрас - Le Marin de Gibraltar

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Un homme qui veut changer sa vie s'engage sur un bateau. Sur ce bateau il y a une femme qui court le monde à la recherche du marin de Gibraltar qu'elle a aimé et qui a disparu. L'amour naît entre l'homme qui veut changer sa vie et la femme qui cherche le marin de Gibraltar. Ensemble, ils vont rechercher avec scrupule ce marin disparu. S'ils le trouvent ce sera la fin de leur amour. Etrange contradiction.
De Sète à Tanger, de Tanger à Abidjan, et d'Abidjan à Léopoldville, leur recherche se poursuit.

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— Un traité, commença-t-il, qu'est-ce que c'est que ça, un traité ? qu'est-ce que c'est que ça ? D'abord, le papier, qu'est-ce que c'est ? Et puis, signer, qu'est-ce que c'est ? Ils m'ont foutu une plume dans les mains, ils m'ont tenu la main. Signez, signez ! qu'ils m'ont dit. Quoi ? La reddition du Dahomey ? Laissez-moi me marrer ! Ils m'ont guidé la main pour m'égorger !

L'instituteur, très ému, nous expliquait le pourquoi des incertitudes de Béhanzin.

— Ne connaissant pas la valeur d'un traité, comment aurait-il pu en tenir compte ? C'est long et difficile de se mettre ces choses si relatives dans la tête.

— Nous, pays des grandes coutumes, continua Louis, nous ignorons celle-là. Papier, connaissons pas et signer, laissez-moi me marrer. On te brûle la cervelle si tu ne signes pas qu'ils m'ont dit. Et comment que je vais signer, et comment que je vous en fais des promesses, laissez-moi me marrer !

— Innocent comme l'enfant qui vient de naître, dit l'instituteur, Béhanzin signa son arrêt de mort.

Nous avions tous assez bu pour ne pas nous apitoyer sur le sort de Béhanzin. Louis nous fascinait. L'équipage se marrait librement mais cela importait peu à nos deux amis. Anna aussi riait, elle se cachait la figure dans un mouchoir pour ne pas trop le montrer. Il n'y avait que la petite Peuhl de Louis qui ne riait pas du tout. Elle avait dû, après avoir passé son enfance sur les hauts plateaux de l'Atakora, faire un petit séjour dans un bordel de Cotonou. Elle avait oublié Laurent et nous faisait de l'œil à Epaminondas et à moi avec une application touchante et un peu comme pour nous prouver qu'elle savait se conduire en société. Ça ne devait pas être la première fois qu'elle voyait mimer la tragédie de Béhanzin.

Au désespoir, Louis pleurait, s'arrachait les cheveux — il se les arrachait effectivement — il se roulait par terre et ce faisant, pour plus de commodité, il tenait le traité de 1890 entre ses dents.

Anna le regardait, terrassée par le rire. Elle m'avait complètement oublié.

— Ils m'ont fait vendre mon peuple, clamait Louis, mon petit peuple d'Abomey, mes Peuhls, mes Haoussas, mes Éoués, mes Baibas. Signe, m'ont-ils dit, mais signe donc. J'ai signé. Qu'est-ce que c'est que ça, signer, je vous le demande. To be or not to be , papier ou pas papier, signer ou pas signer, quelle différence pour moi l'œil du monde. Quelle innocence était la mienne ! O Glé-Glé mon digne père, ta malédiction est sur moi ! Je ne suis plus cet Œil de Requin, l'œil du monde, le grand roi d'Abomey ! Je ne suis plus personne ! Je suis l'innocence du monde, qui souffre, qui souffre !

L'instituteur avait les larmes aux yeux. Louis ne lui laissait que peu de répit.

— Non, gueulait l'instituteur, non, tu n'es pas maudit. D'autres générations se lèveront et clameront ton innocence !

— En attendant, gueulait Louis, ils m'ont foutu un mauser dans le dos, et ils m'ont dit : signe ! Quelle différence entre péter et signer, je vous le demande ! Et c'est comme ça que je vendrai mes Baibas, mes Éoués, mes Haoussas ? Que d'un seul coup d'un seul, je donnerai toutes mes filles au bordel ? que j'asservirai tous mes fils à ces pâlots ? Et au nom de quoi ?

Nous étions tous partagés entre le fou rire et l'émotion. Mais en général, le fou rire l'emportait.

— Dire qu'on a fait cinq mille kilomètres pour voir ça ! gueulait Epaminondas qui se tapait sur les cuisses de contentement.

La petite Peuhl lui laissait peu de répit. Elle devenait pressante. Elle nous faisait toujours de l'œil d'une écolière façon. « Comment t'appelles-tu ?lui demandai-je. — Mahaoussia, mamelle de brebis », dit-elle en prenant ses seins à pleines mains pour appuyer ses dires. Ce qui nous fit un peu chavirer, Epaminondas et moi. Anna le remarqua. « Qu'est-ce que tu fais ? demanda Epaminondas. — Moi, princesse, dit-elle, et aussi putain à Porto-Novo. »

Louis ne doutait plus. Il avait enfin compris la portée de ce qu'il venait de faire. En proie à une colère phénoménale, couché par terre, il crachait spasmodiquement sur le traité de 1890. Il se torchait le cul avec, tout en appelant ses sujets à la révolte.

— Venez, mes petits, montrer aux blancs que nos coutumes valent les leurs. Nous les traverserons de nos lances, nous les rôtirons, nous nous en régalerons ! Venez leur montrer que nos coutumes valent les leurs et comment !

Comme un affamé, il mordait dans un biceps imaginaire. La trahison était consommée. Le papier roulé en boule avait été jeté.

— Il va tomber malade, dit alors Anna.

L'équipage se marrait si fort que Louis était obligé de hurler pour être entendu.

— Patience, Béhanzin, gueulait l'instituteur.

— Le jour du grand massacre arrive, clamait Louis. Aux armes, mes fils ! Accourez, bataillons de l'Afrique noire, et chassez l'oppresseur ! Réveille-toi, sang de nos ancêtres ! Que notre sol soit nettoyé de tous ces militaires ! Rôtissez-nous ces généraux, ces colonels !

La petite Peuhl devenait très pressante.

— On a le temps de partir, dit-elle.

— Ça pourrait peut-être m'intéresser, dit Epaminondas.

— Après, dit-elle, histoire général Dodds, déportation Béhanzin. Longues souffrances. On a le temps.

Nous ne connaissions pas ce Dodds et elle nous expliqua que c'était un général français, héros de la conquête du Dahomey.

— Il joue comme ça souvent ? demandai-je.

— Presque tous les soirs. Pas de théâtre à Cotonou.

— Toujours le traité de 1890 ?

— Quelquefois, l'histoire de M. de Gibraltar.

Louis en était à l'appel aux armes de ses sujets. On ne pouvait plus l'arrêter. Son ami rythmait ses appels en battant des mains.

— Plus rien de cette abomination sur notre sol ! Mangez-en du colonel, et même du général ! Ça leur apprendra à rester chez eux !

— Patience, patience, gueulait l'instituteur.

Louis retomba soudain dans le désespoir. Il devait être fatigué.

— Ah, je suis dans les mains de ces pâlots aussi léger que les calebasses vides dont nos bergères se couvrent les seins !

— Non Béhanzin, tu pèses lourd à la conscience humaine !

Mais Louis était inconsolable.

— Hélas, criait-il toujours, l'innocence n'a pas de voix pour se faire entendre ! Ceux qui ne la comprennent pas ne la comprendront jamais !

— Patience, patience, tout le monde comprendra. Ceux qui n'ont pas compris comprendront ! L'heure de M. le marin de Gibraltar arrivera !

A ces mots Louis lâcha son biceps imaginaire qu'il tenait en principe toujours et se dressa face à son ami avec la noblesse d'un archange. Il paraissait plus ivre encore que lorsqu'il avait commencé à jouer. Il était devenu beau. Anna pâlit un peu. Il eut l'air de chercher quoi dire puis, impuissant à trouver, il s'avança très lentement vers son ami, les deux mains en avant. Personne ne rit plus dans l'assistance.

— Elle n'est pas encore arrivée, l'heure de M. le marin de Gibraltar, hurla alors son ami en reculant d'un pas. Patience toujours, Béhanzin.

Louis s'immobilisa et tout à coup l'épouvante de son ami le fit se marrer très fort. Tout le monde se marra avec lui. Même l'ami. Louis renonça à l'appel du général Dodds.

— Ce sera pour une autre fois, déclara-t-il, épuisé.

— Il a dit une autre fois ? dit Epaminondas interloqué.

Mais personne ne releva. Tout le monde applaudit Louis très chaleureusement. On recommença à boire. Trois marins continuèrent le drame de Béhanzin en se marrant. Louis et son ami, à leur tour, se marrèrent de les voir. La petite Peuhl se rapprocha de moi. Epaminondas, tout à Béhanzin, n'y vit plus aucun inconvénient. Louis non plus, il n'avait jamais dû en voir beaucoup. Anna, de loin, nous regardait en souriant. Le rêve de la petite Peuhl était très simple, c'était de rencontrer précisément un officier de marine qui l'aurait emmenée à Paris, cette « grande métropole ». Pourquoi ? Pour y faire une « carrière », disait-elle. Elle ne put, malgré mes efforts, préciser laquelle. J'essayais de la lui déconseiller quand même. Tout en lui parlant je regardais Anna. Elle était fatiguée d'avoir ri, mais elle me souriait toujours. Elle était très belle. Le plus discrètement que je le pus, et aussi pour la calmer un peu, je donnai à la petite Peuhl tout l'argent que j'avais sur moi. Mais elle fut si éblouie par ce geste qu'elle me demanda aussitôt de rester sur le bateau. Je lui dis que ce n'était pas possible, qu'il n'y avait de place sur ce bateau que pour une seule femme. Je la lui montrai. Elles se regardèrent. Je lui décrivis l'existence que nous menions, je lui dis qu'elle était pénible, difficile et qu'elle était tout entière consacrée à la recherche du marin de Gibraltar, que cette soirée était tout à fait exceptionnelle et contraire à toutes nos habitudes. Elle était sûre que nous allions retrouver le marin de Gibraltar dans le bassin de l'Ouellé. Elle l'avait vu une fois, lorsqu'il était descendu sur Cotonou. Comme toutes les femmes noires du Dahomey elle rêvait de lui et pour lui seulement elle aurait renoncé à sa carrière dans la grande métropole. On disait les femmes de l'Ouellé très belles et si civilisées que même au cas, très improbable d'ailleurs, où nous ne le retrouverions pas, jamais plus le Dahomey ne reverrait Gégé. Je la laissai s'attrister sur cette perspective et j'allai vers Anna. Les marins riaient toujours entre eux. Ils évoquaient tour à tour les épisodes les plus comiques de leurs chasses respectives au marin de Gibraltar. Je crus quand je m'approchai d'elle que je n'en pouvais plus d'être sérieux. Elle le vit. Et ce fut elle qui s'inquiéta. Ses yeux s'agrandirent et devinrent clairs. J'y reconnus une certaine peur, bien particulière, que j'étais seul à pouvoir partager avec elle, qui était en somme la seule chose au monde que je pouvais totalement partager avec elle, notre seul bien. Je l'enlaçai et je la pris sur mes genoux. Je lui dis de ne pas avoir peur. Elle se rassura.

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