Маргерит Дюрас - Le Marin de Gibraltar

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Le Marin de Gibraltar: краткое содержание, описание и аннотация

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Un homme qui veut changer sa vie s'engage sur un bateau. Sur ce bateau il y a une femme qui court le monde à la recherche du marin de Gibraltar qu'elle a aimé et qui a disparu. L'amour naît entre l'homme qui veut changer sa vie et la femme qui cherche le marin de Gibraltar. Ensemble, ils vont rechercher avec scrupule ce marin disparu. S'ils le trouvent ce sera la fin de leur amour. Etrange contradiction.
De Sète à Tanger, de Tanger à Abidjan, et d'Abidjan à Léopoldville, leur recherche se poursuit.

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Ce repas fut le dernier que je pris avec Jacqueline. Elle le passa à me regarder avec un insurmontable dégoût. Si je me souviens bien, elle non plus, elle ne mangea pas beaucoup. Je devais lui couper l'appétit. Nous ne nous parlions pas, elle, elle me regardait et moi je buvais. Pourtant, comme elle tournait le dos à toute la terrasse, elle ricanait tout bas à chaque verre de vin que je buvais. Cela arriva encore assez souvent. Mais j'étais si saoul que je le prenais très bien et même plutôt comme une marque de complicité que d'hostilité. Plus je buvais d'ailleurs, mieux je prenais les choses en général. Et au fromage, à mon dixième verre de vin, je ne doutais plus que j'allais partir sur le yacht, cela me paraissait facile, je n'avais qu'à le demander, croyais-je, à jeun. Tout le monde pouvait comprendre, croyais-je aussi, le besoin que j'avais de partir sur un bateau. Je ne pensais qu'au bateau, à partir dessus. Je ne pensais qu'à ce bateau. Il me fallait partir dessus. C'était une chose dont je n'aurais plus pu me passer. Je le revoyais, blanc, sur la mer. L'État civil était sorti de ma vie. Je n'étais pas ivre seulement de vin, mais de prudence. Je m'en rendais compte dans une certaine mesure : tu le lui demanderas à jeun, à jeun, pas maintenant, me répétais-je intérieurement et textuellement. Comme si elle avait été au courant de ma petite stratégie, Jacqueline ricanait tout bas. Et moi je lui souriais avec amitié, et sans doute aussi, compréhension. Mais je dus exagérer : à la fin du repas, en effet, elle prit un verre et le jeta dans ma direction. Il tomba par terre. J'en ramassai, gentiment, les morceaux. Je dus faire un énorme effort pour ne pas — ce faisant — m'étaler par terre. Ce fut long. Quand je me relevai, la tête me tournait et je ne savais plus du tout ce qu'il fallait faire, ou crier quand même mon histoire, sans attendre, prendre tous les gens de la terrasse à témoin qu'il fallait qu'elle m'engage à bord de son yacht, ou bien, monter dans ma chambre. Je réfléchis aussi puissamment que je le pouvais encore. Tu cuves ton vin ? me demanda alors Jacqueline, qui croyait peut-être que je m'endormais. Non, dis-je, je cuve ma vie et, content de ma formule, je me mis à rigoler. Mais alors, elle eut des yeux si terrifiants, que je choisis aussitôt de monter dans ma chambre. Je me levai, visai le couloir et m'élançai. Je traversai la tonnelle avec le plus grand sérieux. Sa table se trouvait à l'autre bout, près de la porte de l'hôtel. Ne fais pas le con, ne fais pas le con, me disais-je, tout en la doublant, ne perds pas ta petite chance, fais pas le con. Et je réussis à doubler ce cap difficile sans la regarder — si je l'avais regardée, avec son regard encourageant, j'aurais gueulé si fort que j'aurais sans doute fait fuir tout le monde de la terrasse.

Je me retrouvai dans l'escalier de l'hôtel très satisfait de moi.

Il devait y avoir très peu de temps, peut-être dix minutes que j'étais dans ma chambre, lorsque Jacqueline entra. Je crois cependant que j'avais dû dormir pendant ces dix minutes, terrassé par le pastis et le vin, car il me semble bien qu'elle me réveilla. Elle entra sans frapper, referma la porte, doucement, sans se retourner et, courbée en deux — comme ces femmes des films qui, avec une balle dans le ventre et un secret dans le cœur marchent leurs derniers pas vers le poste de police pour s'y décharger la conscience — elle gagna la cheminée et s'y adossa.

— Salaud, dit-elle, à voix basse.

Dès qu'elle l'eut dit, de nouveau, j'eus sommeil.

— Salaud.

— Salaud, salaud.

Ce qualificatif me parut justifié. Elle se déchargeait comme un fusil. Elle ouvrait la bouche et les mots sortaient, uniformes comme des balles. Ça lui faisait d'ailleurs un bien considérable.

— Salaud, salaud.

Après qu'elle l'eut dit le nombre de fois qu'il fallait, brusquement, elle se calma. Ses yeux s'embuèrent et elle dit :

— Comme si ton histoire de raisins, ça pouvait tromper quelqu'un. Pauvre type.

— Calme-toi, dis-je, pour dire quelque chose.

— Comme si tout le monde n'avait pas remarqué que tu voulais l'épater. Pauvre con.

Je ne l'avais jamais vue ainsi. C'était une autre femme. Et puis, cette fois, elle n'espérait plus rien.

— Et devant moi, cria-t-elle, devant moi.

— Calme-toi, répétai-je.

— Et les gens qui se foutaient de ta gueule.

Elle ajouta presque en riant :

— Et elle qui se foutait de ta gueule.

Elle me dessoûlait. Je l'écoutais avec intérêt. Elle le vit.

— Qu'est-ce que tu espères, pauvre con ?

Elle hésita, puis, comme on doit en fin de compte tuer, elle dit :

— Non, mais tu t'es regardé ?

Une envie me traversa de me relever et de le faire, de me regarder dans la glace de la cheminée. Mais j'avais encore trop sommeil et je me contentai de passer mes mains sur ma figure pour essayer de juger de celle-ci. Il me sembla que je ne me défendais pas trop mal.

— Ce n'est pas une question de gueule, dis-je, quand même un peu ébranlé.

— C'est quoi ? pauvre con, dis-le, c'est quoi ?

Je lui répondais mollement et elle s'exaspérait plus encore de mon ton que de mes réponses.

— C'est m'embarquer sur son yacht, dis-je, que je voudrais.

— T'embarquer sur son yacht ? et pour quoi faire ?

— Je ne sais pas, n'importe quoi.

— Toi qui n'étais pas foutu de tenir un registre, qu'est-ce que tu peux faire sur un yacht ? cria-t-elle.

— Je ne sais pas, répétai-je, n'importe quoi.

— Et pourquoi te prendrait-elle sur son yacht ? Pourquoi cette femme prend-elle des hommes avec elle, sinon pour se les envoyer de temps en temps ?

— Tu exagères, dis-je, ce n'est pas seulement pour ça.

— Tu crois qu'une autre que moi va s'embarrasser d'un con comme toi ? Non mais, tu t'es regardé non ? Ta gueule de con, tu l'as vue ?

Elle y arriva. Je me relevais pour voir ma gueule de con dans la glace de la cheminée. Et pour mieux l'évaluer, je dus prendre — à mon insu — un air avantageux. Elle hurla :

— Salaud.

On dut l'entendre de tout l'hôtel.

— Je suis un peu saoul, dis-je, excuse-moi.

J'eus moins sommeil. Elle était transfigurée par la colère et son visage m'était vaguement fraternel.

— Tu rentreras avec moi, hurla-t-elle encore, tu rentreras.

Allait-elle recommencer à croire que c'était possible ? J'eus un besoin formidable de me distraire. Quand même, je l'arrêtai :

— Non, dis-je. Je reste. Quoi que tu dises, quoi que tu fasses.

Sa colère tomba. Elle me regarda d'un air morne, lointain, elle s'y attendait. Puis elle dit, mais pour elle seule, et après un silence :

— Deux ans que je te traîne. Que je te force à aller au ministère. Que je te force à manger. Que je lave ton linge. Tes chemises étaient sales, tu ne t'en apercevais même pas.

Je me relevais et je l'écoutais, mais elle ne s'en rendait pas compte.

— je ne mangeais pas ?

— C'est grâce à moi que tu n'es pas devenu tuberculeux.

— Et mes chemises, c'est vrai ?

— Tout le monde le remarquait, sauf toi. Et le samedi, au lieu d'aller au cinéma…

Elle ne put continuer. Les mains sur la figure, elle sanglota.

— … Je te les lavais…

A mon tour, maintenant, je souffrais.

— Tu n'aurais pas dû, dis-je.

— Et alors ? J'aurais dû te laisser devenir tuberculeux ?

— Je crois, dis-je, je crois que ça aurait été mieux. Et puis tu aurais dû donner mes chemises au blanchisseur. C'est ça qui te faisait croire que tu m'aimais.

Elle n'écoutait pas.

— Deux ans, répétait-elle, deux ans de fichus à vivre avec un salaud.

— Tu ne les as pas perdus, dis-je, on dit toujours ça, c'est faux.

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