Маргерит Дюрас - Le Marin de Gibraltar

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Un homme qui veut changer sa vie s'engage sur un bateau. Sur ce bateau il y a une femme qui court le monde à la recherche du marin de Gibraltar qu'elle a aimé et qui a disparu. L'amour naît entre l'homme qui veut changer sa vie et la femme qui cherche le marin de Gibraltar. Ensemble, ils vont rechercher avec scrupule ce marin disparu. S'ils le trouvent ce sera la fin de leur amour. Etrange contradiction.
De Sète à Tanger, de Tanger à Abidjan, et d'Abidjan à Léopoldville, leur recherche se poursuit.

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Carla adossée à la porte d'entrée écoutait son père. Elle le regardait avec tendresse et impatience. Je vis ça aussi. J'essayai de moins la regarder.

— Même la Carla n'aime pas ces raisins, continua Eolo — il parlait seul —, elle dit que ces raisins lui donnent froid.

Ça ne servait à rien. J'étais tenu de la regarder.

C'était une obligation qui me venait de moi. J'avais perdu beaucoup de temps à ignorer qu'elle existait.

— C'est vrai que tu n'aimes pas ces raisins ? demanda-t-elle à Carla.

Elle avait la voix de la même douceur que ses yeux. Elle n'était pas américaine. Même en parlant italien, elle avait un accent français.

— J'en mange pour lui faire plaisir, dit Carla, c'est vrai que je ne les aime pas.

Personne d'autre que moi ne s'aperçut que je ne lui déplaisais pas plus qu'un autre. Peut-être Jacqueline.

— Ma femme, elle, elle les aime, continua Eolo. On l'a planté quand on s'est mariés. Il y a trente années.

Les clients rentraient. Il arriva deux chasseurs. Ils commandèrent deux verres de chianti à Eolo. Il dit à Carla de les servir.

— Chaque année, dit Carla tout en servant, c'est la même histoire avec ces raisins. Depuis qu'on est petites, il nous force à en manger.

— Tu n'es jamais contente, dit-elle à Carla.

— Ce n'est pas ça, dit Carla, mais pourquoi nous forcer comme ça ?

Elle ne répondit pas à Carla. On aurait pu croire que la conversation allait s'arrêter. Mais non. Eolo ne s'intéressait plus qu'à des choses comme ces raisins, mais il s'y intéressait beaucoup.

— C'est un voisin, dit-il, qui m'avait donné le cep. Il s'est trompé de pied. Quand je m'en suis aperçu, sept ans après, c'était trop tard, je n'ai pas eu le courage d'arracher le pied.

— Quand on a planté les choses, dis-je…

— C'est ça, dit Eolo, elles sont toujours bonnes.

Chaque fois que j'entendais ma voix, elle me donnait envie de rire. Cette fois-là je résistai. Jacqueline souffrait toujours.

— Et le raisin que tu vas acheter le samedi à Sarzana, tu l'aimes ? demanda-t-elle à Carla.

— Puisque je le choisis, dit Carla, je l'aime.

Carla rougit. Elle devait lui faire des confidences.

— J'en boirai bien un autre, dis-je.

— Non, dit Jacqueline tout bas.

— Non, dis-je.

— Aucune espèce de vigne, continua Eolo qui était tout à ses explications, ne grimpe comme celle-là. Ma terrasse, elle est connue dans tout le pays.

Il n'y avait que Carla qui l'écoutait vraiment.

— Quand les raisins sont là, il faut les manger, dis-je.

— Je suis la seule à en manger, dit Carla.

— Tu n'es jamais contente, dit-elle encore une fois, jamais.

— Vous dites toujours ça, dit Carla.

— Quand je pense, dit Eolo, que cette pauvre vigne fait son raisin, chaque année depuis trente années et qu'on les jette. Moi, j'en mange le plus que je peux, mais je ne peux pas tous les manger.

Carla avait servi ses apéritifs. Elle s'adossa de nouveau à la porte, elle attendait que sa mère l'appelle pour servir le déjeuner. Elle se tenait près de sa table. Eolo devait être un peu saoul.

— Tous, continua-t-il, je ne peux pas.

— Ça va recommencer, dit Carla. Tous les ans, ça recommence.

Elle ne détestait pas que l'on s'occupât d'elle. Ça aussi je le vis encore. Et aussi que lorsqu'elle parlait, elle rougissait toujours. Mais je vis aussi que je ne lui déplaisais pas plus qu'un autre.

— Il y a des choses auxquelles on ne peut pas s'habituer, dis-je.

— J'en mange tellement, dit Eolo, que tous les ans j'ai la colique pendant quinze jours, tous les ans.

— Voilà, dit Carla, qu'il parle des coliques avant de se mettre à table.

— Mais mon idée, dit Eolo, c'est que c'est des coliques bonnes pour la santé.

— Voilà comment il est, dit Carla, devant les clients.

— Il faut bien parler de quelque chose, dis-je.

Je ris. Elle aussi. C'était de plus en plus difficile de ne pas la regarder. Jacqueline n'écoutait rien. Elle nous regardait tour à tour, elle, puis moi. Elle était très pâle.

— Tous les ans, dit Carla, il risque de mourir à cause de ces raisins. Il perd trois kilos en quinze jours. Ça va bientôt être le moment.

— Ces coliques me conservent, dit Eolo, elles me font baisser la tension. Et puis, je ne peux pas tous les perdre, ces raisins, je ne peux pas.

— C'est vrai, dis-je.

— Si on le laissait faire, dit Carla, il en mourrait, il en mange en cachette.

— Il faut le laisser faire, dis-je.

— Même s'il risque sa vie ? dit Carla.

— Oui, dis-je.

Eolo me regarda, surpris. J'étais presque tout à fait saoul. Jacqueline leva sur moi des yeux très méchants, je crois. Personne ne dit plus rien pendant un moment. Eolo regarda mes verres de pastis, vides. Puis je l'entendis demander à Carla sur le ton de celle qui veut changer de conversation :

— Tu étais au bal, hier soir ?

— Pensez-vous, dit Carla, il a marché toute la nuit devant la maison.

— Ce soir il y en a encore un, dit-elle.

Elle leva les yeux sur moi, mais si furtivement, qu'il n'y eut que moi qui le remarquai.

— Vous pensez bien que je le sais, dit Carla.

Eolo les écoutait avec un certain intérêt. Je n'avais plus envie de rire.

— Et si je t'y emmène, il te laissera y aller ? demanda-t-elle.

— Je ne crois pas, dit Carla, en regardant son père.

Eolo se mit à rire.

— Non, dit-il, je vous l'ai déjà dit, pas avec vous.

Je devins très prudent tout à coup. Mon cœur battait très fort.

— Je suis capable de la conduire au bal, dis-je.

Jacqueline était décomposée par la colère, mais elle devait moins souffrir. Je n'y pouvais plus rien. Carla me regarda avec un très grand étonnement. Elle, il me semble, sans beaucoup d'étonnement.

— Eh, dit Eolo, comme ça ?

— Ça me ferait plaisir, dis-je.

Jacqueline gémit encore une fois, tout bas.

— Je ne sais pas, dit Eolo, je vous le dirai ce soir.

— Je n'ai jamais rien, cria Carla, mes sœurs ont tout ce qu'elles veulent.

Elle devait savoir déjà tout le charme de sa brutalité, elle se forçait un peu. Elle regardait son père avec de mauvais yeux.

— Tu vas voir, dit-elle à Carla doucement, tu vas voir, il va te laisser y aller.

Elle lui caressa les cheveux. Carla ne broncha pas. Elle regardait toujours son père avec de mauvais yeux.

— Et ce soir, murmura-t-elle, il dira qu'il ne veut pas.

— Une heure, dis-je. Elle ne danserait qu'avec moi.

— Je ne sais pas, dit Eolo, je vous le dirai ce soir.

— Voyez comme il est terrible, cria Carla.

La mère appela. Le déjeuner était prêt. Carla se leva en bousculant sa chaise et disparut à l'intérieur de l'auberge. Pendant qu'elle fut partie, personne n'eut plus rien à dire à personne. Puis elle revint, suivie de ses sœurs, en portant de grands plats qui fumaient. Une odeur de poissons au safran se répandit sur la terrasse. Le déjeuner commença.

Il fut très long ce déjeuner. Carla servait. Eolo était retourné à la cuisine pour aider sa femme. Je n'avais donc plus personne à qui parler. Et j'avais une envie suppliciante de parler, de parler ? Non. De crier. Et une chose très précise : le besoin que j'éprouvais de partir sur un bateau. C'était une idée fixe qui m'était venue au début du repas — ma façon ce jour-là d'être saoul. Trois fois, n'y tenant plus de cette envie de crier, je me levai de table pour m'en aller. Trois fois le regard de Jacqueline me fit rasseoir. Je crois qu'elle nous regarda beaucoup tous les deux. Moi non, je comprenais encore vaguement, que dans mon cas ç'aurait été dangereux. Et j'étais bien trop occupé à essayer de ne pas crier. Je mangeai peu et je bus beaucoup de vin. Verre après verre, je le buvais, comme de l'eau. J'étais saoul. Si j'avais crié je n'aurais certainement rien pu sortir d'autre que des sons inarticulés, « yacht », par exemple, ce qui, privé de contexte, n'aurait éclairé personne sur mes projets et ce qui m'aurait fait perdre la petite chance que je croyais avoir de les mener à bien.

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