Маргерит Дюрас - Le Marin de Gibraltar

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Le Marin de Gibraltar: краткое содержание, описание и аннотация

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Un homme qui veut changer sa vie s'engage sur un bateau. Sur ce bateau il y a une femme qui court le monde à la recherche du marin de Gibraltar qu'elle a aimé et qui a disparu. L'amour naît entre l'homme qui veut changer sa vie et la femme qui cherche le marin de Gibraltar. Ensemble, ils vont rechercher avec scrupule ce marin disparu. S'ils le trouvent ce sera la fin de leur amour. Etrange contradiction.
De Sète à Tanger, de Tanger à Abidjan, et d'Abidjan à Léopoldville, leur recherche se poursuit.

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Je me réveillai peut-être deux heures après. Depuis la chaleur, ça m'arrivait presque chaque nuit. Je me réveillais en sursaut plusieurs fois par nuit, toujours avec l'impression d'avoir beaucoup dormi, trop même, étrangement reposé. Et me rendormir était difficile, quelquefois impossible. Il restait de la bière dans la canette. Je la bus et puis je me levai et j'allai à la fenêtre, comme j'en avais déjà pris l'habitude. De l'autre côté du fleuve, le bal battait son plein. Les airs de danse lancés par le pick-up arrivaient dans la chambre. Je n'étais plus du tout fatigué. On ne voyait pas la lune, mais elle devait être là, derrière la montagne, la nuit était plus claire que lorsque nous étions arrivés. La chambre donnait d'un côté sur le fleuve, de l'autre côté sur la mer. Du premier étage on voyait mieux les lieux, en particulier l'embouchure du fleuve. Un peu sur la gauche de cette embouchure il y avait la forme blanche d'un bateau. L'entrepont était faiblement éclairé. C'était le yacht de l'Américaine. La mer était calme, mais sa surface paraissait rugueuse à côté de celle, si parfaitement lisse, du fleuve. Un ruban d'écume brillante marquait leur rencontre. J'avais toujours bien aimé les paysages de ce genre, géographiques pour ainsi dire, les caps, les deltas, les confluents, et surtout les embouchures, la rencontre des fleuves et de la mer. Tous les villages de la côte étaient éclairés. Je regardai ma montre. Il était à peine onze heures.

Je me recouchai. Sous la moustiquaire il faisait beaucoup plus chaud qu'à la fenêtre. En même temps que moi, un moustique entra dans le lit. Il ne m'avait pas dit qu'il y en avait. Depuis les colonies je n'avais plus dormi sous une moustiquaire. Il devait y avoir beaucoup de moustiques. Le fleuve. Ses berges devaient en être pleines. Cela m'était indifférent. Jacqueline dormait bien, tournée vers moi. Endormie, elle paraissait très petite, plus petite encore que dans la vie. Sa respiration, régulièrement, caressait mon bras. Je fermai les yeux et j'essayai de me rendormir. Le moustique se réveilla. Un moustique en plus de tout le reste, j'étais sûr de ne pas dormir. Et je ne pouvais pas allumer pour essayer de le tuer sans courir le risque de réveiller Jacqueline. L'idée d'être réveillé seul avec elle en pleine nuit, dans un même lit, m'aurait fait fuir ce soir-là, de honte et peut-être même de peur. Le couple que nous avions formé elle et moi, pendant deux ans, me faisait peur.

C'était facile, j'avais le choix, de croire que c'était soit elle, soit le moustique, soit le bal, qui m'empêchait de me rendormir. Je choisis le bal. De loin, comme ça, d'une chambre où on était éveillé, seul, dans le noir, on pouvait croire que c'était un grand bal, où on s'amusait beaucoup, plein de femmes. Je n'entendis bientôt plus ni le moustique ni la respiration de Jacqueline, mais seulement le pick-up, le bal. Je ne bougeais pas. J'essayais de toutes mes forces de me rendormir, de ne pas entendre le pick-up, de me forcer à ne penser qu'à des choses anodines, pas à lui, surtout pas à lui, pas au fleuve. Pendant près d'une heure, j'essayai. Et ce fut ainsi, en essayant de ne penser à rien, à des choses anodines, en essayant de me rappeler quel jour on pouvait bien être, que l'enfer commença. On commence par compter combien il y a de moutons dans ce joli pré mais quelquefois, ça peut vous mener loin. J'avais toujours eu, pour le calcul arithmétique, une curieuse disposition. Lancé, je continuai à calculer d'autres choses que les moutons. Combien me restait-il de jours avant la fin des vacances, le départ de Jacqueline ? Combien me restait-il d'argent ? Combien de mois, de semaines, de jours pouvais-je vivre avec cet argent ? Combien d'années, au fait, avais-je passé en compagnie de Jacqueline ? Et au ministère ? Dans ce bureau qui sentait la merde ? Huit ans et trois mois et six jours. Avec Jacqueline, deux ans et trois mois et deux jours. On joua une samba, la même que lorsque je m'étais levé. Combien d'années me serait-il resté à faire pour avoir droit à ma retraite ? Douze. Un peu plus que ce que j'avais déjà à mon actif, la moitié en plus. Mon front se couvrit de sueur. A combien d'ores et déjà se montait la retraite proportionnelle à laquelle j'avais droit ? Je ne savais pas très bien, sans doute à un peu moins de la moitié de ma retraite ordinaire. Fallait-il la demander ou la perdre ? Fallait-il à mon âge, avoir ces soucis-là ? Quel âge avais-je ? Je découvrais brusquement que trois jours avant, à Florence, en pleine canicule, j'avais eu trente-deux ans. Je me trouvai nez à nez avec mon anniversaire. Un chiffre m'apparut en lettres de feu, il tomba sur moi et me laissa comme foudroyé. La samba revint une nouvelle fois. Non, décidai-je, je n'allais pas demander cette retraite proportionnelle à mes années de service. Je célébrerai mon anniversaire en dédaignant de demander quoi que ce soit à l'administration coloniale. Et en oubliant tout à fait ce genre de soucis-là, ces calculs, à la lueur desquels il était évidemment trop tard pour entreprendre quoi que ce soit, fût-ce même de quitter Paris, Jacqueline et les services de l'État civil. L'air cessa. J'entendis des applaudissements. Puis il recommença. Et ça recommença aussi pour moi. De nouveau je fus la proie des calculs infernaux. Ma raison s'engluait dans des opérations insolubles. Étant donné la durée moyenne de l'existence humaine pouvait-on abandonner une retraite proportionnelle au dixième de cette durée ? Autrement dit, pouvait-on se permettre de travailler, ou plutôt de vivre huit ans pour des prunes ? Lorsqu'on atteignait trente ans surtout ? Je me couvrais de sueur, mais, je ne pouvais décider si on le devait ou non. Qui d'ailleurs aurait pu me tirer de ce genre de calculs-là ? Quels chiffres, quelle retraite compenserait jamais les huit années que j'avais endurées à l'État civil ? Aucun, bien sûr. Mais était-ce une raison pour ne pas tenter de les rattraper un tout petit peu ? pour perdre des apéritifs, des cigarettes ?

Cela dura longtemps, presque tout le temps de mon insomnie. Puis je trouvai la solution : je me levai doucement pour ne pas réveiller Jacqueline, je m'habillai dans le noir et je descendis. Il faisait frais. Devant la trattoria le fleuve s'étalait à fleur des champs d'oliviers. Sur son autre berge on voyait très fort l'emplacement illuminé du bal. De loin en loin, dans la plaine, on voyait d'autres emplacements également illuminés. On dansait partout. En été, au bord de la mer, les gens se couchaient tard. Ils avaient bien raison. Immobile, sur la berge du fleuve, je regardais le bal. Mes calculs m'étaient sortis de la tête et je ne pensais à rien d'autre, qu'au bal. Ça brillait comme un feu. Quand les gens sont seuls au milieu des musiques et des lumières, ils ont envie de rencontrer quelqu'un d'aussi seul qu'eux. C'est très difficile à supporter. Je m'aperçus que je bandais. Cela m'étonna. Non, je n'avais pas spécialement envie d'une femme. Était-ce l'effet de cette musique de danse ? Le contrecoup de mon anniversaire ? La revanche de la retraite proportionnelle ? Mais je ne m'occupais plus ni de mon anniversaire ni de ma retraite proportionnelle. D'ailleurs mes autres anniversaires ne m'avaient jamais fait cet effet-là, et ma retraite proportionnelle, ça alors, rigolais-je, elle m'aurait plutôt fait l'effet contraire. Alors ? Était-ce cette envie de rencontrer quelqu'un ? De parler à quelqu'un ? De désespoir de ne rencontrer personne ? Je m'arrêtai à cette explication. La chose d'ailleurs ne m'importait pas tellement. Je me promenai peut-être un quart d'heure, les yeux sur le bal, et dans le même état. Puis, alors que j'étais sûr que ce soir-là encore, il me faudrait de la patience, je me trouvai face à face avec le vieil Eolo.

— Bonsoir, Monsieur, me dit-il.

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