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Frédéric Dard: Viens avec ton cierge

Здесь есть возможность читать онлайн «Frédéric Dard: Viens avec ton cierge» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Paris, год выпуска: 1978, ISBN: 2-265-00855-9, издательство: Éditions Fleuve Noir, категория: Иронический детектив / Шпионский детектив / Полицейский детектив / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

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Frédéric Dard Viens avec ton cierge

Viens avec ton cierge: краткое содержание, описание и аннотация

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Tu ne connais pas le San Bravo ? Cherche sur une carte d'Amérique centrale. Il n'est pas grand, mais il s'en passe des choses. A cause du régime, qui n'est pas de bananes, crois-moi ! Faut être fou pour aller là-bas. Ça tombe bien : je le suis. J'ai emmené, en guise d'équipe de choc, quatre gonzesses dont la mère Bérurier, y a pas de quoi pavoiser, hein ? Dans le patelin en question, la vie y est tellement précaire qu'au bout de quarante-huit heures t'as l'impression d'être clamsé. C'est pourquoi, l'ami, s'il te prend l'idée saugrenue de venir me rejoindre, viens avec ton cierge ! Si tu ne sais pas où le foutre, je t'expliquerai !

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La gueule d’hypervache essaie à plusieurs reprises d’avaler sa salive, y parvient à la treizième tentative et se met à gargouiller :

— Le président vous attend ?

— Parfaitement.

— Vous avez une convocation ?

— Appelez Son Excellence Pedro Pantouflar depuis le poste de garde et dites-lui que le monsieur aux trois sœurs est ici.

Avant qu’il n’ait eu le temps de réagir, un général de brimades se précipite, lui botte le cul comme pour transformer un essai, me salue militairement, à la façon san bravienne, c’est-à-dire le tranchant de la main droite perpendiculaire à l’arête du nez et la main gauche en coquille devant la braguette.

— Général Franco Dillo ! s’annonce-t-il, je vous présente respectueusement mes respects les plus respectueux, señor très illustre. Si vous voulez bien me suivre ?

Et il se met à marcher au pas de canard devant ma bagnole, jusqu’au perron. Sur notre passage, les militaires saluent à qui mieux mieux ; ce qui est très émouvant et te fait comprendre pourquoi tant de gens s’obstinent à vouloir devenir président de la République au lieu de récolter la résine.

On nous ouvre les portes. Ça gardavouse. Le général Franco Dillo nous invite à gravir les marches après nous avoir demandé si nous préférions être portés, mais tu sais ce que c’est quand on a ses deux jambes ?

Ce qui frappe, lorsqu’on pénètre dans l’immense hall, c’est un portrait équestre du président, peint à l’huile d’olive vierge et qui occupe tout le panneau central. De part et d’autre, deux gigantesques drapeaux du San Bravo pendent, tandis que des fleurs aux couleurs nationales (une boule rouge sur fond vert avec la raie au milieu et du poil autour, je me permets de te le rappeler) sont déposées pieusement au pied du chef-d’œuvre.

Le général-précédeur continue d’avancer au pas de canard et ses bobottes font un boucan du diable sur les dalles d’albâtre.

Il stoppe devant une double porte moulurée remoulade. Frappe et pousse un immense cri qui peut se résumer ainsi : « Aïïïooooooo hu ! »

La porte est déverrouillée aussitôt. Un surgénéral paraît, qui nous examine attentionneusement et nous militarise de son salut impec.

Nous pénétrons alors dans une antichambre dans laquelle tu remarques automatiquement trois choses. La première est qu’en face de l’entrée se trouve une autre double porte encadrée par deux factionnaires plus rébarbatifs que tout ce que nous avons pu voir jusque z’alors ; la deuxième, qu’elle comporte un bureau ministre (ou plus exactement un bureau sinistre) sur lequel a été vissé le trépied d’une mitrailleuse pourvue de son mitrailleur ; la troisième enfin est une double rampe de cellules électriques chargées de détecter les porteurs d’armes.

Le second général décroche un téléphone, salue militairement l’appareil et dit que « ces personnes sont arrivées ». Il écoute, se courbette en deux, puis en trois, comme un mètre de charpentier et répond que « Très bien, vénéré président ».

Ensuite, il nous guide à la seconde porte.

Une vibration retentit, l’huis s’écarte.

— Dieu protège le vénéré président ! clame le surgénéral en portant sa main gauche à ses testicules et sa droite dans le prolongement de sa gueule de con.

Nous pénétrons, moi le premier, parce que la bienséance au San Bravo oblige à honorer l’homme avant la femme.

Nous y voici voilà.

De toute beauté ! Impressionnant ! Unique !

La table de travail de Tiago Chiraco mesure trois mètres de long sur un et demi de large et a été taillée dans un bloc de porphyre. Le sol, de même que les murs, sont revêtus de plaques d’or. Au-dessus du bureau, une couronne consternée de diamants subit les assauts d’une douzaine de spots.

A droite de la table : le drapeau san bravien, planté comme un sapin de Noël.

C’est véry Cannes, je te le répète ; pardon, je voulais dire véry Nice.

Chiraco, en uniforme barré du grand cordon Silvouplay, l’ordre number ouane du San Bravo, est assis dans un fauteuil plus majestueux que le trône de Shah Durand.

Aucun autre siège dans son cabinet de travail, lui seul ayant le droit de s’asseoir en sa présence.

Au moment qu’on pénètre, il est en train de se faire pédicurer par un Asiatique vénérable, accroupi sous sa table. Simultanément, son cerveau étant multiforme et ubiquite, il prend des décisions nationales en fumant un cigare gros comme le zizi à Bérurier. Un ministre lui énonce le problème et cet être d’élite, dont le génie n’est plus à célébrer, tranche dans la seconde qui suit.

— Notre équipe de football a perdu son match amical contre la Bolivie, vénéré président, annonce en flageolant le ministre.

— Fusillez le goal ! tranche Chiraco.

Il tire une bouffée de son habana et en propulse la fumaga dans les narines à Fu-man-Chu qui lui fourbit les orteils. Pas un instant il n’a réagi à notre entrée. Aussi demeurons-nous, ces dames et moi, je veux dire : moi et ces dames, en rang de tu sais quoi ? Parfaitement, d’oignons, et c’est pas la peine de pleurer pour autant.

— Il n’y a plus de vivres dans la province du Brazéro, vénéré président.

— Qu’on mange les vieillards !

— Une épidémie de choléra ravage la ville de Santanfer.

— Tirez à vue sur ceux qui voudraient en sortir !

— Le directeur de l’Opéra réclame des crédits.

— Changez de directeur !

— Les paysans du Tavumonku ne peuvent payer les nouveaux impôts.

— Confisquez leurs terres.

— Les dockers du port de Ladanlbaba sont en chômage.

— Je vous ai déjà dit qu’on les fusille !

— La troupe refuse, vénéré président.

— Fusillez la troupe ! Est-ce tout pour aujourd’hui ?

— C’est tout, vénéré président, protecteur du peuple. Ah, encore une chose : Monseigneur Saserdos demande à quelle heure il doit célébrer le grand office à la cathédrale, demain, à l’occasion de la San Guinetti ?

— Quand il voudra, demain je me ferai représenter par ma statue d’apparat, celle avec l’uniforme de grand langoustier.

Tout à coup, le vénéré président tressaille. Il porte sa main droite à plat contre son oreille, comme un qui souffre d’une otite.

— Attends, fesse de rat visqueux ! crie-t-il à son ministre qui se retirait après s’être prosterné à trois reprises. Réflexion faite, j’irai à l’office. Messe à onze heures. Tout le monde en grande tenue ! Les absents seront passés par les armes !

— Qu’il en soit fait selon vos désirs, vénéré président, père des arts, protecteur de la Sainte Eglise, messager de Dieu, providence de l’Etat.

Le ministre exit.

Tiago Chiraco se penche sur son pédicure chinois à frime d’Asiatique.

— Terminé, Tu Tan Fou ?

— Oui, président.

Tiago lui balance un coup de saton dans la gueule et le Chinetoque se retire en rampant. Le bon président daigne enfin s’apercevoir de notre venue dans son antre.

Il nous toise longuement, puis un sourire aussi engageant qu’une poubelle en période de grève des éboueurs assombrit sa face de carêmiste.

— Quelqu’un parle espagnol ? demande-t-il en espingo.

Quelque chose me dit de ne pas moufter. On se contente de lui adresser quelques courbettes chargées d’incompréhension.

Il reprend, en anglais :

— Quelqu’un parle anglais ?

— Je, président ! réponds-je avec une humilité qui ferait passer celle d’un mendiant lépreux pour de l’arrogance.

— Approchez !

J’obéis.

Vu de près, il est encore plus sinistre, Tiago Chiraco. Y a du reptile chélonien dans son visage. Sa tête est un peu celle d’une tortue de mer.

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