Frédéric Dard - Mesdames, vous aimez « ça » !

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Mesdames, vous aimez « ça » !: краткое содержание, описание и аннотация

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La vérité ?
Rarement je suis passé aussi près de la grande faucheuse que dans ce book.
Un tout petit peu plus, c'était : « bon suaire, m'sieurs-dames » sur l'air des lampions.
Et tout ça, tu veux que je te dise ?
A cause d'une gentille opticienne qui n'avait pas mis de culotte pour faire sa vitrine.
Nous autres tringleurs, on est peu de chose, tu sais !
Pendant que j'y pense : n'en parle pas à maman, elle se ferait du mouron. Tu connais Félicie !…

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Je n’aime pas les patelins où la foi domine la vie collective. Les croyances spirituelles doivent « accompagner » notre destinée, non la régenter. Chaque individu s’accommode de la sienne sans la faire supporter à son prochain.

J’aurais fait un mauvais croisé.

Notre chauffeur est un obèse assez jeune dont le cou ressemble à un bandonéon posé verticalement. Une odeur de rance et de patchouli se dégage de cet aimable garçon. Son regard, que j’aperçois dans le rétroviseur, est fermé pour cause de bouffissure. Certains Asiatiques me semblent aveugles et je suis éberlué de les voir driver une chignole à près de cent à l’heure.

Ma petite potesse de l’hôtel (celle qui accepte mes pourliches mais refuse mon braque) m’a présenté Ok Tékon, en lui recommandant de faire son possible pour m’aider. J’ai commencé par le début, en lui cloquant dans la poche de sa chemise trempée de sueur un billet vert made in U.S.A . d’une contre-valeur de cinquante dollars. Ce geste lui a paru gratifiant car il m’a souri comme un gros cul essayant un pet de force 4 sur l’échelle de Richter.

Ok Tékon m’a alors narré par le menu sa course avec Yves Trembleur et sa gerce.

Je te restitue son récit tel que je l’ai enregistré dans ma plantureuse mémoire.

Ils ont quitté l’hôtel un matin sur les couilles de dix plombes, sa gonzesse et lui, pour se rendre à Batu Caves. Ils n’avaient pas de bagages, sinon le sac à bandoulière de Rose. Lorsqu’ils ont atteint l’immense terre-plein aménagé au pied de la falaise, Trembleur a demandé au chauffeur de les attendre. Celui-ci a remisé sa Mercedes sur l’esplanade, à l’ombre d’un bouquet de palmiers, puis est allé boire une bière en mangeant le satay [14] Brochettes de poulet, de bœuf ou de mouton arrosées d’une sauce de cacahuètes pimentée. à la terrasse d’un marchand de grillades.

Tout en polkant des mandibules, il a regardé le couple escalader les 272 marches conduisant à la grotte, le petit funiculaire se trouvant hors d’usage. Rien de plus casse-pattes qu’une telle ascension, précise notre driver qui doit peser dans les 120 kilogrammes (sans sa montre). Il a dû faire de la délectation morose en regardant Rose Déprez et Yves Trembleur s’élever sur la pente raide arrosée de soleil. Le mahomed cigogne dur à ce moment de la journée.

Quand ils ont disparu de sa vue, épuisé par leurs efforts, Ok Tékon s’est assoupi. Il n’y avait que très peu de touristes en cette morte-saison et une grande quiétude incitait à l’abandon. Il ne se rappelle plus combien de temps il a roupillé devant sa canette de bière vide. Il a été réveillé par Trembleur qui lui secouait l’épaule. Celui-ci était seul ; il a expliqué au chauffeur qu’ils avaient rencontré des amis en visitant la grotte. Ces derniers possédaient une auto et ils avaient décidé de rentrer ensemble à Kuala Lumpur. Sauveur avait réglé la course et, courageusement, s’était attaqué pour la deuxième fois à l’ascension des 272 marches.

Point à la ligne. Tel est le bref récit de l’excellent obèse.

Des bus rose et blanc comme des véhicules de fête foraine sillonnent la route. Parfois, une moto nous double, pilotée par un jeune gars qui a mis sa veste à l’envers pour se protéger du vent de la vitesse. L’impression de vacances se poursuit, bienfaisante après les heures dramatiques que j’ai vécues. Je caresse la chatte exquise de ma chère Tohu Bohu d’un médius attendri. O douceur de vivre ! Pourquoi prends-je tant de risques, alors que l’existence ne demande qu’à se laisser déguster au chalumeau, tel un gin-fizz ?

Et puis voilà, on arrive. Je te raconte pas les exploitations à ciel ouvert de minerais dont je me torche comme de ta première chaude-lance, non plus que les plantations nombreuses qui vont du riz à l’huile de palme, du caoutchouc à la noix de coco. Tout ça, c’est pour le magazine Géo . T’achètes un Sana uniquement pour des raisons philosophiques. Les ressources naturelles d’un bled aussi éloigné du nôtre, tu peux me dire ce que t’en as à branler, Dédé ? Tu me vois en train de te peler la prostate avec l’hévéa, les ressources minières et autres couilleries subtropicales ? Faut pas rêver ! Si je te faisais chier la bibite avec le produit national brut de la Malaisie, t’irais arracher les claouis à mon éditeur ! Tu le sodomiserais en place de Grève. Déjà beau que je fasse, de-ci, de-là, quelques petites descriptions pour pimenter, que tu restes pas trop nullard sur ton bord de destin.

Donc, reprends-je-t-il, nous atteignons les grottes après avoir moulé la nationale.

Imagine une petite chaîne montagneuse posée sur une plaine plutôt pelée, pas de quoi te filer le tournis puisqu’elle va chercher dans les 300 mètres d’altitude. Une route poudreuse conduit au pied des grottes. Là, sur une vaste esplanade, s’est édifiée une sorte de fausse agglomération. Sur la droite, un bâtiment de briques, en ruine, et qui fouette à t’en faire gerber ton goûter, vu que des générations de touristes foncent y couler des bronzes en débarquant du car. Au fond de la perspective, une concentration constituée de marchands de souvenirs, de restaurants volants, de vendeurs de fruits exotiques (exotiques pour nous). Y a même un vieux branleur indien, avec un appareil photo préhistorique, qui a l’ingénuité de proposer ses services à des enfoirés de Nippons croulant sous les Nikon les plus sophistiqués de la planète.

Dans le fond de l’esplanade se dresse la formidable volée de marches menant à la grotte dont, d’en bas, on distingue à peine la béantitude. Cet escalier coupe le souffle. De celui qui le contemple, d’abord, de celui qui le gravit, ensuite. Une subtile émotion m’étreint. Pourquoi ai-je secrètement la certitude qu’ici va me venir LA révélation ? Que je suis au bout de mon terrible chemin de croix oriental et que, parvenu au sommet de ces 272 degrés, je vais accéder enfin à LA CONNAISSANCE.

Rarement, dans ma tumultueuse vie, j’ai ressenti ce sentiment formidable d’approcher la vérité. Fallait-il donc que je suive ce terrible parcours, que je brave tous ces dangers, que j’en triomphe comme d’une épreuve imposée, un code mystérieux, pour avoir enfin droit à LA vérité ?

— Veux-tu prendre une boisson fraîche en m’attendant ? demandé-je à ma ravissante compagne.

— Oh ! non, se récrie-t-elle, je ne te quitte pas.

Ça fait toujours plaisir à entendre.

Je la saisis par la main et nous attaquons la grimpette.

PHÉNOMÈNE DE L’INTUITION

CHEZ UN FLIC

Nous nous retournons à plusieurs reprises au cours de cette ascension. C’est un réflexe naturel chez l’homme que d’évaluer le panorama que lui offre son escalade. Il veut toujours s’assurer qu’elle élargit son champ de vision et lui découvre des horizons plus vastes. Esprit de domination à bon marché chez le con capable de peu.

L’esplanade du bas semble sans cesse plus réduite, tandis que ce panorama s’amplifie rapidement.

A mesure que nous approchons de la grotte, des singes de petite taille viennent nous accueillir, familiers. Certains sont perchés sur la rampe médiane et se caressent la tête à rebrousse-poil avec des airs désabusés. De gros oiseaux d’un gris nacré, à bec rose, décrivent de larges cercles en piaillant au-dessus de nos têtes.

L’ouverture de la formidable caverne s’élargit, devient immense comme l’entrée de quelque temple démesuré, hors de toute échelle humaine.

Un vaste souffle est exhalé par la grotte tentaculaire. Cela sent la décomposition et la mort. Une fraîcheur de caveau fait frissonner l’arrivant que toutes ces marches gravies ont mis en sueur.

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