Frédéric Dard - Les anges se font plumer

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Les anges se font plumer: краткое содержание, описание и аннотация

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« Une lettre et un chiffre rédigés hâtivement sur un petit bout de papier :
K 2. Ça pouvait vouloir dire beaucoup de choses… Ça pouvait ne rien signifier du tout… Mais moi je ne crois pas qu'on puisse écrire deux signes, comme ça, sans que quelque chose ne se trame quelque part.
K 2 ?
Une marque de détachant ? Il manque le R. Un morceau de jeu de bataille navale ? Pas sérieux… Le nom du deuxième sommet du monde, le Kapa Due ? Pourquoi pas…
K 2 ?
Ça ne vous dit rien, à vous ?
Moi si… aujourd'hui…
Aujourd'hui… que j'ai rassemblé tous les éléments du puzzle. »

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Je pige tout et, malgré la gravité de la situation, je ne peux retenir un sourire…

L’ironie du sort, les gars ! Le hasard, ce grand maître, etc., etc. Figurez-vous qu’une fois seul, mon assassin a tenté de se débarrasser de ses entraves… Il a tiré dessus, s’est trémoussé, bref a dû faire un tel chahut dans le lit que l’une des quatre boules de cuivre qui en ornaient le fronton et qui ne devait pas être vissée à fond, lui est dégringolé sur le pif… Il a saigné du nez… Le sang s’est coagulé, et comme il ne pouvait respirer par la bouche, il est mort asphyxié… Ma foi, c’est ce qu’on peut appeler la justice immanente…

Je le débarrasse de ses liens, du bâillon… Je roule le tout en boule et j’en fais un paquet… Ensuite de quoi je saisis la bouteille de rhum et je m’évacue en vitesse à la cave… Pourvu que Bucher ne soit pas canné aussi !

Non, il est bien vivant… Il tourne vers moi ses pauvres yeux inquiets.

— Alors ? fait-il…

— Alors ça colle… Je les ai eus… Dans trois jours, vous aurez votre fille…

Il reste très soucieux.

— Mon Dieu, fait-il, enlevez ces saloperies de sur moi… J’étouffe…

— Minute, Bucher… Il faut que nous parlions un peu auparavant.

— Qu’avons-nous encore à dire ?

— Maintenant, c’est moi qui suis Bucher pour les gens de la Ligue. Il est donc indispensable que vous disparaissiez pour quelques jours de la circulation. Vous allez avaler quelques centilitres de ce rhum… En haut se trouve un flic suisse de mes amis qui ne cherche qu’un prétexte pour vous incarcérer en douceur… Vous lui flanquerez votre main sur la bouille… Du reste, vous verrez, on meurt d’envie de le faire rien qu’en le regardant. Il vous bouclera discrètement… Quand vous ressortirez, vous aurez votre enfant, je vous en donne ma parole…

Il hoche la tête.

— Les autres vous auront.

— Je ne le pense pas, ils tiennent aux armes, et je ne les leur donnerai qu’une fois la fillette en sécurité.

— Je n’ai pas confiance en vous !

Il me file hors de mes gonds ! Ce gond-là !

— M’en fous, Bucher ! Confiance ou pas, c’est bibi qui tiens les rênes ! En voilà assez ! Si vraiment vous n’êtes pas d’accord, je vous flanque deux dragées dans le buffet, c’est tout ce qu’une ordure de votre espèce mériterait… Ça serait déjà fait si vous ne m’aviez au sentiment avec votre gosse !

« Maintenant, donnez-moi un mot d’explication pour le capitaine du Wander, que ce brave homme ne tombe pas des nues en me voyant prendre en charge la cargaison…

« Et faites vite, ajouté-je en le libérant de sa curieuse prison… »

Il est tout courbatu, Bucher… Il a de la peine à se tenir debout… Il sort son portefeuille… Puis fait mine de chercher son stylo… J’en étais certain ; c’est un pétard qui apparaît dans sa main… Heureusement que j’ai du flair. D’un coup de savate japonaise j’envoie valser l’arme… Ensuite, je le cramponne par le revers et je lui mets une série de crochets dans la boîte à ragoût ! Il manque d’air, tout comme son copain le moustachu ! Je le relève par sa cravate… Dans l’algarade, il a largué ses besicles et, sans elles, il ressemble à un poisson d’aquarium.

— Bon, t’as compris, fesse de rat malade ? Tu vas finir par gagner le canard…

J’ouvre son portefeuille… Dedans, je trouve des fafs concernant une cargaison de coton véhiculée par le Wander, bateau battant pavillon danois. Je les mets en fouille… A la réflexion, je pique aussi le larfeuille… Les papiers d’identité qu’il contient pourront me servir…

— Tu le connais, le capitaine ?

— Non, jamais vu…

— Fais gaffe… Encore une fois la vie de la petite ne tient qu’à un fil… Comment s’appelle-t-il ?

— Fulmer.

— Et tu ne l’as jamais rencontré ?

— Je vous dis que je ne le connais pas…

— Peu importe, signe-moi tout de même un mot disant que tu donnes toute qualité au porteur de la présente pour réceptionner les marchandises…

Il obéit… Muni de ce matériel, je lui tends la bouteille de rhum…

— Bois !

— Je n’aime pas le rhum…

— M’en fous, avale !

Il refuse toujours.

— C’est ça ou du plomb dans les tripes… T’as le choix, mais décide vite !

Il avale du rhum…

— Encore… Tiens, finis le flacon…

Il le vide.

Vous croyez peut-être qu’un demi-litre de Saint James va le mettre en l’air ? Pas du tout ! Il est aussi tranquille qu’avant de s’être mis le goulot sous le nez…

— Bon, maintenant monte… Tu verras une grande armoire… Cogne-lui dessus, vu ?

— Entendu.

D’une bourrade, je pousse Bucher dans le salon où attend le patient Cherio.

Bucher, propulsé par mes soins, lui choit dessus.

J’adresse un coup d’œil au policier.

— Hé, dites donc, grommelle Cherio… Vous ne pouvez pas faire attention ?

Bucher reste un moment indécis. Je lui plante le canon du feu dans les reins…

Alors il file un ramponneau dans la mâchoire de Cherio… Vous pouvez être certain qu’il n’est pas manchot, l’Amerlock ! Le flic bascule par-dessus sa chaise et s’étale, sonné comme un tocsin !

En soufflant, il se relève… L’autre l’attend de pied ferme.

— Si tu bouges, t’es mort ! lui dis-je… Frapper un policier suisse ! Non, mais t’es malade, je te jure ! Voilà un truc qui va te coûter chérot, pas vrai, m’sieur l’inspecteur ?…

Cherio se masse les croqueuses. Il n’a pas l’air content du tout. Sans doute doit-il vouer mon ami Bodard à tous les diables pour l’avoir embarqué dans cette galère…

D’un geste expert, il sort des menottes et les passe aux poignets de Bucher…

— Je vous arrête ! dit-il…

Puis il m’attire dans un coin…

— Bon, vous le voulez trois jours au cachot ?

— Oui. Et au secret le plus absolu ! Ne lui permettez pas de communiquer avec l’extérieur, ne faites aucune commission dont il serait susceptible de vous charger, compris ?

— Comptez sur moi…

Cherio va pour sortir avec son sujet. Il se ravise :

— Ne m’aviez-vous pas dit qu’ils étaient deux ? demande-t-il…

— Si… Mais l’autre est parti en voyage…

Ça ne contrarie pas Cherio, au contraire… Des clients qui lui déballent des bouquets champêtres comme celui de Bucher, moins il en a mieux ça vaut !

CHAPITRE XV

Félicie est transportée d’allégresse en voyant revenir son petit gars sain et sauf… Ma blessure est refermée, en bonne voie de cicatrisation. Je la lui montre afin de la rassurer.

— J’ai beaucoup tremblé pour toi, dit-elle. J’avais l’impression que tu courais un grand danger !

Je rigole en pensant à mon plongeon du sixième.

— Tu plaisantes, m’man, ç’a été une vraie partie de plaisir…

Je la questionne sur l’enquête de police concernant la mort de Sion. Elle me dit que les pandores ont appris la nouvelle à la belle rouquine… Celle-ci s’est trouvée mal (moi je la trouvais bien). Ce petit cinéma a dû impressionner ces braves Ritals si amoureux des démonstrations exagérées.

— Qu’est-elle devenue ? m’enquiers-je.

— Elle est partie le jour même…

— Eh bien, m’man, nous allons faire une petite virouze aussi…

— Quand ?

— Dès demain… Je vais te faire visiter Gênes !

Elle me sourit.

— Je croyais que nous étions beaucoup plus près de Venise ?

— C’est juste ; m’man, t’as la géographie dans l’œil, seulement j’ai encore une petite affaire de rien du tout à régler à Genova !

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