Frédéric Dard - Béru et ces dames

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Béru et ces dames: краткое содержание, описание и аннотация

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A l'enterrement de mon onc' Prosper, à Saint-Locdu, mon village natable, yavait Sana. Pas très corrèque, y m'refile, au moment des gondoléances, un œuf frais dans la pogne. Bon, passons !
Y avait aussi ma cousine Laurentine, la plus foutue garce du canton. Voilà-t-il pas qu c'te vilaine haridelle glisse et tombe dans la fosse, surl'cercueil à m'n'onc ! Et quand Collignier, l'notaire — un sacré biberonneur, soit dit en passant — nous annonce que l'héritage de Tontonva reviendre à son animal de compagnie et qu'nous deux, la Laurentine et moi, on s'ra que les jus-de-fruitiers, alors là, la cousine, è s'dresse comme un fantôme sur une lande écossaise…
Mais c'est pas l'tout : l'animal dont auquel il est question, c'est pas un chien, ni même un gros matou. C'est un coq, Mongénéral qu'y s'suce nomme…
Sacré Tonton ! Dommage qu'y soye canné. Parce que, s'il avait su tout ce qui s'en aye suivi, y serait resté baba…
Comme moi…

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— Lorsqu’on sonnera, poursuis-je à l’adresse du Levantin, tu iras ouvrir et tu conduiras Hildegarde dans le dressing-room jusqu’au cadavre de son frangin. Alors j’interviendrai.

Me tournant vers le Gros, j’enchaîne :

— Quand tu m’entendras parler, tu te pointeras pour couper la retraite. Si M lleH.H. t’oblige à défourailler — faut tout envisager — ne lui bascule surtout pas une prune dans le vital, j’ai coûte que coûte besoin d’avoir une conversation avec elle.

— Lu et approuvé, tranche mon vaillant camarade.

Il doctorise :

— Je réalise parfaitement le sérieux du travail, San-A. Y aura pas de bavures ce en quoi me concernant.

Il ne nous reste plus qu’à attendre…

Attendre, penser à autre chose pour mieux se concentrer le moment venu. Le Gros est assis près de sa tenture. Le larbin a pris place dans un fauteuil du hall et moi dans un autre, face à lui.

Le Martyre de l’Obèse…

Il l’était un peu, obèse, Béraud. Une solide fourchette ! Seulement y a qu’un truc qu’il a pas pu digérer : les Anglais. Pas tellement pétainiste dans le fond mais anglophobe ! C’est pire. Pétain, maintenant, ça boume. Il retrouve ses couleurs d’Epinal. On l’aménage en attendant de lui déménager la dépouille à Douaumont. L’Histoire, avec les années, elle s’éclaire au néon. Faut toujours qu’elle prenne sa signification avec vingt-cinq piges de retard, celle-là. Dommage pour ceux qui la fabriquent. C’est des pépiniéristes qui plantent pour un futur auquel ils ne participeront pas. On ne fabrique un présent confortable qu’en bricolant le passé. C’est tellement malléable, le passé. Bourré de cartes biseautées. On lui dégage à volonté l’as de pique on la dame de cœur, le roi de trèfle ou le valet de carreau. Un mec s’en donnerait la peine, le docteur Petiot, il en ferait Jeanne d’Arc et de Wiedmann le docteur Schweitzer. Le temps viendra qu’on gueulera « Vive Hitler !je prophétise énergiquement.

Vive… A bas… Les deux uniques formules de l’Histoire, cette roulure, cette pétasse ! Vive… A bas ! Ses pulsations ! Y a jour de Vive et jour d’à bas, comme chez les tripiers !

Ça fait tantôt une demi-plombe qu’Hildegarde a annoncé sa venue. Je commence à me demander si elle radinera, lorsque le timbre mélodieux de l’entrée retentit. Je me dirige à pas de léopard [57] Toujours à pas de loup, ça finit par faire concert. vers le dressing-room, non sans avoir, du geste et du péremptoire, rappelé à mes deux équipiers les rôles qu’ils ont à jouer. Fissa, je m’introduis dans la penderie, m’y tapis et retapisse l’entrée de la petite pièce. Je vous jure que j’ai le guignol en chamade, les gars ! Ça se trémousse vilain dans ma région cardio-vasculaire.

Je perçois la voix levantine du Levantin qui murmure :

— Par ici !

Une fille emmitouflée dans un manteau de daim bordé de loutre et portant un bonnet de même métal pénètre dans la pièce. Du coup, mon émotion se met en torche. La personne en question n’est pas Hildegarde. Ça y ressemble comme genre, comme âge et comme blondeur, mais ça n’est point elle. Mon petit doigt qui jouit d’une jugeote extraordinaire me murmure qu’il s’agit là de la mystérieuse compagne de la belle Allemande.

Elle s’accroupit devant le cadavre de Frank Heinstein, face à moi, ce qui me permet une vue dantesque sur ses dessous, ses dessus et ses sens dessus dessous. De quoi priver de salive six douzaines d’escargots de Bourgogne ! Elle avance une main calme sur le mort et lui ferme les yeux.

— Si on lui avait fait ça avant, il se serait pas vu mourir, dis-je en sortant du placard.

Ce qui la surprend peut-être le plus, c’est de me voir fringué en nana. Je dois faire anachronique dans ma robe des dimanches. Elle se dresse et recule d’un pas, ce qui la met dans les bras musculeux et nus du cher Bérurier. Elle se retourne, et à son regard effaré, je comprends qu’elle reconnaît le Mastar.

— Hildegarde n’est pas avec vous ? je demande.

Elle ne répond rien. C’est fou ce qu’ils sont peu causants, les protagonistes de cette affaire. Pour leur en arracher une, faut des forceps, et encore, quand ils consentent à l’ouvrir, ils cannent. On enquêterait chez des carpes, je vous parie que ça irait plus vite.

— Peut-être qu’elle cause pas français, cette beauté biautifoule, suggère le Gros.

Effectivement, la gosse se met à jaspiner en chleu moderne, comme pour lui donner raison.

Je ne tergiverse pas, ayant raté naguère mon brevet de tergiverseur par la faute d’un examinateur grincheux qui prétendait me faire tergiverser à l’envers.

— On va aller bavasser de tout ça chez elle, tranché-je et je me fais fort de dénicher un interprète.

— Et si elle te refile pas son adresse ?

— Tu oublies que j’ai son bigophone, Alexandre-Benoît.

Je trotte tuber aux services tandis que mon Sancho surveille la jolie demoiselle. Ils sont tous joyces à la maison Rebecca. Triomphants, les amours !

— Oh ! San-A., m’interpellephone le préposé, on vient de retrouver la DS noire que tu réclamais. Elle est stationnée dans la rue Tilante, juste derrière le Seigneurial Palace.

— Merci du renseignement, gloussé-je.

— On suppose que son passager n’est pas loin et on a établi une planque pour le cueillir…

— Vous supposez comme des dieux, applaudis-je, mais pour ce qui est de la planque, une civière suffira, vu que le gars est tellement clamsé que si on peignait son portrait, ça donnerait une nature morte !

Je lui résume brièvement les chapitres 3 et 4 de la troisième partie de cet ouvrage et lui réclame l’adresse correspondant au fil de la belle Allemande.

— Bouge pas, collègue, on va te trouver ça, promet-il.

Mais, sans tenir compte de son exhortation, je bouge au contraire. Mes cellules viennent d’avoir un sacré coup de chaleur au point que ma cervelle doit être meunière et qu’il ne lui manque plus qu’un peu de beurre noir et quelques gouttes de citron pour avoir l’air comestible.

Je me dis textuellement ceci, deux points ouvrez les guillemets :

« L’acolyte d’Hildegarde ne parle pas français. Or, puisqu’on t’a répondu en français au téléphone, c’est que t’avais bien Hildegarde à l’appareil.Vous me suivez bien, bande de noix ? J’sais pas si c’est une idée que je me fais, mais vous m’avez l’air tellement truffes par moments qu’on se croirait en plein Périgord ! Enfin, faites semblant de piger, ça me permettra de poursuivre pour les futés qui s’impatientent et qui sont allés fumer une cigarette dans l’antichambre de la page de garde. Je continue ? Bravo !

Hildegarde a répondu « NOUS arrivons. Or seule sa copine a rappliqué. Pourquoi ? Parce qu’en se pointant devant l’entrée privée du Seigneurial, elles ont vu la DS noire du frangin surveillée par des condors. Ça leur a donné l’éveil et seule la collègue est montée. Vous me comprenez, les lambins de la matière grise ? Je suis prêt à vous parier ce que j’ai en double contre ce que vous n’avez pas du tout que votre brave Hildegarde est à quelques encablures d’ici, au volant de sa tire, à guetter les abords et même les environs immédiats. Dites, sérieusement, vous prenez le pari ? Trop dégonflés, hein ? Vous savez que vous perdriez.

Tout à ma frénésie, je n’entends pas les vitupérations de mon correspondant dans l’appareil. C’est au moment de quitter le burlingue de Kelbel que je me ravise.

— Ouais ? grogné-je.

— Qu’est-ce que tu fabriquais, collègue ?

— Je réduisais une fracture à une mouche qui vient de se casser une jambe en tombant du plafond. Alors ?

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