André Beaunier - Picrate et Siméon

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»Tu me demanderas, Picrate, comment je me figurais Dieu. D’une manière confuse, je l’avoue, et indistincte. Pourquoi ne pas tout dire? J’avais peur de lui plus que je ne l’aimais. Sa rigueur me décontenançait. Je ne doutais pas de son existence; mais si j’eusse, un jour, acquis la certitude qu’il fût mort, et pour ne point ressusciter de longtemps, j’aurais accueilli cette nouvelle avec satisfaction, pourvu que Satan, son adversaire insidieux, disparût aussi. Tandis que j’éprouvais une tendresse infinie pour la Sainte Vierge.

»Elle, je la savais compatissante et miséricordieuse, indulgente aux erreurs que l’on commet sans méchanceté, prête à intercéder toujours en faveur de qui l’implore.

»Au moyen âge, Picrate, ce fut ainsi. Dieu était la justice, et la Vierge la charité. Ces deux principes ne s’accordent guère. Et c’est pourquoi, dans les légendes, la Vierge brouille un peu les décrets de la simple justice. Elle a recours à de fins stratagèmes pour épargner à des larrons les conséquences de leurs méfaits. Elle s’est déguisée en nonne pour remplacer à la chapelle une nonne qu’avait emmenée son galant; elle a substitué des mannequins spécieux à des misérables qu’on allait pendre.

»Elle, je l’aimais de tout mon cœur enfantin. Je l’admirais, et sa belle robe de soie dorée, et son diadème orné de pierreries. Je lui apportais souvent l’hommage d’un petit cierge, dont il me plaisait que s’ajoutât la jaune lueur aux feux des cires plus resplendissantes. Et je récitais à Dieu les prières obligatoires; mais à elle je confiais mes tristesses et mes ennuis, la conjurant d’intervenir et d’arranger tout cela …

III

PICRATE INTERROMPT LE RÉCIT

Depuis quelque temps. Picrate donnait tous les signes d’une irritation violente. Il ne put contenir sa mauvaise humeur, il s’écria:

– A bas la calotte!

Cette devise éclatait inopinément. Siméon, surpris, demanda:

– Compterais-tu, Picrate, parmi nos «libres penseurs»?

– Que oui! – répliqua l’autre; – et je m’en flatte!

– Tu as tort – reprit Siméon – de t’en flatter. Il est vain de s’enorgueillir des opinions que l’on a, car de nulle chose nous ne sommes moins les maîtres que de nos opinions. Elles nous sont insinuées par les circonstances; et tantôt nous acceptons celles de nos éducateurs naturels, tantôt nous réagissons contre leur influence. Dans l’un comme l’autre cas, nous sommes incités par notre caractère, par le hasard quotidien de la vie, à prendre tel ou tel parti. Le rôle de notre raison n’est pas, en tout cela, considérable. Picrate, un esprit humain n’est pas un endroit paisible où les idées font entre elles de la logique.

– A bas la calotte! – recommença Picrate, – mort aux curés!

– Je vois – continua Siméon – que tu tiens à tes opinions. C’est une assez bonne chose, qui parfois suscite des héros, des confesseurs et des martyrs, toutes personnes qui résolument ont limité leur rêverie et sacrifié à l’orgueil de la certitude le plaisir de la dialectique. C’est un don. Le scepticisme en est un autre. Le dogmatisme est plus fécond en actes d’énergie; le scepticisme est une source d’idéologies plus belles.

Picrate s’agitait. Siméon lui dit:

– Tu es sur le point de crier encore: «A bas la calotte!» Cela est convenu, enregistré. Ne te fatigue pas à de telles répétitions. Laisse-moi plutôt te pourvoir de plusieurs motifs d’humilité. Cette doctrine que tu préconises si fougueusement t’est commune avec une quantité d’imbéciles. Elle est à la portée de bien du monde. As-tu vu quelquefois, à la procession Dolet, la figure de tes camarades? Ne te contrarie-t-elle pas? Ce sont des gens qui mangent du curé de la façon la plus irréfléchie. Ils ont exprimé toute leur philosophie quand ils ont prononcé ces quatre mots: «A bas la calotte!»

– Mais enfin, ça veut dire quelque chose, ces quatre mots! – objecta Picrate, avec impatience.

– Quelque chose – répondit Siméon – de rudimentaire. Ils affirment qu’ils sont libres penseurs. Je les crois, en effet, libres de toute pensée. Par ailleurs, ils ressassent, en des estaminets, de vieilles diatribes anticléricales, dépourvues d’intérêt … Tu as, Picrate, de fâcheux coreligionnaires …

– Je n’admets pas – gronda Picrate – que tu dises: «coreligionnaires», puisque nous réprouvons, en principe, toute religion. A bas, disons-nous, toutes les calottes!

– Mais non!.. Vous substituez un dogme à un autre. Vous avez une religion: c’est bien là le comique de votre aventure. Une vieille religion, traditionnelle presque autant que l’autre. Vous remontez au delà de ce pauvre Dolet, que vous attifez si plaisamment en précurseur. Et même il vous parut indispensable d’avoir vos martyrs: c’est à quoi vous servit encore ce même Dolet, médiocre sire que bientôt vous diviniserez. Il eut maille à partir avec des tribunaux ecclésiastiques: telle fut l’origine, pour lui, d’une renommée sur laquelle il ne comptait pas. Ses délits, de nos jours, relèveraient de la correctionnelle, tout simplement, et il ne tirerait du fait de sa condamnation banale aucun profit posthume. Mais vous avez organisé sa légende et, en somme, son évangile … Votre foi se contente d’affirmations gratuites; elle se définit en peu de mots; elle se refuse à toute discussion; elle est intolérante, cruelle, tracassière: elle est une véritable religion …

– Secondement, – reprit Picrate, qui suivait son idée et n’écoutait pas son interlocuteur, – secondement, si tu blagues la figure des libres penseurs, c’est donc que tu n’as point regardé des Ignorantins?..

– J’en ai vu de piteux, – dit Siméon, – je l’accorde.

– Piteux?.. Pouah! leur bedaine qui bombe sous la robe, leur frimousse tondue, leurs cheveux trop longs, leurs yeux hypocrites qui lorgnent à droite et à gauche, jamais en face!.. N’est-ce pas une pitié de les voir conduire, à travers les rues, le misérable troupeau des gamins qu’on leur donne à éduquer, qu’ils abêtissent et rendent pareils à eux? Pauvres petits êtres! On déforme leur intelligence, on leur impose une croyance qu’ils n’ont pas choisie. C’est un abus de pouvoir, c’est un viol!

– Picrate, laisse-moi t’interrompre pour aller plus loin que toi dans ce sens.

»Un vieux maître que j’eus, et qui était un savant digne d’estime, a écrit: «Heureux les peuples qui n’ont pas de livres sacrés!» C’est une belle et morne parole, plus tragique de se trouver où il l’a mise, dans la préface d’une histoire de la Scolastique. L’ouvrage entier la commente, et de la plus émouvante manière. Car peut-être sais-tu, Picrate, de quel poids ont pesé sur l’esprit de notre moyen âge l’Ancien Testament et le Nouveau. Tout essor intuitif était empêché par l’autorité du texte; toute hardiesse de la dialectique était contenue par la rigueur du dogme. Ah! si jamais la lettre fut meurtrière, c’est bien alors. Pour s’évader de cette discipline âpre et jalouse, il fallut que l’on inventât un curieux stratagème mental: ce procédé nommé allégorie et qui dédouble, en quelque sorte, la pensée. De mauvais écrivains, depuis, l’ont employé pour le ridicule ornement de leur style. Mais, au temps dont je te parle, sous le règne de Philippe-Auguste ou de saint Louis, l’allégorie était un moyen de libération prudente, auquel devaient recourir les plus audacieux idéologues et qui devint la forme de leur jugement. On s’astreignait, d’une part, aux servitudes nécessaires et, de l’autre, on manifestait le plus possible d’indépendance. Certes, une telle contrainte est funeste au fier épanouissement des âmes vives. Et c’est pourquoi l’esprit médiéval nous apparaît comme si tourmenté, contourné, souffrant, dénué d’allégresse et de joyeuse spontanéité … Oui, heureux les peuples qui n’ont pas de livres sacrés!..

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