André Beaunier - Picrate et Siméon

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»Il fut tué à la guerre, étant garde national, par une balle perdue, sans avoir tiré lui-même un seul coup de fusil. On m’a souvent raconté que, le matin de ce jour-là, quand il partit, il avait le pressentiment certain de sa mort. Il nous fit, à grand’mère et à moi, ses adieux avec plus d’émotion que d’habitude. Il dit: «Vous prierez pour moi et pour que mes péchés me soient remis!» Il me souleva dans ses bras de telle manière que mon visage fût à la hauteur du sien; il fixa son regard sur mes veux et, avec une solennité singulière, une assurance dogmatique et didactique, il énonça: «La vie ici-bas est par elle-même absurde et affreuse; elle n’a d’autre sens que d’aboutir à la vie céleste et de la préparer.»

»Trente-deux ans se sont écoulés depuis cette scène rapide. Mais je te certifie, Picrate, que ces paroles me furent dites exactement telles que je te les rapporte. Je ne les ai jamais oubliées; et, quand je les répète ainsi, j’entends la voix sifflante et rèche qui les prononça. Je me rappelle l’intonation, l’accent. Elle ne se sont aucunement déformées dans mon souvenir; elles y demeurent telles que les prononça cet homme qui était mon père, qui allait mourir et qui le savait.

»Quand il eut dit ces mots, mon père continua, quelques secondes, à regarder au fond de mes yeux, comme pour s’assurer que sa pensée s’inscrivait bien dans mon esprit. Puis, sans plus m’embrasser, il me déposa sur le sol, prit son fusil, son képi, vérifia qu’il avait dans ses poches tout ce qu’il lui fallait; il embrassa grand’mère et il partit. Je ne l’ai plus revu.

»Dans quel trouble il me laissa! Je ne comprenais pas la raison de cette emphase inaccoutumée. Grand’mère s’enferma dans sa chambre. Ma bonne me recommanda d’être sage. Je le fus. Tout l’après-midi, la phrase me gêna. Elle me gêna bien souvent, depuis lors …

»J’étais si péniblement consterné que la mort de mon père n’ajouta presque rien à ma tristesse. On me tint à l’écart des cérémonies funèbres. L’absence de mon père ne modifia pas ma vie journalière: il ne s’y mêlait que si peu! Mais, s’il avait disparu, lui, la phrase restait. Elle me fut une compagne incessante.

»Je n’en ai pas saisi tout de suite la signification. Je ne l’ai que longtemps après analysée, étudiée. Aujourd’hui encore, que j’y ai réfléchi des années durant, une chose m’échappe: je ne sais pas avec une certitude parfaite quel était, au sujet de cette doctrine chrétienne, le sentiment de celui qui l’exprimait ainsi, en termes formels, absolus. Etait-ce chez lui sérénité mystique et piété fervente? Éprouvait-il une consolante douceur à espérer les joies définitives de l’outre-monde? Ou bien n’aboutissait-il qu’avec désespoir à ce mépris violent de l’ici-bas?.. Sa voix n’était ni tendre ni féroce … Nous étions là, pourtant, les yeux dans les yeux, ce père et ce fils, à la minute décisive de nos existences. Il a fait un immense effort pour que communiassent nos deux âmes dans une identique foi: il m’a seulement appris par cœur une formule impersonnelle qu’en effet j’ai, mot pour mot, retenue; son âme m’est restée étrangère …

»Mais la formule avait, à elle seule, sa valeur et sa vertu redoutable. Elle suffit à me gâter la joie de vivre.

»Sur les murs jaunes et nus des couvents, les moines qui cheminent, en cortège las, lisent de noires inscriptions où le siècle est dénigré péremptoirement. Les trappistes, chaque fois qu’ils se rencontrent, se doivent dire l’un à l’autre: «Frère, il faut mourir!» Ces devises sont appropriées le mieux du monde à l’état qu’ils ont choisi. Elles les réconfortent et les encouragent à persévérer dans leur farouche renoncement. Les règles monastiques composent une discipline forte et minutieuse, dont les détails sont cohérents, dont l’énergie est efficace. Si tu acceptes le principe de la croyance, obéis.

»Mais moi, je n’avais renoncé à rien. Je voulais vivre!..

»Je fus un petit enfant qui voulait vivre et à qui l’on enseignait une formule de mort.

»Si le souvenir de la désolante parole avait pu s’effacer, sache qu’elle m’était à chaque instant renouvelée, sinon en sa teneur même, du moins en son esprit, par la rigoureuse mélancolie de mes journées. C’est ainsi que je m’en imprégnai, qu’elle pénétra jusqu’au fond de moi.

»Il ne me fut pas donné d’être gourmand avec délices, comme je crois que c’est, pour les autres enfants, un bonheur. Une tartine dérobée avait l’inconvénient terrible d’une faute qui aventurait ma destinée éternelle. Aucun plaisir n’était pour moi pur d’inquiétude et de scrupule.

»Ma grand’mère vivait aussi retirée qu’une nonne. Elle consacrait des heures longues à des lectures pieuses, à des prières, auxquelles elle m’associait soir et matin. Je ne les comprenais pas toutes. J’ai mille et mille fois répété que le Verbe était en Dieu, que le Verbe était Dieu, sans trop savoir de quoi il retournait. Et même une confusion se fit, dans ma puérile pensée, entre ce Verbe-là et ces autres – actifs, passifs ou neutres – dont une pédagogie routinière m’enjoignait la conjugaison. Que de fois, assis à ma table de travail, les jambes ballantes, n’ai-je pas médité sur les mystérieux rapports du Verbe qui était Dieu et de tel subjonctif dont m’échappait la qualité divine! Je rongeais le bois de mon porte-plume; avec l’ongle, j’en détachais des brindilles, que je trempais rêveusement dans l’encrier. Cependant j’échafaudais de bizarres théologies, à dérouter un «Ange de l’École».

»Mais je te fais grâce de ces dialectiques déraisonnables.

»Ma grand’mère occupait son loisir à tricoter des bas et des brassières pour les œuvres de charité. La grosse pelote de laine tombait de ses genoux sur le tapis et là sautillait à chaque petit coup que la vieille dame donnait de son aiguille. Il me plaisait de m’acouffler par terre, de tenir entre les mains la pelote épaisse et molle, de rester ainsi longtemps à ne rien faire, à ne guère penser, tandis que bourdonnaient des mouches dans les rideaux des fenêtres et que, sur les chevrotantes lèvres, les Pater et les Ave du rosaire se marmonnaient. Si j’étais sage, ma grand’mère ne semblait pas s’apercevoir de ma présence, tant son esprit demeurait ailleurs, au pays du Verbe, ou peut-être s’assoupissait dans la monotone lenteur des oremus . Nous étions proches à nous toucher; mes doigts se posaient sur le bas de sa jupe: seulement, nos âmes étaient l’une à l’autre tout à fait étrangères, parce que ma petite âme ne pouvait accompagner la sienne aux régions supra-sensibles.

»As-tu remarqué, Picrate, que, dans les tableaux religieux, les personnages, côte à côte, ne se connaissent pas? Ils n’ont pas de gestes mutuels; ils ne se regardent même pas les uns les autres. S’ils sont groupés, c’est en vertu d’un pareil sentiment qui anime chacun d’eux et tous les dirige vers Dieu.

»J’étais donc isolé. Ma petite âme faisait de vains et timides efforts pour aller retrouver, si loin, là-haut, à l’infini où se joignent les parallèles, l’âme de ma grand’mère.

»Quelquefois, excédé de désœuvrement, je poussais un grand soupir. L’orante s’inclinait vers moi et me disait:

» – Qu’est-ce, mon petit?.. Joue!

»Alors, comme ravi de la permission, je bondissais, et mon entrain me lançait à de folles gambades. Mais bientôt j’apercevais, fixé sur moi, le regard triste de ma grand’mère. Sans qu’elle fît à mes jeux une objection, je voyais dans ses yeux un amer reproche, une inquiétude douloureuse. Il n’en fallait pas plus pour me rappeler que j’abusais de la vie présente et négligeais mon éternité. Sans doute, aussi, la pauvre femme s’effarait à diagnostiquer en moi les signes d’une allégresse condamnable, oui, de la gaieté maternelle, légère et païenne un peu …

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