André Beaunier - Picrate et Siméon

Здесь есть возможность читать онлайн «André Beaunier - Picrate et Siméon» — ознакомительный отрывок электронной книги совершенно бесплатно, а после прочтения отрывка купить полную версию. В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: foreign_antique, foreign_prose, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Picrate et Siméon: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Picrate et Siméon»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Picrate et Siméon — читать онлайн ознакомительный отрывок

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Picrate et Siméon», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

– Non, il faisait ce que l’on nomme «travaux de ville»: menus, quittances, prospectus, cartes de visite, etc …

»Donc, à Bruxelles, la misère le guettait. Il l’évita. Et même, grâce à la justice immanente qui corrige l’injustice des hommes, il réussit à trouver un emploi. Il écrivit à Victor Hugo, sans le connaître, reçut du grand poète une sublime réponse et, fort de ce témoignage d’estime, se présenta chez un proscrit de marque. Sur la terre d’exil, les inégalités sociales disparaissent: le proscrit célèbre, et d’ailleurs riche, accueillit avec complaisance le travailleur aux mains noires, l’engagea comme secrétaire, – logé, nourri, appointements fixes. C’est ainsi que mon père entra dans la noble compagnie de ces …

– Républicains en exil …

– …qui, loin de la patrie ingrate, sauvegardaient l’intégrité de l’idéal glorieux. Et c’est ainsi que, longtemps après, il rencontra mon grand-père. Celui-ci, je ne sais pourquoi, n’avait pas été chassé de France: Badinguet le voulut épargner, ou l’oublia. Vers 1860, de son propre mouvement, mon grand-père s’exila. Il vint, avec sa fille, douce Antigone, se retirer à Bruxelles. Il y trouva ses compagnons de jadis, partagea leur infortune; la solitude, à Paris, lui pesait, et je crois qu’il avait conçu quelque dépit d’être négligé par l’Empereur.

– Il avait hésité, d’ailleurs, huit ans?..

– C’était un homme réfléchi et qui n’agissait point à la légère. Eugène Dufour épousa la fille du proscrit volontaire. Et je naquis, là-bas, en exil, dans les derniers temps de l’Empire. Je dois à cette circonstance d’être inscrit sur les registres de l’État pour une petite rente qui m’aide à vivre …

– Le 2 Décembre a fait d’heureuses victimes, Picrate! Quand M. Paul Deschanel, l’ancien Président de la Chambre, alors jeune homme politique plein d’avenir, sollicita le suffrage des électeurs, il rédigea ses affiches ainsi:

PAUL DESCHANEL
NÉ EN EXIL

»C’était, à vrai dire, plutôt la profession de foi de M. Deschanel le père qu’il formulait en ces termes laconiques, que la sienne propre. Car on est exilé pour ses opinions, mais on naît en exil involontairement. Le mérite n’appartenait qu’au père d’avoir, malgré les tristesses de l’absence, augmenté d’un bon citoyen le chiffre de la population française … Le fils voulut signifier, sans doute, qu’il serait fidèle à l’exemple héroïque du père et, dans l’hypothèse d’un nouveau coup d’État, affronterait l’hostilité de Napoléon IV. Les électeurs le comprirent bien, et le Parlement compta un orateur de plus, un orateur élégant et disert, et qui, de sa naissance bruxelloise, n’a conservé nul accent belge … Et toi, Picrate, tu es récompensé pour les mérites paternels. Je n’y trouve rien à redire, – sinon que tu hérites, en quelque sorte: ce qui est contraire, il me semble, aux règles de ton socialisme. M. Deschanel, lui, n’est pas socialiste, et ce n’est donc qu’à toi que j’adresse cette timide objection.

– Je n’y avais pas songé, – dit Picrate. – D’ailleurs, tu sais notre réponse en pareil cas: tant que la société collectiviste ne sera point réalisée, il nous faut bien accepter les conditions de la vie actuelle.

– Cela vous donne une assez belle latitude, – acquiesça Siméon. – Cela permet, en outre, à certains de vos plus vaillants propagandistes de capitaliser fort agréablement …

– Peut-être!.. – fit Picrate, d’une manière évasive. Toujours est-il qu’après le 4 Septembre, nous revînmes à Paris et prîmes un petit appartement dans le quartier du Luxembourg. Mes souvenirs datent de cette époque. Le reste me fut raconté maintes fois, durant les soirées familiales. J’ai grandi, je me suis formé ma conscience d’homme, parmi les narrations généreuses des proscrits. Mon grand-père récitait volontiers ces vers de Hugo:

J’accepte l’âpre exil, n’eût-il ni fin ni terme…

»Il ne l’avait pas, lui, accepté, mais revendiqué. Ma mère me fit comprendre que c’était encore plus beau.

»Les superbes enseignements que j’ai reçus! Je ne puis, sans rougir, y songer … D’un mot je les résume: «Raison». Toute la doctrine dérive de là. Mon père était la raison même, la raison faite homme, la raison sans cesse agissante, présidant aux graves démarches de la pensée, déterminant les moindres détails de la vie, organisant, réglant, voulant … Quand il avait dit: «C’est la raison!» chacun s’inclinait. La raison lui servit à éloigner de notre demeure les superstitions et les préjugés. Elle lui dicta la coupe de son costume. Il s’habillait d’une façon très particulière, au mépris de la mode et des usages courants. Son pantalon n’était ni trop large ni trop étroit: il avait calculé les dimensions exactes qui assurent, autour des jambes, une suffisante aération sans excès de flottement. Il revêtait une blouse de lainage boutonnée au cou, aux poignets, serrée à la taille d’une ceinture en caoutchouc. Il se coiffait, l’hiver, d’une toque de drap, qui lui entrait jusqu’aux oreilles; l’été, d’un chapeau vaste, aux grands bords ronds, en étoffe légère que tendait un ingénieux système de joncs très fins. Sa chaussure, il la fabriquait lui-même, ainsi que celle de ma mère et la mienne (j’avais alors des pieds), conformément à des principes fixes: pas de talons, car il est vain de se prétendre hausser; pas de tiges, qui gênent l’articulation des chevilles, mais un juste agencement de courroies, afin que la semelle n’abandonne pas la plante des pieds. Il portait la barbe et les cheveux courts; et cependant, malgré son vœu de supprimer le poil inutile, jamais il n’usa du rasoir, jugeant convenable qu’un menton mâle fût velu. Il avait combiné pour ma mère un costume qui sacrifiait à la raison toute coquetterie. Notre habitation, notre table étaient soumises à des règlements analogues, la température de nos chambres fixée avec précision, le menu de nos repas composé selon les théories hygiéniques, la quantité du pain, de la viande, des légumes, du sel, déterminée, au renouvellement de chaque décade, selon la saison, l’état hygrométrique de l’atmosphère, le quartier de la lune et le poids de nos individus, préliminairement vérifié, enregistré, comparé, trouvé en baisse ou bien en hausse. Comme j’avais une propension fâcheuse à engraisser, je devais rester sur mon appétit, ce qui m’affligeait, je l’avoue. J’avoue aussi que l’extrême rigueur de cette existence systématique m’importunait … Oui, je rechignais aux préceptes de la raison. Siméon, je n’ai qu’ensuite estimé mon père à sa valeur; je ne l’ai vraiment admiré qu’après sa mort. C’est mon regret.

– Que veux-tu, Picrate! – dit Siméon; – tu manquais de perspective. On apprécie mal ce dont on pâtit. Cela explique que l’on juge avec plus de sérénité la douleur d’autrui que sa propre douleur. Cela explique qu’il y ait des consolateurs éloquents, capables d’arriver, dans leurs discours, à la sérénité du stoïcisme, mais, quand il s’agit d’eux, douillets ainsi que des femmes nerveuses. Cela explique qu’il y ait des conquérants: ils évaluent à peu de prix l’existence humaine, tandis que, d’une hauteur bien choisie, ils dominent les masses où se perdent les souffrantes unités …

»Sois sans remords, Picrate. A peine te fut-il loisible d’échapper au minutieux gouvernement de la raison, tu l’honoras comme il convient, j’en suis sûr … Reconnaissons-le, du reste: l’entreprise d’Eugène Dufour, intéressante et méritoire, avait le tort d’omettre un fait essentiel, à savoir que la raison est une chose et que la vie en est une autre. Je ne dis pas seulement la vie humaine, mais la vie, ou, si tu veux, la nature, ou, si tu veux, la réalité. Quand tu observes le Cosmos, as-tu l’impression qu’il soit cohérent à ravir? Si l’accord était si parfait entre le Cosmos et la raison, les philosophes, ces professionnels détenteurs de la raison, depuis longtemps auraient compris le Cosmos: il n’en est rien! On n’a pas encore déniché l’idée directrice de ce monde où nous sommes logés. Les hypothèses que l’on a faites là-dessus ont échoué très piteusement. L’une des plus jolies est celle, sans doute, de ce subtil Bernardin de Saint-Pierre, qui consacra toute l’ingéniosité de son esprit et de son cœur à essayer d’introduire un peu d’ordre dans ce désordre. Il y prodigua les trésors de sa mauvaise foi et de sa bonne volonté; ses explications prêtent à rire. Il n’était pas un métaphysicien. Les métaphysiciens négligent, pour plus de commodité, le détail des apparences: ils construisent de vastes idéologies, dont le seul tort est de ne point s’adapter au concret. Lui, attentif à ne rien oublier, examinait, tenait compte de tout, et, à mesure qu’avançait son enquête, il imaginait l’interprétation requise. Il tomba dans la saugrenuité. Son échec est bien lamentable: d’abord pour lui, dont le zèle était digne d’un meilleur sort; et puis pour l’intelligence humaine, qui s’est, en la personne de ce commentateur, couverte de ridicule. La grosse bévue de Bernardin, ce fut de croire que rien n’existe qui n’ait sa raison d’être. Partant de ce principe faux, il devait aboutir à de comiques résultats. Pauvre garçon, dupe de ce respect qu’il eut pour le Cosmos!

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Picrate et Siméon»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Picrate et Siméon» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Andreas Hiemeyer - to the sun
Andreas Hiemeyer
Andrés Hübner Mandiola - El objeto de la visión
Andrés Hübner Mandiola
Antonio Gómez Andrés - Teresa Andrés. Biografía
Antonio Gómez Andrés
Ander Serrano Simón - Dos noches sin luna
Ander Serrano Simón
Andrés Felipe Escovar - El cuaderno de Andrés Caicedo
Andrés Felipe Escovar
libcat.ru: книга без обложки
Andrés Dávila Ladrón de Guevara
Beth Andrews - The Prodigal Son
Beth Andrews
Отзывы о книге «Picrate et Siméon»

Обсуждение, отзывы о книге «Picrate et Siméon» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x