Patrick Suskind - Le parfum

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Grenouille était debout sur l’estrade et n’écoutait pas. Il observait avec la plus grande satisfaction l’effet produit par un tout autre fluide, beaucoup plus réel : le sien. Tenant compte des dimensions de l’amphithéâtre, il s’était parfumé très abondamment et, à peine était-il monté sur l’estrade, que l’aura de son parfum s’était mise à irradier puissamment. Il la vit (réellement, il la vit de ses yeux ! saisir les spectateurs des premiers rangs, se propager ensuite en direction du fond et finalement gagner les tout derniers rangs et la galerie. Et dès qu’elle touchait quelqu’un (Grenouille en avait le cœur qui bondissait. dans sa poitrine), ce quelqu’un changeait à vue d’œil. Sous le charme du parfum, mais sans s’en rendre compte, les gens changeaient de physionomie, d’attitude, de sentiments. Tel qui avait d’abord fixé sur Grenouille un regard simplement stupéfait le considérait dès lors d’un œil plus bienveillant ; tel qui s’était au début carré dans son fauteuil, le front plissé par le doute et les coins de la bouche abaissés par la défiance, se penchait à présent vers l’avant, avec le visage détendu d’un enfant ; et même sur les faces des craintifs, des effarés, des hypersensibles, qui ne supportaient son aspect d’hier qu’avec effroi, et son aspect actuel avec encore une bonne dose de scepticisme, on lisait des signes d’affabilité, voire de sympathie, lorsque son parfum les atteignait.

Au terme de l’exposé, toute l’assistance se leva et éclata en acclamations frénétiques

Vive le fluide vital ! Vive Taillade-Espinasse ! Vive la théorie fluidale ! A bas la médecine orthodoxe !...

Voilà ce que criait le public cultivé de Montpellier, qui était alors la plus importante des villes universitaires du Midi de la France, et le marquis de la Taillade-Espinasse connut là l’heure la plus grandiose de sa vie.

Quant à Grenouille, qui descendait alors de son estrade et se mêlait à la foule, il savait que ces ovations s’adressaient en fait à lui, Jean-Baptiste Grenouille, et à lui seul, quoiqu’aucune des personnes qui l’acclamaient dans cette salle n’en eût la moindre idée.

34

Il resta encore quelques semaines à Montpellier. Il avait acquis une certaine renommée et était invité dans les salons, où on le questionnait sur sa vie dans la caverne, et sur sa guérison par le marquis. Constamment, il lui fallait raconter à nouveau l’histoire des brigands qui l’avaient enlevé, du panier qu’on descendait jusqu’à lui, et de l’échelle. Et à chaque fois il l’enjolivait plus somptueusement et rajoutait de nouveaux détails inventés. C’est ainsi qu’il recouvra une certaine facilité de parole – à vrai dire limitée, car de toute sa vie le langage ne fut jamais son fort – et aussi, chose plus importante pour lui, une grande aisance dans le maniement du mensonge.

Il constata qu’au fond, il pouvait raconter aux gens ce qu’il voulait. Une fois qu’ils étaient en confiance – et ils l’étaient dès la première bouffée qu’ils respiraient de son odeur artificielle –, ils gobaient tout. De surcroît, il prit une certaine assurance en société, alors qu’il n’en avait jamais eu. Cela se traduisit même physiquement. On aurait dit qu’il avait grandi. Sa bosse parut fondre. Il marchait en se tenant presque parfaitement droit. Et quand on lui adressait la parole, il ne sursautait plus, restait bien droit et vous regardait en face. Certes, il ne devint pas en si peu de temps un homme du monde, ni la coqueluche des salons, ni un mondain accompli. Mais il perdait à vue d’œil ce qu’il avait de contraint et de gauche, et adoptait une attitude qui pouvait passer pour une légère timidité naturelle et qui faisait une impression touchante sur plus d’un homme et plus d’une dame : on avait alors, dans le monde, un faible pour le naturel, et pour une sorte de charme ingénu et rustique.

Début mars, il fit son balluchon et fila clandestinement, au petit matin, dès l’ouverture des portes, vêtu d’un méchant habit marron acquis la veille au marché aux puces, et d’un chapeau élimé qui lui cachait la moitié du visage. Personne ne le reconnut, personne ne le remarqua ni ne le vit, car ce jour-là il s’était soigneusement abstenu de mettre de son parfum. Et quand vers midi le marquis fit entreprendre des recherches, les sentinelles jurèrent leurs grands dieux qu’elles avaient bien vu toutes sortes de gens sortir de la ville, mais pas le célèbre homme des cavernes, qu’elles n’auraient pas manqué de remarquer. Là-dessus, le marquis fit répandre le bruit que Grenouille avait quitté Montpellier avec son accord, pour aller régler à Paris des affaires de famille. Par devers lui, il était tout de même furieux, car il avait eu le projet d’entreprendre avec Grenouille une tournée à travers tout le royaume, pour recruter des adeptes de sa théorie fluidale.

Au bout de quelque temps, son courroux s’apaisa, car sa renommée se répandit même sans tournée et presque sans qu’il fît rien pour cela. Il parut de longs articles sur le fluidum letale Taillade dans le Journal des Savants et même dans le Courrier de l’Europe , et de fort loin arrivèrent des patients atteints d’intoxication létale, pour se faire traiter par lui. Dans l’été 1764, il fonda la première « Loge du Fluide Vital », qui compta cent vingt membres à Montpellier, et ouvrit des filiales à Marseille et à Lyon. Il résolut alors de partir à l’assaut de la capitale, et de là de convertir à sa doctrine tout le monde civilisé ; mais il voulut tout d’abord, pour appuyer sa campagne par de la propagande, accomplir un haut fait fluidal qui éclipserait la guérison de l’homme des cavernes et toutes ses autres expériences ; il se fit donc accompagner, début décembre, par une équipe d’adeptes intrépides et entreprit avec eux l’ascension du pic du Canigou, qui était situé sur le méridien de Paris et passait pour le plus haut sommet des Pyrénées. Alors qu’il était au seuil de la vieillesse, le marquis voulait se faire hisser jusqu’à cette cime de deux mille huit cents mètres et s’y exposer trois semaines durant à l’air vital le plus dur et le plus frais, afin (annonça-t-il) d’en redescendre exactement le soir de Noël sous les traits d’un fringant jeune homme de vingt ans.

Peu après Vernet, dernier lieu habité au pied de la terrible montagne, les adeptes abandonnèrent. Le marquis, en revanche, n’avait pas froid aux yeux. Dans le vent glacial, se dépouillant à grands gestes de ses vêtements et poussant de grands cris de jubilation, il entama l’ascension en solitaire. La dernière image qu’on eut de lui, ce fut une silhouette qui tendait extatiquement ses mains vers le ciel en chantant, et qui disparut dans la tempête de neige.

Le soir de Noël, les disciples attendirent en vain le retour du marquis de la Taillade-Espinasse. Il ne revint ni sous les traits d’un vieillard, ni sous ceux d’un jeune homme. Et même au début de l’été suivant, quand les plus audacieux partirent à sa recherche et gravirent le sommet encore enneigé du pic du Canigou, on ne retrouva rien de lui, pas un vêtement, pas un membre, pas un osselet.

A vrai dire, cela ne fit aucun tort à sa doctrine. Au contraire. La légende se répandit bientôt qu’au sommet de la montagne, il s’était marié au fluide vital éternel, se dissolvant en lui et le dissolvant en soi, et que désormais il flottait, invisible, mais éternellement jeune, au-dessus des sommets pyrénéens : qui montait jusqu’à lui participait de son essence et restait une année durant exempt de maladie et de vieillissement. Jusqu’en plein XIX esiècle, la théorie fluidale de Taillade eut des partisans dans plus d’une Faculté, et de nombreuses sociétés occultes en firent l’application thérapeutique. Aujourd’hui encore, il existe des deux côtés des Pyrénées, plus précisément à Perpignan et à Figueras, des loges tailladistes secrètes qui se réunissent une fois par an pour faire l’ascension du pic du Canigou.

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