Eugène Zamiatine - Nous Autres

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Elle ne vint pas.

… Et peut-être qu’à la minute où j’écris, à 22 heures, comme l’autre jour, les yeux fermés, elle appuie son épaule contre quelqu’un et, comme l’autre jour, demande : « Tu aimes ? » Qui donc est-ce ? Est-ce l’homme aux doigts fins, ou R, aux grosses lèvres qui éclaboussent, ou S ?…

Pourquoi tous ces jours derniers ai-je entendu derrière moi ses pieds clapotants qui semblent patauger dans des flaques d’eau ? Pourquoi m’ont-ils suivi comme une ombre ? Elle est devant moi, derrière, sur mes côtés, cette ombre gris-bleu à deux dimensions. On passe sur elle, on marche dessus, et elle est toujours là, près de moi, inévitable, attachée par un fil invisible. Peut-être I est-elle ce lien ? À moins que les Gardiens ne sachent déjà que…

Si l’on vous disait que votre père vous voit tout le temps, comprendriez-vous ? Vous éprouveriez des sensations étranges : vos bras vous sembleraient étrangers, vous gêneraient. Je me surprends souvent à les balancer d’une façon absurde, sans suivre le rythme des jambes. Ou bien, j’ai envie de me retourner et je ne le puis, mon cou semble figé. Je me mets à courir de toutes mes forces et sens derrière mon dos une ombre courir plus vite que moi. Je ne peux lui échapper.

Chez moi, dans ma chambre, je suis enfin seul. Mais il y a autre chose : le téléphone. Je reprends le récepteur : « Oui, le numéro I-330, s’il vous plaît ! » Et, encore une fois, j’entends un bruit léger, des pas dans le corridor, devant la porte de sa chambre, puis le silence… Je jette le récepteur, je n’en peux plus… « Je vais aller la voir. »

C’est ce que j’ai fait hier. J’ai couru là-bas et, pendant une heure, de seize à dix-sept heures, j’ai erré autour de la maison où elle habite. Des numéros passaient en rangs devant moi, j’entendais leurs milliers de pas, en mesure, cela les faisait ressembler à un léviathan à mille pieds qui passerait en se dandinant. Je me sentais seul, craché par la tempête sur une île inhabitée et je fouillais sans cesse des yeux les vagues sombres.

« Elle va sortir de quelque part… Je vais voir l’angle pointu et moqueur de ses sourcils relevés vers les tempes ainsi que les fenêtres sombres de ses yeux, derrière lesquels fume une cheminée et passent des ombres… J’irai droit à elle et la tutoierai : “Tu ne sais pas, je ne peux me passer de toi… Alors pourquoi… ?” »

Le silence se fit brusquement. J’entendis l’Usine Musicale et compris : il était dix-sept heures passées, tout le monde était parti et j’étais seul, en retard. Autour de moi régnait un désert de verre, inondé d’un soleil jaune. Je vis, se reflétant sur la surface du verre, des murs brillants, qui semblaient suspendus les pieds en l’air, moi-même j’étais suspendu, les pieds en l’air, ridicule.

« Il me faut aller immédiatement, à cette seconde même, au Bureau Médical, justement… Mais peut-être le mieux serait-il de rester ici, d’attendre tranquillement que l’on vienne, que l’on m’emmène à l’Opératoire et d’en finir d’un seul coup, de tout racheter à la fois. »

J’entendis un léger bruit et vis l’ombre deux fois tordue. Je sentis, sans les voir, deux vrilles d’acier bleu s’enfoncer en moi. Je souris de toutes mes forces et dis, pour dire quelque chose :

« Il me faut aller au Bureau Médical.

– Qu’est-ce que vous faites ici ? »

Je me tus, couvert de honte, me sentant la tête en bas, suspendu par les pieds.

« Suivez-moi », dit-il sévèrement.

J’obéis, en balançant mes bras inutiles, étrangers. Je ne pouvais lever les yeux et marchais tout le temps dans un monde étrange et renversé. Les machines avaient le derrière en l’air, les gens étaient collés au plafond par les pieds et, plus bas encore, le ciel était pavé du verre épais de la chaussée. Je me souviens avoir pensé que le plus affligeant était de voir tout cela pour la dernière fois la tête en bas. Mais je ne pouvais lever les yeux.

Nous nous arrêtâmes. Il y avait des marches à monter.

« Un pas encore et je verrai les silhouettes en blouses blanches des docteurs, l’immense Cloche… »

À grand-peine, comme à l’aide d’un cric, je finis par détacher mes yeux du sol et les lettres d’or : « … Médical », me jaillirent à la figure. Pourquoi m’avait-il conduit ici, et non à l’Opératoire, pourquoi m’avait-il épargné, je n’y pensai même pas. Je sautai par-dessus les marches, claquai la porte derrière moi et poussai un soupir. Il me semblait que je n’avais pas respiré depuis le matin, que mon cœur n’avait pas battu. Je venais d’inspirer pour la première fois, une écluse venait de s’ouvrir dans ma poitrine…

Ils étaient deux, l’un courtaud, aux pieds comme des colonnes et avec des yeux qui semblaient être montés sur des cornes et l’autre, très sec, aux lèvres comme des ciseaux, au nez comme une lame… C’était bien lui.

Je me précipitai vers lui comme vers un parent, droit sur la lame de son nez, et lui parlai de mon insomnie, de mes rêves, des ombres, de la mer jaune. Ses lèvres en ciseaux scintillèrent et sourirent…

« Ça va mal. Il s’est formé une âme en vous. »

Une âme ? Quel mot étrange et depuis longtemps oublié !

« C’est… très grave ? balbutiai-je.

– Incurable, tranchèrent les ciseaux.

– Mais, en somme, en quoi cela consiste-t-il ? Je ne me rends pas bien compte…

– Comment vous expliquer… vous êtes mathématicien ?

– Oui.

– Supposez une surface plane, ce miroir par exemple. Nous clignons des yeux pour éviter le soleil qui s’y réfléchit. Vous y apercevez également la lumière d’un tube électrique ; tenez, l’ombre d’un avion vient d’y passer. Tout cela ne reste qu’une seconde dans le miroir. Maintenant, supposez que par le feu on amollisse cette surface impénétrable et que les choses ne glissent plus, mais s’incrustent profondément dans ce miroir, derrière lequel, étant enfants, nous cherchions si souvent avec curiosité ce qu’il pouvait y avoir. Cette surface aurait engendré un volume, un corps, un monde. Nous avons en nous un miroir sur lequel glissent le soleil, le tourbillon de l’avion, vos lèvres tremblantes et les lèvres d’un autre aussi… Ce miroir froid réfléchit, renvoie, tandis que le vôtre, maintenant, garde trace de tout et à jamais. Vous avez vu un beau jour une légère ride sur la figure de quelqu’un – vous l’avez toujours en vous ; vous avez entendu quelque part une goutte d’eau tomber dans le silence, vous l’entendez encore maintenant…

– Oui, c’est justement ça », dis-je en le saisissant par la main. J’entendais dans le silence des gouttes d’eau tomber lentement du robinet sur le lavabo, et savais que ce serait pour toujours. « Mais pourquoi ai-je eu tout à coup une âme… Je n’en avais pas et puis, brusquement… Pourquoi personne n’en a-t-il, et moi… »

Je serrai sa main fine toujours plus fortement, j’avais peur de perdre cette ceinture de sauvetage.

« Pourquoi ? Pourquoi n’avons-nous pas de plumes, ni d’ailes, seulement des omoplates, qui servaient d’attaches aux ailes ? Parce que nous n’en avons plus besoin ; nous avons l’aéro, et les ailes ne seraient qu’une gêne. Des ailes, c’est pour voler, mais nous n’avons plus besoin de voler, nous sommes arrivés au but. Pas vrai ? »

Je hochai la tête d’un air perdu. Il me regarda et éclata d’un rire métallique. L’autre, aux pieds comme des colonnes, l’entendit et sortit lourdement de son cabinet. Il frappa le docteur, puis moi, de ses yeux montés sur cornes.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Quoi, une âme ? Vous dites bien, une âme ? Qu’en savez-vous ? Nous arriverons au choléra si ça continue. Je vous ai dit », il donna un coup de corne à son mince confrère, « je vous ai dit qu’il fallait leur extirper l’imagination, à tous sans exception. Il n’y a que la chirurgie qui peut aider dans ces cas… »

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