Carlos Zafón - L'ombre du vent
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je
constatai
qu'il
s'agissait
d'une
photographie, une vieille épreuve de studio, de celles qu'on avait l'habitude d'imprimer sur du carton épais. Les bords étaient brûlés et l'image, enfumée, semblait labourée par des traces de doigts salis de cendres. Je l'examinai sous une lampe. On y voyait un jeune couple, souriant pour l'objectif. Lui ne semblait pas avoir plus de dix-sept ou dix-huit ans, ses cheveux étaient clairs et ses traits aristocratiques, fragiles. Elle paraissait un peu plus jeune que lui, d'un ou deux ans au plus. Elle avait le teint pâle et 134
L’ombre du Vent
un visage ciselé, cerné par une chevelure noire, courte, qui accentuait son regard ravi et rayonnant de joie. Il avait passé le bras autour de sa taille, et elle semblait lui chuchoter quelque chose d’un air moqueur. Il se dégageait de l'image une chaleur m'arracha un sourire, comme si, dans ces deux inconnus, j'avais reconnu de vieux amis.
Derrière eux s’étalait la devanture d'un magasin, pleine de chapeaux démodés. Je me concentrai sur le couple. Leur habillement semblait indiquer que la photo datait d'au moins vingt-cinq ou trente ans. C'était une image de lumière et d'espoir, qui promettait des choses qui n'existent que dans les regards tout neufs. Les flammes avaient dévoré presque tout le bord de la photo, mais on devinait un visage sévère derrière le présentoir vétuste, une silhouette fantomatique à travers les lettres gravées sur la devanture :
ANTONI FORTUNY & FILS
Maison fondée en 1888
La nuit où j'étais retourné au Cimetière des Livres Oubliés, Isaac m'avait raconté que Carax utilisait le nom de sa mère, jamais celui de son père, Fortuny, et que celui-ci tenait une chapellerie sur le boulevard San Antonio. Je scrutai de nouveau le portrait du couple et j'eus la certitude que le jeune homme était Julián Carax, qui me souriait des profondeurs du passé, incapable de voir les flammes qui se refermaient sur lui.
1954
Ville d'ombres
140
L’ombre du vent
1
Le lendemain matin, Fermín arriva au travail porté par les ailes de Cupidon, tout sourire et sifflotant
des
airs
de
boléro.
En
d'autres
circonstances, je me serais informé du goûter avec Bernarda, mais, ce jour-là, je n'avais pas l'esprit au lyrisme. Mon père s'était engagé à livrer une commande à onze heures chez le professeur Javier Velázquez dans son bureau de la faculté, place de l'Université. Comme la seule mention d'un titre universitaire provoquait chez Fermín une crise d'urticaire, je proposai de m'y rendre.
– Cet individu est un cuistre, une crapule et un lèche-cul fasciste, proclama Fermín en levant le poing d'une manière qui ne laissait pas d'équivoque, comme chaque fois qu'il était pris du prurit justicier. Avec le pouvoir que lui donnent sa chaire et les examens de fin d'année, ce type aurait même pu se taper la Pasionaria, si elle avait fait partie de ses élèves.
– N'exagérez pas, Fermín. Velázquez nous règle toujours rubis sur l'ongle et même d'avance, et il fait notre éloge à qui veut l'entendre, lui rappela mon père.
– Cet argent est souillé du sang de vierges innocentes, protesta Fermín. Grâce à Dieu, je n'ai 140
L’ombre du vent
jamais couché avec une mineure, et ce n'est pas faute d'en avoir eu l'envie et l'occasion. Tel que vous me voyez aujourd'hui je ne suis pas dans ma meilleure forme mais il y eut un temps où, question présentation et vigueur, je me posais là : eh bien ! ça ne m'empêcha pas, si je flairais en elles le moindre dévergondage précoce, d'exiger, pour ne pas manquer à l'éthique, la carte d'identité ou, à défaut, l'autorisation paternelle. Mon père leva les yeux au ciel.
– Il est impossible de discuter avec vous, Fermín.
– C'est que quand j'ai raison, j'ai raison.
Je pris le paquet que j'avais moi-même préparé la veille au soir, quelques Rilke et un essai apocryphe attribué à Ortega y Gasset sur les manifestations et la profondeur du sentiment national, et laissai Fermín et mon père débattre des bonnes et mauvaises mœurs.
La journée était splendide, avec un ciel bleu vif et une brise pure et fraîche qui sentait l'automne et la mer. Ma Barcelone préférée a toujours été celle d'octobre lorsque nous prennent des envies de promenades et que nous nous sentons mieux rien que d'avoir bu l'eau de la fontaine des Canaletas qui, ces jours-là, miracle, ni même plus le goût de chlore. Je marchais d'un pas rapide, évitant les cireurs de chaussures, les gratte-papier qui revenaient de leur pause-café, les vendeurs de billets de loterie et un ballet de balayeurs qui se semblaient nettoyer la ville au pinceau, sans hâte et par petites touches pointillistes. A l'époque, Barcelone commençait à se remplir de voitures, et à la hauteur du feu de la rue Balmes j'observai sur les deux trottoirs des quadrilles de bureaucrates en gabardine grise couver de leurs yeux faméliques une Studebaker comme s’il s’agissait 141
Ville d'ombres
d'une diva au saut du lit. Je remontai la rue Balmes jusqu'à la Gran Via, en affrontant les feux de croisement, les tramways, les voitures et même des side-cars. Dans une vitrine, je vis un placard publicitaire de la maison Philips qui annonçait la venue d'un nouveau messie, la télévision, dont il était dit qu'elle changerait notre vie et nous transformerait tous en créatures du futur, à l'image des Américains.
Fermín R omero de Torres, toujours au courant des inventions, avait déjà prophétisé la suite.
– La télévision est l'Antéchrist, mon cher Daniel, et je vous dis, moi, qu'il suffira de trois ou quatre générations pour que les gens ne sachent même plus lâcher un pet pour leur compte et que l'être humain retourne à la caverne, à la barbarie médiévale et à l'état d'imbécillité que la limace avait déjà dépassé au Pléistocène. Ce monde ne mourra pas d'une bombe atomique, comme le disent les journaux, il mourra de rire, de banalité, en transformant tout en farce et, de plus, en mauvaise farce.
Le bureau du professeur Velázquez se situait au deuxième étage de la Faculté des Lettres, au fond d'une galerie au carrelage noir et blanc, éclairée par des baies vitrées poussiéreuses donnant sur le côté sud de la cour. Je trouvai le professeur à la porte d'une salle, faisant semblant d'écouter une étudiante aux formes spectaculaires moulées dans un tailleur grenat qui lui enserrait la taille et laissait dépasser une paire de mollets hellènes dans des bas de fine soie. Le professeur Velázquez avait une réputation de don Juan, et beaucoup prétendaient que l'éducation sentimentale d'une jeune fille à la page ne pouvait être complète sans un ces week-ends légendaires passés dans un hôtel discret de la promenade de Sitges, à réciter des alexandrins en tête à tête avec l'éminent enseignant. Mû par mon instinct du 142
L’ombre du vent
commerce, je me gardai bien d'interrompre leur entretien, et décidai de tuer le temps en me livrant à une radiographie de l'heureuse élue. Je ne sais si ma balade primesautière m'avait excité, ou si c'était le fait d'avoir dix-huit ans et de passer plus de temps en compagnie des muses surprises dans de vieux volumes qu'en celle de jeunes filles en chair et en os qui me semblaient toujours à des années-lumière du fantôme de Clara Barceló, toujours est-il qu'à force de lire chaque pli de l'anatomie de cette étudiante que je voyais seulement de dos mais que j'imaginais en trois dimensions et en perspective cavalière, je me mis à saliver comme devant un baba au rhum.
– Tiens, mais c'est Daniel, s'exclama le professeur Velázquez. Eh bien, je préfère que ce soit toi et non pas cet olibrius qui est venu la dernière fois, celui qui porte un nom de toréador, parce que j'ai eu la nette impression qu'il avait bu ou qu'il était bon pour le cabanon. Figure-toi qu'il a eu le culot de me demander l'étymologie du mot gland, sur un ton ironique parfaitement déplacé.
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