Carlos Zafón - L'ombre du vent

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– C'est moi qui les ai faits, m'avait-il expliqué avec I fierté.

J'étais incapable de comprendre ce que c'était ou prétendait être, et j'avais manifesté mon admiration. Il me semblait que ce garçon solitaire et grandi trop vite s'était construit ses propres amis en fer-blanc, et que j'étais le premier à qui il les présentait. C'était son secret. Je lui avais parlé de ma mère et confié combien elle me manquait. Quand ma voix s'était étranglée, Tomás m'avait étreint en silence. Nous avions dix ans. Depuis ce jour, Tomás était devenu mon meilleur – et moi son unique –

ami.

Malgré ses airs belliqueux, Tomás était une âme pacifique et pleine de bonté à laquelle son aspect évitait Malheur & Compagnie

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toute confrontation. Il bégayait facilement, surtout quand il devait s'adresser à quelqu'un qui n'était ni sa mère, ni sa sœur, ni moi, ce qu'il ne faisait presque jamais. Les inventions extravagantes et les engins mécaniques le fascinaient, et j'avais vite découvert qu'il désossait toutes sortes d'ustensiles, des phonographes aux machines à calculer, afin d'en percer les secrets. Quand il ne jouait pas avec moi ou ne travaillait pas avec son père, Tomás passait la plus grande partie de son temps enfermé dans sa chambre, à construire des vistemboirs incompréhensibles.

Il débordait d'intelligence autant qu'il manquait de sens pratique. Son intérêt pour le monde réel se cristallisait sur la synchronie des feux de croisement de la Gran Vía, les mystères des fontaines lumineuses de Montjuïc ou les automates du parc d'attractions du Tibidabo.

Tomás travaillait tous les soirs dans le bureau paternel et, parfois, en sortant, il passait à la librairie. Mon père s'intéressait toujours à ses inventions et lui faisait cadeau de manuels de mécanique ou de biographies d'ingénieurs comme Eiffel et Edison, que Tomás idolâtrait.

Au fil des ans, Tomás s'était pris d'une grande affection pour lui, et cherchait à inventer un système d'archivage automatique des fiches bibliographiques à partir des pièces d'un vieux ventilateur. Il travaillait depuis quatre ans sur ce projet, et mon père continuait d'afficher son enthousiasme pour ses progrès, afin de ne pas le décourager. Au début, je m'étais inquiété de la réaction de Fermín face à mon ami.

– Vous devez être l'ami inventeur de Daniel. Je suis très honoré de faire votre connaissance. Fermín Romero de Torres, assistant bibliographique de la librairie Sempere, pour vous servir.

– Tomás Aguilar, balbutia mon ami en souriant et en serrant la main de Fermín.

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L’ombre du Vent

– Attention, ce n'est pas une main que vous avez là, c'est une presse hydraulique, et j'ai besoin de conserver des doigts de violoniste pour travailler dans cette maison.

Tomás lâcha prise en s'excusant.

– A propos, quelle est votre position vis-à-vis du théorème de Fermat ? s'enquit Fermín en se massant les doigts.

Là-dessus, ils se lancèrent dans une discussion incompréhensible sur les arcanes de la science mathématique qui, pour moi, était du chinois. Fermín le vouvoyait ou l'appelait professeur, et faisait semblant de ne pas remarquer son bégaiement. Tomás, pour répondre à la patience infinie dont Fermín faisait preuve à son égard, lui apportait des boîtes de chocolats suisses enveloppés dans des photos de lacs d'un bleu impossible, de vaches sur des pâturages vert Technicolor, et de pendules à coucou.

– Votre ami Tomás a du talent, mais il ne sait pas diriger sa vie, il manque un peu du culot indispensable pour faire carrière, jugeait Fermín Romero de Torres.

L'esprit scientifique en a besoin. Voyez Albert Einstein. Il a découvert un tas de choses prodigieuses et puis, la première à laquelle on trouve une application pratique, c'est la bombe atomique. En plus, avec son allure de boxeur, il aura beaucoup de difficultés dans les cercles académiques, parce que, sur cette terre, le préjugé domine tout.

Voulant sauver Tomás d'une vie de privations et d'incompréhension, Fermín avait décidé qu'il fallait absolument lui faire cultiver son élocution et sa sociabilité.

– L'homme, en bon simien, est un animal social, et ce qui prime en lui c'est le copinage, le népotisme, le piston et le

commérage

comme

mesure

intrinsèque

du

comportement éthique, argumentait-il. C'est purement biologique.

– C'est méprisable.

Malheur & Compagnie

127

– Quel plouc vous faites parfois, Daniel.

Tomás avait la tête dure comme son père, un prospère administrateur de biens qui avait installé ses bureaux dans la rue Pelayo, près des grands magasins El Siglo. M. Aguilar appartenait à cette race des esprits privilégiés qui ont toujours raison. Homme de convictions profondes, il affirmait, entre autres choses, que son fils était un être pusillanime et un débile mental. Pour compenser ces tares honteuses, il avait engagé toutes sortes de professeurs particuliers dans le but de faire de son rejeton une personne normale « Je veux que vous vous occupiez de mon fils .comme s'il était un imbécile, nous sommes bien d'accord ? » l'avais-je entendu dire en de nombreuses occasions. Les professeurs usaient de toutes les méthodes, y compris les supplications, mais Tomás avait l'habitude de ne s'adresser à eux qu'en latin, langue qu'il maîtrisait avec une fluidité papale et dans laquelle il ne bégayait pas. Tôt ou tard; les répétiteurs à domicile donnaient leur démission, Par découragement et par peur que leur pupille ne soit possédé et ne leur transmette des consignes démoniaques en araméen. L'unique espoir de M.

Aguilar était que le service militaire fasse de son fils un homme présentable.

Beatriz, la sœur de Tomás, avait un an de plus que nous.Nous lui devions notre amitié. Bea Aguilar était le portrait vivant de sa mère et le trésor chéri de son père.

Rousse et très pâle, elle exhibait toujours de luxueux vêtements de soie ou de laine. Dotée d'une taille de mannequin, elle marchait droite comme un piquet, imbue de sa personne et se croyant la princesse du conte qu'elle s'était elle-même forgé. Elle avait les yeux d'un bleu-vert qu'elle qualifiait d’« émeraude et saphir ». Malgré de longues années passées chez les bonnes sœurs, ou peut-être à cause de cela, Bea buvait de l'anis dans de grands verres en cachette de son père, mettait des bas de soie de la 128

L’ombre du Vent

marque Perla Gris, et se maquillait comme les vampiresses cinématographiques qui troublaient le sommeil de mon ami Fermín. Je ne pouvais pas la voir en peinture, et elle répondait à ma franche hostilité par des regards languides de dédain ou d'indifférence. Bea avait un fiancé qui faisait son service militaire en Murcie en qualité d'aspirant, un Phalangiste gominé nommé Pablo Cascos Buendia, appartenant à une vieille famille propriétaire de nom breuxchantiers navals dans les Rias. L'aspirant Cascos Buendia, qui passait la moitié de son temps en permission grâce à un oncle bien placé au Gouvernement Militaire, pérorait sans fin sur la supériorité génétique et spirituelle de la race espagnole et le déclin imminent de l'Empire bolchevique.

– Marx est mort, disait-il sur un ton solennel.

– En 1883, concrètement répondais-je.

– Toi, tu la fermes, pauvre type, sinon je te fous un pain qui t'expédiera jusqu'à la Rioja.

J'avais plus d'une fois surpris Bea souriant intérieurement aux âneries que débitait son fiancé l'aspirant. Alors, elle levait les yeux et m'observait, impénétrable. Je lui souriais, avec cette vague sympathie qui s'instaure entre des ennemis ayant conclu une trêve indéterminée, mais elle fuyait aussitôt mon regard. Je me serais fait tuer plutôt que de l'avouer : au fond, j'avais peur d'elle.

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