Carlos Zafón - L'ombre du vent

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– Je ne veux pas vous déranger.

– Vous ne me dérangez pas. Je le fais pour moi, pas pour vous. Passé ces portes, c'est moi qui fixe les règles, et ici les seuls morts sont les livres. Il ne manquerait plus que vous attrapiez une pneumonie et que je doive appeler la morgue. Nous nous occuperons du livre plus tard. En trente-huit ans, je n'en ai encore jamais vu un prendre la poudre d'escampette.

– Je ne sais comment vous remercier...

– Trêve de politesses. Si je vous ai permis d'entrer, c'est par respect pour votre père, sinon je vous aurais laissé à la rue. Veuillez me suivre. Et si vous vous conduisez correctement, je vous raconterai peut-être ce que je sais de votre ami Julián Carax.

Il croyait que je ne pouvais le voir, mais j'avais remarqué en l'observant à la dérobée qu'il n'avait pu s'empêcher d'esquisser un sourire de vieux filou.

Isaac jouissait, c'était évident, de son rôle de cerbère sinistre. Moi aussi je souriais intérieurement. Je savais désormais à qui appartenait le visage du diablotin du heurtoir.

Trompeuses apparences

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4

Isaac jeta deux minces couvertures sur mes épaules et me donna un bol d'une mixture fumante qui sentait le chocolat et le ratafia.

– Vous me disiez que Carax...

– Ça se résume à peu de chose. La première personne qui m'a parlé de Carax est Toni Cabestany, l'éditeur. Cela remonte à une vingtaine d'années, quand sa maison existait encore. Chaque fois qu'il revenait d'un de ses voyages à Londres, Paris ou Vienne, Cabestany passait ici et nous faisions un brin de causette. Nous étions tous deux veufs, et il se plaignait que nous soyons à présent mariés avec les livres, moi les livres anciens, lui les livres de comptes.

Nous étions bons amis. Lors d'une de ses visites, il m'a raconté qu'il venait d'acquérir pour quatre sous les droits en langue espagnole des romans d'un certain Julián Carax, un Barcelonais vivant à Paris.

Ce devait être en 1928 ou 1929. Apparemment, Carax était pianiste la nuit dans un lieu mal famé de Pigalle, et il écrivait le jour dans une mansarde misérable du quartier Saint-Germain. Paris est la seule ville du monde où mourir de faim est encore considéré comme un art. Carax avait publié en France quelques romans qui avaient été un fiasco total. Personne n'aurait misé un sou sur lui, et Cabestany a toujours aimé acheter à bas prix.

L’ombre du vent

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– Mais Carax écrivait-il en espagnol ou en français ?

– Allez savoir. Probablement les deux. Sa mère était française, professeur de musique, je crois, et il vivait à Paris depuis l'âge de dix-neuf ou vingt ans.

Cabestany disait que les manuscrits qu'il recevait de Carax étaient en espagnol. Traduction ou texte original, il ne faisait pas la différence. La langue préférée de Cabestany était la peseta, le reste il s'en fichait. Il pensait qu'avec peu de chance il arriverait peut-être à placer quelques milliers d'exemplaires sur le marché espagnol.

– Et il y est parvenu ?

Isaac fronça les sourcils et me reversa un peu de son breuvage réparateur.

– Il me semble bien que sa meilleure vente, La Maison rouge, a atteint quatre-vingt-dix exemplaires.

– Pourtant il a continué à publier Carax, en perdant de l'argent.

– C'est vrai. Je ne sais vraiment pas pourquoi Cabestany n'était pas précisément un romantique.

Mais tout homme a ses secrets... Entre 1928 et 1936, il a édité huit romans de Carax. En réalité, Cabestany faisait son beurre avec les catéchismes et une série feuilletons à l'eau de rose où sévissait une héroïne de province, Violeta LaFleur, qui se vendait très bien dans les kiosques. Je suppose qu'il publiait Carax pour le plaisir, ou pour faire mentir Darwin.

– Qu'est devenu M. Cabestany ?

Isaac soupira et leva les yeux au plafond.

– L'âge finit toujours par nous présenter sa facture. Il est tombé malade et a eu des problèmes d'argent. En 1936, son fils aîné a pris la direction des éditions, il était du genre à ne pas savoir lire la taille de son caleçon. L'entreprise a sombré en moins d'un an. Heureusement, Cabestany n'a pas vu ce que ses Trompeuses apparences

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successeurs faisaient des fruits de toute une vie de travail, ni ce que la guerre infligeait au pays. Il a été emporté par une embolie la nuit de la Toussaint, un havane à la bouche et une jeunette de vingt-cinq ans sur les genoux. Le fils n’était pas fait de la même étoffe. Arrogant comme seuls peuvent l'être les imbéciles. Sa première grande idée a été d'essayer de vendre tout le stock des livres figurant au catalogue de la maison d'édition, l'héritage de son père pour le transformer en pâte à papier, ou quelque chose comme ça. Un ami, un autre benêt avec villa à Caldetas et Bugatti, l'avait convaincu que les romans-photos d'amour et Mein Kampf se vendraient comme des petits pains et qu'ils auraient besoin d'un énorme tas de cellulose pour satisfaire la demande.

– Il l'a fait ?

– Il n'en a pas eu le temps. Il venait juste de prendre la direction de la maison quand un individu s'est présenté avec une offre très généreuse. Il voulait acquérir tout le stock des romans de Julián Carax qui existaient encore et en offrait trois fois le prix du marché.

– Inutile de m'en dire plus. C'était pour les brûler ? murmurai-je.

– C'est bien ça. Et vous qui faisiez l'idiot, en posant des questions et en faisant semblant de ne rien savoir...

– Qui était cet individu ? demandai-je.

– Un certain Aubert, ou Coubert, je ne me souviens Pas bien.

– Laín Coubert ?

– Ça vous rappelle quelque chose ?

– C’est le nom d'un personnage de L'Ombre du Vent, le dernier roman de Carax.

Isaac fronça de nouveau les sourcils.

– Un personnage de fiction ?

L’ombre du vent

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– Dans le roman, Laín Coubert est le nom qu'emprunte le diable.

– Un peu théâtral, à mon avis. En tout cas, il avait le sens de l'humour, estima Isaac.

Moi qui gardais encore tout frais le souvenir de ma rencontre avec ce personnage, je ne voyais là rien de plaisant, mais je gardai mon opinion pour plus tard.

– Cet individu, Coubert, ou quel que soit son nom, il avait le visage brûlé, il était défiguré ?

Isaac m'observa avec un sourire mi-ironique mi-inquiet.

– Je n'en ai pas la moindre idée. La personne qui m'a rapporté l'histoire ne l'a pas vu. Elle ne l'a apprise que parce que Cabestany fils a tout raconté le lendemain à sa secrétaire. Il n'a pas parlé de visage brûlé. Vous voulez dire que tout ça ne sort pas d'un roman-feuilleton ?

Je hochai la tête, comme si c'était sans importance.

– Comment cela s'est-il terminé ? Le fils de l'éditeur a vendu les livres à Coubert ? demandai-je.

– Ce crétin a voulu faire le malin. Il a demandé plus cher que ce que proposait Coubert, et celui-ci a retiré son offre. Quelques jours plus tard, l'entrepôt des éditions Cabestany à Pueblo Nuevo était réduit en cendres, un peu après minuit. Et gratuitement.

Je soupirai.

– Qu'est-il arrivé aux livres de Carax ? Ils ont disparu dans l'incendie ?

– Presque tous. Par chance, la secrétaire de Cabestany, en entendant la proposition, avait eu un pressentiment : à ses risques et périls, elle était allée à l'entrepôt et avait emporté chez elle un exemplaire de chaque roman de Carax. C'était elle qui s'occupait de toute la correspondance avec lui et, au fil des ans, une Trompeuses apparences

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certaine amitié s'était développée entre eux. Elle s'appelait Nuria, et je crois que c'était la seule personne aux éditions et probablement dans tout Barcelone qui lisait les romans de Carax. Nuria a une faiblesse pour les causes perdues. Toute petite, déjà, elle recueillait des animaux égarés dans la rue et les ramenait à la maison. Avec le temps, elle s'est mise à adopter des romanciers maudits, peut-être parce que son père avait voulu en être un et n'y est jamais arrivé.

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