Carlos Zafón - L'ombre du vent
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1 53
5
Je regardai mon père, bouche bée. Je ne crois pas l’avoir jamais vu aussi heureux qu’en cet instant.
Sans rien dire, il se leva du fauteuil et me prit dans ses bras avec force. Je sentis ma gorge se serrer, et je ne pus prononcer un mot.
Trompeuses apparences
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Trompeuses Apparences
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Cette année-là, l'automne couvrit Barcelone d'un manteau de feuilles mortes qui voltigeaient dans les rues telle une peau de serpent. Le souvenir de cette lointaine nuit d'anniversaire m'avait congelé les sens, ou peut-être la vie avait-elle décidé d'accorder une année sabbatique à mes peines de cœur pour me permettre de mûrir. Je fus moi-même surpris de ne presque plus penser à Clara Barceló, ni à Julián Carax, ni même à ce fantôme sans visage échappé des pages d'un livre. Le mois de novembre s'était passé sous le signe de l'abstinence : pas une seule fois je ne m'étais approché de la Plaza Real pour mendier une brève vision de Clara à sa fenêtre. Je dois avouer que je n'y avais guère eu de mérite. La librairie était sortie de sa léthargie, et mon père et moi n'arrivions plus à suffire à la tâche.
– Au train où vont les choses, il va falloir engager quelqu'un pour nous aider dans la recherche des livres qu’on nous commande, constata mon père. Ce qu'il nous faudrait, ce serait un oiseau rare, mi-détective, mi-poète, qui se contenterait d'un salaire modeste et que n'effraieraient pas les missions impossibles.
– Je crois connaître le candidat idéal, dis-je.
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L’ombre du Vent
Je dénichai Fermín Romero de Torres dans son repaire habituel, sous les arcades de la rue Fernando. Le clochard reconstituait la première page de La Hoja del Lunes à partir de morceaux ramassés dans une poubelle.
L'illustration du jour était consacrée aux travaux publics et au développement.
– Bon Dieu, encore un barrage ! l'entendis-je s'exclamer. Ces fascistes vont finir par nous transformer tous en une race de batraciens, du genre grenouilles de bénitier.
– Bonjour, lui dis-je doucement. Vous vous souvenez de moi ?
Le clochard leva les yeux, et un sourire éclatant illumina aussitôt son visage.
– Ô heureuse vision ! Mais pour qui me prenez-vous donc, cher ami ? Vous accepterez bien un coup de rouge, non ?
– Aujourd'hui, c'est moi qui vous invite. Vous n'avez pas faim ?
– Ça, je ne dirais pas non à une bonne portion fruits de mer, mais je suis rétamé.
Sur le chemin de la librairie, Fermín Romero Torres me raconta tous les tours et détours qu'il avait dû faire au cours des dernières semaines pour échapper aux forces de sécurité de l'État et plus particulièrement à sa Némésis, un certain inspecteur Fumero avec qui, semblait-il, il était en conflit depuis des temps immémoriaux.
– Fumero ? demandai-je, me rappelant qu'il s'agissait du nom du militaire qui avait assassiné le père de Clara au fort de Montjuïc, au début de la guerre.
Le petit homme, blême et accablé, hocha la tête. Sale et famélique, il portait sur lui l'odeur de longs mois de vie dans la rue. Le pauvre n'avait pas la moindre idée de l'endroit où je le conduisais, et je lus dans son regard Malheur & Compagnie
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comme de la peur, une anxiété grandissante qu'il s'efforçait de masquer sous un bavardage incessant. Quand nous fumes arrivés à la librairie, il me lança un regard inquiet.
– Allons, entrez donc. C'est la boutique de mon père, à qui je veux vous présenter.
Le clochard n'était plus qu'un paquet de nerfs et de crasse. Il protesta :
– Non, non, certainement pas, je ne suis pas présentable et ce magasin est trop distingué. Je vous embarrasserais...
Mon père apparut sur le seuil, inspecta le clochard, puis m'interrogea du regard.
– Papa, voici Fermín Romero de Torres.
– Pour vous servir, dit le clochard, qui tremblait presque.
Mon père eut un sourire serein et lui tendit la main.
Le clochard n'osait pas la serrer, honteux de son aspect et des loques qui le recouvraient.
– Ecoutez, je crois qu'il vaut mieux que je vous laisse, balbutia-t-il.
Mon père lui prit le bras avec délicatesse.
– Pas question, mon fils m'a dit que vous déjeuneriez avec nous.
Le clochard nous observa, interdit, atterré.
– Pourquoi ne monteriez-vous pas prendre un bon bain chaud ? proposa mon père. Et ensuite, si vous êtes d'accord, nous redescendrons pour aller à Can Solé.
Fermín Romero de Torres bafouilla quelques mots inintelligibles. Mon père, toujours souriant, le mena vers la porte de l'immeuble et dut pratiquement le traîner dans l'escalier jusqu'à notre étage pendant que je fermais la boutique. A force de prières et en employant toutes sortes de tactiques subreptices, nous réussîmes à le dépouiller de ses haillons et à le fourrer dans la baignoire. Nu, il évoquait une photo de guerre et grelottait comme un poulet 110
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plumé. Il portait des marques profondes aux poignets et aux chevilles, son torse et ses épaules étaient couverts d'atroces cicatrices qui nous faisaient mal rien qu'à les regarder. Nous échangeâmes, mon père et moi, un coup d'oeil horrifié, mais sans rien dire.
Le clochard se laissa laver comme un enfant, apeuré et tremblant. Tandis que je cherchais des vêtements propres dans le placard, j'entendais mon père qui lui parlait sans arrêt. Je trouvai un costume qu'il ne mettait jamais, une vieille chemise et des sous-vêtements Même ses chaussures étaient irrécupérables. J'en choisis qui étaient trop petites pour mon père et roulai les haillons dans du papier journal, y compris un caleçon qui avait l'odeur et la consistance du jambon fumé pour les jeter à la poubelle.
Quand je revins dans salle de bain, mon père rasait Fermín Romero de Torres dans la baignoire. Pâle et sentant le savon, celui-ci paraissait avoir vingt ans de moins. Je constatai qu'ils étaient déjà amis. Fermín Romero de Torres, peut-être sous l'effet des sels de bain, s'était ressaisi.
– Voyez-vous, monsieur Sempere, je n'avais jamais pensé faire carrière dans le monde des intrigues internationales, parce que moi, mon cœur me portait vers les humanités. Dès l'enfance j'ai senti l'appel de la poésie et j'ai voulu être Sophocle ou Virgile, car les tragédies en langues mortes me donnent la chair de poule. Mais mon père, qu'il repose en paix, était un butor qui ne voyait pas plus loin que le bout de son nez et voulait à tout prix qu'un de ses enfants entre dans la Garde Civile. Or aucune de mes sept sœurs n'a réussi à entrer dans la Maréchaussée, malgré la pilosité faciale exubérante qui a toujours affecté les femmes de ma famille du côté de ma mère. Sur son lit de mort, mon géniteur m'a fait jurer que si je ne parvenais pas à coiffer le tricorne, je me ferais au moins fonctionnaire et abandonnerais toute prétention à suivre ma Malheur & Compagnie
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vocation pour la lyre. Je suis de la vieille école, vous comprenez, et obéir à son père, même s'il est un âne, c'est sacré. Mais ne croyez pas que j'aie négligé de me cultiver l'esprit dans mes années d'aventure. J'ai beaucoup lu, et je pourrais vous réciter de mémoire des morceaux choisis de La vie est un songe.
– Allez, chef, faites-moi le plaisir de mettre ces vêtements, car nous ne doutons pas un instant de votre érudition, dis-je pour venir au secours de mon père.
Le regard de Fermín Romero de Torres débordait de gratitude. Il sortit de la baignoire, rayonnant. Mon père l'enveloppa dans une serviette. Le clochard riait aux anges de sentir le linge propre sur sa peau. Je l'aidai à Passer les vêtements deux fois trop grands. Mon père ôta sa ceinture et me la tendit pour que je l'ajuste sur le mendiant.
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