Tatiana Rosnay - Boomerang
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Pour une fois, j’ose me regarder dans le miroir. Mon visage tout en longueur. Mes sourcils épais. Mes membres plutôt fins et ma bedaine. J’ai un drôle de sourire. L’homme que j’ai en face de moi ne ressemble plus à Droopy. Non, il est même plutôt attirant, avec ses cheveux poivre et sel en bataille et la lueur démoniaque qui brille au fond de ses yeux noisette.
Si seulement Astrid pouvait me voir maintenant. Si seulement Astrid pouvait me désirer autant que cette Angèle Rouvatier qui en réclame encore. Quand vais-je cesser d’être hanté par mon ex-femme ? Quand vais-je être capable de tourner la page et d’avancer ?
Je pense au métier d’Angèle. Je n’ai aucune idée de ce en quoi consiste exactement la thanatopraxie. Mais ai-je vraiment envie de le savoir ? Cela me fascine, d’une façon obscure que je ne souhaite pas approfondir. Je me souviens d’un documentaire vu à la télévision qui montrait comment on prépare les cadavres. Injections de sérum, lissage des visages, coutures des blessures, redressement des membres, maquillage spécifique. Boulot sinistre, avait dit Astrid qui regardait ce programme avec moi. Ici, dans cet hôpital de province, quel genre de cadavres pouvait bien avoir Angèle ? Des vieux, des accidentés de la route, des cancéreux, des cardiaques. Un thanatopracteur s’est-il occupé du corps de ma mère ? À l’hôpital, j’avais fermé les yeux. Je me demande si Mélanie a fait la même chose.
Les funérailles ont eu lieu à l’église Saint-Pierre de-Chaillot, à dix minutes de l’avenue Kléber. Ma mère a été enterrée dans le cimetière proche du Trocadéro. Dans le caveau de la famille Rey. Il y a une dizaine d’années, j’y ai emmené les enfants. Je voulais leur montrer sa tombe, la tombe d’une grand-mère qu’ils n’ont jamais connue. Comment se fait-il que j’aie si peu de souvenirs de ces funérailles ? Quelques flashes, l’obscurité de l’église, les gens peu nombreux, les murmures, les lys blancs et leur parfum entêtant, les étrangers qui défilaient et nous serraient dans leurs bras. Je dois parler de tout ça avec ma sœur, lui demander si elle a vu le visage de notre mère morte. Hélas, ce n’est pas le moment, je le sais.
Je repense à ce que Mélanie s’apprêtait à me dire quand la voiture a quitté la route. Depuis l’accident, j’ai constamment cela à l’esprit, cette énigme ne me quitte pas, elle est là, dans un coin de ma tête, comme un poids mort, oppressant. J’hésite à en parler au docteur Besson. Comment le lui dire et, surtout, qu’en pensera-t-elle ? Évidemment, la seule personne avec qui j’ai vraiment envie d’en parler, pour le moment, c’est mon ex-femme. Mais elle n’est pas là.
J’allume mon portable et j’écoute mes messages. Lucie m’a appelé à propos d’un nouveau contrat. Rabagny a essayé de me contacter trois fois. Si j’ai accepté de créer sa crèche « artistique » dans le quartier de la Bastille, c’est parce que c’était bien payé et que je ne pouvais plus me permettre de faire la fine bouche. La pension que je verse à Astrid chaque mois est faramineuse. Nos avocats se sont occupés de tout et je suppose que l’arrangement était juste. J’ai toujours gagné plus qu’elle. Mais les fins de mois sont un peu raides.
Rabagny ne comprend pas où je suis et pourquoi je ne le rappelle pas. Pourtant, je lui ai envoyé un SMS hier lui expliquant la situation, l’accident. Je déteste le son de sa voix. Haut perchée et geignarde, comme celle d’un enfant gâté. Il y a un problème avec les aires de jeux. La couleur ne va pas. Le matériau ne convient pas. Il se plaint sans arrêt, vomit son mécontentement. Je l’imagine devant moi et je vois sa face de rat, ses yeux globuleux et ses grandes oreilles. Dès le début, je l’ai eu dans le nez. Il a à peine trente ans, mais il est déjà aussi arrogant que désagréable à regarder. Je jette un coup d’œil à ma montre. Sept heures. Il est encore temps de le rappeler. Je ne le ferai pas. J’efface tous ses messages d’un geste rageur.
Le suivant a été laissé par Hélène. Sa douce voix de colombe. Elle veut savoir comment va Mélanie, comment je vais moi, depuis que nous nous sommes parlés il y a quelques heures. Elle est encore à Honfleur, dans sa famille. J’ai beaucoup fréquenté cette maison depuis mon divorce. Elle surplombe la mer. C’est une maison heureuse, désordonnée, accueillante. Hélène est une amie précieuse parce qu’elle sait exactement comment faire pour que je me sente mieux dans ma vie. L’effet ne dure pas, mais c’est déjà ça. Ce que j’ai le plus détesté à propos du divorce, c’est la division entre nos amis. Certains ont choisi le camp d’Astrid, d’autres le mien. Pourquoi ? Je n’ai jamais compris. Comment peuvent-ils continuer à aller dîner dans la maison de Malakoff avec l’autre, assis à ma place ? Ils ne trouvent pas triste de me rendre visite rue Froidevaux, dans cet appartement où il est tellement évident que je ne me remets pas de notre séparation ? Certains de ces amis ont choisi Astrid parce qu’elle respire le bonheur. La vie sociale est plus facile avec quelqu’un d’heureux, j’imagine.
Qui veut passer du temps à broyer du noir avec un loser ? Personne n’a envie de m’entendre parler de ma solitude, de ce raz-de-marée qui m’a submergé les premiers mois où je me suis retrouvé sans ma famille, après avoir été un pater familias pendant dix-huit ans. Personne ne veut m’entendre décrire mes petits matins blêmes dans ma cuisine Ikea, sur fond de baguette brûlée et de radio réglée sur RTL, qui braille les nouvelles. Au début, dans cet appartement, le silence me terrassait. J’étais habitué à entendre Astrid hurler aux enfants de se dépêcher, habitué au martèlement furieux des chaussures d’Arno dévalant l’escalier, aux aboiements de Titus, aux cris hystériques de Lucas cherchant partout son sac de sport. Maintenant qu’une année a passé, j’avoue que je me suis fait à mes petits matins tranquilles. Cependant, le bourdonnement de la vie familiale continue de me manquer.
Il y a encore quelques messages de clients. Certains sont urgents. L’été est fini, les gens sont de retour au travail, ils ont repris le collier. Je pense au temps qu’il va me falloir passer ici. Au temps que je peux me permettre de passer ici. Je suis coincé depuis bientôt trois jours, et Mel ne peut toujours pas bouger. Le docteur Besson ne me donne guère de précisions. Encore des messages, de la compagnie d’assurances de la voiture pour les papiers que je dois remplir. Je m’empresse de noter tout ça dans mon petit calepin.
J’allume mon ordinateur et me branche sur la connexion de la chambre pour lire mes mails. Deux d’Emmanuel et quelques-uns de boulot. Je réponds à tous brièvement. Puis j’ouvre les fichiers AutoCAD qui concernent les projets en cours. Je suis surpris de constater à quel point ils ne m’intéressent pas le moins du monde. Fut une époque où imaginer de nouveaux espaces de bureau, une bibliothèque, un hôpital, un centre sportif, un labo me donnait le frisson. Aujourd’hui, cela m’accable. J’ai la sensation que j’ai gaspillé ma vie et mon énergie dans un domaine qui m’indiffère. Comment en suis-je arrivé là ? Peut-être suis-je en pleine dépression ou au beau milieu d’une crise de la quarantaine. Je n’ai rien vu venir. Mais peut-on voir venir ce genre de choses ?
Je referme mon ordinateur et m’allonge sur le lit. Les draps ont encore le parfum d’Angèle Rouvatier. Cela me plaît. La chambre est petite, moderne, sans charme mais confortable. Les murs sont gris perle, avec une fenêtre qui donne sur le parking, et la moquette, fatiguée, beigeasse. À cette heure, Mélanie a déjà pris son dîner. Pourquoi les repas sont-ils servis toujours si ridiculement tôt dans les hôpitaux ? J’ai le choix entre un McDo dans la zone industrielle de la ville et une petite pension de famille sur l’avenue principale, où j’ai dîné deux fois. Le service est lent, la salle à manger pleine d’octogénaires édentés, mais les repas sont copieux. Ce soir, je vote pour le jeûne. Ça me fera du bien.
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