Сорж Шаландон - Retour à Killybegs
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- Название:Retour à Killybegs
- Автор:
- Издательство:Grasset
- Жанр:
- Год:2011
- ISBN:105422
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
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— Au fait, Tyrone ?
Je me suis retourné. Le policier s’est avancé, main offerte.
— Je suis désolé pour la mort de Joe McDonnell.
J’étais fragile, la peau à fleur de tout. Dans les escaliers, j’ai senti des larmes anciennes. J’avais mal au ventre. Je claquais des dents. J’avais tellement froid.
Alors j’ai pris sa main. Et aussi celle de l’autre. Et j’ai serré les deux.
*
En rentrant, je suis passé par le Thomas Ashe. J’avais décidé de gaspiller les 30 livres qui étaient dans l’enveloppe. J’ai d’abord bu deux pintes, assis à une table d’après-midi. A part trois regards mornes, le club était vide. La voix de la télé, un match de hurling, le choc creux des boules de billard dans l’autre pièce. Je me suis aussi arrêté au Busy Bee et au Hanlon’s Corner. Une petite vodka chaque fois, prise au bar en homme pressé. J’ai offert sans trinquer. J’ai payé deux bières à un ami, une autre à un inconnu. J’espérais que la rumeur enfle.
— Tyrone Meehan a de l’argent plein les poches !
— Tu l’as eu où, ce fric, Meehan ?
— Des billets craquants ? Rien à voir avec les chiffons qu’ils nous filent au guichet du chômage !
Ils m’avaient donné 30 livres. Les 30 deniers de Judas. Ils l’avaient fait exprès, j’en étais sûr. J’avais décidé de me faire prendre. Ou de mourir. Je pouvais me jeter du haut de l’Albert Bridge, dans la rivière Lagan. Je ne sais pas nager. Ou crever en voiture, direction n’importe où, foncer de nuit vers une falaise. Ou alors je pourrais boire, tant et tant que mon cœur renoncerait à se battre.
Je me suis vu, dans le miroir au-dessus du bar. J’avais gardé ma casquette, comme un éleveur de moutons qui fête une vente. Mourir ? Paysan pitoyable. Les pauvres n’ont pas le temps de penser à ça. J’ai regardé mes yeux tombants, ce crin de cheveux gris, ces oreilles, ces rides de labour. J’ai regardé mon col de veste gondolé, ma chemise ouverte, le tweed usé de mes habits. J’ai regardé ma défaite. Penché en avant, j’ai croisé le grand Patraig Meehan. Je l’ai vu, dans le miroir soudain. Et tout ce vide autour, ce silence à son approche, ce respect, cette gêne. J’ai retrouvé le bois, les cuivres, la chaleur, l’obscurité dorée du Mullin’s, le pub de mon village. Mon père était là, revenu parmi moi. Il souriait comme un imbécile, levait mon verre à son reflet. Il prenait des poses de sobre. Il titubait. Il faisait peine. Il avait renoncé à sa guerre, à l’Espagne, à la République, à la vie. Il était parti sur nos chemins d’hiver, des cailloux et de la terre en poche. Il voulait mourir en mer, il est mort en bas-côté. Il avait convoqué les mouettes, la police a chassé les corbeaux. Il n’avait plus rien, ni du père ni du combattant. Il n’était qu’un tas de hardes mêlées au givre.
Alors j’ai renoncé à mourir. A vivre aussi. Je serais ailleurs, entre ciel et terre. Je les emmerderais tous ! Les Brits, l’IRA, ces donneurs d’ordres ! Je n’en pouvais plus de cette guerre, de ces héros, de cette communauté étouffante. J’étais fatigué. Fatigué de combattre, de manifester, fatigué de prison, fatigué de clandestinité et de silence, fatigué des prières répétées depuis l’enfance, fatigué de haine, de colère et de peur, fatigué de nos peaux terreuses, de nos chaussures percées, de nos manteaux de pluie mouillés à l’intérieur. Séanna mon frère me hurlait aux oreilles. Je reprenais mot à mot ses slogans désarmés. Qu’est-ce qu’elle avait fait pour moi, la République ? Les beaux, les grands, les vrais, les Tom Williams, les Danny Finley, étaient morts avec notre jeunesse ! Enterrés avec nos livres d’histoire, Connolly, Pearse, tous ces hommes à cravates et cols ronds ! Nous étions des copistes, des pasticheurs de gloire. Nous rejouions sans cesse les chants anciens. Nous étions d’âme, de chair et de briques, face à un acier sans cœur. Nous allions perdre. Nous avions perdu. J’avais perdu. Et je ne ferais pas à l’Irlande l’offrande d’une autre vie.
— Kevin ? Tu me sers la dernière avant de fermer ton foutu rideau de fer ?
Je me suis couché ivre et fiévreux. Au réveil, j’avais décidé de les détourner de Mickey. J’allais leur donner un renseignement. Sans importance, mais un renseignement. Je me débarrasserais d’eux comme ça, peut-être. Et je le sauverais lui. Il fallait que je fasse mon travail de traître. Avant la fin de la journée, j’en aurais franchi la porte. C’était comme prêter serment à la République. Un chemin sans retour. J’y étais engagé et j’allais m’y perdre. Il était trop tard pour les questions et les doutes. Trop tard pour les réponses aussi.
Depuis une semaine, Jack était sorti de l’isolement. Il avait retrouvé ses copains et sa cellule. Un cadeau de maître Walder à Tenor, son traître. Et moi, je l’avais remercié.
— Tu es un chic type, m’avait dit le flic roux en rentrant de Paris.
C’était ça. Un salaud est peut-être un chic type qui a baissé les bras.
*
J’ai donné le 23, Poolbeg Street aux Britanniques. J’ai rencontré Walder au cimetière. Il m’écoutait dos au mur, les yeux sur les tombes. Il avait un bouquet, il m’a demandé de fleurir pour lui la tombe d’Henry Joy McCracken.
Le 23 était une cache occasionnelle. Une presque ruine, qui avait servi à entreposer des armes et de l’argent. Depuis quatre mois, nous l’avions nettoyée. Rue trop fréquentée, maison trop exposée. Des gamins du quartier y entraient par la fenêtre brisée et fumaient en cachette à l’intérieur. Un soir, deux de nos gars sont intervenus au moment où un jeune fouillait dans le conduit de cheminée. Il avait trouvé l’un de nos pistolets et des munitions. Il a laissé tomber son fardeau et il a détalé.
Walder m’observait. Il avait un sourire que je n’aimais pas.
— 23, Poolbeg Street ?
J’ai dit oui. Poolbeg, dans le bas de Falls Road. Il a hoché la tête. Il connaissait. Il m’a pris par le bras. Nous avons marché à travers les tombes, comme de vieux compagnons. Il m’a raconté l’histoire de Damian Bray, un gamin de quinze ans qui fumait du hasch dans ce même quartier. Et qui en revendait aussi, pour se faire de l’argent de poche. Avec deux copains plus âgés, ils se fournissaient à Dublin, ils jouaient à saute-frontière avec leurs barrettes cousues dans leur parka.
— Oh ! Pas grand-chose, tu vois. Cent grammes ici, deux cents grammes là. Ce n’était pas la mafia, mais il pouvait nous être utile.
Il s’est arrêté devant le tombeau de McCracken. Il m’a tendu le bouquet.
— Un jour, on a arrêté Bray. Il a eu tellement peur qu’il a vomi.
J’ai déposé les fleurs, un genou à terre.
— Une famille très honorable, ces Bray. Père à Long Kesh, frère à l’IRA. De vrais républicains, sauf lui. C’était un gamin à écrire sur les murs : « IRA = Flics ». Tu vois le genre ?
Je voyais.
— Alors on lui a mis le marché en main. Sa fumette, on s’en foutait. Son petit trafic aussi, mais s’il voulait sortir libre de l’interrogatoire, il devait nous donner quelque chose en échange. Un peu comme toi, tu vois ?
L’agent du MI-5 avait repris sa marche lente.
— Et tu sais quoi ? Il nous a filé une adresse. Je suis sûr que tu sais laquelle.
Je me suis tu.
— Il y avait cherché un coin pour planquer sa merde et il était tombé sur un flingue. L’IRA l’a surpris. Il s’est sauvé. C’est fou ce que ce genre de mômes vous détestent !
— Tu me dis quoi, là ?
— Je te dis qu’à force de se prendre pour la police dans les quartiers, l’IRA s’est fait de solides ennemis chez les voyous. Avec nous c’est le juge, avec vous, c’est une balle dans le genou. Alors finalement, ils préfèrent encore les Brits.
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