Сорж Шаландон - Retour à Killybegs

Здесь есть возможность читать онлайн «Сорж Шаландон - Retour à Killybegs» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Год выпуска: 2011, ISBN: 2011, Издательство: Grasset, Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Retour à Killybegs: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Retour à Killybegs»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Retour à Killybegs — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Retour à Killybegs», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

— Je ne connais pas grand-chose à la politique, j’ai répondu.

— Tu sais qui pense quoi dans ton mouvement. Quel dirigeant est en perte de vitesse ou en train de prendre le pouvoir. Tu sais ça, Tenor ?

J’ai haussé les épaules. Oui, bien sûr. Ça, je savais.

— Parce que moi tu vois, ça m’intéresse. Et comme j’ai un peu de mal à venir à vos réunions…

Puis il a quitté la table, nous saluant avec son journal roulé sur la tempe.

Je ne l’aimais pas. Il entrait dans mon histoire par effraction. Le flic et le MI-5 me rassuraient presque. Nous avions désormais une histoire commune. Ils savaient mes façons, je connaissais leurs manières. Nous nous étions tout dit. Il n’y avait pas de compréhension entre nous, mais pas de haine non plus. Un jour, le flic m’a dit qu’il combattrait mes idées jusqu’à la mort, mais qu’il les respectait. En me donnant mes billets pour Paris, Walder a avoué qu’il aurait aimé me rencontrer ailleurs et dans une autre époque. Ils mentaient ? L’un et l’autre ? Probablement. Ces mots étaient peut-être destinés à m’assoupir, peut-être tirés de leur manuel d’agent traitant. Je m’en foutais. J’étais prisonnier, condamné au mensonge à perpétuité et ces deux gardiens n’ajoutaient pas l’humiliation à mon isolement.

Honoré n’était pas de cette histoire, pas même de cet ennemi-là. C’était un chapardeur de moutons qui profite de la barrière ouverte. Il allait passer après les autres, me presser comme un fruit. Lui avait la pâleur du fonctionnaire d’ambassade. Il avait de l’encre sur les mains, pas du sang. Je l’imaginais sous sa lampe de bureau, dessinant des organigrammes, bouche entrouverte et langue tirée. Pour lui, notre pays était un graphique, notre combat une statistique. Nous n’étions pas des femmes et des hommes mais des rats de laboratoire. Le flic nous tenait dans son viseur de fusil, lui nous observait au microscope. Il m’appelait Tenor. J’ai espéré qu’il ne sache rien de moi, de Danny, de l’existence de Jack et de Sheila. Que je reste anonyme. Un synonyme de traître. Un nom de code.

Il allait sûrement me faire détester Paris.

18

Killybegs, mardi 2 janvier 2007

— Ça suffit ? a demandé Antoine.

— Ça ne suffit jamais, j’ai répondu.

Le petit Français était encombré de bois. Il portait les branches humides comme un garçon de la ville. Il avait neigé dans la nuit, mais le matin nous avait apporté le givre. Je l’ai regardé un instant, courbé sur un tronc, comme s’il avait peur d’abîmer ses habits. Je retournais une vieille souche, il a levé la tête et nos regards se sont croisés.

Tout à l’heure, lorsque Sheila l’avait déposé devant la maison, il a observé le grand sapin, la maison de mon père, le ciel de mon pays, mais il a évité mes yeux et je n’ai pas cherché les siens. J’ai fermé la porte à clef, je lui ai tourné le dos en marchant vers la forêt, ma hache sur l’épaule.

— On cherche du bois pour la cheminée.

Et il m’a suivi.

Je redoutais ce regard. Et il m’intéressait aussi.

Je n’avais pas revu Antoine depuis le 10 juillet 2006. Je l’avais emmené à Long Kesh. Depuis le processus de paix, le camp était désert. Comme Jack, les derniers prisonniers de guerre avaient été libérés six ans plus tôt. Restaient les bâtiments, les miradors, les murs barbelés et puis nos traces à tous.

A la sortie de la cellule n° 8, où était mort Bobby Sands, le petit Français avait été bouleversé. Je l’avais pris par les épaules et je l’avais appelé « fils ». Trente ans plus tôt, je lui avais donné ce petit nom. Un jour qu’il chantait l’alcool, il m’avait dit que j’étais son père d’Irlande. Mais cette fois, ce mot avait un autre sens.

— Je t’aime, je lui ai dit devant la porte de la prison.

Il m’a regardé. Il a voulu me répondre. Murmurer un mot qui abîme le silence.

— Je t’aime, j’ai répété.

Alors il s’est tu.

Ma trahison touchait à sa fin. Une question de mois, ou de semaines. Après plus de vingt ans, je n’étais plus utile à l’ennemi. Il allait me lâcher, me vendre. Le regard d’Antoine a été l’un des plus beaux jamais portés sur moi, et aussi l’un des derniers.

Lorsque le petit Français me regardait, je m’aimais. Je m’aimais dans ce qu’il croyait de moi, dans ce qu’il disait de moi, dans ce qu’il espérait. Je m’aimais, lorsqu’il marchait à mes côtés comme l’aide de camp d’un général. Lorsqu’il prenait soin de moi. Qu’il me protégeait de son innocence. Je m’aimais, dans ses attentions, dans la fierté qu’il me portait. Je m’aimais, dans cette dignité qu’il me prêtait, dans ce courage, dans cet honneur. J’aimais de lui tout ce que son cœur disait de moi. Lorsque Antoine me regardait, il voyait le Fianna triomphant, le compagnon de Tom Willams, le rebelle de Crumlin, l’insoumis de Long Kesh. Lorsqu’il me regardait, Danny Finley était vivant.

Mais ce jour-là, à Killybegs, le regard d’Antoine s’était éteint. Lui avec ses branchages, moi avec ma souche. Il ne me voyait plus. Il cherchait le traître. Je lui ai souri. Je ne sais pas pourquoi. J’ai fait le feu. Une fumée blanche refoulée par le vent.

— Tu peux t’asseoir, j’ai dit.

Il a pris place à la table de mon père, mains serrées entre ses cuisses. J’ai enlevé ma casquette molle et l’ai fourrée dans la poche de mon pantalon.

— Si le Français le veut, il est le bienvenu.

Le père Byrne avait passé le message et Antoine était là, encombré de silence.

— Tu veux savoir quoi ? Je t’écoute, fils.

Je lui tournais le dos, penché sur le bois mauvais.

— Rien.

Un tremblant de voix.

Je lui ai servi son thé. Il regardait le mur, je regardais le sol. Nos yeux n’étaient plus faits l’un pour l’autre.

— Tu veux savoir si des républicains sont morts par ma faute ?

— Non !

Il a crié, main levée. Il a heurté sa tasse. Elle s’est renversée. Le thé brûlant sur ses cuisses. Pas un cri, rien. Il a reculé sa chaise.

— Tu ne veux pas savoir ?

Il observait le liquide qui gouttait sur la terre battue.

— Tu ne veux pas ?

— Je ne sais pas.

Il ne savait pas. Il n’était pas en colère, pas triste. Il était perdu. Un enfant au fond de mon bois. A Belfast, l’IRA l’avait prévenu. S’il cherchait à me rencontrer, il serait banni. On tourne le dos au traître, on ne lui parle pas. On ne traverse pas le pays pour scruter son regard. On ne lui demande rien. Il est malade, le traître. Ceux qui le frôlent sont infectés. Le voir, c’est le comprendre. L’écouter, c’est trahir à son tour.

— Tu sais que tu ne pourras plus revenir en Irlande ?

J’étais debout, adossé au mur. Il a hoché la tête. Oui bien sûr, il savait.

Depuis que je lui avais acheté une casquette pareille à la mienne, vingt ans plus tôt, je l’avais toujours vu avec. C’était son déguisement d’Irlandais. A Belfast, il pensait qu’elle le faisait des nôtres. A Paris, il s’en servait pour se croire exilé. Une casquette paysanne, que personne ne portait plus, à part le vieux Tyrone Meehan et quelques anciens de carte postale. Avec ma casquette, Antoine était devenu Tony. Mais cette fois, c’est Antoine tête nue qui était venu me voir. Sans plus rien de nous deux.

Le feu ne prenait pas. La fumée brouillait nos regards.

— Et notre amitié ? a demandé le Français.

Antoine me fixait enfin.

— Quoi, notre amitié ?

Il a baissé la tête et je m’en suis voulu. Répondre à une question par une question, la tactique des hommes sans réponse.

Il est revenu.

— Elle était vraie, notre amitié ?

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Retour à Killybegs»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Retour à Killybegs» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Benoît Duteurtre - Le Retour du Général
Benoît Duteurtre
Sorj Chalandon - Return to Killybegs
Sorj Chalandon
Stanislas Lem - Retour des étoiles
Stanislas Lem
Сорж Шаландон - Mon traître
Сорж Шаландон
STEFAN WUL - RETOUR A «0»
STEFAN WUL
libcat.ru: книга без обложки
Sorj Chalandon
Danilo Clementoni - Nous Sommes De Retour
Danilo Clementoni
Вальтер Скотт - Ivanhoe. 4. Le retour du croisé
Вальтер Скотт
Вальтер Скотт - Ivanhoe. 3. Le retour du croisé
Вальтер Скотт
Астгик Симонян - Gaghant Bab. Le Retour de Riguel
Астгик Симонян
Отзывы о книге «Retour à Killybegs»

Обсуждение, отзывы о книге «Retour à Killybegs» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x