Сорж Шаландон - Retour à Killybegs
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- Название:Retour à Killybegs
- Автор:
- Издательство:Grasset
- Жанр:
- Год:2011
- ISBN:105422
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
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C’était donc ça.
Un instant, j’ai cru que le petit Français venait ici pour moi. Pour m’injurier ou pour me plaindre. Pour me dire tout le mal que j’avais fait. Pour hurler la déception, la colère, la honte. Mais il venait pour lui.
— Je ne comprends pas ta question, Antoine.
Je suis retourné à la cheminée.
— Tu me demandes si je suis ton ami ?
Il a hoché la tête.
— C’est pour ça que tu as fait tout ce chemin ?
Même mouvement timide.
J’ai remis ma casquette. Son image d’Irlandais.
— Regarde-moi, et dis-moi ce que tu crois.
Il a secoué la tête.
— Je ne sais plus.
— Tu ne sais pas grand-chose, hein ?
Il était déçu. J’étais meurtri. Je ne sais pas lequel était le plus blessé des deux.
J’aurais pu lui répondre.
Lui rappeler qu’un jour, à Paris, il m’avait croisé dans le métro. C’était une heure de pointe, le wagon était plein. J’allais retrouver Honoré le bureaucrate dans un café de Saint-Michel. A la station Opéra, j’ai vu monter le petit Français. Sa casquette, son badge IRA, ses breloques attendrissantes. J’ai été stupéfait. Paris, plus de deux millions d’habitants et je tombais sur le seul que je ne devais pas rencontrer. Dieu, le hasard, ma mauvaise conscience ou sa naïveté nous ont fait prendre ce jour-là et à cette heure, non seulement le métro, mais la même ligne, la même direction et le même wagon. J’étais assis dans un carré de quatre. Il était debout, face à moi, agrippé à la barre avec un regard de défi. A Belfast, je l’aurais interpellé.
— Antoine ? Tu es en opération ou quoi ? Regarde-toi petit Français, on dirait que tu montes à l’assaut ! Desserre les mâchoires ! Respire un grand coup !
Je me suis tassé sur le siège. Une dame en face de moi, un liseur de journal, une mère avec un enfant sur les genoux. J’étais contre la vitre. J’ai regardé dehors, le tunnel à n’en plus finir. Lui, observait les gens. J’ai croisé son regard dans le reflet. Il a ouvert les yeux, la bouche. Il s’est raidi. Il était stupéfait. C’était lui qui m’accueillait à Paris, toujours. Lui qui m’hébergeait, me nourrissait, m’aidait à ne pas me perdre. J’étais sa résistance irlandaise. A travers moi, il luttait. Il avait la casquette, les badges, mais aussi le frisson du clandestin. Une fois, il m’a demandé ce que je venais faire à Paris. J’ai souri.
— Tu bosses pour les Brits ou quoi ?
Il a rougi. S’est excusé. Plus jamais il ne poserait de questions stupides.
Il venait me chercher à l’aéroport et m’y reconduisait. Il n’avait pas le permis de conduire, je payais le taxi.
— C’est l’IRA qui offre, je lui disais.
Je prenais la note et il était tout fier.
Ce mercredi-là, je n’avais rien à faire sans lui dans ce métro, avec le petit sac de voyage qu’il m’avait offert. Il s’est avancé vers moi, jouant poliment des coudes. Je me suis retourné. J’ai eu un regard brutal, l’index sur la bouche, ces gestes soudains qui ordonnent le silence. Il s’est figé au milieu du wagon. J’ai esquissé un sourire blanc. Je le rassurais. Il s’est détendu. Il a eu un geste de la tête, une approbation silencieuse.
— Compris, Tyrone !
J’étais en opération, en mission périlleuse. Il n’aurait pas dû connaître ma présence. L’IRA le protégeait. Et moi cette fois, je l’épargnais. Il a eu son petit sourire. Son sourire de fils. Celui qui m’a toujours serré le cœur. Le sourire de celui qui comprend sans mot, qui admet sans question. Mon petit Français, mon compagnon de silence.
Le temps d’une station, il a repris la pose, casquette sur les yeux. Il ne combattait plus, il veillait. De soldat, il était devenu sentinelle. Je me suis levé. Il a jeté un long regard sur la foule. Il s’est senti d’un autre monde, d’une autre histoire, d’un secret. Il était en guerre, ils étaient en paix. Et son chef était là, protégé par leur insouciance. Quelle fierté.
Je suis descendu sur le quai. Il surveillait. Ses yeux murmuraient que tout était calme, sans danger. Que personne ne m’avait suivi. Lorsque le métro est reparti, il a eu un signe de tête. Un mouvement de rien, signe entre lui et moi. Et je l’ai vu dans son wagon bondé, sa casquette sur la tête, son sourire aux lèvres, tellement certain qu’il avait protégé notre République.
Ce regard échangé, j’en ai rêvé longtemps. Je ne l’ai même pas avoué à Walder ou à Honoré. Quelques semaines plus tard, à Belfast, j’ai pris Antoine à part. Il ne devait révéler ma présence en France à personne. Jamais. Pas même à nos amis dans le Mouvement. C’était la règle lorsqu’il m’hébergeait, c’était plus important cette fois encore. Et lui, comprenait. Bien sûr, évidemment, il comprenait. Il écoutait Tyrone Meehan comme on se fige aux premières notes de l’hymne national. Il ne cherchait pas à comprendre ma guerre, il vivait la sienne.
J’aurais pu lui dire tout cela. Je lui devais une part de vérité. Je lui devais un autre regard, le vrai, celui de l’homme sali. Celui du déloyal, de l’infidèle. Je voulais qu’il affronte ces yeux-là. Qu’il les connaisse. Et qu’il sache aussi l’homme fragile et traqué. L’inviter à mon chevet était une façon de lui offrir ce qui restait de moi.
— Tu sais que je vais mourir, fils ?
Son silence m’a répondu non.
— Mon Dieu ! Tu ne sais vraiment rien de ce pays…
J’ai quitté le mur de chaux.
Sheila venait de klaxonner. Elle ne voulait pas entrer. Elle était contre cette visite. Elle ne comprenait pas pourquoi j’acceptais la présence d’un étranger.
Antoine s’est levé. Il avait froid, lèvres grises. Je suis allé à la porte, je l’ai ouverte pour lui. Je retenais mes gestes. Je savais qu’ils seraient nos derniers.
— Tu ne m’as pas répondu, a murmuré Antoine.
J’étais glacé, corps tombeau. J’ai eu mal. Une douleur vive, un couteau planté de la gorge au cœur. Et j’ai ouvert mes bras. A lui, à Jack qui me manquait.
Il s’y est réfugié sans un mot. Ma veste humide, mon vieux pull de laine, mon écharpe d’hiver, son manteau glacé. J’ai senti la pauvreté des couvertures de Long Kesh. Ce mélange d’écœurant, d’aigre, d’homme et de chien. Nous sommes restés comme ça.
J’aurais pu lui répondre.
Il était pour moi à la fois l’étranger et mon peuple. Celui qui m’avait vu et celui qui ne me verrait plus jamais. Il était le petit Français et toute cette Irlande qu’il suivait pas à pas. Il était un peu de Belfast, un peu de Killybegs, un peu de nos vieux prisonniers, de nos marches, de nos colères. Il était le regard de Mickey, le sourire de Jim. Il était de nos victoires et de nos défaites. Il avait tant et tant aimé cette terre qu’il en était.
Etait-ce l’amitié ? Je n’avais pas de réponse. Avais-je trahi cet amour-là ? Bien sûr, je l’avais trahi. Je m’étais dissimulé derrière Antoine, derrière son courage et ses certitudes. Je ne pouvais en avoir ni remords, ni regrets. Il était trop tard aussi pour le pardon ou l’éclat de conscience. Le traître et le trahi, enlacés l’un pour l’autre. Oui, l’homme du métro parisien s’était servi de lui. Et alors ? Et qu’est-ce que cela changeait à cette étreinte funèbre ?
Il avait son manteau de ville, ses pantalons trop courts, ses gants de laine noire. J’avais le dos voûté, les cheveux en désordre, ma casquette molle, le pantalon froissé passé dans mes bottes terreuses. Je l’ai repoussé légèrement. Il m’a offert un regard dont je n’ai pas voulu.
Je lui ai tourné le dos, ai levé une main d’adieu.
Ils pouvaient venir et la mort me prendre. Peu m’importait.
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