Сорж Шаландон - Retour à Killybegs

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La prison m’avait changé. C’est ce que l’on murmurait dans mon dos. Avant la grève de l’hygiène, je buvais. Je vidais mes bières comme n’importe quel être humain sur cette île. Mais depuis ma sortie, je m’étais mis à boire. Ce n’était pas pareil. Je connaissais quelques camarades comme ça. Ils buvaient en cachette, de plus en plus loin de leur quartier. Ils faisaient commander leur verre de vodka par d’autres, ils envoyaient un jeune au magasin d’alcool et lui proposaient de garder la monnaie. Ils manquaient des rendez-vous, ils oubliaient une consigne. Dès qu’ils devenaient dangereux pour la sécurité, le parti s’en séparait. Alors ils brisaient leur verre, ils promettaient. Ils portaient un pélican doré au revers pour être reconnus comme abstinents. Ils buvaient des sodas avec des regards de noyés. Et ils recommençaient, souvent.

Je souffrais du ventre, des articulations, de la tête. Chaque matin, je boitais avant de pouvoir marcher normalement. Je tremblais. La bière était mon eau, la vodka mon alcool. Je m’étais acheté une fiasque en cuir vert et métal de 11 décilitres. J’avais fait le calcul : 7 cuillères à soupe et 22 cuillères à café.

Deux fois, le patron du Thomas Ashe m’avait discrètement prié de sortir. La troisième, j’ai pris la salle à témoin. Ce salaud expulsait l’ami de Danny Finley. J’ai arraché la nappe qui recouvrait la grande table aux sandwiches. Je l’ai jetée sur mes épaules comme une couverture de prison. J’ai hurlé, au milieu des soucoupes brisées et du pain répandu. Ça ne leur rappelait rien ? Vraiment ? Ils voulaient que je chie par terre pour que la mémoire revienne ? Des gars de l’IRA étaient intervenus. Tout le monde allait se calmer. C’était dans la rue qu’on faisait la guerre, pas dans nos pubs. J’ai quitté le bar. Et je suis revenu le lendemain pour m’excuser.

L’IRA me l’avait conseillé. Walder me l’avait ordonné.

Avant même d’être traître, je devenais encombrant. L’agent du MI-5 s’est demandé si je ne faisais pas cela pour être rejeté par ma communauté. Pour me mettre hors d’usage, inutile. Il m’a rappelé que rien n’avait changé. J’avais tué Danny, Jack était en prison et Sheila toujours fragile. Il fallait que je cesse le tapage. C’était un ordre. Alors je me suis mis à boire moins, et encore moins. Puis à boire comme avant, lorsque j’en avais envie.

Mais je savais que je n’étais plus maître.

*

Bobby Sands est mort le 5 mai 1981, après soixante-six jours de grève de la faim. Agonisant, il venait d’être élu député à Westminster, mais cela n’a pas suffi. Francis Hughes est mort le 12 mai, à vingt-cinq ans et après cinquante-neuf jours de grève de la faim. Pasty O’Hara et Ray McCreesh sont morts ensemble le 21 mai, à vingt-trois et vingt-quatre ans, après soixante et un jours de grève de la faim.

Le 22 juin, lorsque la brigade de Belfast de l’IRA a décidé d’abattre un gardien de Long Kesh, Joe McDonnell, Martin Hurson, Kevin Lynch, Kieran Doherty, Thomas McElwee et Michael Devine s’apprêtaient à mourir.

La ville était tout entière recouverte d’un crêpe de deuil. L’IRA se devait de réagir.

Franck « Mickey » Devlin nous avait rejoints, au premier étage d’une maison de brique, dans le quartier de Divis Flats. A l’intérieur de la petite chambre, nous étions trois, assis à même le sol. Mickey m’a tapé dans le dos, content de me revoir. Il a failli sortir un stylo pour me taquiner, puis il a renoncé. Apercevant le crucifix, il s’est signé. Et puis il a fait un clin d’œil au pape.

En entrant, il avait demandé du thé à notre hôte. La propriétaire a frappé à la porte. Jim O’Leary a ouvert pour prendre le plateau.

— La rue est calme, a-t-elle dit.

Puis elle est repartie sans bruit.

— Du thé, Tyrone ? m’a demandé Jim.

— Du thé, j’ai répondu.

Mickey a sorti des photos de sa chemise. Cinq clichés pris de loin. Il les a alignés sur la moquette comme un jeu de cartes.

Je suis allé tirer les rideaux et allumer la lumière.

Les autres étaient penchés sur les documents.

— Sale gueule, a dit Jim.

— Il s’appelle Ray Gleeson. Il vit près de Cliftonville, dans un quartier mixte.

— Un catho ? a demandé Jim.

— Oui. Il a cinquante-trois ans. Il travaille pour l’administration pénitentiaire depuis 1962 et il est entré au Kesh il y a quatre ans.

Jim m’a tendu une photo.

— Un copain à toi, Tyrone ?

Popeye.

Mon maton. En civil, avec son costume trop grand, sa chemise sans forme, son crâne chauve, sa cigarette au coin des lèvres.

Je suis allé vers la lampe de chevet. J’ai prétexté l’obscurité. Je leur ai tourné le dos. Popeye. Mon cœur battait, ma tête, un tambour d’angoisse que tous devaient entendre.

— Tu connais ?

— Non, j’ai répondu.

Je me suis baissé. J’ai regardé les autres images. Popeye inspectant le dessous de sa voiture par précaution, Popeye marchant dans le centre-ville, Popeye arrêté à un feu rouge.

— Pourquoi lui ? j’ai demandé.

La question m’avait échappé. Une interrogation stupide. J’ai cessé de respirer.

Mickey m’a regardé étrangement. Sans le savoir, il m’a aidé à m’en sortir.

— Pourquoi un catho, tu veux dire ?

— Oui. Pourquoi un catho ?

Jim a eu un geste vague. Il a répondu que son quartier faciliterait le repli.

Le plus jeune d’entre nous a pris la parole. Je le connaissais mal. Il avait un petit air étudiant que je n’aimais pas. Il m’a dit que les grèves de la faim étaient notre priorité et que l’IRA devait répondre sur ce terrain.

Je l’ai regardé. Je souriais froidement.

— Terry ? Terry, c’est ça ? Tu ne serais pas en train de m’expliquer la situation en prison, par hasard ?

Il s’est figé, surpris par mon agressivité.

— Tu penses nous enseigner la tactique militaire ? C’est ça ?

— Calme-toi, Tyrone, a murmuré Mickey.

Il rangeait les photos. Ses yeux sur moi.

— Un gardien est un gardien. On se fout de sa religion.

J’ai hoché la tête. Il fallait que je me calme. Il avait raison.

— Si tes copains te regardent bizarrement, c’est foutu, Meehan. Ça veut dire que tu as trop parlé, ou alors pas assez. Si tu fais la gueule au lieu de rire ou si tu ris au lieu de faire la gueule, ils auront des doutes. Et le doute, c’est mortel, avait prévenu Walder.

Alors j’ai repris mon air de Tyrone, pestant contre le thé tiède.

— Le jeudi, il travaille à 11 heures. C’est tranquille dans son coin. Il fait toujours les mêmes gestes. Il démarre, arrive au carrefour de Clifton, et met sa ceinture en attendant que le feu passe au vert. On peut l’avoir là, a dit Terry.

— Il ne prend pas de précautions, ne change pas d’itinéraire ?

L’étudiant m’a souri.

— A part regarder sous sa voiture, non. Il ne fait rien.

— Vous feriez ça jeudi prochain ? a demandé Jim.

— Le plus tôt serait le mieux, j’ai répondu.

J’avais repris le contrôle de mes émotions. Mickey m’a regardé en hochant la tête. Jim l’a observé en coin. J’ai perçu leur soulagement. Le vieux Tyrone Meehan leur était revenu.

— Qui sera sur le coup ?

— Moi, Terry, trois gars de Divis et une fille à vélo pour récupérer les flingues, m’a répondu Mickey.

— Jim ?

O’Leary a secoué la tête.

— Tu me connais, Tyrone. Je maîtrise mieux la poudre que le pistolet.

— Explique ta présence ici alors ?

J’avais repris le ton du chef.

— Le mode opératoire n’était pas arrêté. On avait d’abord pensé à piéger sa voiture, mais comme il l’inspecte chaque matin…

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