Эмиль Ажар - L'angoisse du roi Salomon
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- Название:L'angoisse du roi Salomon
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- Издательство:Mercure de France & Atelier Panik éd. numérique
- Жанр:
- Год:2013
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Mademoiselle Cora a laissé tomber la carte sur la table. Elle paraissait dégoûtée.
— Quel vieux chameau ! C’est parce que je lui ai sauvé la vie comme Juif, sous l’occupation. Il n’aime pas s’en souvenir.
Je ne voyais pas comment monsieur Salomon pouvait en vouloir à quelqu’un qui lui avait sauvé la vie comme Juif et pourquoi il en voulait tellement à cette personne qu’il lui envoyait même des fruits confits de Nice sans dire son nom. Il devait y avoir de vieilles salades entre eux, sans quoi monsieur Salomon ne m’aurait pas délégué de sa part incognito et il n’aurait pas fait celui qui connaissait à peine cette dame. J’allais partir mais elle a insisté pour que je reste un peu, histoire de boire un verre de cidre, que je n’apprécie pas, et qu’elle est allée chercher à la cuisine dans une carafe avec deux verres sur le plateau. On s’est assis et on a parlé un peu. Je ne savais pas si elle m’avait demandé de m’asseoir pour la compagnie parce qu’elle se sentait seule, je ne pense pas qu’elle était dans le besoin de ce côté-là, vu que l’appartement était vraiment bien et qu’elle ne devait pas manquer de moyens. On trouve toujours à qui parler quand on a des moyens. Elle s’était assise sur un pouf blanc, sorte de siège capitonné bas et large, et elle est d’abord restée un moment le verre de cidre à la main à m’observer attentivement, comme elle l’avait déjà fait, en jouant avec sa mèche, avec un drôle de petit sourire et sans se gêner de me détailler ainsi, parce qu’à son âge elle pouvait se permettre. C’est là que j’ai compris brusquement que je devais lui rappeler quelqu’un et je me suis souvenu aussi que lorsque j’avais rencontré monsieur Salomon la première fois et qu’il m’avait invité au café il avait paru étonné, comme si j’avais une gueule qui l’avait frappé pour des raisons à lui. Je buvais mon cidre pendant que mademoiselle Cora me dévisageait et souriait pensivement à une idée qu’elle avait en tête et je n’aime pas le cidre du tout mais il faut être correct. Après trois bonnes minutes où je commençais à me dire enfin quoi merde, elle m’a demandé si je connaissais monsieur Salomon depuis longtemps et s’il m’avait parlé d’elle, et quand j’ai nié, elle parut pas contente du tout, comme si elle n’avait pas d’importance. Elle m’a dit qu’elle avait été chanteuse réaliste, comme ça s’appelait autrefois, quand on chantait autrement qu’aujourd’hui. La chanson réaliste est un genre qui demande beaucoup de malheurs, parce que c’est un genre populaire. C’était surtout à la mode au début du siècle, quand il n’y avait pas la sécurité sociale et qu’on mourait beaucoup de misère et de la poitrine, et l’amour avait beaucoup plus d’importance qu’aujourd’hui car il n’y avait ni la voiture, ni la télé, ni les vacances, et lorsqu’on était enfant du peuple, l’amour était tout ce qu’on pouvait avoir de bien.
— Après, il y a eu encore Fréhel et Damia, dans les années vingt et trente, et surtout Piaf, bien sûr, qui venait vraiment de la rue et avait le cœur comme au temps des cousettes et des marlous. J’étais dans cette tradition, tiens, écoute…
Elle m’a tutoyé. Après, elle s’est levé et elle est allée mettre un disque, Soupirs Barbes, et c’était bien sa voix. Je voyais qu’elle était contente de s’entendre. J’en ai eu pour une bonne demi-heure. Dans Soupirs Barbès, elle était tuée à coups de surin par son julot parce qu’elle avait rencontré un fils de famille qui voulait la sauver du trottoir ; dans La Lionne, c’est elle au contraire qui le tuait pour sauver sa fille du même trottoir. Il n’y avait que des putes malgré elles, là-dedans, ou des filles mères qui sont répudiées et se jettent dans la Seine avec leur nouveau-né, pour se sauver du déshonneur. Je ne savais même pas que ça avait existé, des temps pareils. Ce qui m’a le plus ému, c’est L’Archiduc, où une môme se retire dans un claque par désespoir d’amour et, Encore une, où les amants dansent la dernière java ensemble, avant d’être tués par un caïd du milieu. J’avais envie de me lever et d’arrêter le disque, on n’a pas idée d’avoir des malheurs pareils, alors que ce n’est pas le choix qui manque. Il y avait aussi beaucoup d’hôpitaux dans ces chansons, quand ce n’est pas le bagne, la guillotine ou les Bat’d’Af. Elle me regardait toute heureuse, mademoiselle Cora, pendant qu’on écoutait, je sentais que c’étaient ses meilleurs moments et qu’elle était contente d’avoir encore un public. Je lui ai demandé si elle chantait toujours et elle m’a expliqué que c’était un genre qui était passé de mode, parce qu’aujourd’hui ce sont de vieux malheurs d’autrefois, il faudrait en trouver de nouveaux, mais les jeunes n’ont plus l’inspiration et ce sont maintenant les jeunes qui commandent, surtout dans la chanson. Et puis de toutes les façons elle était maintenant trop vieille.
— Ça dépend de ce qu’on entend par vieux ou vieille, mademoiselle Cora. Monsieur Salomon va sur ses quatre-vingt-cinq ans et il est encore là, vous pouvez me croire.
Je ne disais pas ça pour être poli, elle tenait bien le coup, comme présentation. Rien qu’à la voir marcher, on ne lui aurait pas donné plus de soixante-cinq piges, on sentait qu’elle était encore femme et qu’elle gardait son assurance féminine. Quand une femme a été très courue dans sa jeunesse, ça lui reste, ça lui laisse de l’assurance. Quand elle se déplaçait, une main sur la hanche, on voyait qu’elle ne s’était pas encore déshabituée. Elle avait gardé la même idée de son corps, c’est ce qu’on appelle avoir le moral, elle se souvenait encore bien d’elle-même, mademoiselle Cora. J’ai regardé un peu autour de moi pendant qu’elle rangeait les disques mais il y avait trop de trucs de toutes sortes, de babioles et d’objets qui ne servent à rien sauf à être là et je n’ai rien pu voir sauf les photos sur les murs où il n’y avait que des célébrités historiques. J’ai reconnu Joséphine Baker, Mistinguett, Maurice Chevalier, Raimu et Jules Berry. Elle a remarqué que je m’intéressais et elle m’a présenté les autres, Dranem, Georges Milton, Alibert, Max Dearly, Mauricet et encore quelqu’un. Je lui ai expliqué que j’allais souvent à la cinémathèque où le passé est bien conservé et reconstitué, ce qui est une bonne chose pour les célébrités. L’appartement était tout blanc, sauf là où il était rose et était plutôt gai, malgré toutes ces personnes disparues sur les murs. J’étais déjà là depuis une bonne heure et on n’avait plus rien à se dire. Mademoiselle Cora est allée porter le plateau à la cuisine, et j’ai jeté un coup d’œil dans la chambre voisine où il y avait un lit couvert de soie rose avec une espèce de grand polichinelle noir et blanc, couché d’un côté comme pour laisser de la place à côté de lui. C’était curieux qu’elle n’ait pas de petit chien. On voit souvent dans la rue de vieilles dames avec un tout petit chien parce que plus on est petit et plus on a besoin de quelqu’un. Il y avait d’autres poupées ici et là et un grand ours koala dans un fauteuil comme en Australie où ils mangent des feuilles d’eucalyptus et sont très connus.
— C’est Gaston.
Mademoiselle Cora était revenue et j’étais un peu gêné d’avoir regardé dans sa chambre mais au contraire, elle était toute contente.
— C’est Gaston, mon vieux polichinelle. On me l’a offert en 1941, après un gala à Toulon. Ça fait un bout de temps et parfois il faut le rhabiller de neuf.
Elle s’était mise encore à me regarder bizarrement, comme tout à l’heure, en jouant avec sa frange.
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