Эмиль Ажар - L'angoisse du roi Salomon
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- Название:L'angoisse du roi Salomon
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- Издательство:Mercure de France & Atelier Panik éd. numérique
- Жанр:
- Год:2013
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Un jour, j’ai fait des courses avec mademoiselle Cora qui m’avait commandé la veille et je l’ai aidée à monter les paquets. J’ai encore eu droit au cidre et comme j’allais partir, elle m’a dit :
— Assieds-toi. J’ai à te parler.
Je me suis assis sur une chaise, elle sur le pouf blanc et j’ai attendu, pendant qu’elle buvait son cidre à petits coups, en réfléchissant d’un air préoccupé et même grave, comme si elle allait me proposer une affaire.
— Écoute-moi, Jeannot. Je t’ai bien observé. C’est pour ça que je t’ai fait venir plusieurs fois, pour être sûre. Tu as le physique. Je l’ai tout de suite toujours où te joindre, s’il y a une occasion qui se présente. Tu gagneras des millions et tu auras ta photo partout. Crois-moi, j’ai du flair pour ces choses-là.
Elle était contente.
— J’ai tout de suite vu. T’as ce qu’on appelle une gueule d’amour.
— Il y a un film comme ça avec Jean Gabin, Gueule d’amour.
— Gabin, je l’ai connu avant la guerre, quand il tournait Pépé le Moko. Mireille Balin, c’était une copine. On l’a oubliée aussi, celle-là, elle est morte inconnue. Tu es bien tombé, va. Tu ne pouvais pas mieux tomber. T’as la baraka.
J’ai dit prudemment, pour faire plus réaliste :
— Il faut voir.
Et j’ai même ajouté, pour bien montrer que j’y croyais :
— Vingt pour cent, vous y allez un peu fort.
— J’aurai des frais. Pour commencer, il faudra te faire faire de bonnes photos. Et pas par n’importe qui.
Elle est allée chercher son sac à main. Quand elle marchait sur ses hauts talons, elle était encore très féminine. Elle n’était pas raide des jambes, comme une personne de son âge, et elle tenait une main sur une hanche, en remuant. C’est seulement au visage que ça se voyait. Elle a pris des billets dans son sac et elle me les a tendus, comme ça, sans même les compter. J’en ai eu mal au ventre et c’est tout juste si j’ai pu garder mon sourire bien connu sur ma gueule. C’était vraiment la panique, chez elle, et n’importe quoi, pour y croire encore un peu.
— Tiens. Je connais un bon photographe, Simkin. Je crois qu’il vit encore. C’est le meilleur. Il les a tous faits. Raimu, Gabin, Harry Baur.
Elle avait la voix qui tremblait. C’était presque comme si elle me demandait l’aumône, en me tendant le pognon. Je l’ai empoché.
— Je ne vais pas te faire prendre des leçons de diction, ça non. T’as la voix. La vraie, celle qui sent encore Paris, qui vient de la rue, faut qu’elle y reste. La diction, c’est comme si on te les coupait. Sauve-toi, maintenant. Et sois tranquille…
C’est là qu’elle a dit quelque chose d’énorme.
— Je ne te laisserai pas tomber.
Je suis parti. Je suis entré dans un bistro et je me suis tapé deux fines, pour me remonter le moral, et, si ça pouvait se matérialiser, j’aurais saigné sur le comptoir. C’était comme un chien à la fourrière qui vous regarde à travers la grille. Ils ont ça dans le regard. Suppliant. C’est ce qu’on appelle sentimentalisme, chez les salauds.
VIII
Je n’ai pas vu mademoiselle Cora pendant dix jours. Elle m’avait appelé trois fois à S. O. S. mais je voulais laisser passer du temps, pour ne pas trop l’habituer. Il ne fallait pas trop l’encourager à rêver, un peu seulement, parce qu’après on se casse toujours la gueule. Je pensais souvent à elle, j’aurais voulu l’aider à trouver un endroit public pour chanter, remonter sur les planches, ça s’appelle chez eux. Une fois, j’ai été commandé un jour à l’avance par monsieur Salver, le grand producteur qui m’aimait bien, on parlait toujours de cinéphilie pendant le parcours, je venais de revoir au Mac-Mahon La Soupe aux canards, où il y a cette séquence de dédain royal quand le boulet de canon entre par une fenêtre et traverse la pièce et Groucho saute sur une chaise avec le cigare et tire le rideau pour empêcher le boulet suivant d’entrer. C’est vraiment une attitude de mépris invincible, on ne peut pas faire mieux. Il faut un culot inouï et sacré pour traiter ainsi les boulets de canon et le péril mortel et Groucho en avait plus que n’importe qui. S’il y a une chose que la mort doit détester par-dessus tout, c’est qu’on la traite par-dessus la jambe, avec un dédain royal, et c’est ce que Groucho Marx faisait. D’ailleurs, il est mort. Eh bien, quand j’ai eu monsieur Salver dans mon taxi pour Roissy, on a eu le temps de parler, et j’en ai profité pour lui demander s’il connaissait une vedette de la chanson d’avant-guerre qui s’appelait Cora Lamenaire. Monsieur Salver est lui-même d’avant-guerre et il s’est occupé du spectacle toute sa vie.
— Cora Lamenaire ? Ça me dit quelque chose.
— Elle était chanteuse réaliste.
— Elle est morte ?
— Non, mais elle ne chante plus. Je pense que c’est parce qu’il y a trop de malheurs dans ses chansons. Ça fait démodé.
— Cora Lamenaire, Cora… Mais oui, voyons ! C’était dans les années trente, l’époque de Rina Ketty. J’a-tten-drai tou-jours ton retour… Elle existe encore ?
— Elle n’est pas si vieille que ça, monsieur Salver. Soixante-cinq ans à tout casser.
Il rit.
— Plus jeune que moi, en tout cas… Pourquoi ? Vous la connaissez ?
— J’aimerais la faire rechanter, monsieur Salver. Devant un public. Vous pourriez peut-être lui trouver un engagement quelque part.
— Mon petit, la chanson, aujourd’hui, c’est les jeunes. Comme tout le reste, d’ailleurs.
— Je pensais que le genre rétro était à la mode.
— C’est passé aussi.
— Ça coûte cher, de louer une salle ?
— Il faut la remplir, et ce n’est pas une vieille dame que personne ne connaît plus que le public irait voir.
— Une petite salle en province, juste une fois, ça ne doit pas coûter des millions. J’ai des économies. Et j’ai un ami qui a des moyens, le roi Salomon, vous savez…
— Le roi Salomon ?
— Oui, il était roi du pantalon, avant. Le prêt-à-porter. Il est très large. Il aime faire pleuvoir ses bienfaits, comme on dit.
— Tiens. On dit ça où ? Je ne connaissais pas cette expression.
— C’est un homme qui est d’une grande largesse. On pourrait peut-être louer une salle et réunir un public. C’est dégueulasse, monsieur Salver, d’oublier les gens qui ont existé, comme Rita Hayworth, Hedy Lamar ou Dita Parlo.
Monsieur Salver paraissait frappé.
— Eh bien, dites donc, vous avez de la piété, comme cinéphile !
— On pourrait peut-être la faire chanter encore, au moins une fois, je suis prêt à payer la location.
Je voyais le visage de monsieur Salver dans le rétroviseur. Il faisait des yeux ronds.
— Mon ami, vous êtes le plus étonnant chauffeur de taxi que j’aie jamais rencontré !
J’ai rigolé.
— Je fais exprès, monsieur Salver. Ça me fait des clients.
— Je ne plaisante pas. Étonnant ! Déjà que vous connaissiez les noms de Hedy Lamar et… l’autre…
— Dita Parlo.
— Oui. Mais laissez cette pauvre femme tranquille. Elle va faire un bide épouvantable et ne s’en remettra pas. Laissez-la à ses souvenirs, c’est bien mieux. C’était une chanteuse de deuxième ordre, d’ailleurs.
Je me suis tu pour ne pas l’antagoniser, mais je n’ai pas aimé ça. Il connaissait à peine le nom de mademoiselle Cora et ne pouvait donc pas savoir si elle était du premier, du deuxième ou du troisième ordre. Quand on a oublié quelqu’un complètement, on n’a qu’à fermer sa gueule. Et mademoiselle Cora avait encore toute sa voix, une drôle de voix, avec de la rocaille dedans, marrante. Je ne voyais pas sur quoi il se permettait de juger.
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