Et puis le bouquin est passé chez Gallimard, qui l’a donné au Mercure.
— Et puis finalement vous avez sauté.
— C’est ça. J’ai passé encore quelques mois au Brésil puis je suis revenu en Europe. Il y a eu cette opération du Saint-Esprit, ce truc mystérieux qui fait que j’ai trouvé le niveau où je pouvais sortir la Vie devant soi. Ce n’est pas exactement une opération instantanée, ça c’est fait au temps de Gros-Câlin – j’avais toujours une page d’avance sur Gros-Câlin comme on regarde par-dessus quelqu’un qui est devant vous. Dans ma tête, quand j’avais largué ce livre, je m’étais rendu compte que c’était celui-ci qui était important. Je ne crois pas que je pourrai avoir la même chance deux fois, pas chance, la même nécessité.
Je crois, au moins pour moi, que la Vie devant soi restera à part. Et puis je me suis forcé la main.
Quand j’étais gosse, j’avais un cousin qui m’a dit quelque chose qui m’avait frappé beaucoup, il m’avait expliqué pour me rassurer qu’il fallait savoir perdre le temps jusqu’à ce qu’arrive ce moment où vous êtes dans votre temps personnel. Et c’est à ce moment-là qu’il faut ramasser ses cliques et ses claques et faire quelque chose. C’est pourquoi je me suis un peu poussé, ce qui veut dire simplement que c’était mon moment, c’étaient les premières retrouvailles – pas retrouvailles parce que je ne m’étais jamais trouvé. Je crois que je suis assez exemplaire des gens qui sont très en retard, c’est Momo, en sens contraire. Enfin, à cet instant-là, j’ai vraiment voulu attraper la Vie devant soi , la coincer, et puis alors j’ai écrit, ça a duré un peu plus de quatre mois. Vous savez, soit quand on pleure, soit quand on a l’œil gêné, ou la paupière, les choses se dédoublent et j’étais persuadé qu’elles arriveraient à se recouper et que chacune serait à sa place, et moi, à la mienne. Que je sache où je suis, c’est l’histoire du bouquin, c’est tout, enfin, c’est mon histoire par rapport à la Vie devant soi.
(« La Maison d’Ajar » , entretien avec Yvonne Baby à Copenhague ,le 30 septembre 1975)
Aux Éditions Gallimard
LE GRAND VESTIAIRE, roman
(Folio n° 1678).
ÉDUCATION EUROPÉENNE, roman
(Folio n° 203).
LES RACINES DU CIEL, roman
(Folio n° 242).
TULIPE, récit. Édition définitive en 1970
(Folio n° 3197).
LA PROMESSE DE L’AUBE, récit.
Édition définitive en 1980 (Folio n° 373).
JOHNNIE CŒUR. Comédie en deux actes et neuf tableaux.
LADY L., roman
(Folio n° 304).
FRÈRE OCÉAN :
I. POUR SGANARELLE. Recherche d’un personnage et d’un roman, essai
(Folio n° 3903).
II. LA DANSE DE GENGIS COHN, roman
(Folio n° 2730).
III. LA TÊTE COUPABLE, roman.
Édition définitive (Folio n° 1204).
LA COMÉDIE AMÉRICAINE :
I. LES MANGEURS D’ÉTOILES, roman
(Folio n » 1257).
II. ADIEU GARY COOPER, roman
(Folio n° 2328).
CHIEN BLANC, roman
(Folio n° 50).
LES TRÉSORS DE LA MER ROUGE, récit.
(Folio 2 € n° 4914).
EUROPA, roman.
EUROPA précédé de
Note pour l’édition américaine d’
EUROPA,
traduit de l’anglais par Paul Audi (Folio n° 3273).
LES ENCHANTEURS, roman
(Folio n° 1904).
LA NUIT SERA CALME, récit
(Folio n » 719).
LES TÊTES DE STÉPHANIE, roman.
Nouvelle édition en 1977 de l’ouvrage paru
sous le pseudonyme de Shatan Bogat
(Folio n° 946).
AU-DELÀ DE CETTE LIMITE VOTRE TICKET N’EST PLUS VALABLE, roman
(Folio n° 1048).
LES OISEAUX VONT MOURIR AU PÉROU.
Cet ouvrage a paru pour la première fois sous le titre
Gloire à nos illustres pionniers en 1962 (Folio n° 668).
UNE PAGE D’HISTOIRE et autres nouvelles,
extrait de
LES OISEAUX VONT MOURIR AU PÉROU (Folio 2 € n° 3759).
CLAIR DE FEMME, roman (Folio n“1367).
CHARGE D’ÂME, roman (Folio n° 3015).
LA BONNE MOITIÉ. Comédie dramatique en deux actes.
LES CLOWNS LYRIQUES, roman. Nouvelle version de l’ouvrage paru en 1952 sous le titre Les Couleurs du jour (Folio n° 2084).
LES CERFS-VOLANTS, roman (Folio n° 1467).
VIE ET MORT D’ÉMILE AJAR.
L’HOMME À LA COLOMBE, roman.
Version définitive de l’ouvrage paru en 1958
sous le pseudonyme de Fosco Sinibaldi (L’Imaginaire n° 500).
ÉDUCATION EUROPÉENNE, suivi de
LES RACINES DU CIEL
et de
LA PROMESSE DE L’AUBE.
Avant-propos de Bertrand Poirot-Delpech, coll. « Biblos ».
ODE À L’HOMME QUI FUT LA FRANCE ET
AUTRES TEXTES AUTOUR DU GÉNÉRAL DE GAULLE.
Édition de Paul Audi (Folio n° 3371).
LE GRAND VESTIAIRE. Illustrations d’André Verret,
coll. « Futuropolis/Gallimard ».
L’AFFAIRE HOMME. Édition de Jean-François Hangouët et Paul Audi
(Folio n° 4296).
TULIPE OU LA PROTESTATION, coll. « La Manteau d’Arlequin ».
LÉGENDES DU JE, coll. « Quarto ».
Dans la collection Écoutez lire
LA VIE DEVANT SOI (4 CD)
Aux Éditions du Mercure de France
sous le pseudonyme d’Émile Ajar
GROS-CÂLIN, roman,
édition augmentée de la fin
initialement souhaitée par l’auteur (Folio n° 5493).
LA VIE DEVANT SOI, roman
(Folio n° 1362 ; La Bibliothèque Gallimard n° 102
et Classico Lycée n° 29).
PSEUDO, récit.
L’ANGOISSE DU ROI SALOMON, roman (Folio n° 1797).
ŒUVRES COMPLÈTES D’ÉMILE AJAR. Préface de Romain Gary : « Vie et mort d’Émile Ajar », coll. « Mille Pages ».