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Эмиль Ажар: L'angoisse du roi Salomon

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— Oui, tout le monde se souvient des hommes illustres et personne ne se soucie des gens qui n’ont été rien, mais qui ont aimé, espéré et souffert. Ceux qui ont reçu humblement notre prêt-à-porter commun à leur naissance et qui l’ont traîné humblement jusqu’au terminus. Et cette expression même, « ceux qui n’ont été rien » est odieuse, vraie et intolérable. Je ne puis l’accepter, dans toute la mesure de mes modestes moyens.

Là, il a souri un peu mystérieusement, et il a levé la tête, le visage devenu soudain sévère, en serrant fortement dans sa main sa canne à pommeau hippique.

— Je ne le fais pas seulement pour cette « môme », comme vous dites. Je le fais pour l’honneur de la chose.

J’ai rien compris. Je ne voyais pas quelle était la chose et quel honneur elle pouvait avoir. Et ce n’est pas en se penchant sur ces traces postales des vies depuis longtemps effacées et des amours évanouies que monsieur Salomon pouvait les faire revivre. Peut-être qu’il n’avait jamais été aimé personnellement et qu’il prenait un peu pour lui les mots mon chéri mon amour écrits d’une encre qui était déjà elle-même en cours de disparition, pour recueillir de la tendresse. Allez savoir. Plus tard, Chuck, quand je lui ai parlé de ces cartes postales que monsieur Salomon ne cessait d’accueillir à son domicile comme si c’étaient des S. O. S. que les gens depuis longtemps oubliés avaient envoyés et qui pour lui étaient toujours valables, Chuck s’est donc lancé dans une théorie. D’après lui, mon employeur avait un problème avec l’éphémère, avec le temps qui passe et l’usage qu’il fait de nous en passant, vu qu’il se sentait lui-même menacé d’imminence et qu’il exprimait sa protestation à son opposition dans toute l’étendue de ses moyens.

— Il gesticule, voilà. C’est comme s’il brandissait le poing et faisait des signes pour protester et pour faire comprendre à Jéhovah que c’est injuste de tout faire disparaître, de tout emporter, et, en premier lieu, lui-même. Imagine-le debout sur une montagne, vêtu de lin blanc, il y a cinq mille ans, il regarde le ciel et il gueule que la Loi est injuste. Tu ne comprendras jamais le vieux tant que tu ne sauras pas qu’il a avec son Jéhovah des rapports personnels. Ils discutent, ils s’engueulent. C’est très biblique, chez lui. Les chrétiens, dans leurs rapports avec Dieu, ils ne vont jamais jusqu’à l’engueulade. Les juifs si. Ils Lui font des scènes de ménage.

J’avais présenté Chuck au roi Salomon qui l’a fait tester par des spécialistes psychologiques, ce qui lui a permis, grâce à leurs chaleureuses recommandations, de devenir bénévole à S. O. S., car c’est un des grands mystères que Chuck, qui n’a que des idées en tête, se met à avoir du cœur dès que quelqu’un s’adresse à lui dans le malheur. Et il a un léger accent américain, ce qui rassure beaucoup, car c’est une grande puissance. Il est devenu en quelques semaines le meilleur soutien moral à S. O. S., et il a même réussi à empêcher une fille de se suicider, en lui prouvant que ce serait encore pire après.

Les cartes postales, monsieur Salomon en avait des milliers et des milliers. Il les classait soigneusement dans des albums qui occupaient tout un mur. Il en avait toujours un d’ouvert sur son bureau, jamais le même, car chacun son tour. Un matin, je l’ai trouvé penché sur la photo d’un poilu français 14-18, fièrement photographié de son vivant, avec au dos des mots qui ont dû être émouvants à l’époque. Ma chère femme j’espère que vous allez bien tous car ici c’est la guerre. Embrasse les enfants. Ils me manquent plus qu’il n’est possible de dire. Ton Henri. En bas dans le coin, il y avait tombé au champ d’honneur le quatorze août 1917. J’étais venu ce jour-là avec Tong qui devait conduire monsieur Salomon chez son dentiste à ma place. Monsieur Salomon l’aimait bien, ils parlaient ensemble de la sagesse orientale qui leur est d’un grand secours, là-bas, quand on ne les a pas tués avant. Il avait fait admirer à Tong son album, où il y avait des cartes postales des pays aussi éloignés que possible de monsieur Salomon, comme par exemple Manille et les Indes, ce qui lui permettait de se rapprocher encore plus loin.

— Pourquoi collectionnez-vous des messages qui ne vous sont pas adressés de gens qui ne sont rien pour vous ? Comme ce soldat tué que vous n’avez pas connu ?

Monsieur Salomon leva les yeux vers Tong et retira de l’un d’eux sa loupe de philatéliste.

— Je crois que vous ne pouvez pas comprendre, monsieur Tong.

C’était la première fois que j’entendais monsieur Salomon faire une remarque raciste.

— Vous ne pouvez pas comprendre. Vous avez perdu toute votre famille au Cambodge. Vous avez à qui penser. Mais moi je n’ai jamais perdu personne. Je n’ai eu personne, pas un quelconque cousin, parmi les six millions de Juifs exterminés sous les Allemands. Même mes parents n’ont pas été tués, ils sont morts prématurément, en tout bien tout honneur, avant Hitler. J’ai quatre-vingt-quatre ans et je n’ai personne à déplorer. C’est une terrible solitude de perdre un être aimé, mais c’est une solitude encore plus terrible de n’avoir jamais perdu personne. Alors, quand je feuillette cet album…

Il tourna une page de sa belle main un peu roussie, car la vieillesse donne des taches de rouille. Il détacha une photo de famille, père, mère et six enfants en tout. Dans un coin, c’était imprimé : 1905. Une famille bretonne.

J’en suis resté baba. L’idée que monsieur Salomon, Esq., s’était fait adopter par une famille bretonne et se penchait parfois sur elle avec amitié était ce que je connaissais de plus triste, comme comique. Il replaça sa famille bretonne dans l’album de ses belles mains qui font plaisir.

Les mains de monsieur Salomon cachent une tragédie.

Quand il avait quatre ans, ses parents avaient pour lui une vocation de virtuose. Il y a encore sur la commode de sa chambre à coucher la photo de monsieur Salomon enfant dans lequel personne n’aurait reconnu le futur roi du pantalon. Sur la photo, il était écrit d’une plume qui ignorait encore le stylo : Le petit Salomon Rubinstein devant son piano à l’âge de quatre ans. Il y avait aussi une personne au buste maternel qui se penchait sur l’enfant avec un sourire heureux. Lorsque monsieur Salomon me traduisit l’inscription, qui était encore en russe, il a ajouté :

— Mes parents comptaient sur moi pour être un wunderkind, ce qui signifie enfant prodige. Le piano jouissait dans le ghetto d’une grande réputation.

Il y avait aussi une photo de monsieur Salomon à sept ans, le pied posé sur une trottinette. C’était dans un autre ghetto, en Pologne, celui-là. Les photos allaient jusqu’à douze et quinze ans, après elles disparaissaient, peut-être parce que les parents de monsieur Salomon s’étaient découragés, ils avaient dû comprendre qu’il n’y avait rien à tirer de lui du point de vue enfant prodige. Ils lui avaient pourtant fait porter des culottes courtes jusqu’à l’âge de vingt ans, dans l’espoir d’en faire un wunderkind. Monsieur Salomon riait beaucoup là-dessus.

— Je me sentais terriblement coupable, me dit-il. À l’âge de quinze ans j’écrivis une lettre à un philatéliste japonais, car je me consolais déjà avec les timbres-poste, pour lui demander de se renseigner auprès des jardiniers japonais qui connaissaient l’art d’arrêter la croissance des plantes. Je voulais à tout prix m’arrêter de grandir pour ne pas décevoir mes parents, en restant dans les limites de taille permises à un enfant prodige. Je passais onze heures par jour au piano. La nuit je me rassurais en me disant que je manquais de précocité et que ça pouvait encore venir. L’espoir dans le ghetto, autrefois, était toujours de chercher le génie de virtuose chez leurs enfants, qui permettait d’en sortir. Le grand Arthur Rubinstein qui avait les traits exigés par les antisémites, s’en était sorti, et il était reçu comme virtuose par les plus grands aristocrates, il a même écrit un livre pour le prouver. Le génie excuse tout.

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