Эмиль Ажар - L'angoisse du roi Salomon

Здесь есть возможность читать онлайн «Эмиль Ажар - L'angoisse du roi Salomon» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Год выпуска: 2013, Издательство: Mercure de France & Atelier Panik éd. numérique, Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

L'angoisse du roi Salomon: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «L'angoisse du roi Salomon»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

L'angoisse du roi Salomon — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «L'angoisse du roi Salomon», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

— Dès qu’un enfant vient au monde, que fait-il ? Il se met à crier. Il crie, il crie. Eh bien, il crie parce que c’est le prêt-à-porter qui commence… Les peines, les joies, la peur, l’anxiété, pour ne pas parler d’angoisse… la vie et la… enfin, tout le reste. Et les consolations, les espoirs, les choses que l’on apprend dans les livres et qu’on appelle philosophies, au pluriel… et qui sont du prêt-à-porter aussi. Quelquefois celui-ci est très vieux, toujours le même, et quelquefois on en invente un nouveau, au goût du jour…

Et puis il m’a mis, comme il le fait souvent, une main sur l’épaule d’un geste éducatif, et il s’est tu pour m’encourager, car, des fois, la pire des choses qui peut arriver aux questions, c’est la réponse.

Quand je parlais des bontés que le roi Salomon dispensait aux personnes oubliées sans joie ni petits plaisirs qu’on avait portées à sa connaissance, Chuck m’expliquait que c’était sa façon d’adresser d’amers reproches à Celui dont les bontés brillaient par leur absence. Il insistait tellement et paraissait tenir tellement à son explication que j’en venais à me demander si Chuck n’avait pas lui-même un problème de ce côté-là. Un problème avec l’absence de roi Salomon, du vrai, celui-là. Il soutenait aussi que c’était chez le patron de S. O. S. l’effet de son angoisse, qu’il cherchait à se faire remarquer de Dieu, comme c’est souvent le cas chez les bons Juifs, et peut-être recevoir en échange quelques années de plus. Chuck dit que les Juifs qui sont restés croyants ont avec Dieu des rapports personnels d’homme à homme, qu’ils discutent souvent avec Dieu et se querellent même avec Lui à voix haute et cherchent à faire avec Lui des affaires, moi je te donne ça et toi tu me donnes ça, je donne aux autres sans compter et tu me prodigues la bonne santé, la longévité et plus tard quelque chose d’encore meilleur. Allez savoir.

Lorsque je venais prendre des nouvelles d’une vieille dame en attente et que je lui remettais, de la part de monsieur Salomon, des fruits, des fleurs, ou un poste radio à prendre la terre entière, cette personne était émue et même parfois effrayée, comme s’il y avait eu une manifestation surnaturelle. Il fallait faire attention de ne pas causer de joies trop fortes et nous avons perdu ainsi monsieur Hippolyte Labile, à qui monsieur Salomon avait fait remettre le titre d’une rente à vie, et qui est mort sous le coup de l’émotion.

IV

Je ne savais toujours pas pourquoi monsieur Salomon m’avait choisi et pourquoi il continuait parfois à m’observer en souriant, comme s’il avait pour moi quelque chose en tête. Il semblait m’avoir pris en amitié et aimait quand je venais le voir sans raison, car avec lui il n’y avait pas de fin à tout ce que je pouvais apprendre. Il faut dire surtout qu’il me rassurait par son exemple, si on pouvait vivre si vieux, je n’avais pas encore du mouron à me faire. Je m’asseyais en face de lui et je me rassurais, pendant qu’il examinait ses timbres-poste.

Je me suis vite aperçu que, bien que très riche, monsieur Salomon était seul au monde. La plupart du temps, je le trouvais assis devant son grand bureau de philatéliste, une loupe dans l’œil, et il regardait les timbres avec plaisir, comme de vrais amis, et aussi les cartes postales qui lui parvenaient du passé et de tous les coins de la terre. Elles ne lui avaient pas été adressées personnellement, car il y en avait qui avaient été mises à la poste au siècle dernier, quand monsieur Salomon existait à peine, mais c’est chez lui qu’elles sont arrivées pour finir. Je l’ai plusieurs fois conduit aux puces et chez les brocanteurs où il les achète et les commerçants lui mettent tout spécialement de côté celles qui sont les plus personnelles et qui ont été écrites avec le plus d’émotion. J’en ai lu quelques-unes par indiscrétion, car monsieur Salomon les cache plutôt, à cause de leur caractère privé. Il y en avait une qui représentait une jeune fille habillée comme au début des temps modernes, avec quatre petits garçons en costumes de matelots et en chapeaux de paille canotiers, qui disait chéri chéri nous pensons à toi jour et nuit reviens vite et surtout couvre-toi bien et mets ta ceinture de flanelle, ta Marie. Et le plus bizarre est que monsieur Salomon a lu cette carte et puis il est allé s’acheter une ceinture de flanelle. Je n’ai rien demandé, j’ai fait celui qui n’a rien remarqué, mais j’en ai eu froid dans le dos comme solitude, rien et personne. C’était une carte de 1914. Je ne sais pas si monsieur Salomon avait mis la ceinture de flanelle à la mémoire de cette Marie ou du mec qu’elle a aimé, ou s’il faisait semblant que c’était à lui qu’elle avait pensé si tendrement, ou s’il faisait ça pour la tendresse tout court. Je ne savais pas que monsieur Salomon ne pouvait pas souffrir l’oubli, les oubliés, les gens qui ont vécu et aimé et qui sont passés sans laisser de traces, qui ont été quelqu’un et qui sont devenus rien et poussière, les ci-devant, comme je sais maintenant qu’il les appelait. C’est contre ça qu’il protestait avec la plus grande tendresse et la plus terrible colère, que l’on appelait courroux chez les personnes bibliques. Parfois, j’avais l’impression que monsieur Salomon voulait y remédier, qu’il voulait prendre les choses en main et changer tout ça. Évidemment, quand on est déjà pas loin de ne plus laisser de trace soi-même, il y a de quoi. Sur le coup, donc, je n’ai pas voulu demander, mais je n’en suis jamais revenu. Et pas seulement ça, mais alors là vous n’allez pas me croire, sauf que je ne suis pas capable d’inventer plus fort que la vie, qui n’a pas à se gêner et à se faire croire. Monsieur Salomon avait trouvé chez Dupin frères, impasse Saint-Barthélemy, une carte postale avec la photo d’une odalisque qu’ils avaient alors en Algérie qui était encore française, et au dos il y avait des mots d’amour je ne peux pas vivre sans toi tu es ce qui me manque le plus au monde je serai à sept heures vendredi sous l’horloge place Blanche, je t’attends de tout mon cœur, ta Fanny. Monsieur Salomon a tout de suite mis cette carte dans sa poche et puis il a regardé l’heure et le jour sur sa montre suisse de grande valeur. Il a froncé les sourcils et il est rentré à la maison. Le vendredi suivant, à six heures trente, il s’est fait conduire place Blanche et il a cherché l’horloge, sauf qu’il n’y en avait pas. Il parut mécontent et il s’est renseigné dans le quartier. On a trouvé une concierge qui se souvenait de l’horloge et de l’endroit. Il est ressorti vite pour ne pas être en retard et à sept heures pile il était à l’emplacement, et là encore je n’ai pas su s’il faisait ça à la mémoire de ces amants disparus ou si c’était pour protester contre le vent biblique qui emporte tout comme des futilités et des poussières. Une chose est sûre, selon Chuck, et là je crois qu’il a raison : c’était un homme qui protestait, c’était un homme qui manifestait. À la fin, je me suis enhardi, et quand il est allé se recueillir et déposer un bouquet de roses rouges devant l’immeuble qui donnait dans sa carte postale avec sapeur-pompier son nom et adresse en 1920, avec de bons baisers et bonheur de se revoir dimanche prochain, je lui ai demandé, quand il est entré dans le taxi :

— Monsieur Salomon, excusez-moi, mais pourquoi faites-vous ça ? Cette môme, il n’y a plus rien qui en reste, alors enfin quoi ?

Il a incliné la tête comme pour dire bien sûr, bien sûr.

— Mon petit Jean, on va bien se recueillir sur les lieux où ont vécu Victor Hugo, Balzac ou Louis XIV, n’est-ce pas ?

— Mais c’étaient des gens très importants, monsieur Salomon. Victor Hugo, c’était quelqu’un. C’est normal qu’on pense à eux et qu’on se recueille avec émotion à leur mémoire. Ils étaient historiques !

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «L'angoisse du roi Salomon»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «L'angoisse du roi Salomon» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «L'angoisse du roi Salomon»

Обсуждение, отзывы о книге «L'angoisse du roi Salomon» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x