Эмиль Ажар - L'angoisse du roi Salomon

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Il a sorti de sa poche intérieure un portefeuille en vraie peau et il m’a tendu une carte sur laquelle était imprimé, à ma surprise : Salomon Rubinstein, Esq., roi du pantalon.

— C’est une de mes anciennes cartes, car je n’exerce plus, dit-il. Mais l’adresse est toujours valable. Venez me voir.

II

Je l’ai vu. L’appartement était boulevard Haussmann sur rue, dans un immeuble qui n’était pas neuf mais faisait encore une bonne impression de solidité. En entrant sans frapper, on se trouvait devant le standard téléphonique de cinq places où les bénévoles de l’association S. O. S. répondaient aux appels. Il y en avait toujours un ou deux en permanence, car il n’y a rien de pire dans les cas de détresse morale que lorsque ça ne répond pas ou sonne occupé. Ils disposaient encore d’une pièce, de café et de sandwichs. Monsieur Salomon était dans le reste de l’appartement avec le plus grand confort. Il n’hésitait pas à payer de sa personne et à se mettre lui-même au standard, surtout au milieu de la nuit, quand l’angoisse est dans sa meilleure forme.

La première fois que je suis venu, ils étaient tous à parler à ceux qui étaient au bout du fil, sauf un, qui venait de terminer, un grand rouquin, avec un visage à lunettes. Il s’appelait Lepelletier quand on s’est connus.

— Vous désirez ?

— Monsieur Salomon Rubinstein, Esq.

— Vous êtes nouveau ?

J’allais lui dire que j’étais taxi et que monsieur Salomon m’avait engagé pour faire des courses, mais il ne m’en a pas laissé le temps.

— C’est assez difficile, vous verrez. Finalement, tout ça se réduit à un excès d’informations sur nous-mêmes. Autrefois, on pouvait s’ignorer. On pouvait garder ses illusions. Aujourd’hui, grâce aux médias, au transistor, à la télévision surtout, le monde est devenu excessivement visible. La plus grande révolution des temps modernes, c’est cette soudaine et aveuglante visibilité du monde. Nous en avons appris plus long sur nous-mêmes, au cours des dernières trente années, qu’au cours des millénaires, et c’est traumatisant. Quand on a fini de se répéter mais ce n’est pas moi, ce sont les nazis, ce sont les Cambodgiens, ce sont les… je ne sais pas, moi, on finit quand même par comprendre que c’est de nous qu’il s’agit. De nous-mêmes, toujours, partout. D’où culpabilité. Je viens de parler à une jeune femme qui m’avait annoncé son intention de s’immoler par le feu pour protester. Elle ne m’a pas dit contre quoi elle voulait protester ainsi. C’est évident, d’ailleurs. Le dégoût. L’impuissance. Le refus. L’angoisse. L’indignation. Nous sommes devenus im-pla-ca-ble-ment visibles à nos propres yeux. Nous avons été brutalement tirés en pleine lumière et ce n’est pas jojo. Ce que je crains, c’est un processus de désensibilisation, pour dépasser la sensibilité par l’endurcissement, ou en la tuant, par le dépassement, comme les Brigades rouges. Le fascisme a toujours été une entreprise de désensibilisation.

— Excusez-moi, je ne suis pas venu pour ça, lui dis-je. Je viens voir monsieur Salomon pour le taxi.

— Par là.

Après ça, je passais à côté du standard sur la pointe des pieds, comme à l’hôpital ou chez les personnes décédées qui commandent le respect et j’allais tout droit chez monsieur Salomon, qui me donnait chaque jour une liste de courses à faire, de cadeaux à porter, car il faisait pleuvoir ses bontés sur tous les cas humains qui lui étaient signalés, contrairement à quelqu’un d’autre que je ne connais pas et ne prends donc pas fait et cause, je ne veux pas offenser les personnes croyantes et d’ailleurs ils ont eu à G 7 un chauffeur qui a été frappé par la foi religieuse dans le seizième, au coin de la rue de l’Yvette et du Docteur Blanche.

III

Monsieur Salomon m’envoyait surtout chez les personnes âgées. Je n’arrivais jamais seul mais avec une grande corbeille de fruits et les compliments de monsieur Salomon, Esq., épinglés à la cellophane. Il avait un magasin de luxe spécial qui le fournissait et c’était toujours des fruits qui ne tenaient pas compte des saisons et venaient des quatre coins du monde pour faire plaisir à une vieille personne seule dans un coin de Paris et qui n’avait jamais imaginé qu’il y avait quelqu’un qui veillait sur elle et lui envoyait des raisins de toute splendeur, des oranges, des bananes et des dattes exotiques, comme dans des temps très anciens, qui se déroulaient alors principalement en Orient.

Mon premier visité, c’était monsieur Geoffroy de Saint-Ardalousier, rue Darne, qui était auteur. Il n’avait encore rien fait imprimer, parce qu’il travaillait à l’ouvrage de sa vie et il devait encore attendre pour aller jusqu’à la fin, il avait plus de soixante-quinze ans mais il voulait que son livre soit complet, et comme il était encore vivant et qu’il lui restait peut-être encore des choses à voir et à sentir, il avait un problème qui n’était pas facile à résoudre, parce que, s’il mourait à l’improviste, l’ouvrage serait incomplet, et s’il l’arrêtait avant, il ne serait pas vraiment terminé puisqu’il y aurait encore un bout de vie qui manquerait. Monsieur Salomon l’encourageait beaucoup à terminer son livre avant, même s’il devait manquer la dernière page. Moi je crois que monsieur de Saint-Ardalousier avait peur de finir. J’allais chaque semaine prendre de ses nouvelles, il n’avait personne et c’était bon pour son moral de sentir qu’il y avait quelqu’un qui s’intéressait à lui, car il était athée. Il ressemblait à Voltaire que j’avais vu à la télé, et il portait une calotte qu’il avait achetée aux enchères à Anatole France, qui était athée aussi. Il était férocement contre la religion et ne parlait que de ça, comme s’il n’y avait rien d’autre.

Il y avait aussi madame Cahen, qui n’avait pas loin de cent ans et que monsieur Salomon entretenait avec espoir, car s’il y avait une chose qui l’intéressait, c’était la longévité. Il y avait encore beaucoup d’autres ci-devant – c’est ainsi que monsieur Salomon appelait les vieilles personnes qui avaient perdu ce qu’elles étaient et ne comptaient plus comme avant. Monsieur Salomon me disait qu’il m’avait choisi parce que j’ai un physique qui dégage ce qu’ils appellent à S. O. S. de « bonnes vibrations », qui se communiquent à ceux qui n’ont pas le moral. Mais à la façon dont il me regardait parfois pensivement, en tapotant, et avec dans ses yeux noirs de petites lueurs ironiques, je commençais à sentir qu’il avait peut-être une autre raison en tête.

J’entrais chez une dame dans son fauteuil d’infirme, je lui disais que je venais de la part de monsieur Salomon, le roi du prêt-à-porter, qui voulait avoir de ses nouvelles et lui faisait demander si elle n’avait besoin de rien. Comme elle ne connaissait monsieur Salomon ni d’Ève ni d’Adam, c’était une surprise doublée de mystère et le mystère ouvre toujours la porte à l’espoir, c’est ce qu’il faut avant tout quand il n’y a rien d’autre. Mais il ne fallait pas en donner trop non plus. J’expliquais que monsieur Salomon n’était que le roi du prêt-à-porter et pas plus, pour ne pas faire croire à des manifestations d’instances supérieures. Monsieur Salomon tenait énormément à l’expression prêt-à-porter, elle avait pour lui un sens qui allait de la naissance à la mortalité. Parfois aussi c’était comme s’il se moquait ainsi de tout ce qu’on pouvait trouver et offrir comme réconfort. Plus tard, quand on s’est mieux connus, je lui ai posé une question à ce sujet, qui sortait du domaine vestimentaire. Il ne m’a pas répondu tout de suite mais s’est promené un peu de long en large sur la moquette vert pâturage de son bureau, et puis il s’est arrêté devant moi avec une expression de bonté un peu triste. L’expression de bonté est toujours un peu triste, car elle sait à quoi elle a affaire.

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