Патрик Модиано - Rue des boutiques obscures

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Elle ne sait rien de cette femme, sauf son prénom : Denise. Elle avait une voiture décapotable. Ce dimanche-là, un homme brun l’accompagnait. Ils étaient allés manger une glace tous les trois et ils avaient fait du canot et le soir, en quittant Versailles pour la ramener à Jouy-en-Josas, ils s’étaient arrêtés devant une fête foraine. Elle était montée avec cette Denise, sa marraine, sur une auto-tamponneuse tandis que l’homme brun les regardait.

Elle aurait voulu en savoir plus long. Comment s’appelaient-ils l’un et l’autre, exactement ? Où vivaient-ils ? Qu’étaient-ils devenus depuis tout ce temps ? Voilà les questions qu’elle se posait tandis que le tramway suivait l’avenue Errazuriz en montant vers le quartier du Cerro Alegre.

XXXIII

Ce soir-là, j’étais assis à l’une des tables du bar-épicerie-dégustations que Hutte m’avait fait connaître et qui se trouvait avenue Niel, juste en face de l’Agence. Un comptoir et des produits exotiques sur les étagères : thés, loukoums, confitures de pétales de roses, harengs de la Baltique. L’endroit était fréquenté par d’anciens jockeys qui échangeaient leurs souvenirs en se montrant des photographies écornées de chevaux depuis longtemps équarris.

Deux hommes, au bar, parlaient à voix basse. L’un d’eux portait un manteau de la couleur des feuilles mortes, qui lui arrivait presque aux chevilles. Il était de petite taille comme la plupart des clients. Il se retourna, sans doute pour regarder l’heure au cadran de l’horloge, au-dessus de la porte d’entrée, et ses yeux tombèrent sur moi.

Son visage devint très pâle. Il me fixait bouche bée, les yeux exorbités.

Il s’approcha lentement de moi, en fronçant les sourcils. Il s’arrêta devant ma table.

— Pedro…

Il palpa l’étoffe de ma veste, à hauteur du biceps.

— Pedro, c’est toi ?

J’hésitais à lui répondre. Il parut décontenancé.

— Excusez-moi, dit-il. Vous n’êtes pas Pedro McEvoy ?

— Si, lui dis-je brusquement. Pourquoi ?

— Pedro, tu… tu ne me reconnais pas ?

— Non.

Il s’assit en face de moi.

— Pedro… Je suis… André Wildmer…

Il était bouleversé. Il me prit la main.

— André Wildmer… Le jockey… Tu ne te souviens pas de moi ?

— Excusez-moi, lui dis-je. J’ai des trous de mémoire. Quand est-ce que nous nous sommes connus ?

— Mais tu sais bien… avec Freddie…

Ce prénom provoqua chez moi une décharge électrique. Un jockey. L’ancien jardinier de Valbreuse m’avait parlé d’un jockey.

— C’est drôle, lui dis-je. Quelqu’un m’a parlé de vous… À Valbreuse…

Ses yeux s’embuaient. L’effet de l’alcool ? Ou l’émotion ?

— Mais voyons, Pedro… Tu ne te souviens pas quand nous allions à Valbreuse avec Freddie ?…

— Pas très bien. Justement, c’est le jardinier de Valbreuse qui m’en a parlé…

— Pedro… mais alors… alors tu es vivant ?

Il me serrait très fort la main. Il me faisait mal.

— Oui. Pourquoi ?

— Tu… tu es à Paris ?

— Oui. Pourquoi ?

Il me regardait, horrifié. Il avait de la peine à croire que j’étais vivant. Que s’était-il donc passé ? J’aurais bien voulu le savoir, mais apparemment, il n’osait pas aborder ce problème de front.

— Moi… j’habite à Giverny… dans l’Oise, me dit-il. Je… je viens très rarement à Paris… Tu veux boire quelque chose, Pedro ?

— Une Marie Brizard, dis-je.

— Eh bien, moi aussi.

Il versa lui-même la liqueur dans nos verres, lentement, et il me donna l’impression de vouloir gagner du temps.

— Pedro… Qu’est-ce qui s’est passé ?

— Quand ?

Il but son verre d’un trait.

— Quand vous avez essayé de passer la frontière suisse avec Denise ?…

Que pouvais-je lui répondre ?

— Vous ne nous avez jamais donné de nouvelles. Freddie s’est beaucoup inquiété…

Il a rempli de nouveau son verre.

— Nous avons cru que vous vous étiez perdus dans cette neige…

— Il ne fallait pas vous inquiéter, lui dis-je.

— Et Denise ?

J’ai haussé les épaules.

— Vous vous souvenez bien de Denise ? ai-je demandé.

— Mais enfin, Pedro, évidemment… Et d’abord pourquoi tu me vouvoies ?

— Excuse-moi, mon vieux, dis-je. Ça ne va pas très fort depuis quelque temps. J’essaie de me souvenir de toute cette époque… Mais c’est tellement brumeux…

— Je comprends. C’est loin, tout ça… Tu te souviens du mariage de Freddie ?

Il souriait.

— Pas très bien.

— À Nice… Quand il s’est marié avec Gay…

— Gay Orlow ?

— Bien sûr, Gay Orlow… Avec qui d’autre se serait-il marié ?

Il n’avait pas l’air content du tout de constater que ce mariage ne m’évoquait plus grand-chose.

— À Nice… Dans l’église russe… Un mariage religieux… Sans mariage civil…

— Quelle église russe ?

— Une petite église russe avec un jardin…

Celle que me décrivait Hutte dans sa lettre ? Il y a parfois de mystérieuses coïncidences.

— Mais bien sûr, lui dis-je… bien sûr… La petite église russe de la rue Longchamp avec le jardin et la bibliothèque paroissiale…

— Alors, tu t’en souviens ? Nous étions quatre témoins… Nous tenions des couronnes au-dessus de la tête de Freddie et de Gay…

— Quatre témoins ?

— Mais oui… toi, moi, le grand-père de Gay…

— Le vieux Giorgiadzé ?…

— C’est ça… Giorgiadzé…

La photo où l’on me voyait en compagnie de Gay Orlow et du vieux Giorgiadzé avait certainement été prise à cette occasion. J’allais la lui montrer.

— Et le quatrième témoin, c’était ton ami Rubirosa…

— Qui ?

— Ton ami Rubirosa… Porfirio… Le diplomate dominicain…

Il souriait au souvenir de ce Porfirio Rubirosa. Un diplomate dominicain. C’était peut-être pour lui que je travaillais dans cette légation.

— Ensuite nous sommes allés chez le vieux Giorgiadzé…

Je nous voyais marcher, vers midi, dans une avenue de Nice, bordée de platanes. Il y avait du soleil.

— Et Denise était là ?

Il a haussé les épaules.

— Bien sûr… Décidément tu ne te rappelles plus rien…

Nous marchions d’un pas nonchalant, tous les sept, le jockey, Denise, moi, Gay Orlow et Freddie, Rubirosa et le vieux Giorgiadzé. Nous portions des costumes blancs.

— Giorgiadzé habitait l’immeuble, au coin du jardin Alsace-Lorraine.

Des palmiers qui montent haut dans le ciel. Et des enfants qui glissent sur un toboggan. La façade blanche de l’immeuble avec ses stores de toile orange. Nos rires dans l’escalier.

— Le soir, pour fêter ce mariage, ton ami Rubirosa nous a emmenés dîner à Éden Roc… Alors, ça y est ? Tu te rappelles ?…

Il souffla, comme s’il venait de fournir un gros effort physique. Il paraissait épuisé d’avoir évoqué cette journée où Freddie et Gay Orlow s’étaient mariés religieusement, cette journée de soleil et d’insouciance, qui avait été sans doute l’un des moments privilégiés de notre jeunesse.

— En sommes, lui dis-je, nous nous connaissons depuis très longtemps, toi et moi…

— Oui… Mais j’ai d’abord connu Freddie… Parce que j’ai été le jockey de son grand-père… Malheureusement, ça n’a pas duré longtemps… Le vieux a tout perdu…

— Et Gay Orlow… Tu sais que…

— Oui, je sais… J’habitais tout près de chez elle… Square des Aliscamps…

Le grand immeuble et les fenêtres d’où Gay Orlow avait certainement une très belle vue sur le champ de courses d’Auteuil. Waldo Blunt, son premier mari, m’avait dit qu’elle s’était tuée parce qu’elle avait peur de vieillir. Je suppose que souvent, elle regardait les courses par sa fenêtre. Chaque jour, et plusieurs fois en un seul après-midi, une dizaine de chevaux s’élancent, filent le long du terrain et viennent se briser contre les obstacles. Et ceux qui les franchissent, on les reverra encore quelques mois et ils disparaîtront avec les autres. Il faut, sans cesse, de nouveaux chevaux, qu’on remplace au fur et à mesure. Et chaque fois le même élan finit par se briser. Un tel spectacle ne peut que provoquer la mélancolie et le découragement et c’était peut-être parce qu’elle vivait en bordure de ce champ de courses que Gay Orlow… J’avais envie de demander à André Wildmer ce qu’il en pensait. Il devait comprendre, lui. Il était jockey.

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J'ai commencé à lire! ça me plait, 15 июля 2024 в 15:27
L a couleur locale est admirable, La tonalité du text
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