Патрик Модиано - Rue des boutiques obscures

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Rue des boutiques obscures: краткое содержание, описание и аннотация

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Ensuite a commencé l’énumération de toutes ses relations mondaines – que la duchesse d’Uzès lui faisait la révérence, qu’il était au mieux avec le duc de Windsor… J’ai senti qu’il y avait et du vrai et du mensonge dans ses récits. Les gens « du monde » devaient se laisser prendre à son « nom », à son sourire, à sa gentillesse glaciale mais réelle.

Pendant la guerre – je pense que c’était en 41-42 –, je me trouvais sur la plage de Juan-les-Pins quand j’ai vu accourir ce nommé « Oleg de Wrédé », comme toujours en forme et riant aux éclats. Il m’a dit qu’il avait été prisonnier et qu’un haut officier allemand s’occupait de lui. Pour le moment, il passait quelques jours chez sa marraine de guerre, Mme Veuve Henri Duvernois. Mais disait-il : « Elle est tellement avare, elle ne me donne pas d’argent. »

Il m’a annoncé qu’il rentrait à Paris, « pour travailler avec les Allemands ». À quoi ? ai-je demandé. « À leur vendre des voitures. »

Je ne l’ai plus revu et ne sais pas ce qu’il est devenu. Voilà, cher monsieur, tout ce que je peux vous dire au sujet de cet individu.

Respectueusement.

E. Kahan.

XXXVII

Maintenant, il suffit de fermer les yeux. Les événements qui précédèrent notre départ à tous pour Megève me reviennent, par bribes, à la mémoire. Ce sont les grandes fenêtres éclairées de l’ancien hôtel de Zaharoff, avenue Hoche, et les phrases décousues de Wildmer, et les noms, comme celui, pourpre et scintillant, de : « Rubirosa », et celui, blafard, d’« Oleg de Wrédé » et d’autres détails impalpables – la voix même de Wildmer, rauque et presque inaudible –, ce sont toutes ces choses qui me servent de fil d’Ariane.

La veille, en fin d’après-midi, je me trouvais justement avenue Hoche, au premier étage de l’ancien hôtel de Zaharoff. Beaucoup de monde. Comme d’habitude, ils ne quittaient pas leurs pardessus. Moi, j’étais en taille. J’ai traversé la pièce principale où j’en ai vu une quinzaine, debout autour des téléphones, et assis sur les fauteuils de cuir à traiter leurs affaires, et je me suis glissé dans un petit bureau dont j’ai refermé la porte derrière moi. L’homme que je devais rencontrer était déjà là. Il m’attira dans un coin de la pièce et nous nous assîmes sur deux fauteuils séparés par une table basse. J’y déposai les louis enveloppés de papier journal. Il me tendit aussitôt plusieurs liasses de billets de banque que je ne pris pas la peine de compter et que je fourrai dans mes poches. Lui, les bijoux ne l’intéressaient pas. Nous quittâmes ensemble le bureau, puis la grande pièce où le brouhaha des conversations et le va-et-vient de tous ces hommes en pardessus avaient quelque chose d’inquiétant. Sur le trottoir, il me donna l’adresse d’une acheteuse éventuelle, pour les bijoux, du côté de la place Malesherbes et me suggéra de lui dire que je venais de sa part. Il neigeait, mais j’ai décidé d’y aller à pied. Nous suivions souvent ce chemin, Denise et moi, au début. Les temps avaient changé. La neige tombait et j’avais peine à reconnaître ce boulevard, avec ses arbres dénudés, les façades noires de ses immeubles. Plus de parfums troènes le long des grilles du parc Monceau, mais une odeur de terre mouillée et de pourriture.

Un rez-de-chaussée, au fond d’une impasse, de celles qu’on nomme « square » ou « villa ». La pièce où elle me reçut n’était pas meublée. Un seul divan, où nous nous assîmes, et le téléphone, sur ce divan. Une femme d’une quarantaine d’années, nerveuse et rousse. Le téléphone sonnait sans cesse et elle n’y répondait pas toujours, et quand elle y répondait, elle notait ce qu’on lui disait sur un agenda. Je lui montrai les bijoux. Je lui cédais le saphir et les deux broches à moitié prix, à condition qu’elle me payât tout de suite en liquide. Elle a accepté.

Dehors, tandis que je marchais vers la station de métro Courcelles, j’ai pensé à ce jeune homme qui était venu dans notre chambre de l’hôtel Castille, quelques mois auparavant. Il avait vendu très vite le clip et les deux bracelets de diamants, et me proposait gentiment de partager le bénéfice. Un homme de cœur. Je m’étais un peu confié à lui en lui parlant de mes projets de départ et même de cette peur qui m’empêchait quelquefois de sortir. Il m’avait dit que nous vivions une drôle d’époque.

Plus tard, je suis allé chercher Denise, square Edouard-VII, dans l’appartement où Van Allen, son ami hollandais, avait installé une maison de couture : elle se trouvait au premier étage d’un immeuble, juste au-dessus du Cintra. Je m’en souviens, parce que nous fréquentions ce bar, Denise et moi, à cause de la salle en sous-sol d’où l’on pouvait s’esquiver par une autre porte que l’entrée principale. Je crois que je connaissais tous les endroits publics, tous les immeubles de Paris qui possédaient de doubles issues.

Il régnait dans cette minuscule maison de couture une agitation semblable à celle de l’avenue Hoche, peut-être encore plus fébrile. Van Allen préparait sa collection d’été et tant d’efforts, tant d’optimisme me frappèrent car je me demandais s’il y aurait encore des étés. Il essayait sur une fille brune une robe d’un tissu léger et blanc, et d’autres mannequins entraient ou sortaient des cabines. Plusieurs personnes conversaient autour d’un bureau de style Louis XV où traînaient des croquis et des pièces de tissu. Denise s’entretenait dans un coin du salon avec une femme blonde d’une cinquantaine d’années et un jeune homme aux cheveux bruns bouclés. Je me suis mêlé à la conversation. Ils panaient, elle et lui, sur la côte d’Azur. On ne s’entendait plus, dans le brouhaha général. Des coupes de champagne circulaient, sans qu’on sût très bien pourquoi.

Nous nous sommes frayé un passage, Denise et moi, jusqu’au vestibule. Van Allen nous accompagnait. Je revois ses yeux bleus très clairs et son sourire quand il a glissé la tête dans l’entrebâillement de la porte et nous a envoyé un baiser, de la main, en nous souhaitant bonne chance.

Nous sommes passés une dernière fois rue Cambacérès, Denise et moi. Nous avions déjà fait nos bagages, une valise et deux sacs de cuir qui attendaient devant la grande table, au bout du salon. Denise a fermé les volets et tiré les rideaux. Elle a recouvert la machine à coudre de son coffret et enlevé le tissu de toile blanche qui était épinglé au buste du mannequin. J’ai pensé aux soirées que nous avions vécues ici. Elle travaillait d’après des patrons que lui donnait Van Allen, ou elle cousait, et moi, allongé sur le canapé, je lisais quelque livre de Mémoires ou l’un de ces romans policiers de la collection du Masque, qu’elle aimait tant. Ces soirées étaient les seuls moments de répit que je connaissais, les seuls moments où je pouvais avoir l’illusion que nous menions une vie sans histoires dans un monde paisible.

J’ai ouvert la valise et glissé les liasses de billets de banque qui gonflaient mes poches à l’intérieur des chandails et des chemises et au fond d’une paire de chaussures. Denise vérifiait le contenu d’un des sacs de voyage pour voir si elle n’avait rien oublié. J’ai suivi le couloir jusqu’à la chambre. Je n’ai pas allumé la lumière et je me suis posté à la fenêtre. La neige tombait toujours. L’agent de police en faction, sur le trottoir d’en face, se tenait à l’intérieur d’une guérite qu’on avait disposée là, quelques jours auparavant, à cause de l’hiver. Un autre agent de police, venant de la place des Saussaies, se dirigeait à pas pressés vers la guérite. Il serrait la main de son collègue, lui tendait une thermos et, chacun à son tour, ils buvaient dans le gobelet.

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J'ai commencé à lire! ça me plait, 15 июля 2024 в 15:27
L a couleur locale est admirable, La tonalité du text
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