Патрик Модиано - Rue des boutiques obscures

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Rue des boutiques obscures: краткое содержание, описание и аннотация

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Presque au bout de l’avenue Hoche, à gauche, avant la place de l’Étoile, les grandes fenêtres du premier étage de l’hôtel particulier qui avait appartenu à sir Basil Zaharoff étaient toujours allumées. Plus tard – ou à la même époque peut-être – je suis souvent monté au premier étage de cet hôtel particulier : des bureaux et toujours beaucoup de monde dans ces bureaux. Des groupes de gens parlaient, d’autres téléphonaient fébrilement. Un va-et-vient perpétuel. Et tous ces gens ne quittaient même pas leur pardessus. Pourquoi certaines choses du passé surgissent-elles avec une précision photographique ?

Nous dînions dans un restaurant basque, du côté de l’avenue Victor-Hugo. Hier soir, j’ai essayé de le retrouver, mais n’y suis pas parvenu. Pourtant, j’ai cherché dans tout le quartier. C’était au coin de deux rues très calmes et, devant, il y avait une terrasse protégée par des bacs de verdure et par la grande toile rouge et vert du store. Beaucoup de monde. J’entends le bourdonnement des conversations, les verres qui tintent, je vois le bar d’acajou à l’intérieur, au-dessus duquel une longue fresque représente un paysage de la côte d’Argent. Et j’ai encore en mémoire certains visages. Le grand type blond et mince chez qui Denise travaillait rue La Boétie et qui venait s’asseoir un instant à notre table. Un brun à moustache, une femme rousse, un autre blond, frisé celui-là, qui riait sans cesse et malheureusement je ne peux pas mettre de nom sur ces visages… Le crâne chauve du barman qui préparait un cocktail dont lui seul avait le secret. Il suffirait de retrouver le nom du cocktail – qui était aussi le nom du restaurant – pour réveiller d’autres souvenirs, mais comment ? Hier soir, en parcourant ces rues, je savais bien qu’elles étaient les mêmes qu’avant et je ne les reconnaissais pas. Les immeubles n’avaient pas changé, ni la largeur des trottoirs, mais à cette époque la lumière était différente et quelque chose d’autre flottait dans l’air…

Nous revenions par le même chemin. Souvent, nous allions au cinéma, dans une salle de quartier, que j’ai retrouvée : le Royal-Villiers, place de Lévis. C’est la place avec les bancs, la colonne Morris et les arbres qui m’ont fait reconnaître l’endroit, beaucoup plus que la façade du cinéma.

Si je me souvenais des films que nous avons vus, je situerais l’époque avec exactitude, mais d’eux, il ne me reste que des images vagues : un traîneau qui glisse dans la neige. Une cabine de paquebot où entre un homme en smoking, des silhouettes qui dansent derrière une porte-fenêtre…

Nous rejoignions la rue de Rome. Hier soir, je l’ai suivie jusqu’au numéro 97 et je crois que j’ai éprouvé le même sentiment d’angoisse qu’en ce temps-là, à voir les grilles, la voie ferrée, et de l’autre côté de celle-ci, la publicité DUBONNET qui recouvre tout le pan de mur d’un des immeubles et dont les couleurs se sont certainement ternies, depuis.

Au 99, l’hôtel de Chicago ne s’appelle plus l’hôtel « de Chicago », mais personne à la réception n’a été capable de me dire à quelle époque il avait changé de nom. Cela n’a aucune importance.

Le 97 est un immeuble très large. Si Scouffi habitait au cinquième, l’appartement de Denise se trouvait au-dessous, au quatrième. Du côté droit ou du côté gauche de l’immeuble ? La façade de celui-ci compte au moins une douzaine de fenêtres à chaque étage, de sorte que ceux-ci se divisent sans doute en deux ou trois appartements. J’ai regardé longuement cette façade dans l’espoir d’y reconnaître un balcon, la forme ou les volets d’une fenêtre. Non, cela ne m’évoquait rien.

L’escalier non plus. La rampe n’est pas celle qui brille de son cuivre dans mon souvenir. Les portes des appartements ne sont pas de bois sombre. Et surtout la lumière de la minuterie n’a pas ce voile d’où émergeait le mystérieux visage de bouledogue de Scouffi. Inutile d’interroger la concierge. Elle se méfierait et puis les concierges changent, comme toutes choses.

Denise habitait-elle encore ici quand Scouffi a été assassiné ? Un événement aussi tragique aurait laissé quelque trace, si nous l’avions vécu à l’étage au-dessous. Aucune trace de cela dans ma mémoire. Denise n’a pas dû rester longtemps au 97, rue de Rome, peut-être quelques mois. Habitais-je avec elle ? Ou bien avais-je un domicile ailleurs dans Paris ?

Je me souviens d’une nuit où nous sommes rentrés très tard. Scouffi était assis sur l’une des marches de l’escalier. Il tenait ses mains croisées autour du pommeau de sa canne et son menton reposait sur ses mains. Les traits de son visage étaient complètement affaissés, son regard de bouledogue empreint d’une expression de détresse. Nous nous sommes arrêtés devant lui. Il ne nous voyait pas. Nous aurions voulu lui parler, l’aider à monter jusqu’à son appartement mais il était aussi immobile qu’un mannequin de cire. La minuterie s’est éteinte et il ne restait plus que la tache blanche et phosphorescente de son costume.

Tout cela, ce devait être au début, quand nous venions de nous connaître, Denise et moi.

XXV

J’ai tourné le commutateur, mais au lieu de quitter le bureau de Hutte, je suis resté quelques secondes dans le noir. Puis j’ai rallumé la lumière, et l’ai éteinte à nouveau. Une troisième fois, j’ai allumé. Et éteint. Cela réveillait quelque chose chez moi : je me suis vu éteindre la lumière d’une pièce qui était de la dimension de celle-ci, à une époque que je ne pourrais pas déterminer. Et ce geste, je le répétais chaque soir, à la même heure.

Le lampadaire de l’avenue Niel fait luire le bois du bureau et du fauteuil de Hutte. En ce temps-là, aussi, je restais quelques instants immobile après avoir éteint la lumière, comme si j’éprouvais de l’appréhension à sortir. Il y avait une bibliothèque vitrée contre le mur du fond, une cheminée en marbre gris surmontée d’une glace, un bureau à nombreux tiroirs et un canapé, près de la fenêtre, où je m’allongeais souvent pour lire. La fenêtre donnait sur une rue silencieuse, bordée d’arbres.

C’était un petit hôtel particulier qui servait de siège à une légation d’Amérique du Sud. Je ne me souviens plus à quel titre je disposais d’un bureau dans cette légation. Un homme et une femme que je voyais à peine occupaient d’autres bureaux à côté du mien et je les entendais taper à la machine.

Je recevais de rares personnes qui me demandaient de leur délivrer des visas. Cela m’est revenu, brusquement, en fouillant la boite de biscuits que m’avait donnée le jardinier de Valbreuse et en examinant le passeport de la république Dominicaine et les photos d’identité. Mais j’agissais pour le compte de quelqu’un que je remplaçais dans ce bureau. Un consul ? Un chargé d’affaires ? Je n’ai pas oublié que je lui téléphonais pour lui demander des instructions. Qui était-ce ?

Et d’abord, où était cette légation ? J’ai arpenté pendant plusieurs jours le XVIe arrondissement, car la rue silencieuse bordée d’arbres que je revoyais dans mon souvenir correspondait aux rues de ce quartier. J’étais comme le sourcier qui guette la moindre oscillation de son pendule. Je me postais au début de chaque rue, espérant que les arbres, les immeubles, me causeraient un coup au cœur. J’ai cru le sentir au carrefour de la rue Molitor et de la rue Mirabeau et j’ai eu brusquement la certitude que chaque soir, à la sortie de la légation, j’étais dans ces parages.

Il faisait nuit. En suivant le couloir qui menait à l’escalier, j’entendais le bruit de la machine à écrire et je passais la tête dans l’entrebâillement de la porte. L’homme était déjà parti et elle restait seule devant sa machine à écrire. Je lui disais bonsoir. Elle s’arrêtait de taper et se retournait. Une jolie brune dont je me rappelle le visage tropical. Elle me disait quelque chose en espagnol, me souriait et reprenait son travail. Après être demeuré un instant dans le vestibule, je me décidais enfin à sortir.

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J'ai commencé à lire! ça me plait, 15 июля 2024 в 15:27
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