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GAVALDA Anna: Billie

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GAVALDA Anna Billie

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Un jour, en cours d’histoire-géo, le prof, M. Dumont, m’a renseignée sans le savoir sur ma vie. Le quart monde, il a dit. Il en a parlé comme ça, comme de l’exportation des richesses ou de l’ensablement du mont Saint-Michel, mais moi, je me souviens, j’avais rougi de honte. Je ne savais pas qu’il existait dans le dictionnaire un mot inventé exprès pour désigner le gourbi où je vivais… Parce que je suis bien placée pour le savoir, que ce genre de sous-monde, y se voit pas forcément à l’œil nu. La preuve, les assistantes sociales sont jamais venues… Si t’as pas de marques et si tu vas à l’école tous les jours, la protection de l’enfance, tu lui passes au travers à l’aise et ma belle-mère, je dis pas qu’elle faisait bourgeoise en apparence, mais vraiment, les gens la considéraient quand elle allait au supermarché, ils lui disaient bonjour et les enfants ça va et tout ça.

J’ai jamais su où elle achetait son mazout…

Y en a, c’est la petite souris ou les rennes du père Noël, mais moi, le grand mystère de mon enfance, ça restera ça : ces putains de bouteilles vides, mais d’ est-ce qu’elles venaient ? D’où ?

Le grand, grand mystère…

*

C’est pas l’école de la République qui m’a sortie de là. C’est pas les instits, c’est pas les profs, c’est pas la gentille mademoiselle Gisèle qui nous a préparés pour la communion ni les parents d’élèves toujours en état de choc avec le poids des cartables ou ceux, bien évolués, de mes gentilles petites copines qui écoutaient France Inter et qui lisaient des livres et tout ça, non, c’est lui… (et je le pointais du doigt dans la nuit) c’est Franck Muller.

Oui, lui, là… Cette fiotte de Franck Mumu, qui avait six mois et quinze centimètres de moins que moi, qui perdait l’équilibre à chaque fois qu’on lui donnait une tape sur l’épaule et qui se faisait tout le temps emmerder à l’arrêt des cars. C’est lui qui m’a sauvée…

Lui tout seul.

Franchement, j’en veux à personne, et même là, vous voyez, je vous raconte tout ça et ça va, j’y arrive. C’est loin. C’est tellement loin que c’est même plus vraiment moi, en fait…

Bon, j’avoue, j’ai toujours un petit flash d’angoisse avec les papiers à remplir. Nom des parents, lieu de naissance, tout ça, direct, j’ai le bide qui me lâche, mais ça va, ça passe. Ça passe vite.

Le seul truc, c’est que je ne veux jamais les revoir. Jamais, jamais, jamais… Jamais je ne retournerai là-bas, jamais. À aucun mariage, à aucun enterrement, à rien. D’ailleurs, quand je croise une plaque d’immatriculation qui porte les chiffres de ce département, hop, direct je cherche autre chose du regard pour me remettre à flot.

À une époque – et comme je ne pense pas que j’aurai le temps de vous le raconter cette nuit, je récapitule –, à une époque où je n’arrêtais pas de planter, où mon enfance revenait trop souvent me tabasser par surprise et où j’avais tendance, moi aussi, à bien lever le coude soi-disant pour m’en protéger, j’ai obéi à Franck : j’ai fait reset de force.

J’ai complètement bazardé mon disque dur pour pouvoir me redémarrer en mode sans échec.

Ça a été long et je crois que j’y suis arrivée, mais tout ce que je demande en échange, c’est de ne plus jamais les revoir.

Plus jamais.

Même morts. Même carbonisés. Même en charpie dans un fossé.

Et même là, vous voyez… je vais être honnête pour une fois… Si vous me disiez : OK, je t’envoie deux brancardiers, un jambon-beurre et un pack de San Pellegrino mais en échange, tu fais un petit coucou de la main à ta belle-mère ou à n’importe laquelle de ces raclures, eh ben, je vous dirais non.

Non.

Je vous répondrais non et je trouverais une autre solution que vous pour nous sortir d’ici.

*

Donc, voilà, on fréquentait le même collège d’une petite ville de même pas 3 000 habitants dans une région rurale comme ils disent. Mais « rurale », c’est encore trop joli comme mot. On y voit des collines et des ruisseaux. Le village d’où je viens, la région où j’ai grandi, elle n’avait pas grand-chose de rural. C’était, c’est toujours, un bout de la France qui n’est plus irrigué par rien depuis trop longtemps et qui se gangrène à force.

Oui, qui se putréfie… Qui n’en finit pas de crever… Un pays où les bonnes gens boivent trop, fument trop, croient trop en La Française des jeux et passent trop leur misère sur leur famille et leurs animaux.

Un monde où tout le monde se suicide comme ça : à feu doux et en entraînant les plus faibles derrière eux…

À les entendre, le malaise des jeunes, c’est toujours dans les banlieues que ça se passe, mais à la campagne, ma bonne dame, c’est pas facile tous les jours, vous savez !

Nous, pour brûler des voitures, y faudrait déjà qu’on en voie passer une !

La campagne, quand t’es pas comme tout le monde, c’est encore pire que l’indifférence.

Bien sûr, y aura toujours des genres de touristes, que ce soit de la politique, de trucs associatifs, du bon manger bio ou de je ne sais quoi d’autre de gentiment mytho pour vous dire que j’exagère, mais je les connais, ces gens-là… Oui, je les connais… C’est comme ceux des services sociaux : au bout du compte, y ne voient bien que ce qu’on veut bien leur montrer…

Et je les comprends.

Je les comprends parce que je suis devenue comme eux, moi aussi.

À chaque fois que je vais ou que je reviens de Rungis, c’est-à-dire au moins quatre fois par semaine, je sais exactement où je dois me concentrer sur la route. Oui, y a deux moments précis où je suis à fond sur les bandes blanches et où je fais vraiment super gaffe à mes distances de sécurité. Et vous savez pourquoi ? Parce qu’à ces deux endroits-là, entre Paris et Orly disons, y a deux petits tas de détritus sur le bas-côté. Au ras du bitume.

Bon, c’est vrai, c’est moche, mais le problème, c’est que c’est pas vraiment des décharges en fait… Non, c’est des maisons. C’est des chambres à coucher de petites filles qui sont toujours sur la défensive…

Allez, accélérons. Comme je le disais plus haut : à chacun ses encombrants. Moi, j’ai tellement écopé que je suis devenue un monstre d’égoïsme et mon égoïsme, c’est ce que j’ai de mieux à offrir aux petites Billie de l’autoroute A6.

Matez, les puces, matez-moi bien dans ma vieille estafette toute bignée et remplie de fleurs, je suis la preuve qu’on arrive à ne plus en mourir un jour…

картинка 5

Oui, on s’était repérés, mais on s’évitait depuis toutes ces années parce qu’on était les pestiférés du collège Jacques-Prévert.

Moi parce que j’étais des Morilles (c’est pas le nom d’un bled ou d’un coin à champignons, c’est… je ne sais pas… je n’ai jamais su en fait… une casse… un genre de zone artisanale… un genre de déchèterie où rien n’est trié… tout le monde dit « les Gitans » mais c’était pas des Gitans, c’était juste la famille de ma belle-mère… son père, ses oncles, ses demi-sœurs, mes demi-frères et tout ça… ceux des Morilles, quoi…) et que je me tapais presque deux kilomètres de marche à pied tous les matins et tous les soirs pour aller à un autre arrêt que le mien, le plus loin possible de leur bordel et de mon Home Sweet Mobile-home de peur que les autres gamins ne me laissent plus m’asseoir à côté d’eux dans le car, et lui parce qu’il était trop différent du reste du monde…

Parce qu’il n’aimait pas les filles mais qu’il n’aimait qu’elles, parce qu’il était bon en dessin et nul en sport, parce qu’il était maigrichon et allergique à tout et n’importe quoi, parce qu’il traînait toujours tout seul et complètement barré dans son caisson à rêves et parce qu’il attendait de passer en dernier à la cantine pour éviter le bruit et les bousculades devant les tourniquets.

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