Jean-Claude Mourlevat - Terrienne

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Terrienne: краткое содержание, описание и аннотация

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Elle la prit à bras-le-corps, l’obligea à se lever, à se chausser, et l’entraîna avec elle dans le salon.

– Bran, viens, toi aussi ! Vite !

Rien ni personne ne pouvait plus la freiner. Bran se sentit aussi impuissant à la raisonner qu’à Estrellas quand elle s’était jetée volontairement dans les griffes des gardes. Mais il se dit qu’elle avait eu raison là-bas, qu’elle aurait donc peut-être raison ici, qu’il y avait en elle une force et une certitude particulières dans ces moments-là, qu’on ne pouvait pas lutter contre elle. Il rassembla les quelques objets qui lui appartenaient et les fourra dans les poches de sa tunique.

Mme Stormiwell assista, désemparée, à la tornade de leur départ. À peine réussit-elle à répéter plusieurs fois :

– C’est Terrafest. Vous passerez inaperçus…

Mais Anne l’écoutait à peine. Elle l’étreignit avec fougue, presque violemment.

– Adieu, madame Stormiwell.

Elle embrassa aussi Ferlendur qui se laissa faire, un peu gauche, ses cheveux plus en rond que jamais sur son large front.

– Adieu, monsieur Ferlendur.

Quelques secondes plus tard, ils étaient dans l’ascenseur qui, ne les connaissant pas, se tut. Tous les deux soutenaient Gabrielle, tassée entre eux comme un animal blessé.

– C’est quoi, Terrafest ? demanda Anne, tandis qu’ils descendaient,

– C’est une fête annuelle, expliqua Bran. La seule. C’est comme Halloween sur Terre. Sauf qu’ici, les monstres, c’est vous. Les gens se déguisent, se salissent et font du bruit. Ils vous imitent, quoi…

– Ah, bon, je suis sale et je fais du bruit ?

Elle n’avait pas l’air de plaisanter. Elle était surtout furieuse qu’ils ne soient pas partis la veille, comme elle l’aurait voulu. Mais le moment n’était pas à la querelle.

L’ascenseur s’arrêta au deuxième étage et la porte s’ouvrit pour laisser monter deux jeunes filles d’une quinzaine d’années. La première s’était barbouillé le visage de traînées terreuses et elle tenait contre son ventre un tambour et ses baguettes. L’autre arborait une perruque ébouriffée surmontée d’un petit chapeau rond. Les deux avaient glissé sous leur veste un rembourrage de tissu qui leur faisait des faux seins trop volumineux pour leur corpulence. Elles jetèrent à peine un regard aux deux Terriennes, jugeant sans doute leur propre déguisement bien supérieur. Le sérieux de leur expression n’allait pas avec leur tenue excentrique. Elles ne cliquetaient même pas. Elles ne semblaient pas s’amuser.

Ils marchèrent en direction de la station de bus.

– Vite ! Vite ! ne cessait de répéter Anne.

Elle prit tout de même le temps de s’arrêter, de se retourner. Au septième étage de la tour, derrière la baie, deux silhouettes se tenaient immobiles. Elle agita la main. Là-haut, les mains s’agitèrent aussi. Elle n’avait jamais aimé les adieux, préférant les expédier, surtout quand ils faisaient mal, mais ces adieux-là méritaient mieux. Est-ce qu’elle avait seulement dit merci ? Elle ne s’en souvenait pas. Il lui sembla que non et les larmes lui vinrent aux yeux. « Je suis nulle… Adieu, madame Stormiwell, adieu, ma bonne fée, sans vous je serais morte. » Ils marchèrent. Elle se retourna encore. Les deux silhouettes avaient disparu. La baie n’était plus qu’un carré vide parmi les autres.

La plupart des passagers du bus étaient déguisés pour Terrafest, des enfants et des adultes mélangés. Certains tapotaient leur tambour comme s’ils avaient eu peur de le crever, d’autres faisaient tourner leur crécelle, sans entrain. Selon l’idée qu’ils se faisaient de la Terre et des Terriens, ils arboraient des vêtements déchirés et salis, des perruques grotesques, des cicatrices ou des boutons peints sur le visage et les bras. Certains cachaient même dans leurs mains des petites poches d’air qu’ils actionnaient près de leur bouche pour simuler la respiration. L’un d’eux, un adolescent assis près de Gabrielle, en faisait sa spécialité. Il projeta de l’air vers elle, à plusieurs reprises, en ouvrant la bouche comme un poisson hors de l’eau. Elle le supporta un moment puis, quand elle en eut assez, elle se tourna vers lui et lui souffla dessus, avec énergie : fffouh ! laissant le garçon médusé.

– Arrête ! la gronda Anne.

– Je m’en fous ! riposta Gabrielle.

Ils descendirent à proximité de l’hôtel Légende. De là, il restait moins d’un kilomètre à parcourir avant le passage. À condition qu’il y ait encore un passage…

La fête mettait un peu d’animation dans les rues, mais l’ambiance demeurait pitoyable. Les tambours poussifs, les crécelles fatiguées, la mine maussade des gens malgré leurs déguisements, les grands espaces vides entre eux, tout cela engendrait davantage de mélancolie que de gaieté. C’était le début d’une fête et cela ressemblait à la fin.

– Si jamais on s’en sort, marmonna Anne, je jure de ne plus jamais rater les journées de la Fourme, à Montbrison. C’est quand même autre chose…

– Qu’est-ce que tu dis ? demanda Bran.

– Je dis qu’il faut qu’on accélère.

Elle se demandait de quelle façon le passage serait fermé, s’il l’était. Est-ce qu’il n’y aurait tout simplement… plus rien. C’est-à-dire plus que la rue normale de la ville normale qui continuerait normalement ? En ce cas, elle s’apprêtait à vivre un moment d’absolu désespoir.

– Bran, comment peuvent-ils s’y prendre pour fermer le passage ? Est-ce que tu le sais ?

– Non. Je suppose qu’il faudrait procéder à des manipulations mentales sur tous les initiés, sur tous ceux qui sont déjà passés, sur toi, sur moi. Ou bien nous éliminer tous, afin que le lien soit rompu et qu’on ne puisse ni passer, ni appeler quelqu’un qui passerait à son tour. Ça me semble impossible. Je crois plutôt qu’ils vont essayer de brouiller la zone où se situe le passage.

– La brouiller comment ?

– Je ne sais pas. La détraquer. Empêcher que nos corps s’y glissent.

Elle ne répondit pas. Cela la dépassait. Elle reconnut le panneau « Hôtel Légende 500 mètres » qu’elle avait vu la première fois, un siècle plus tôt. Ils obliquèrent vers la gauche. La rue lui parut inchangée et cela la rassura un peu. Quelques centaines de mètres encore et ce serait peut-être le passage, ce rapide et délicieux glissement vers le petit jour, vers la Terre… Elle serra le bras de Gabrielle dont la tête tombait vers l’avant et dont le pas devenait de plus en plus incertain.

– On y est bientôt. Courage.

Ils marchèrent entre les immeubles de verre et de métal. Les piétons se firent rares puis disparurent tout à fait. Seuls quelques bus aériens circulaient encore au ralenti au-dessus de la chaussée noire et lisse. Plus loin, les immeubles laissèrent la place à des maisons individuelles, toutes semblables et dans lesquelles la vie était absente. Enfin, il n’y eut plus rien. Plus rien qu’eux qui marchaient, se tenant par le bras, dans cette rue vide, déshumanisée, presque abstraite.

– C’est là ! dit Anne qui était déjà passée deux fois dans ce sens. C’est là, après cette maison !

– Oui, approuva Bran. Je me souviens.

Inconsciemment, ils pressèrent encore le pas, jusqu’à courir. Gabrielle, entre eux, se plaignit :

– Pas si vite. J’ai mal.

Ils ne l’écoutèrent pas. Tous deux étaient pris de la même rage.

La Terre était proche. Anne la pressentait sur sa peau, dans ses yeux, ses narines. Elle la désirait si intensément qu’elle éprouvait déjà la sensation de l’air sur son visage, qu’elle percevait l’odeur de l’herbe, celle de l’asphalte, le bruissement d’un ruisseau, le chant d’une mésange, la pétarade d’un moteur, tout ce qui faisait l’épaisseur de la vie terrestre et son inépuisable fantaisie. Mais plus elle progressait et plus elle comprenait que tout cela n’existait que dans son cerveau affolé, dans ses souvenirs. En réalité, la rue se poursuivait à l’identique. Ils revirent même quelques passants déguisés en Terriens, un bus aérien, une mobile. Comme si le passage espéré se dérobait devant eux. Comme si la promesse de Terre, la Terre promise, s’éloignait.

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