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Jean-Claude Mourlevat: Terrienne

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Jean-Claude Mourlevat Terrienne

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L’idée de rester à jamais prisonnière de ce côté-ci lui donna un haut-le-cœur. C’était pire qu’une condamnation à mort, c’était une condamnation à vie. Elle se retint de hurler.

– Doucement ! dit soudain Bran, et il cessa de courir, au grand soulagement de Gabrielle qui titubait, hors d’haleine. Doucement !

– Non ! protesta Anne. Il faut continuer !

Mais cette fois, la conviction était du côté de Bran.

– Inutile de courir, reprit-il. Ça ne sert à rien. Le passage est dans nos têtes…

Anne mit quelques secondes à comprendre ce qu’il voulait dire par là, puis elle sut qu’il avait raison. Leur salut ne dépendait pas des mètres parcourus ni des quelques secondes perdues ou gagnées. Leur course ne servirait à rien qu’à les épuiser. Ferlendur l’avait bien dit, la frontière à franchir n’était pas matérielle.

Elle se rappela s’être évanouie, une fois. Elle avait douze ans peut-être et elle était tombée sur le dos, dans le gymnase du collège. Le choc lui avait fait perdre souffle et conscience, et en revenant à elle, elle avait perçu la présence des gens qui s’affairaient autour d’elle : le professeur de sport, ses amies, l’infirmière. Cela résonnait comme lorsqu’on est sous l’eau. Pendant quelques courtes secondes, elle s’était sentie flotter à égale distance entre deux mondes, celui impalpable et vide où elle venait de sombrer, et l’autre, bruyant et coloré, d’où l’appelaient des voix familières. Elle s’était tenue en équilibre entre les deux, prête à basculer d’un côté ou de l’autre, et libre de choisir celui qu’elle voulait rejoindre. C’était la même chose à présent. Mais suffisait-il de vouloir ?

Au lieu de s’entêter à marcher vers cet inaccessible mirage de la Terre, ils s’arrêtèrent tout à fait et se resserrèrent en un bloc compact, tournant le dos à ce qui les entourait, leurs trois fronts réunis. Ils fermèrent les yeux, ramenés à eux-mêmes, et restèrent ainsi. Peu à peu, ils reprirent leur souffle.

C’est alors que Gabrielle, tout en continuant à gémir, se mit à fredonner. Sa voix était faible, presque brisée. Son chant se confondait avec sa plainte, mais Anne y distingua un mot :

– la feuille…

Puis un autre :

– d’automne…

– emportée par le vent…, continua-t-elle.

– en ronde monotone…, reprit Gabrielle.

– tombe en tourbillonnant…, dirent-elles toutes les deux.

Une chanson de vieux aurait dit Anne autrefois. Une comptine de leur mère, qui la tenait elle-même de sa grand-mère sans doute, mais, en cet instant et en ce lieu, elle en fut bouleversée. Toutes deux continuèrent :

– colchiques dans les prés…

– fleurissent… fleurissent…

– colchiques dans les prés…

– c’est la fin de l’été…, acheva Bran, mêlant sa voix aux leurs.

Décidément, il la stupéfiait. Elle eut cette pensée fugitive : « Si nous nous en sortons, je l’inscrirai de force à Qui veut gagner des millions et il fera notre fortune. » Les strophes suivantes vinrent facilement. Ils les murmurèrent dans le petit espace brûlant que délimitaient leurs trois visages, leurs trois bouches :

– châtaignes dans les bois…

– se fendent se fendent…

– châtaignes dans les bois…

– se fendent sous les pas…

C’était comme une prière.

– nuages dans le ciel…

– s’étirent s’étirent…

– nuages dans le ciel…

– s’étirent comme une aile…, conclut Anne et elle ouvrit les yeux.

Elle vit alors que les deux décors se superposaient à présent. Celui d’ici et celui de là-bas. Comme si on avait projeté sur un écran démesuré et en trois dimensions les images de deux films à la fois, chacun prenant le dessus à tour de rôle. S’y enchevêtraient les façades rectilignes des immeubles d’ici et les rangées vertes des peupliers de là-bas, le ciel mort d’ici et celui tourmenté de là-bas, la chaussée lisse d’ici et la prairie de là-bas, le silence d’ici et les bruissements de là-bas. Elle se savait au cœur d’un combat dont l’issue déterminerait tout ce qui lui restait à vivre.

Puis elle vit le fossé.

À moins de six mètres d’elle. Un simple fossé. Le fossé ordinaire d’un bord de petite route ordinaire. Profond de trente centimètres environ et au fond duquel stagnait un peu d’eau boueuse. Son image était franche et bien définie. Il était fait de terre et d’herbes hautes surmontées d’une espèce de petite barbe. Il avait la consistance de la réalité, ses couleurs, son odeur… Elle eut la certitude qu’il n’était pas une illusion, qu’elle pourrait le toucher. Bran aussi l’avait vu. Ils se consultèrent du regard puis, d’une même impulsion, ils saisirent Gabrielle par le bras et s’élancèrent.

La distance était plus grande qu’ils ne l’avaient pensé. Le fossé se déroba devant eux, cédant la place à la dure chaussée. Puis réapparut. Puis s’éloigna. Tantôt il se dissipait, tantôt il reprenait de la consistance. Tantôt il était proche, tantôt il était inaccessible. C’était un jeu insupportable.

– Non ! hurla Anne. C’est pas vrai !

Ils coururent pour leur vie. Ils y étaient presque lorsque, derrière eux, l’espace se déchira en un prodigieux grincement. L’air vibra, se tordit. Quelque chose qu’ils ne virent pas essaya de les rattraper, une mâchoire peut-être qui tentait de les mordre, une gigantesque bouche, ou bien des bras.

Ou bien l’enfer.

Le passage se fermait.

Ils plongèrent dans le fossé comme on plonge dans la mer.

6

Des pains

au chocolat

Je suis liée à Gabrielle comme à une siamoise. Je l’emporte, je l’arrache à l’épouvante. Bran est de l’autre côté et il met dans sa course la même frénésie que moi. Gabrielle, entre nous, décolle. Nous nous jetons tête la première dans le fossé. Je devrais détester ça, mais je le fais pourtant.

Me voici vautrée dans l’herbe haute et trempée de rosée. J’ai envie de l’arracher avec les dents, de la manger. Sa fraîcheur me ressuscite. Ma tête clapote dans l’eau boueuse. Je pourrais en boire.

Je suis de retour sur Terre et je n’arrive pas à y croire.

Les sensations déferlent. Des oiseaux piaillent, chantent, sifflent à tue-tête dans les arbres voisins, les fourrés, les taillis. Merci les oiseaux. Merci de votre accueil ! Je jure d’apprendre tous vos noms et de vous reconnaître à l’avenir, mésanges, pinsons, martins-pêcheurs. Je jure de ne plus jamais vous appeler « les oiseaux » en général. Et vous aussi, les arbres…

Je rampe hors du fossé. Je me lève. Un vent léger caresse mes joues. Le ciel est habité de longs nuages paresseux. Tout me semble épais, gorgé de vie. La rouille d’une vieille plaque métallique clouée sur le bois d’une cabane enchante mes yeux. Dessus il est écrit : « Jean-Paul Chalard Mécanicien Réparations en tous genres ». Autrefois, je l’aurais ignorée. Là, elle me ferait presque pleurer d’attendrissement. Oh, Jean-Paul Chalard, je ne te connais pas, mais je jure de t’apporter jusqu’à ma mort tout ce qui doit être réparé chez moi : mes voitures, mes ordis, mes grille-pain et même mon cœur en cas de chagrin.

Bran extirpe Gabrielle du fossé. Elle regarde autour d’elle, hagarde. Elle est passée sur cette route un an plus tôt, au côté de Jens. C’était le petit jour. Elle revient au petit jour aussi, mais elle n’est plus la même personne. Nous la prenons entre nous et nous marchons en direction de la départementale 8. Nous arrivons au croisement, « Campagne 3,5 ». Le panneau est toujours là. Jusqu’à quand ? Sans doute disparaîtra-t-il dès que nous aurons quitté cet endroit. Je pense à M. Virgil qui m’a déposée deux fois ici et qui maintenant… Je donnerais mes jambes pour qu’il soit avec nous.

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