André Maurois - Nouvelles

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В предлагаемый вниманию читателей сборник вошли известные новеллы знаменитого французского писателя Андре Моруа. Неадаптированный текст новелл снабжен комментариями и словарем.
Для учащихся старших классов языковых школ, студентов младших курсов языковых вузов и всех любителей современной французской литературы.

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Et pourtant comme vous l’aviez marqué! Depuis votre séparation, Jérôme n’a plus rien fait que récrire chaque année, près de moi, l’histoire de cette rupture. Vous étiez son unique héroïne, le personnage central de tous ses livres. Dans tous, sous des prénoms divers, je retrouvais votre coiffure de page florentin, la dignité de vos gestes, votre ardeur agressive, votre pureté dédaigneuse, et le dur éclat de vos yeux. Jamais il n’a su peindre mes sentiments, ni mes traits. Plusieurs fois il l’a essayé, pour me faire plaisir. Ah! si vous saviez comme j’ai souffert en voyant chaque fois ce personnage, qu’il modelait devant moi, évoluer malgré le sculpteur vers une femme qui vous ressemblait. Un de ces contes porte mon nom, Nadine, mais la vierge sage, inaccessible, qui en est l’héroïne, comment ne pas voir que c’est encore vous? Que de fois j’ai pleuré en copiant les chapitres où vous tenez tantôt le rôle de la fiancée mystérieuse, tantôt celui de l’épouse infidèle et adorée, tantôt celui de l’adversaire odieuse, injuste, et pourtant désirée.

Oui, depuis que vous l’avez quitté, il a vécu sur les souvenirs, sur les mauvais souvenirs que vous lui aviez laissés. J’avais essayé, moi, de lui faire une vie tranquille, saine, toute consacrée au travail. Je me demande aujourd’hui si j’ai eu raison. Peut-être un grand artiste a-t-il besoin de souffrir. Peut-être la monotonie est-elle pour lui un mal pire que la jalousie, que la haine, que la douleur. C’est un fait qu’au temps où vous étiez sa femme, Jérôme a écrit les plus humains de ses livres; c’est un fait que privé de vous, il a remâché sans fin les derniers mois de votre vie commune. La cruauté même de la lettre que j’ai sous les yeux ne l’avait pas guéri. Il a passé ses dernières années à essayer d’y répondre, dans son cœur et par ses ouvrages. Son dernier livre, inachevé, dont j’ai ici le manuscrit, est une sorte d’implacable confession où il se déchire en s’excusant. Ah! que je vous ai envié, Madame, cet affreux pouvoir de l’inquiéter que vous donnait votre froideur!

Pourquoi vous dis-je aujourd’hui ces choses? Parce que j’avais depuis longtemps besoin de les dire. Parce que vous êtes, me semble-t-il, la seule qui puisse les comprendre, et aussi parce que cette sincérité va, j’espère, m’aider à obtenir de vous une faveur. Vous savez que depuis la mort de Jérôme, on a beaucoup écrit sur lui. Je ne trouve pas que ce qui a été dit de son œuvre soit très exact, ni très profond, mais là-dessus je me garderai d’intervenir. Les critiques ont le droit de se tromper: la postérité jugera, et je crois que l’œuvre de Jérôme est de celles qui survivront. Mais je ne puis garder le même calme quand les biographes, eux, déforment sa figure et ma vie. Les détails de l’existence de Jérôme, les traits intimes de son caractère, vous seule et moi, Madame, les avons bien connus. Après avoir longtemps hésité, j’ai pensé que c’était mon devoir, avant de disparaître, que de fixer ces souvenirs.

Je vais donc écrire un livre sur Jérôme. Oh! je sais bien que je n’ai pas de talent. Mais c’est ici la matière, non la forme, qui importe. Au moins laisserai-je un témoignage; peut-être un jour quelque biographe de génie s’en servira-t-il pour un portrait définitif. Je m’efforce, depuis quelques mois, de réunir tous les documents qui me seront nécessaires. Sur une période cependant, j’ai fort peu de matériaux; c’est celle de vos fiançailles et de votre mariage. J’ai cru que ce serait un geste hardi, peu conventionnel, mais honnête et loyal, que de venir tout droit à vous et de vous demander votre appui. Je ne l’aurais probablement pas osé si je n’avais éprouvé à votre égard cette étrange, mais réelle sympathie, dont je vous parlais en commençant. Il me semble que, sans vous avoir jamais vue, je vous connais mieux que personne. Un instinct me dit que j’ai raison de vous traiter avec cette confiance presque téméraire. Ecrivez-moi, je vous prie, où et quand je pourrai vous rencontrer pour vous expliquer mes projets. J’imagine qu’il vous faudra un peu de temps pour retrouver et classer, si vous les avez conservés, des papiers déjà anciens, mais de toute manière j’aimerais à avoir, le plus tôt possible, une conversation avec vous. Je voudrais vous dire comment je conçois ce livre. Vous verrez alors que vous n’avez pas à craindre de ma part un traitement sévère, ni même partial. Bien au contraire je mettrai, je vous le promets, toute ma coquetterie à vous rendre justice [76] je mettrai… toute ma coquetterie à vous rendre justice — je tâcherai de vous rendre justice, car ma coquetterie de femme est flattée d’avoir eu une rivale digne d’être aimée. . Naturellement je sais que vous avez refait votre vie, et j’aurai grand soin de ne rien citer, ni conter, qui puisse aujourd’hui vous embarrasser. Je vous remercie à l’avance de ce que vous ferez, j’en suis certaine, pour rendre ma tâche plus facile.

Nadine Jérôme-Vence.

P.-S. — Je vais, cet été, me rendre à Uriage [77] Uriage — petite ville au Sud-Est de la France, près de Grenoble. où Jérôme vous fut présenté, pour mieux décrire, en le peignant d’après nature, le décor de sa rencontre avec vous, sur la terrasse de l’Hôtel Stendhal. Il me serait utile aussi de visiter la propriété de vos parents.

2 eP.-S. — Je suis mal renseignée sur la liaison de Jérôme avec M mede Verniez. En savez-vous plus que moi? Il parlait sans cesse de vous mais, sur cette aventure de jeunesse, fut toujours discret, fermé, réticent. Est-il exact que M mede V. l’ai rejoint à Modane [78] Modane — ville de France, près de l’Italie. en 1907 et ait fait avec lui tout le voyage d’Italie?

La grand-mère paternelle de Jérôme s’appelait-elle Hortense, ou Mélanie?

IV
Thérèse à Nadine

Evreux, le 4 février 1937.

Madame,

A mon bien vif regret, je ne puis vous être d’aucun secours. J’ai en effet décidé de publier moi-même une Vie de Jérôme Vence. Sans doute vous êtes sa veuve, vous portez son nom et, pour cette raison, un court volume de souvenirs signé de vous sera bien accueilli. Mais entre nous la franchise s’impose; avouons donc, Madame, que vous avez fort peu connu Jérôme. Vous l’avez épousé en un temps où déjà il était illustre et où sa vie publique débordait sur sa vie privée. J’ai assisté, moi, à la formation de l’écrivain et à la naissance de la légende [79] la naissance de la légende — la naissance de sa gloire. , et vous-même voulez bien reconnaître que le meilleur de son œuvre a été composé près de moi, ou en souvenir de moi.

Ajoutez que, sans mes documents, aucune biographie sérieuse de Jérôme ne peut être écrite. J’ai deux mille lettres de lui, deux mille lettres d’amour, et de haine, sans compter mes réponses, dont j’ai conservé les brouillons. Pendant vingt ans, j’ai découpé tous les articles parus sur lui ou sur ses livres, classé les lettres de ses amis et celles des admirateurs inconnus. Je possède tous les discours de Jérôme, ses conférences, ses articles. L’Administrateur de la Bibliothèque Nationale, qui vient d’inventorier ces richesses, car je compte les léguer à l’Etat, m’a dit: „C’est une collection incomparable“. Un exemple: vous me demandez le prénom d’une aïeule bordelaise. J’ai, moi, tout un dossier sur cette Hortense-Pauline-Mélanie Vence, comme sur chacun des ancêtres de Jérôme.

Il aimait à se dire „un homme du peuple“. Ce n’est pas vrai. A la fin du XVIII esiècle, les Vence étaient propriétaires d’un petit domaine en Périgord [80] Périgord — partie de la Guyenne, province de France d’après l’ancienne division administrative (jusqu’en 1789). , et fort à leur aise; les grands-parents maternels de Jérôme arrondissaient une centaine d’hectares du côté de Mérignac [81] Mérignac — banlieue de Bordeaux. . Son grand-père, sous Louis-Philippe, avait été maire de son village et un de ses grands-oncles Jésuite [82] Louis-Philippe (1773–1848) — roi de France dès 1830; J ésuite — membre de l’ordre religieux Société de Jésus. . Dans le pays tout le monde tenait les Vence pour des bourgeois cossus. Je me propose de le révéler. Non que je veuille souligner le snobisme [83] snobisme (m) — vanité qui consiste à afficher une origine aristocratique, des goûts raffinés et à la mode, etc. à rebours qui était l’une des faiblesses du pauvre Jérôme. Je compte me montrer impartiale, et même indulgente. Mais je tiens aussi à être exacte. C’était là, Madame, le moindre défaut du grand homme que nous avons toutes deux aimé, et jugé.

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