Boris Vian - Le Loup-garou

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Treize nouvelles écrites de 1945 à 1952, sur tous les registres où Boris Vian s'est plu à laisser son imagination battre la campagne, la ville et quelques mondes moins connus comme celui des loups-garous de Ville-d'Avray, ou celui des skieuses lesbiennes et sadiques de Vallyeuse.
Textes établis par Noël Arnaud.

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— Si ça devient un travail, dit Flavie, s’il faut se donner pour se noyer autant de mal que pour le reste, c’est désespérant. C’est à se suicider.

— Au fait, dit Ouen que la question frappait seulement, pourquoi ce geste conclusif ?

— Une bien pénible histoire, répondit Flavie en essuyant une larme unique dont il résultait justement une dissymétrie gênante.

— Je cuis de l’entendre, révéla Ouen, qui s’échauffait.

— Je vais vous la dire.

Il apprécia la simplicité de Flavie. Elle ne se faisait pas prier pour conter son aventure. Sans doute avait-elle conscience de l’intérêt supérieur d’une confidence de ce genre. Il s’attendait à un assez long récit : une jolie fille a d’ordinaire l’occasion de nombreux contacts avec ses semblables ; de même, une tartine de confiture a plus de chance de recueillir des renseignements sur l’anatomie et les mœurs des diptères qu’un silex ingrat et boutonneux. Ainsi, l’histoire de la vie de Flavie serait sans doute nourrie de faits et d’événements dont il découlerait une utile morale. Utile à Ouen, bien entendu : une morale personnelle ne vaut que pour autrui, car on sait trop soi-même les raisons secrètes qui vous la font présenter de façon étri, tru et tronquée.

Je naquis, commença Flavie, voici déjà vingt-deux ans et huit douzièmes, dans un petit castel normand des environs de Quettehou. Mon père, ex-professeur de maintien à l’Institution de Mlle Désir, s’y était retiré fortune faite pour y jouir paisiblement de sa femme de chambre et des fruits d’un labeur opiniâtre ; ma mère, une de ses anciennes élèves qu’il avait eu beaucoup de mal à séduire — car il était très laid — ne l’y avait point suivi et vivait à Paris en concubinage alterné avec un archevêque et un commissaire de police. Mon père, farouchement anticlérical, ignorait la liaison de ma mère et du premier, sans quoi il eût demandé le divorce ; mais il se réjouissait de la demi-parenté qui le liait au limier car elle lui permettait d’humilier cet honnête fonctionnaire en le raillant parce qu’il se contentait de ses restes. Mon père possédait d’autre part une considérable fortune sous les espèces d’un lopin de terre (qu’il tenait de son aïeul), sis à Paris place de l’Opéra. Il se plaisait à s’y rendre le dimanche pour y cultiver des artichauts, au nez et à la barbe des conducteurs d’autobus. Comme vous le voyez, mon père méprisait l’uniforme sous tous ses aspects.

— Mais vous, là-dedans, dit Ouen, éprouvant l’impression qu’elle s’égarait.

— C’est vrai.

Elle but une gorgée de la boisson verte. Et, soudain, elle se mit à pleurer sans bruit, comme un robinet idéal. Elle paraissait désespérée. Elle devait l’être. Ému, Ouen lui prit la main. Il la lâcha aussitôt, car il ne savait qu’en faire. Cependant, Flavie se calmait.

— Je suis une andouillette bleue, dit-elle.

— Mais non, protesta Ouen, qui la trouvait bien sévère pour elle-même. J’ai eu tort de vous interrompre.

— Je vous ai raconté un tissu de mensonges, dit-elle. Par pur orgueil. L’archevêque était en réalité un simple évêque et le commissaire un agent de la circulation. Quant à moi, je suis couturière et j’ai bien du mal à joindre les deux bouts. Les clientes sont rares et méchantes, de vraies pestes. On dirait qu’elles rient de me voir m’esquinter. Je n’ai pas d’argent, j’ai faim et je suis malheureuse. Et mon ami est en prison. Il a vendu des secrets à une puissance étrangère, mais il les a vendus au-dessus de la taxe et on l’a arrêté. Le percepteur me demande toujours plus d’argent ; c’est mon oncle ; s’il ne paie pas ses dettes de jeu, ma tante et ses six enfants sont voués à la ruine ; vous vous rendez compte, l’aîné a trente-cinq ans, si vous saviez ce que ça mange à cet âge-là !

Elle sanglota amèrement, brisée.

— Jour et nuit, je tire l’aiguille, sans résultat parce que je n’ai même plus de quoi acheter une bobine de fil.

Ouen ne savait que dire. Il lui tapota l’épaule et pensa qu’il fallait lui remonter le moral, mais comment ? Ça ne se fait pas en soufflant dessus. Du moins… au fait, a-t-on jamais essayé ?

Il souffla.

— Qu’est-ce que vous avez ? demanda la jeune fille.

— Rien, dit-il. Je soupirais, votre histoire me navre.

— Oh, continua-t-elle, tout ça, c’est encore peu de chose. J’ose à peine vous narrer le pire.

Affectueux, il lui caressa une cuisse.

— Confiez-vous à moi, ça soulage.

– Ça vous soulage, vous ?

— Mon Dieu, dit-il, ce sont des choses que l’on prétend. Bien générales, je le reconnais.

— Mais qu’importe, dit-elle.

— Mais qu’importe, répéta-t-il.

— Circonstance qui contribue à métamorphoser en enfer ma misérable existence, poursuivit Flavidem, j’ai un frère indigne. Il dort avec son chien, crache par terre dès son réveil, botte le derrière du petit chat et éructe à plusieurs reprises en passant devant la concierge.

Ouen resta coi. Quand la lubricité et le déviationnisme pervertissent à ce point l’esprit d’un homme, on se découvre impuissant à commenter.

— Vous pensez, dit Flavie, s’il est comme ça à dix-huit mois, que sera-ce plus tard ?

Ce coup-là, elle éclata en sanglots peu nombreux mais fort gros. Ouen lui tapota la joue, mais elle pleurait à chaudes larmes et il retira vivement ses palpes brûlées.

— Ah, dit-il, ma pauvre petite.

C’est ce qu’elle attendait.

— Comme je vous l’ai annoncé, ajouta-t-elle, il vous reste à entendre le plus beau.

— Dites, insista Ouen, prêt à tout maintenant.

Elle le lui dit, et il se dépêcha de s’introduire des corps étrangers dans les oreilles pour ne pas entendre ; le peu qu’il put percevoir lui laissa un frisson malsain qui mouillait ses sous-vêtements.

— C’est tout ? demanda-t-il de la voix forte des sourds récents.

— C’est tout, dit Flavie. Je me sens mieux.

Elle but d’un trait son verre, laissant le contenu d’icelui sur la table. Cette gaminerie ne parvint pas à dérider son interlocuteur.

— Malheureuse créature ! soupira-t-il enfin.

Il hissa son portefeuille au grand jour et héla le garçon, qui vint malgré une répugnance visible.

— Monsieur m’a appelé ?

— Oui, dit Ouen. Je vous dois ?

— Tant, dit le garçon.

— Voici, dit Ouen, en donnant plus.

— Je ne vous dis pas merci, observa le garçon, le service est compris.

— C’est parfait, dit Ouen. Allez-vous-en, vous sentez.

Le garçon vexé, c’était bien fait, s’en alla. Flavie regardait Ouen avec admiration.

— Vous avez de l’argent !

— Prenez tout, dit Ouen. Il vous fait défaut plus qu’à moi.

Elle restait frappée de stupeur, comme devant le Père Noël. Son expression est difficile à décrire, parce que personne ne l’a jamais vu, le Père Noël.

Il revenait chez lui, seul. Il était tard, il ne restait plus qu’un réverbère allumé sur deux, les autres dormaient debout. Ouen marchait la tête basse et pensait à Flavie, à sa joie en prenant tout son argent. Il se sentait tout attendri. Plus un billet dans son portefeuille, pauvre petite. À son âge, on se sent perdu, sans moyens d’existence. Quelle chose étrange : il se rappela qu’ils étaient juste du même âge. Démunie à ce point. Maintenant qu’elle avait tout emporté, il se rendait compte de l’effet que cela peut faire. Il regarda autour de lui. La rue luisait, blafarde, et la lune était juste dans l’axe du pont. Plus d’argent. Et ce piège de mots à terminer. La rue vide se peupla du lent cortège de mariage d’un somnambule ; mais Ouen ne se dérida pas. Il repensait au prisonnier. Pour celui-là, les choses étaient simples. Pour lui aussi, au fond. Le pont approchait. Plus d’argent. Pauvre, pauvre Flavie. Non, c’est vrai, elle en avait maintenant. Mais quelle navrante histoire. On ne peut accepter une misère pareille. Quelle chance qu’il se soit trouvé là. Pour elle. Est-ce que quelqu’un arrive toujours à temps pour tout le monde ?

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