François Mauriac - Un adolescent d'autrefois

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Un adolescent d'autrefois: краткое содержание, описание и аннотация

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L'étouffoir… Ce n'est pas seulement cette lande qui sent le pin brûlé. Maltaverne et ses deux mille hectares, ses papillons cloués à la résine des arbres… C'est aussi cette force obscure qui saisit les êtres, les incendie…
Alain est l'héritier de ce domaine. Il aime Marie, du moins la désire. Mais elle n'a pas de dot et, quand on s'appelle Alain Gajac, on ne se commet pas avec une employée de librairie.
Madame Gajac, sa mère, ne rêne que stères de bois et bourgeoisie bien pensante… Ses fantômes, qui les connaît ? Quant à Jeannette, cette innocente, elle est déjà fauchée avant même que d'être en fleur. Alain sait qu'on la lui destine. Il l'a surnommée « le pou »…
Malaise, mal d'aimer… À Maltaverne, le drame couve, exacerbé par le ciel brûlant des Landes. Car tous, à commencer par cet adolescent d'autrefois, ont oublié une chose : vivre…

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Je ne voyais pas Simon à l’autre extrémité de la prairie, mais je l’entendais. Dissimulé par des vergnes, je m’assis au bord de l’eau, sachant que comme il suivait le lit de la Hure, frappant dans les souches pour faire sortir les brochets et les assèges, il finirait par arriver à ma hauteur et qu’il ne pourrait pas ne pas me parler. Alors commencerait le grand jeu.

L’endroit où j’étais assis était un tapis de menthe. Des libellules fauves et bleues volaient autour des osmondes que maman appelle des fougères mâles. Un jour de vacances, en septembre, où j’aurais pu être occupé comme le sont les autres garçons de dix-huit ans… En réalité, de quoi sont-ils occupés ? Je n’ose même y arrêter ma pensée. Mais moi, à ce moment-là, quel était ce démon ou cet ange qui me possédait ? Ou ce comédien ? Mais alors qui me soufflait mon rôle ? Qui me le faisait repasser avant d’entrer en scène ?

J’entendais à intervalles réguliers l’éclaboussement de l’eau quand Simon faisait un pas, et tout à coup je l’aperçus entre deux vergnes : il était en costume de bain, horriblement blanc, — de cette blancheur qui m’a toujours rendu insupportable la vue d’une nudité comme celle-là, de cette ossature paysanne bâtie en force et en même temps comme atrophiée par la vie intellectuelle que subit ce pauvre Jacquou, le croquant. À moins que ce ne soient les signes apparents de la virilité, l’aspect velu du mâle qui me fassent horreur ? Mais je ne m’arrête jamais à des questions de cet ordre, ayant pris le pli, dès mon plus jeune âge, d’y voir « de mauvaises pensées ».

Quand Simon fut à ma hauteur, je lui criai : « Aduchats ! » Il se retourna, s’exclama : « Oh ! Pardon ! », sauta sur la rive et passa en hâte une culotte par-dessus son caleçon mouillé, enfila son chandail. Il n’avait pas sa soutane, cela me frappa. Je lui dis de continuer à pêcher. Mais il avait fini, il n’y avait rien. Les gens du bourg venaient au petit matin lever leurs nasses. Il ne me regardait que brièvement et détournait les yeux, à la fois pressé de s’en aller et — j’ose l’écrire, parce que c’est vrai, et que personne jamais ne le lira, hors Donzac, — sous mon charme ; c’était important qu’il fût sous mon charme à ce moment-là, et que je fusse moi-même en état « d’intuition fulgurante ». En fait Simon ne pensait qu’à fuir, qu’à me fuir. Il fallait le retenir de force. Je lui dis qu’il faisait marcher les langues tous ces jours-ci. Il se renfrogna.

— Les gens parlent ? Ça m’est bien-t-égal. Ah ! Putain ! Qu’il fallait qu’il fût troublé pour faire une telle liaison et pour dire un gros mot devant moi ! Et surtout pour le répéter : « Putain ! » Il est vrai que chaque phrase de son frère Prudent était ponctuée de ce « Putain ! » et que pendant ses vacances Simon l’entendait toute la journée. Je protestai qu’à moi, ce qui lui arrivait ne m’était pas égal. Alors lui, insolent, peut-être pour la première fois, à l’égard d’un des fils de Madame :

— C’est mes affaires, c’est pas les vôtres.

— Ce sont les miennes parce que j’ai de l’affection pour vous.

Il haussa les épaules et ricana.

— C’est le Doyen qui vous a dit de me faire parler, de me tirer les vers du nez ?

— Vous vous trompez bien si vous me croyez du côté du Doyen et de Madame.

— Vous n’êtes tout de même pas un ami de M. le maire ?

— Non certes ! Mais si je pouvais mener le jeu, votre jeu, à votre place, je jouerais à fond à la fois contre le maire et contre le curé.

— Oui, mais comme vous n’en êtes chargé par personne… Non ! Mais dites-donc ! Que savez-vous à dix-huit ans de ce que les autres ne savent pas ?

— Je sais très précisément ce qu’ils ne savent pas, ce que je suis seul à savoir.

— Ah ! Ça, alors !

Simon s’était arrêté au milieu de la prairie et il me regardait.

— Vous en avez, du toupet !

— Je sais ce que je sais, et vous savez aussi que je le sais.

— Qu’est-ce que je sais ?

— Qu’il n’y a que moi à Maltaverne qui n’aie pas les yeux crevés, moi et vous. Mais vous, vous êtes trop engagé pour y voir clair, trop dans le bain.

— Bon ! C’est comme il vous plaira, monsieur Alain. Mais moi, je veux que vous me foutiez la paix.

Grossier avec moi, pour la première fois…

— La paix ? Pauvre Simon ! Mais vous en êtes au point de crever. Moi, je pourrais vous éclairer d’un mot… Non, pas d’un mot, je me vante : il faudrait me laisser parler…

— Je ne veux pas que vous me parliez.

— Alors laissez-moi vous écrire. Vous voulez bien que je vous écrive ?

— Vous ne l’avez jamais fait, pas même quand j’ai reçu les ordres mineurs, dit-il avec une brusque rancune, pas même quand j’ai eu le premier grand prix d’excellence… Est-ce que je compte pour vous ?

— Vous le savez bien, Simon, vous ne pouvez pas ne pas le savoir en ce moment où je souffre à cause de vous…

— Ah ! Ça ! Mais qu’est-ce que je suis pour vous ? Le fils du paysan, Simon que tout le monde tutoie…

— Sauf moi.

— Oui, c’est vrai, sauf vous, mais j’ai toujours été Simon pour vous et vous monsieur Alain pour moi, même quand vous aviez quatre ans. Monsieur Laurent, monsieur Alain ! Non, mais dites donc ! Ah ! Putain !

Il était hors de lui. Il hâta le pas. Je devais presque courir pour me tenir à sa hauteur. J’insistai pour qu’il me permît de lui écrire.

— De quel droit vous en empêcherais-je ?

— Mais promettez-moi aussi que vous lirez ma lettre. Cette fois, j’avais dû trouver l’accent qu’il fallait. Il s’arrêta, nous étions à l’endroit où la prairie fait un coude. Les ombres des peupliers étaient longues. Il devait être cinq heures. Simon me dit :

— Mais oui, monsieur Alain, je lirai votre lettre, je vous répondrai. Calmez-vous. Mais que pouvez-vous savoir de plus que les autres à mon sujet ?

— Une première chose que je puis vous dire tout de suite, non pas de moi-même, mais de la part du Seigneur…

Il ne put que murmurer : « Ah ! Bé ! Alors ! » C’était jouer gros jeu. Ma force tenait précisément à ce que je ne jouais pas : j’étais vraiment en proie à l’esprit.

— Ces imbéciles ne savent pas que vous êtes aimé du Seigneur tel que vous êtes, c’est-à-dire comme le jeune ambitieux que vous êtes. Il n’y a pas une part de vous qui ne soit aimée, et l’ambitieux qui domine en vous pour l’instant, pourquoi ne le serait-il pas ?

Bien que pas un muscle de sa face ne bougeât, je le sentais attentif. J’insistai :

— Ils sont aussi aveugles les uns que les autres. Ce que nous savons, vous et moi, Simon, c’est que l’Église a beau ressembler à cette vieille tuyauterie hors d’usage dont se moque le maire et que maman et M. le Doyen confondent avec la vérité, nous savons, nous, qu’à travers toute cette antique canalisation coulent non pas à flots, coulent avarement mais coulent tout de même les paroles de la vie éternelle…

C’était du Donzac que je récitais, mais je n’en avais aucune conscience. Simon murmura :

— Eh ! Bé ! Dites donc, et l’ambitieux dans tout ça ? Vous ne savez pas ce qu’ils me proposent. Vous parlez vous-même de vieille canalisation… La vie, la vérité de la vie, vous savez bien qu’elle ne passe plus par là.

— Non, au fond, je ne suis pas d’accord avec ce que je vous disais de la vieille canalisation, parce que l’Église de Rome, sa liturgie, sa doctrine et même son histoire à la fois sainte et criminelle, son art enfin tel qu’il s’incarne dans la cathédrale, dans le Grégorien, dans l’Angelico, c’est ce qu’il y a de plus beau au monde, — alors que ce qu’incarnent M. Loubet, M. Combes, le Grand et le Petit Palais de Paris, c’est à mes yeux l’époque la plus basse de l’histoire humaine… Mais laissons cela. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Ce qui est en jeu, c’est Simon Duberc, sa destinée temporelle et en même temps son destin éternel. Or écoutez-moi bien : quoi que fasse briller à vos yeux M. Duport, ce franc-maçon de chef-lieu de canton, et quand même ce serait une place de choix auprès du sénateur Monis, ou même à Paris auprès de Gaston Doumergue…

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