François Mauriac - Un adolescent d'autrefois

Здесь есть возможность читать онлайн «François Mauriac - Un adolescent d'autrefois» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1972, Издательство: Éditions J'ai Lu, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Un adolescent d'autrefois: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Un adolescent d'autrefois»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

L'étouffoir… Ce n'est pas seulement cette lande qui sent le pin brûlé. Maltaverne et ses deux mille hectares, ses papillons cloués à la résine des arbres… C'est aussi cette force obscure qui saisit les êtres, les incendie…
Alain est l'héritier de ce domaine. Il aime Marie, du moins la désire. Mais elle n'a pas de dot et, quand on s'appelle Alain Gajac, on ne se commet pas avec une employée de librairie.
Madame Gajac, sa mère, ne rêne que stères de bois et bourgeoisie bien pensante… Ses fantômes, qui les connaît ? Quant à Jeannette, cette innocente, elle est déjà fauchée avant même que d'être en fleur. Alain sait qu'on la lui destine. Il l'a surnommée « le pou »…
Malaise, mal d'aimer… À Maltaverne, le drame couve, exacerbé par le ciel brûlant des Landes. Car tous, à commencer par cet adolescent d'autrefois, ont oublié une chose : vivre…

Un adolescent d'autrefois — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Un adolescent d'autrefois», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Cette année, Simon reste bouche cousue touchant le maire. Il a fallu ce coup de tonnerre de M me Duport venue hier à la sacristie, après la messe du Doyen, pour lui découvrir le complot de son mari. Selon maman, le maire aurait promis à Simon de prendre en charge son entretien jusqu’à sa licence, et même au-delà, s’il voulait préparer Normale et l’Agrégation.

Il était impossible, selon M me Duport, de démêler les réactions de Simon. Elle le croyait tenté mais hésitant. Le Doyen avait peur de tout perdre en intervenant. Je l’avais rendu conscient de sa balourdise. Je le vis bien en cette circonstance et qu’il n’espérait plus qu’en moi pour démêler ce qui devait s’emmêler dans l’esprit et dans le cœur d’un petit paysan transplanté au séminaire et devenu tout à coup l’enjeu, à l’échelle d’un chef-lieu de canton, du combat que se livraient en France l’État et l’Église — ou plutôt la franc-maçonnerie et les congrégations.

Moi, je savais que Simon éluderait le débat avant même qu’il fût commencé. Simon doit avoir au séminaire un ami auquel il dit tout ; moi, j’appartiens pour lui à une race divine, je suis le fils de Madame ; il m’aime, c’est vrai, mais je suis à ses yeux aussi inaccessible que l’est pour moi M lle Martineau ou l’étoile du berger. Il ne dira rien, à moins que…

J’ai toujours préféré écrire que parler : la plume à la main, rien ne m’arrête. Je pourrais, dis-je à M. le Doyen, adresser à Simon une lettre que j’ai dans l’esprit.

— Mais il est plus fort que toi en théologie !

— Il s’agit bien de théologie ! Je sais par quel côté je passerai à l’attaque…

En fait, je ne le savais que depuis deux minutes et cela baignait encore dans les limbes, mais enfin une piste s’ouvrait devant moi.

Le Doyen insistait : « Fais-le parler ! »

— Je vous répète qu’il ne me dira rien. D’ailleurs personne ne dit rien à personne. Je me demande s’il y a des milieux où les gens s’expliquent par demandes et réponses comme dans les romans, comme au théâtre…

— Qu’est-ce que tu vas chercher ? Que faisons-nous d’autre toute la journée ? Que faisons-nous en ce moment ?

— C’est vrai, monsieur le curé, mais une amorce de conversation comme celle-ci, combien en avons-nous eu, vous et moi ? Entre maman et moi, je ne me souviens pas qu’il y ait jamais rien eu d’autre que des jugements passe-partout, très souvent en patois, car ils servent aussi pour les métayers, pour les domestiques. Peut-être est-on séparé par l’âge ou par la différence sociale au point qu’il n’existe pas de langage commun… Mais j’ai observé que les métayers ne parlent pas non plus entre eux : quand ils se rencontrent, ils se demandent : « As déjunat ? » (As-tu déjeuné ?) L’important et même l’unique intérêt de la vie tient dans la nourriture qu’ils ont ou non mâchée de leurs gencives sans dents, comme s’ils ruminaient. Les êtres qui s’aiment, est-ce qu’ils se le disent ? soupirai-je.

Le curé répéta : « Qu’est-ce que tu vas chercher ? »

— Si maman était là, elle ajouterait : « Diseur de riens ! » Oui, et tout serait dit… Mais on peut toujours écrire. Je puis écrire une belle lettre à Simon, qu’il lira, qu’il relira, qu’il gardera sur son cœur…

— Tu es fou d’orgueil, dit le Doyen. Pour qui te prends-tu ? (Et après un silence.) Qu’est-ce que tu lui écriras ? Tu ne le sais même pas, insista-t-il.

— Je sais dans quelle direction je veux aller, ou plutôt je dois aller… Moi, je ne veux rien.

Je croyais me moquer du Doyen, pourtant je ne laissais pas de m’impressionner moi-même. Ce que je voulais écrire à Simon se développait en large et en long sous mon regard intérieur. Il me tardait de l’avoir rédigé pour être sûr que la merveille ne serait pas perdue.

2

Après plus d’un an, je rouvre ce cahier ; interrompu non faute de matière, Ô Dieu ! mais ce que j’ai vécu défiait tout commentaire et surtout tuait l’enfant en moi. Non, ce n’est pas vrai : je suis devenu un autre en demeurant le même. Je ne reviens pas de ce que je pouvais écrire à dix-sept ans. Me voici qui débouche aujourd’hui dans ma dix-neuvième année, et certes de moi-même, je ne noterais rien de ce que j’ai vécu. Mais Donzac attache une importance absurde, selon moi, à mes réactions devant ma vie de chaque jour… Non, pas si absurde. Le fond de tout, c’est que Donzac, infiniment plus intelligent que moi (bien qu’il m’ait écrit un jour : « tu n’es pas tout à fait aussi intelligent que moi, mais presque… ») est d’une stérilité qui l’étonne lui-même : il comprend tout et n’exprime rien. Il ne compose pas, il ne crée pas. Mais c’est trop peu dire : il ne sait pas exposer ; capable de formules saisissantes, non du moindre développement. C’était toujours ma copie qui avait l’honneur d’être lue à toute la classe, jamais la sienne. Il en était plus frappé que moi : « Quand je pense que c’est toi et que ce n’est pas moi ! soupirait-il, que ce sera toi qui deviendras quelqu’un et que moi je ne serai personne jusqu’à la mort ! » Mais c’est là qu’il est merveilleux : il ne trouvait pas que ce fût injuste. Il croit que je serai un écrivain et même un grand écrivain alors que lui restera toute sa vie à apprendre le rudiment à des séminaristes ignares. Mais il croit aussi qu’à partir de n’importe quel texte de moi sur un sujet donné, fourni par la vie telle que je la ressens, il sera capable, lui, André Donzac, de ce dont je suis moi-même incapable, de ce qu’il appelle « la découverte ». La découverte de quoi ? Dans son esprit, il s’agit de mettre à jour le point secret où la vérité de la vie, telle que nous l’expérimentons, rejoint la vérité révélée, — ce révélé qu’il faut dégager d’une gangue qui a durci autour de la parole de Dieu, au long de ces deux millénaires d’histoire de l’Église…

Alors voilà, il a été entendu entre nous que je devais, noir sur blanc, sans omettre aucun détail, exposer ce qui s’est passé à Maltaverne, et le lui confier à lui et à personne d’autre, raconter l’histoire horrible de Simon telle qu’elle s’est ordonnée en moi, telle qu’elle continue d’y agir, de me ronger du dedans. Je constate que rien ne peut mourir au-dedans de moi et que je suis encombré déjà de tout un pauvre monde obscur et misérable… Que sera-ce quand j’aurai plus de souvenirs que si j’avais mille ans, comme dit Baudelaire ? Quel monstrueux état sera la vieillesse de l’homme que je suis ! C’est ce qui me fait croire que je mourrai jeune… Non ! Ce n’est pas vrai : je ne crois pas que je mourrai jeune, je ne crois pas que je doive jamais mourir, je me sens incroyablement éternel.

Donc voilà comment tout s’est passé à partir de cette conversation avec le curé et de la promesse que je lui fis de parler à Simon, de vaincre son silence par une lettre dont les lignes essentielles étaient déjà dans mon esprit et à laquelle il ne pourrait pas ne pas répondre.

Je descendis vers la Hure, qui est le ruisseau de Maltaverne, et où je savais que Simon pêchait. Il était quatre heures, j’avais en passant pris à l’office une grappe de raisin. Il y avait un peu de rosée, parce que la prairie est un ancien marais. Je remarquai que la bordure d’aulnes (pourquoi ne pas donner aux aulnes leur nom d’ici : les vergnes ? ), la bordure de vergnes paraissait bleue. Les grillons, les sauterelles que j’effrayais, la chaude odeur de marécage, le bruit de la scierie de M. Duport, un chaos de charrettes sur la route de Sore, toutes les sensations de cette minute sont en moi à jamais : je ne m’en dépêtrerai jamais, si vieux que je vive.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Un adolescent d'autrefois»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Un adolescent d'autrefois» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


François Villon - Poésies diverses
François Villon
François Villon - Ballades en jargon
François Villon
François Mauriac - Thérèse Desqueyroux
François Mauriac
François Mauriac - Le Nœud de vipères
François Mauriac
François Mauriac - Le Désert de l'amour
François Mauriac
François-Xavier Putallaz - El mal
François-Xavier Putallaz
François-René de Chateaubrian - René
François-René de Chateaubrian
Rabelais François - Gargantua i Pantagruel
Rabelais François
Constantin-François Volney - Leçons d'histoire
Constantin-François Volney
Отзывы о книге «Un adolescent d'autrefois»

Обсуждение, отзывы о книге «Un adolescent d'autrefois» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x