François Mauriac - Un adolescent d'autrefois

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Un adolescent d'autrefois: краткое содержание, описание и аннотация

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L'étouffoir… Ce n'est pas seulement cette lande qui sent le pin brûlé. Maltaverne et ses deux mille hectares, ses papillons cloués à la résine des arbres… C'est aussi cette force obscure qui saisit les êtres, les incendie…
Alain est l'héritier de ce domaine. Il aime Marie, du moins la désire. Mais elle n'a pas de dot et, quand on s'appelle Alain Gajac, on ne se commet pas avec une employée de librairie.
Madame Gajac, sa mère, ne rêne que stères de bois et bourgeoisie bien pensante… Ses fantômes, qui les connaît ? Quant à Jeannette, cette innocente, elle est déjà fauchée avant même que d'être en fleur. Alain sait qu'on la lui destine. Il l'a surnommée « le pou »…
Malaise, mal d'aimer… À Maltaverne, le drame couve, exacerbé par le ciel brûlant des Landes. Car tous, à commencer par cet adolescent d'autrefois, ont oublié une chose : vivre…

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À ce déclin du mois d’août, j’étais assuré de n’y rencontrer personne. Ce soir-là, il y avait un jeune fumeur de pipe sur le banc où je m’assis à l’extrémité de la terrasse. Je m’installai le plus loin possible de lui, sans le regarder. Il me demanda d’un ton moqueur :

— Toi à Bordeaux au mois d’août ? Tu n’es pas à Arcachon, ou à Pontaillac, ou à Luchon ?

Je reconnus un étudiant de licence nommé Keller, un de ces chrétiens « qui vont au peuple », un « sillonniste », l’espèce de garçons que j’horripile sans que j’aie besoin d’ouvrir la bouche.

— C’est sans doute, dis-je d’un certain air, que j’ai mieux à faire ici.

Il grommela : « Ça ne m’étonne pas de toi. » Quand nous nous étions connus à la Faculté, il y avait deux ans, cet apôtre d’abord séduit, avait commencé de me prêcher ; mais c’était l’époque où pour moi Sous l’œil des Barbares de Barrès répondait à tout, me fournissait de formules pour me défendre des camarades « au large rire blessant ». J’opposais aux autres « une surface lisse ». Je ne m’en privai pas avec ce Keller qui eut vite fait de me juger comme ce qu’il y a de plus méprisable au monde : un grand bourgeois nanti.

— Que connais-tu de moi ? lui répliquai-je. Ce que je t’en ai montré pour que tu me fiches la paix, et ça n’a pas traîné. J’aurais aussi bien réussi un numéro genre « belle âme » comme tu les aimes.

— Et chacun de ces masques recouvre quoi ? Ça ne doit pas être beau à voir…

— Mais je ne t’invite pas à regarder !

Ceci fut dit, sans doute, d’un ton qui troubla ce chrétien, car il ajouta aussitôt : « Pardonne-moi, je reconnais que je n’avais pas le droit de le prendre de si haut. Nous sommes tous de pauvres types. »

— Oui, Keller, mais il y a loin d’un pauvre type comme moi, gâté, gavé, qui ne souffre que pour lui, à un pauvre type comme toi qui a faim et soif de justice.

— Oh ! mais tu sais, je cherche mon plaisir malgré tout… Nous devrions nous voir, ajouta-t-il avec élan. Je ne te prêcherai pas.

J’avais envie de me confier. J’étouffais. Je lui dis :

— Je veux bien, mais je traverse de mauvais jours. Je suis dans un grand abandon du côté de Dieu.

Il me prit la main et la tint un instant dans la sienne.

— « Quand vous croyez être loin de moi, c’est alors que je suis le plus près. » Tu connais ce mot de l’Imitation ?

— Mais il ne s’agit pas seulement de froideur, de sécheresse, je fais le mal.

— Tu fais le mal ?

— Oui, et celle avec qui je le fais désire autant que moi-même que nous y renoncions… Mais il y a un moment de la journée où ça ne dépend ni d’elle ni de moi…

— Oui, je vois, dit Keller, d’un ton concentré. Eh bien, je prierai, je ferai prier. Je suis très lié avec la supérieure de la Visitation.

— Oh ! non, protestai-je. Ça n’en vaut pas la peine. Ce n’est rien, c’est moins que rien…

— Tu appelles ça moins que rien ?

Je me levai, j’avais repris le ton qui à la Faculté exaspérait Keller :

— Oui, moi je suis humble, pour l’humilité je ne crains personne, je ne crois pas qu’aucun de mes gestes ait la moindre importance.

— Pourtant le moindre de ces gestes-là engage l’éternité. Tu ne le crois pas ?

— Oui, je le crois… Mais ce geste-là pas plus qu’un autre. Le pire de moi, Keller, ce n’est pas les actes vois-tu, ce n’est pas même mes pensées. Le pire de moi, c’est d’être indifférent à cette passion qui te possède, toi, le chrétien, mais aussi tous les jeunes militants socialistes, anarchistes… Le pire de moi c’est d’être indifférent à la souffrance des autres, et résigné à mes privilèges…

— Tu es un bourgeois, un grand bourgeois, il faut le tuer en toi. Nous le tuerons, tu verras.

— La bourgeoisie a bon dos. En fait, je suis issu de ces paysans landais qui font travailler leurs vieux parents jusqu’à ce qu’ils crèvent, et quand ils prennent une petite fille pour les servir, une gouge comme ils l’appellent dans leur patois, si elle tient, c’est que cet âge résiste à tout…

Je me tus, honteux de m’être livré à cette belle âme de rencontre et me levai : « Adieu Keller. Ne me suis pas. Oublie ce que je t’ai dit. Oublie-moi. »

— Penses-tu que je vais t’oublier ! Nous nous reverrons à la rentrée ? Promets-moi…

Pauvre Keller ! Il allait prier, souffrir pour moi, et faire prier et faire souffrir de saintes filles. Quelle folie ! Pourtant il n’y avait rien au monde à quoi je fusse plus sensible qu’à la communion des saints, qu’à cette réversibilité : mon irritation contre lui venait de ce qu’il se mêlait de mes affaires les plus cachées et que je ne doutais pas de son pouvoir d’agir sur elles, d’en changer le cours. Non que je croie que ce qui se passa le lendemain soit lié à cette rencontre au Jardin des Plantes. Ce qui est arrivé était dans l’ordre du possible et même de l’inévitable : maman n’en pouvait plus d’incertitude et d’angoisse, le temps passait, il fallait qu’elle intervînt.

Le lendemain matin, à peine avais-je ouvert les yeux, je savais qu’à l’heure habituelle je n’aurais pas besoin de sonner rue de l’Église-Saint-Seurin, que Marie me guetterait derrière la porte. Il ne pleuvait pas, mais il avait dû pleuvoir ailleurs, c’était un jour de rémission. Je pus trotter comme un chien perdu l’après-midi sur les quais. J’allai jusqu’aux docks. Le tramway me ramena, debout sur la plate-forme arrière pressé par des dockers. J’errai encore. Jusqu’à l’instant attendu, ce que je fis importe peu. Vers six heures et demie, Marie n’était pas derrière la porte et je sonnai en vain. Elle avait dû être retenue. Je décidai de faire quelques pas dans le quartier, je n’en pouvais plus. Je m’immergeai durant dix minutes dans les ténèbres de Saint-Seurin, l’église la plus noire de la ville ; puis je revins à la maison de Marie. À ce moment je la vis traverser la rue. Elle était essoufflée et pâle. Elle tira la clef de sa poche : « Entre vite. » Elle me poussa dans le salon dont les volets étaient fermés. Avant même d’avoir enlevé son chapeau, elle me dit : « Je viens de voir ta mère. »

— Où l’as-tu vue ? Tu lui as parlé ?

— Oui, crois-tu ! J’étais en train de montrer un livre à un client. Je me suis sentie gênée par le regard insistant d’une dame en noir, un peu corpulente, d’aspect très cossu, entrée depuis un instant. En une seconde j’eus l’impression que ce n’était pas une cliente mais quelqu’un que j’intéressais, et à ce moment-là je t’ai vu, oui toi, Alain, ton visage d’ange m’est apparu, s’est détaché de cette grande figure impérieuse d’Agrippine, d’Athalie. J’ai reconnu ta mère si ressemblante à l’idée que je me faisais d’elle. « Dévorer des yeux », oui, ça peut être vrai à la lettre. C’est trop peu dire qu’elle me dévorait des yeux, elle me déchiquetait. Je croyais savoir ce que c’est que d’être l’ennemie de quelqu’un. Non, être haïe, vraiment haïe c’est plus rare qu’on ne croit : quelqu’un qui vous tuerait lentement, pour mieux en jouir, si c’était permis, je sais désormais à quoi ça ressemble.

« Fallait-il la laisser repartir ? Qu’aurais-tu fait, Alain ? Moi, j’ai cédé à mon premier mouvement qui au fond était de curiosité. Je l’ai abordée, je lui ai demandé sur le ton le plus commercial : « Vous désirez, madame ? » Elle a paru interloquée. Elle prétendit n’être entrée que pour jeter un coup d’œil sur les nouveautés. « Oui, dis-je et peut-être aussi sur moi ? » Tu imagines sa figure à ce moment-là. « Vous savez qui je suis ? — Je sais tout de vous, madame. » Elle a blêmi, elle a murmuré : « Il vous parle de moi ? Rien ne saurait plus m’étonner de lui ! » J’ai protesté : « Oh ! ce n’est pas grâce à ce qu’il m’a rapporté sur vous que je sais tout de vous, c’est parce que vous l’avez marqué, pétri et repétri, il reste tellement votre ouvrage, même au moment où il va vous échapper : je sais tout de vous dans la mesure où je sais tout de lui. » Elle dit : « Tout ça, c’est des mots… » du même ton qu’elle devait t’appeler naguère « diseur de riens ». Elle grommela : « Impossible de parler dans cette boutique… — Mais il y a une arrière-boutique, madame. Si vous croyez pouvoir y pénétrer… » Elle y consentit. Je priai Balège de s’occuper durant un moment de la vente et introduisis ta mère dans le cagibi.

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