Michel Houellebecq - Plateforme

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Véritable exercice de dénonciation du tourisme sexuel, Michel Houellebecq allie provocation et fanatisme pour dépeindre, comme à son habitude, quelques individus moyens voire médiocres.

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Elle monta me rendre visite vers six heures; je m'étais endormi au milieu de mon livre. Elle ôta son maillot de bain, prit une douche et revint vers moi, la taille entourée d'une serviette; ses cheveux étaient légèrement humides.

«Tu vas dire que c'est une obsession chez moi, mais j'ai demandé à l'Allemande ce que les Noirs avaient de plus que les Blancs. C'est vrai, c'est frappant, à force: les femmes blanches préfèrent coucher avec des Africains, les hommes blancs avec des Asiatiques. J'ai besoin de savoir pourquoi, c'est important pour mon travail.

– Il y a aussi des Blancs qui apprécient les Noires… observai-je.

– C'est moins courant; le tourisme sexuel est beaucoup moins répandu en Afrique qu'en Asie. Enfin, le tourisme en général, à vrai dire.

– Qu'est-ce qu'elle t'a répondu?

– Les trucs classiques: les Noirs sont décontractés, virils, ils ont le sens de la fête; ils savent s'amuser sans se prendre la tête, on n'a pas de problèmes avec eux.»

Cette réponse de la jeune Allemande était certes banale, mais fournissait déjà les linéaments d'une théorie adéquate: en somme les Blancs étaient des Nègres inhibés, qui cherchaient à retrouver une innocence sexuelle perdue. Évidemment, cela n'expliquait rien à l'attraction mystérieuse que semblaient exercer les femmes asiatiques; ni au prestige sexuel dont jouissaient, selon tous les témoignages, les Blancs en Afrique noire. Je jetai alors les bases d'une théorie plus compliquée et plus douteuse: en résumé, les Blancs voulaient être bronzés et apprendre des danses de nègres; les Noirs voulaient s'éclaircir la peau et se décrêper les cheveux. L'humanité entière tendait instinctivement vers le métissage, l'indifférenciation généralisée; et elle le faisait en tout premier lieu à travers ce moyen élémentaire qu'était la sexualité. Le seul, cependant, à avoir poussé le processus jusqu'à son terme était Michael Jackson: il n'était plus ni noir ni blanc, ni jeune ni vieux; il n'était même plus, dans un sens, ni homme ni femme. Personne ne pouvait véritablement imaginer sa vie intime; ayant compris les catégories de l'humanité ordinaire, il s'était ingénié à les dépasser. Voici pourquoi il pouvait être tenu pour une star, et même pour la plus grande star – et, en réalité, la première – de l'histoire du monde. Tous les autres – Rudolf Valentino, Greta Garbo, Marlène Dietrich, Marilyn Monroe, James Dean, Humphrey Bogart – pouvaient tout au plus être considérés comme des artistes talentueux, ils n'avaient fait que mimer la condition humaine, qu'en donner une transposition esthétique; Michael Jackson, le premier, avait essayé d'aller un peu plus loin.

C'était une théorie séduisante, et Valérie m'écouta avec attention; moi-même, pourtant, je n'étais pas véritablement convaincu. Fallait-il en conclure que le premier cyborg , le premier individu qui accepterait, dans son cerveau l'implantation d'éléments d'intelligence artificielle, d'origine extra-humaine, deviendrait du même coup une star? Probablement, oui; mais cela n'avait plus grand-chose à voir avec le sujet. Michael Jackson avait beau être une star, il n'était certainement pas un symbole sexuel; si l'on voulait provoquer des déplacements touristiques massifs, susceptibles de rentabiliser des investissements lourds, il fallait se tourner vers des forces d'attraction plus élémentaires.

Un peu plus tard, Jean-Yves et les autres rentrèrent de leur visite de la ville. Le musée d'histoire locale était surtout consacré aux mœurs des Tainos, les premiers habitants de la région. Ils semblaient avoir mené une existence paisible, faite d'agriculture et de pêche; les conflits entre tribus voisines étaient presque inexistants; les Espagnols n'avaient éprouvé aucune difficulté à exterminer ces êtres peu préparés au combat. Aujourd'hui il n'en restait plus rien, hormis quelques traces génétiques minimes dans le physique de certains individus; leur culture avait entièrement disparu, elle aurait aussi bien pu ne jamais avoir existé. Dans certains dessins effectués par les ecclésiastiques qui avaient tenté – le plus souvent en vain – de les sensibiliser au message de l'Évangile, on les voyait labourer, ou s'affairer à la cuisine autour d'un feu; des femmes aux seins nus allaitaient leurs enfants. Tout cela donnait sinon une impression d'Éden, du moins celle d'une histoire lente; l'arrivée des Espagnols avait sensiblement accéléré les choses. Après les conflits classiques entre les puissances coloniales qui tenaient, à l'époque, le haut du pavé, Cuba était devenue indépendante en 1898, pour passer aussitôt sous domination américaine. Début 1959, après plusieurs années de guerre civile, les forces révolutionnaires conduites par Fidel Castro avaient pris le dessus sur l'armée régulière, obligeant Batista à s'enfuir. Compte tenu du partage en deux blocs qui s'imposait alors à l'ensemble du monde, Cuba avait rapidement dû se rapprocher du bloc soviétique, et instaurer un régime de type marxiste. Privé de soutien logistique après l'effondrement de l'Union soviétique, ce régime touchait aujourd'hui à sa fin. Valérie enfila une jupe courte, fendue sur le côté, et un petit haut de dentelle noire; nous avions le temps de boire un cocktail avant le dîner.

Tout le monde était réuni au bord de la piscine, et contemplait le soleil qui se couchait sur la baie. À proximité du rivage, l'épave d'un cargo rouillait lentement. D'autres bateaux, plus petits, flottaient sur les eaux presque immobiles; tout cela donnait une intense impression d'abandon. Des rues de la ville en contrebas, il ne s'échappait aucun bruit; quelques réverbères s'allumèrent avec hésitation. À la table de Jean-Yves il y avait un homme d'une soixantaine d'années, au visage maigre et usé, à l'allure misérable; et un autre, nettement plus jeune, trente ans tout au plus, que je reconnus comme étant le gérant de l'hôtel. Je l'avais observé plusieurs fois pendant l'après-midi, tournant nerveusement entre les tables, courant d'un endroit à l'autre pour vérifier que tout le monde était servi; son visage paraissait miné par une anxiété permanente, sans objet. En nous voyant arriver il se leva avec vivacité, approcha deux chaises, héla un serveur, s'assura qu'il, arrivait sans le moindre retard; puis il se précipita vers les cuisines. Le vieil homme, de son côté, jetait un regard désabusé sur la piscine, sur les couples installés à leurs tables, et apparemment sur le monde en général. «Pauvre peuple cubain… prononça-t-il après un long silence. Ils n'ont plus rien à vendre, à l'exception de leurs corps.» Jean-Yves nous expliqua qu'il habitait juste à côté, que c'était le père du gérant de l'hôtel. Il avait pris part à la révolution, plus de quarante ans auparavant, il avait fait partie d'un des premiers bataillons de soldats ralliés à l'insurrection castriste. Après la guerre il avait travaillé à l'usine de nickel de Moa, d'abord comme ouvrier, puis comme contremaître, enfin – après être retourné à l'université – comme ingénieur. Son statut de héros de la révolution avait permis à son fils d'obtenir un poste important dans l'industrie touristique.

«Nous avons échoué… dit-il d'une voix sourde; et nous avons mérité notre échec. Nous avions des dirigeants de grande valeur, des hommes exceptionnels, idéalistes, qui faisaient passer le bien de la patrie avant leur intérêt propre. Je me souviens du commandante Che Guevara le jour où il est venu inaugurer l'usine de traitement de cacao dans notre ville; je revois son visage courageux, honnête. Personne n'a jamais pu dire que le commandante s'était enrichi, qu'il avait cherché à obtenir des avantages pour lui ni pour sa famille. Ce ne fut pas davantage le cas de Camilo Cienfuegos, ni d'aucun de nos dirigeants révolutionnaires, ni même de Fidel – Fidel aime le pouvoir, c'est certain, il veut avoir l’œil sur tout; mais il est désintéressé, il n'a pas de propriétés magnifiques, ni de comptes en Suisse. Donc le Che était là, il a inauguré l'usine, il a prononcé un discours où il exhortait le peuple cubain à gagner la bataille pacifique de la production, après la lutte armée du combat pour l'indépendance; c'était peu avant qu'il parte au Congo. Nous pouvions parfaitement gagner cette bataille. C'est une région très fertile ici, la terre est riche et bien arrosée, tout pousse à volonté: café, cacao, canne à sucre, fruits exotiques de toutes espèces. Le sous-sol est saturé de minerai de nickel. Nous avions une usine ultramoderne, construite avec l'aide des Russes. Au bout de six mois, la production était tombée à la moitié de son chiffre normal: tous les ouvriers volaient du chocolat, brut ou en plaquettes, le distribuaient à leur famille, le revendaient à des étrangers. Et cela a été la même chose dans toutes les usines, à l'échelle du pays entier. Quand ils ne trouvaient rien à voler les ouvriers travaillaient mal, ils étaient paresseux, toujours malades, ils s'absentaient sans la moindre raison. J'ai passé des années à essayer de leur parler, de les convaincre de se donner un peu plus de mal dans l'intérêt de leur pays: je n'ai connu que la déception et l'échec.»

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