Michel Houellebecq - Plateforme
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Je ne me souviens plus très bien de la suite de la soirée, j'ai dû m'endormir. Quand je me suis réveillé, j'étais allongé sur mon lit; Valérie, allongée nue à mes côtés, respirait régulièrement. Je la réveillai en bougeant pour attraper un paquet de cigarettes. «Tu étais pas mal bourré, tout à l'heure…
– Oui, mais ce que j'ai dit à Jean-Yves était sérieux.
– Je crois qu'il l'a pris comme ça…» Elle me caressa le ventre du bout des doigts. «En plus, je crois que tu as raison. La libération sexuelle, en Occident, c'est vraiment fini.
– Tu sais pourquoi?
– Non…» Elle hésita, puis reprit: «Non, au fond, pas vraiment.»
J'allumai une cigarette, me calai contre les oreillers et dis: «Suce-moi». Elle me regarda avec surprise mais posa la main sur mes couilles, approcha sa bouche. «Voilà!» m'exclamai-je avec une expression triomphante. Elle s'interrompit, me regardant avec surprise. «Tu vois, je te dis: "Suce-moi", et tu me suces. À priori, tu n'en éprouvais pas le désir.
– Non, je n'y pensais pas; mais ça me fait plaisir.
– C'est justement ça qui est étonnant chez toi: tu aimes faire plaisir. Offrir son corps comme un objet agréable, donner gratuitement du plaisir: voilà ce que les Occidentaux ne savent plus faire. Ils ont complètement perdu le sens du don. Ils ont beau s'acharner, ils ne parviennent plus à ressentir le sexe comme naturel. Non seulement ils ont honte de leur propre corps, qui n'est pas à la hauteur des standards du porno, mais, pour les mêmes raisons, ils n'éprouvent plus aucune attirance pour le corps de l'autre. Il est impossible de faire l'amour sans un certain abandon, sans l'acceptation au moins temporaire d'un certain état de dépendance et de faiblesse. L'exaltation sentimentale et l'obsession sexuelle ont la même origine, toutes deux procèdent d'un oubli partiel de soi; ce n'est pas un domaine dans lequel on puisse se réaliser sans se perdre. Nous sommes devenus froids, rationnels, extrêmement conscients de notre existence individuelle et de nos droits; nous souhaitons avant tout éviter l'aliénation et la dépendance; en outre, nous sommes obsédés par la santé et par l'hygiène: ce ne sont vraiment pas les conditions idéales pour faire l'amour. Au point où nous en sommes, la professionnalisation de la sexualité en Occident est devenue inéluctable. Évidemment, il y a aussi le SM. C'est un univers purement cérébral, avec des règles précises, un accord préétabli. Les masochistes ne s'intéressent qu'à leurs propres sensations, ils essaient de voir jusqu'où ils pourront aller dans la douleur, un peu comme les sportifs de l'extrême. Les sadiques c'est autre chose, ils vont de toute façon aussi loin que possible, ils ont le désir de détruire: s'ils pouvaient mutiler ou tuer, ils le feraient.
– Je n'ai même pas envie d'y repenser, dit-elle en frissonnant; ça me dégoûte vraiment.
– C'est parce que tu es restée sexuelle, animale. Tu es normale en fait, tu ne ressembles pas vraiment aux Occidentales. Le SM organisé, avec des règles, ne peut concerner que des gens cultivés, cérébraux, qui ont perdu toute attirance pour le sexe. Pour tous les autres, il n'y a plus qu'une solution: les produits porno, avec des professionnelles; et, si on veut du sexe réel, les pays du tiers-monde.
– Bon…» Elle sourit. «Je peux continuer à te sucer tout de même?»
Je me rabattis sur les oreillers et me laissai faire. J'étais vaguement conscient, à ce moment, d'être à l'origine de quelque chose: sur le plan économique j'étais certain d'avoir raison, j'estimais la clientèle potentielle à au moins 80 % des adultes occidentaux; mais je savais que les gens ont parfois du mal, étrangement, à accepter les idées simples.
10
Nous prîmes le petit déjeuner en terrasse, au bord de la piscine. Au moment où je terminais mon café, je vis Jean-Yves sortir de sa chambre en compagnie d'une fille que je reconnus comme une des danseuses de la veille. C'était une Noire élancée, aux jambes longues et fines, qui ne pouvait pas avoir plus de vingt ans. Il eut un instant de gêne, puis se dirigea vers notre table avec un demi-sourire et nous présenta Angelina.
«J'ai réfléchi à ton idée, annonça-t-il d'emblée. Ce qui me fait un peu peur, c'est la réaction des féministes.
– Il y aura des femmes parmi les clients, rétorqua Valérie.
– Tu crois?
– Oh oui, j'en suis même sûre… fit-elle avec un peu d'amertume. Regarde autour de toi.»
Il jeta un regard sur les tables autour de la piscine: effectivement, il y avait pas mal de femmes seules accompagnées par des Cubains; presque autant que d'hommes seuls dans la même situation. Il posa une question à Angelina en espagnol, nous traduisit sa réponse:
«Ça fait trois ans qu'elle est jinetera , elle a surtout des clients italiens et espagnols. Elle pense que c'est parce qu'elle est noire: les Allemands et les Anglo-Saxons se contentent d'une fille de type latino, pour eux c'est déjà suffisamment exotique. Elle a beaucoup d'amis jineteros : ils ont surtout des clientes anglaises et américaines, avec aussi quelques Allemandes.»
Il but une gorgée de café, réfléchit un instant:
«Comment est-ce qu'on va appeler les clubs? Il faut quelque chose qui soit évocateur, nettement différent d' "Eldorador Aventure", mais pas trop explicite quand même.
– J'avais pensé à "Eldorador Aphrodite", dit Valérie.
– "Aphrodite"… Il répéta le mot pensivement. C'est pas mal; ça fait moins vulgaire que "Vénus". Érotique, cultivé, un peu exotique: oui, j'aime bien.»
Nous repartîmes en direction de Guardalavaca une heure plus tard. À quelques mètres du minibus, Jean-Yves fit ses adieux à la jinetera ; il avait l'air un peu triste. Lorsqu'il remonta dans le véhicule, je remarquai que le couple d'étudiants lui jetait des regards hostiles; le négociant en vins, par contre, avait carrément l'air de s'en foutre.
Le retour fut assez morne. Bien sûr il restait la plongée, les soirées karaoké, le tir à l'arc; les muscles se fatiguent, puis ils se détendent; le sommeil vient vite. Je ne garde aucun souvenir des dernières journées de séjour, ni vraiment de la dernière excursion, sinon que la langouste était caoutchouteuse, et le cimetière décevant. Il y avait pourtant la tombe de José Marti, père de la patrie, poète, politicien, polémiste, penseur. Un bas-relief le représentait, orné d'une moustache. Son cercueil recouvert de fleurs reposait au fond d'une fosse circulaire sur les murs de laquelle étaient gravées ses pensées les plus notoires – sur l'indépendance nationale, la résistance à la tyrannie, le sentiment de justice. On n'avait pas pour autant l'impression que son esprit soufflait en ces lieux; le pauvre homme avait l'air tout simplement mort. Ce n'était pas, ceci dit, un mort antipathique; on avait même plutôt envie de faire sa connaissance, quitte à ironiser sur son sérieux humaniste un peu étroit; mais ça ne paraissait guère possible, il paraissait bel et bien enfermé dans le passé. Pourrait-il, à nouveau, se lever pour galvaniser la patrie et l'entraîner vers de nouveaux progrès de l'esprit humain? On n'imaginait rien de semblable. En résumé c'était un échec attristant, comme tous les cimetières républicains d'ailleurs. Il était tout de même agaçant de constater que les catholiques restaient les seuls à avoir su mettre sur pied un dispositif funéraire opérationnel. Il est vrai que le moyen qu'ils employaient pour rendre la mort magnifique et touchante consistait tout simplement à la nier. Avec des arguments comme ça. Mais là, à défaut de Christ ressuscité, il aurait fallu des nymphes, des bergères, enfin un peu de cul. Tel quel, on n'imaginait pas du tout le pauvre José Marti batifoler dans les prairies de l'au-delà; il donnait plutôt l'impression d'être enfoui dans les cendres d'un ennui éternel.
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