Michel Houellebecq - La possibilité d'une île

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Au XXIe siècle, une secte promettant l'immortalité à ses membres a supplanté les religions traditionnelles. Chacun des adeptes, devenu vieux, se suicide en laissant un échantillon d'ADN et un récit de vie. Cloné indéfiniment tous les 50 ans, il mène plusieurs siècles d'une vie esseulée où les sentiments n'ont pas cours.

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Chaque matin au réveil et depuis des années je pratiquais, suivant les recommandations de la Sœur suprême, les exercices définis par le Bouddha dans son sermon sur l'établissement de l'attention. «Ainsi il demeure, observant le corps intérieurement; il demeure, observant le corps extérieurement; il demeure, observant le corps intérieu rement et extérieurement. Il demeure observant l'apparition du corps; il demeure observant la disparition du corps; il demeure, observant l'apparition et la disparition du corps. "Voilà le corps": cette introspection est présente a lui, seulement pour la connaissance, seulement pour la réflexion, ainsi il demeure libéré, et ne s'attache à rien dans le monde.» À chaque minute de ma vie et depuis son début j'étais resté conscient de ma respiration, de l'équilibre kinesthésique de mon organisme, de son état central fluctuant. Cette immense joie, cette transfiguration de son être physique qui submergeaient Daniel1 au moment de la réalisation de ses désirs, cette impression en particulier d'être transporté dans un autre univers qu'il connaissait lors de ses pénétrations charnelles, je ne les avais jamais connues, je n'en avais même aucune notion, et il me semblait à présent que, dans ces conditions, je ne pouvais plus continuer à vivre.

L'aube se leva, humide, sur le paysage de forêts, et vinrent avec elle des rêves de douceur, que je ne parvins pas à comprendre. Vinrent les larmes, aussi, dont le contact salé me parut bien étrange. Ensuite apparut le soleil, et avec lui les insectes; je commençai, alors, à comprendre ce qu'avait été la vie des hommes. Lapaume de mes mains, la plante de mes pieds étaient couvertes de centaines de petites vésicules; la démangeaison était atroce et je me grattai furieusement, pendant une dizaine de minutes, jusqu'à en être couvert de sang.

Plus tard, alors que nous abordions une prairie dense, Fox parvint à capturer un lapin; d'un geste net il lui brisa les vertèbres cervicales, puis apporta le petit animal dégouttant de sang à mes pieds. Je détournai la tête au moment où il commençait à dévorer ses organes internes; ainsi était constitué le monde naturel.

Pendant la semaine suivante nous traversâmes une zone escarpée qui devait, d'après ma carte, correspondre à la sierra de Gador; mes démangeaisons diminuaient, ou plutôt je finissais par m'habituer à cette douleur constante, plus forte à la tombée du jour, de même que je m'habituais à la couche de crasse qui recouvrait ma peau, à une odeur corporelle plus prononcée.

Un matin, peu avant l'aube, je m'éveillai sans ressentir la chaleur du corps de Fox. Je me relevai, terrorisé. Il était à quelques mètres et se frottait contre un arbre en éternuant de fureur; le point douloureux était apparemment situé derrière ses oreilles, à la base de la nuque. Je m'approchai, pris doucement sa tête entre mes mains. En lissant son poil je découvris rapidement une petite surface bombée, grise, large de quelques millimètres: c'était une tique, je reconnus l'aspect pour en avoir lu la description dans des ouvrages de biologie animale. L'extraction de ce parasite était, je le savais, délicate; je retournai à mon sac à dos, pris des pinces et une compresse imbibée d'alcool. Fox gémit faiblement, mais resta immobile au moment où j'opérais: lentement, millimètre par millimètre, je parvins à extraire l'animal de sa chair; c'était un cylindre gris, charnu, d'aspect répugnant, qui avait grossi en se gorgeant de son sang; ainsi était constitué le monde naturel.

Le premier jour de la seconde semaine, au milieu de la matinée, je me retrouvai face à une faille immense qui me barrait la route en direction de l'Ouest. Je connaissais son existence par les relevés satellite, mais je m'étais imaginé qu'il serait possible de la franchir pour continuer ma route. Les parois de basalte bleuté, d'une verticalité absolue, plongeaient sur plusieurs centaines de mètres jusqu'à un plan confus, légèrement accidenté, dont le sol semblait une juxtaposition de pierres noires et de lacs de boue. Dans l'air limpide on distinguait les moindres détails de la paroi opposée, qui pouvait être située à une dizaine de kilomètres: elle était tout aussi verticale.

Si les cartes établies à partir des relevés ne permettaient nullement de prévoir le caractère infranchissable de cet accident de terrain, elles donnaient par contre une idée précise de son tracé: partant d'une zone qui correspondait à l'emplacement de l'ancienne Madrid (la cité avait été détruite par une succession d'explosions nucléaires au cours d'une des dernières phases des conflits interhumains), la faille traversait tout le sud de l'Espagne, puis la zone marécageuse correspondant à ce qui avait été la Méditerranée, avant de s'enfoncer très loin au cœur du continent africain. La seule solution possible était de la contourner par le nord; cela représentait un détour de mille kilomètres. Je m'assis quelques minutes, découragé, les pieds ballants dans le vide, cependant que le soleil montait sur les sommets; Fox s'assit à mes côtés en me jetant des regards interrogateurs. Le problème de sa nourriture, du moins, était résolu: les lapins, très nombreux dans la région, se laissaient approcher et égorger sans la moindre méfiance; sans doute leurs prédateurs naturels avaient-ils disparu depuis de nombreuses générations. J'étais surpris de la rapidité avec laquelle Fox retrouvait les instincts de ses ancêtres sauvages; surpris aussi de la joie manifeste qu'il éprouvait, lui qui n'avait connu que la tiédeur d'un appartement, à humer l'air des sommets, à gambader dans les prairies de montagne.

Les journées étaient douces et déjà chaudes; c'est sans difficulté que nous franchîmes les chaînes de la sierra Nevada par le puerto de la Ragua, à deux mille mètres d'altitude; au loin, on distinguait le sommet couronné de neige du Mulhacén, qui avait été – et restait, malgré les bouleversements géologiques intervenus – le point culminant de la péninsule ibérique.

Plus au nord s'étendait une zone de plateaux et de buttes calcaires, au sol creusé de très nombreuses grottes. Elles avaient servi d'abri aux hommes préhistoriques qui avaient pour la première fois habité la région; plus tard, elles avaient été utilisées comme refuge par les derniers musulmans chassés par la Reconquista espagnole, avant d'être transformées au XX esiècle en zones récréatives et en hôtels; je pris l'habitude de m'y reposer dans la journée, et de poursuivre mon chemin à la tombée de la nuit. C'est au matin du troisième jour que je perçus, pour la première fois, des indices de la présence des sauvages – un feu, des ossements de petits animaux. Ils avaient allumé le feu à même le sol d'une des chambres installées dans les grottes, carbonisant du même coup la moquette, alors que les cuisines de l'hôtel renfermaient une batterie de cuisinières vitrocéramiques – dont ils avaient été incapables de comprendre le fonctionnement. C'était pour moi une surprise constante de constater qu'une grande partie des équipements construits par les hommes étaient encore, plusieurs siècles après, en état de marche – les centrales électriques elles-mêmes continuaient à débiter des milliers de kilowatts qui n'étaient plus utilisés par personne. Profondément hostile à tout ce qui pouvait venir de l'humanité, désireuse d'établir une coupure radicale avec l'espèce qui nous avait précédés, la Sœur suprême avait très vite décidé de développer une technologie autonome dans les enclaves destinées à l'habitation des néo-humains qu'elle avait progressivement rachetées aux nations en ruine, incapables de boucler leur budget, puis bientôt de subvenir aux besoins sanitaires de leurs populations. Les installations précédentes avaient été entièrement laissées à l'abandon; la permanence de leur fonctionnement n'en était que plus remarquable: quel qu'il ait pu être par ailleurs, l'homme avait décidément été un mammifère ingénieux.

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