Michel Houellebecq - La possibilité d'une île
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– Je me souviens de quelque chose au sujet de Duchamp… Un groupe, une banderole avec une phrase du genre: "LE SILENCE DE MARCEL DUCHAMP EST SURESTIMÉ."
– Tout à fait; sauf que la phrase originale était en allemand. Mais c'est le principe même de l'art d'intervention: créer une parabole efficace, qui est reprise et narrée de manière plus ou moins déformée par des tiers, afin de modifier par contrecoup l'ensemble de la société.»
J'étais naturellement un homme qui connaissait la vie, la société et les choses; j'en connaissais une version usuelle, limitée aux motivations les plus courantes qui agitent la machine humaine; ma vision était c elle d'un observateur acerbe des faits de société, d'un balzacien medium light ; c'était une vision du monde dans laquelle Vincent n'avait aucune place assignable, et pour la première fois depuis des années, pour la première fois en réalité depuis ma rencontre avec Isabelle, je commençais à me sentir légèrement déstabilisé. Sa narration m'avait fait penser au matériel promotionnel de «DEUX MOUCHES PLUS TARD», en particulier aux tee-shirts. Sur chacun d'entre eux était imprimé une citation du «Manuel de civilité pour petites filles à l'usage des maisons d'éducation», de Pierre Louÿs, la lecture de chevet du héros du film. Il y avait une douzaine de citations différentes; les tee-shirts étaient fabriqués dans une fibre nouvelle, scintillante et un peu transparente, très légère, ce qui avait permis d'en intégrer un sous blister dans le numéro de Lolita précédant la sortie du film. J'avais à cette occasion rencontré la successeuse d'Isabelle, une groovasse incompétente à peine capable de se souvenir du mot de passe de son ordinateur; ça n'empêchait pas le journal de tourner. La citation que j'avais choisie pour Lolita était: «Donner dix sous à un pauvre parce qu'il n'a pas de pain, c'est parfait; mais lui sucer la queue parce qu'il n'a pas de maîtresse, ce serait trop: on n'y est pas obligée.»
En somme, dis-je à Vincent, j'avais fait de l'art d'intervention sans le savoir. «Oui, oui…» répondit-il avec malaise; je m'aperçus alors, non sans gêne, qu'il rougissait ; c'était attendrissant, et un peu malsain. Je pris conscience en même temps qu'aucune femme n'avait probablement jamais mis les pieds dans ce pavillon; le premier geste d'une femme aurait été de modifier la décoration, de ranger au moins quelques-uns de ces objets qui créaient une ambiance non seulement ringarde, mais à vrai dire assez funéraire.
«Ce n'est plus tellement facile d'avoir des relations, à partir d'un certain âge, je trouve…» dit-il comme s'il avait deviné mes pensées. «On n'a plus tellement l'occasion de sortir, ni le goût. Et puis il y a beaucoup de choses à faire, les formalités, les démarches… les courses, le linge. On a besoin de plus de temps pour s'occuper de sa santé, aussi, simplement pour maintenir le corps à peu près en état de marche. À partir d'un certain âge, la vie devient administrative – surtout.»
Je n'étais plus tellement habitué depuis le départ d'Isabelle à parler à des gens plus intelligents que moi, capables de deviner le cours de mes pensées; ce qu'il venait de dire, surtout, était d'une véracité écrasante, et il y eut un moment de gêne – les sujets sexuels c'est toujours un peu lourd, je crus bon de parler politique pour badiner un peu, et toujours sur ce thème de l'art d'intervention je lui racontai comment Lutte ouvrière, quelques jours après la chute du mur de Berlin, avait placardé à Paris des dizaines d'affiches proclamant: «LE COMMUNISME EST TOUJOURS L'AVENIR DU MONDE.» Il m'écouta avec cette attention, cette gravité enfantine qui commençaient à me serrer le cœur avant de conclure que si l'action était dotée d'une vraie puissance elle n'avait pourtant aucune dimension poétique ni artistique, dans la mesure où Lutte ouvrière était avant tout un parti, une machine idéologique, et que l'art était toujours cosa individuelle ; même lorsqu'il était protestation, il n'avait de valeur que s'il était protestation solitaire. Il s'excusa de son dogmatisme, sourit tristement, me proposa:«On va voir ce que je fais? C'est en bas… Je crois que ce sera plus concret après.» Je me levai du fauteuil, le suivis jusqu'à l'escalier qui ouvrait dans le couloir de l'entrée. «En abattant les cloisons, ça m'a donné un sous-sol de vingt mètres de côté; quatre cents mètres carrés, c'est bien pour ce que je fais en ce moment…» poursuivit-il d'une voix incertaine. Je me sentais de plus en plus mal à l'aise: on m'avait souvent parlé show-business, plan médias, microsociologie aussi; mais art, jamais, et j'étais gagné par le pressentiment d'une chose nouvelle, dangereuse, mortelle probablement; d'un domaine où il n'y avait – un peu comme dans l'amour – à peu près rien à gagner, et presque tout à perdre.
Je posai le pied sur un sol plan, après la dernière marche, lâchai la rampe de l'escalier. L'obscurité était totale. Derrière moi, Vincent actionna un commutateur.
Des formes apparurent d'abord, clignotantes, indécises, comme une procession de mini-fantômes; puis une zone s'éclaira à quelques mètres sur ma gauche. Je ne comprenais absolument pas la direction de l'éclairage; la lumière semblait venir de l'espace lui-même. «L'ÉCLAIRAGE EST UNE MÉTAPHYSIQUE…»: la phrase tourna quelques secondes dans ma tête, puis disparut. Je m'approchai des objets. Un train entrait en gare dans une station d'eaux de l'Europe centrale. Les montagnes enneigées, dans le lointain, étaient baignées par le soleil; des lacs scintillaient, des alpages. Les demoiselles étaient ravissantes, elles portaient des robes longues et des voilettes. Les messieurs souriaient en les saluant, soulevaient leur chapeau haut de forme. Tous avaient l'air heureux. «LE MEILLEUR DU MONDE…»: la phrase scintilla quelques instants, puis disparut. La locomotive fumait doucement, comme un gros animal gentil. Tout avait l'air équilibré, à sa place. L'éclairage baissa doucement. Les verrières du casino reflétaient le soleil couchant, et tout plaisir était empreint d'une honnêteté allemande. Puis l'obscurité se fit tout à fait, et une ligne sinueuse apparut dans l'espace, formée de cœurs translucides en plastique rouge, à demi remplis d'un liquide qui venait battre leurs parois. Je suivis la ligne des cœurs, et une nouvelle scène apparut: il s'agissait cette fois d'un mariage asiatique, célébré peut-être à Taïwan ou en Corée, dans un pays de toute façon qui connaissait depuis peu la richesse. Des Mercedes rosé pâle déposaient les invités sur le parvis d'une cathédrale néo-gothique; le mari, vêtu d'un smoking blanc, avançait dans les airs, à un mètre au-dessus du sol, son petit doigt entre la cé avec celui de sa promise. Des bouddhas chinois ventrus, entourés d'ampoules électriques multicolores, tressaillaient d'allégresse. Une musique souple et bizarre augmentait lentement, cependant que les mariés s'élevaient dans les airs avant de surplomber l'assistance – ils étaient à présent à la hauteur de la rosace de la cathédrale. Ils échangèrent un long baiser, à la fois virginal et labial, sous les applaudissements de l'assistance – je voyais s'agiter les petites mains. Dans le fond des traiteurs soulevaient les couvercles de plats fumants, à la surface du riz les légumes formaient de petites taches de couleur. Des pétards éclatèrent, il y eut un appel de trompettes.
L'obscurité se fit à nouveau et je suivis un chemin plus flou, comme tracé dans les bois, j'étais entouré de frôlements dorés et verts. Des chiens s'ébattaient dans la clairière des anges, ils se roulaient dans le soleil. Plus tard les chiens étaient avec leurs maîtres, les protégeant de leur regard d'amour, et plus tard ils étaient morts, de petites stèles s'élevaient dans la clairière pour commémorer l'amour, les promenades dans le soleil, et la joie partagée. Aucun chien n'était oublié: leur photo en relief décorait les stèles au pied desquelles les maîtres avaient déposé leurs jouets favoris. C'était un monument joyeux, dont toute larme était absente.
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