Michel Houellebecq - La possibilité d'une île
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Ce peu reluisant souvenir me conduisit vers la fin de la nuit, à l'issue d'une insomnie quasi-totale, à jeter les bases d'un scénario que j'intitulai provisoirement «LES ÉCHANGISTES DE L'AUTOROUTE», et qui devait me permettre de combiner astucieusement les avantages commerciaux de la pornographie et ceux de l'ultraviolence. Dans la matinée, tout en dévorant des brownies au bar du Lutetia, j'écrivis la séquence prégénérique.
Une énorme limousine noire (peut-être une Packard des années 1960) roulait à faible allure le long d'une route de campagne, au milieu de prairies et de buissons de genêts d'un jaune vif (je pensais tourner en Espagne, probablement dans la région des Hurdes, très jolie au mois de mai); elle émettait en roulant un grondement sourd (genre: bombardier qui rentre à sa base).
Au milieu d'une prairie, un couple faisait l'amour en pleine nature (c'était une prairie très fleurie, à l'herbe haute, avec des coquelicots, des bleuets et des fleurs jaunes dont le nom m'échappait sur le moment, mais je notai en marge: «Forcer sur les fleurs jaunes»). La jupe de la fille était retroussée, son tee-shirt relevé au-dessus de ses seins, en résumé elle avait l'air d'une belle salope. Ayant dégrafé le pantalon de l'homme, elle le gratifiait d'une fellation. Un tracteur qui tournait au ralenti dans le fond du cadre laissait accroire qu'on avait affaire à un couple d'agriculteurs. Une petite pipe entre deux labours, le Sacre du Printemps, etc. Un travelling arrière nous informait cependant bien vite que les deux tourtereaux s'ébattaient dans le champ d'une caméra, et qu'on avait en réalité affaire au tournage d'un film pornographique – probablement d'assez haut de gamme, puisqu'il y avait une équipe complète.
La limousine Packard s'arrêtait, surplombant la prairie, et deux exécuteurs en sortaient, vêtus de costumes croisés noirs. Sans pitié, ils mitraillaient le jeune couple et l'équipe. J'hésitai, puis barrai «mitraillaient»: il valait mieux un dispositif plus original, par exemple un lanceur de disques d'acier acérés qui tourbillonneraient dans l'atmosphère pour sectionner les chairs, en particulier celles des deux amants. Il ne fallait pas lésiner, avoir la bite tranchée net dans la gorge de la fille, etc.; enfin, il fallait ce que mon directeur de production sur «DIOGÈNE LE CYNIQUE» aurait appelé des images un peu sympa. Je notai en marge: «prévoir un dispositif arrache-couilles».
À la fin de la séquence, un homme gras, aux cheveux très noirs, au visage luisant et troué de petite vérole, également vêtu d'un costume croisé noir, sortait de l'arrière de la voiture en compagnie d'un vieillard squelettique et sinistre, à la William Burroughs, dont le corps flottait dans un pardessus gris. Celui-ci contemplait le carnage (lambeaux de chair rouges dans la prairie, fleurs jaunes, hommes en costume noir), soupirait légèrement et se tournait pour dire à son compagnon: «A moral duty, John.»
À la suite de différents massacres perpétrés le plus souvent sur des couples jeunes, voire adolescents, il s'avérait que ces peu recommandables drilles étaient membres d'une association de catholiques intégristes, peut-être affiliée à l'Opus Dei; cette pointe contre le retour de l'ordre moral devait, dans mon esprit, me valoir la sympathie de la critique de gauche. Un peu plus tard, il apparaissait cependant que les tueurs étaient eux-mêmes filmés par une seconde équipe, et que le véritable but de l'affaire était la commercialisation non pas de films pornos, mais d'images d'ultraviolence. Récit dans le récit, film dans le film, etc. Un projet béton.
En somme, comme je le dis à mon agent le soir même, j'avançais, je travaillais, enfin j'étais en train de retrouver mon rythme; il s'en déclara heureux, m'avoua qu'il s'était inquiété. Jusqu'à un certain point, j'étais sincère. Ce n'est que deux jours plus tard, en reprenant l'avion pour l'Espagne, que je me rendis compte que je ne terminerais jamais ce scénario – sans même parler de le réaliser. Il y a une certaine agitation sociale, à Paris, qui vous donne l'illusion d'avoir des projets; de retour à San José, je le savais, j'allais me pétrifier complètement. J'avais beau faire l'élégant, j'étais en train de me recroqueviller comme un vieux singe; je me sentais amenuisé, amoindri au-delà du possible; mes marmottements et mes murmures étaient déjà ceux d'un vieillard. J'avais quarante-sept ans maintenant, cela faisait trente ans que j'avais entrepris de faire rire mes semblables; à présent j'étais fini, lessivé, inerte. Le pétillement de curiosité qui subsistait encore dans le regard que je portais sur le monde allait bientôt s'éteindre, et je serais comme les pierres, une vague souffrance en plus. Ma carrière n'avait pas été un échec, commercialement tout du moins: si l'on agresse le monde avec une violence suffisante, il finit par le cracher, son sale fric; mais jamais, jamais il ne vous redonne la joie.
DANIEL24,11
Comme probablement Marie22 au même âge, Marie23 est une néo-humaine enjouée, gracieuse. Même si le vieillissement n'a pas pour nous le caractère tragique qu'il avait pour les humains de la dernière période, il n'est pas exempt de certaines souffrances. Celles-ci sont modérées, comme le sont nos joies; encore subsiste-t-il des variations individuelles. Marie22, par exemple, semble avoir été par moments étrangement proche de l'humanité, comme en témoigne ce message, pas du tout dans le ton néo-humain, qu'elle ne m'a finalement pas adressé (c'est Marie23 qui l'a retrouvé hier en consultant ses archives):
Une vieille femme désespérée,
Au nez crochu
Dans son manteau de pluie
Traverse la place Saint-Pierre.
37510,236,43725,82556. Des êtres humains chauves, vieux, raisonnables, vêtus de gris, se croisent à quelques mètres de distance dans leurs fauteuils roulants. Ils circulent dans un espace immense, gris et nu – il n'y a pas de ciel, pas d'horizon, rien; il n'y a que du gris. Chacun marmotte en lui-même, la tête rentrée dans les épaules, sans remarquer les autres, sans même prêter attention à l'espace. Un examen plus attentif révèle que le plan sur lequel ils progressent est faiblement incliné; de légères dénivellations forment un réseau de courbes de niveau qui guide la progression des fauteuils, et doit normalement empêcher toute possibilité de rencontre.
J'ai l'impression que Marie22 a souhaité, en réalisant cette image, exprimer ce que ressentiraient les humains de l'ancienne race s'ils se trouvaient confrontés à la réalité objective de nos vies – ce qui n'est pas le cas des sauvages: même s'ils circulent entre nos résidences, s'ils apprennent vite à s'en tenir éloignés, rien ne leur permet d'imaginer les conditions réelles, technologiques, de nos existences.
Son commentaire en témoigne, Marie22 semble même en être venue, sur la fin, à éprouver une certaine commisération pour les sauvages. Cela pourrait la rapprocher de Paul24, avec lequel elle a par ailleurs entretenu une correspondance soutenue; mais alors que Paul24 trouve des accents schopenhaueriens pour évoquer l'absurdité de l'existence des sauvages, entièrement vouée à la souffrance, et pour appeler sur eux la bénédiction d'une mort rapide, Marie22 va jusqu'à envisager que leur destin aurait pu être différent, et qu'ils auraient pu, dans certaines circonstances, connaître une fin moins tragique. Il a pourtant été maintes fois démontré que la douleur physique qui accompagnait l'existence des humains leur était consubstantielle, qu'elle était la conséquence directe d'une organisation inadéquate de leur système nerveux, de même que leur incapacité à établir des relations interindividuelles sur un autre mode que celui de l'affrontement résultait d'une insuffisance relative de leurs instincts sociaux par rapport à la complexité des sociétés que leurs moyens intellectuels leur permettaient de fonder – c'était déjà patent dans le cas d'une tribu de taille moyenne, sans parler de ces conglomérats géants qui devaient rester associés aux premières étapes de la disparition effective.
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