Michel Houellebecq - La possibilité d'une île

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Au XXIe siècle, une secte promettant l'immortalité à ses membres a supplanté les religions traditionnelles. Chacun des adeptes, devenu vieux, se suicide en laissant un échantillon d'ADN et un récit de vie. Cloné indéfiniment tous les 50 ans, il mène plusieurs siècles d'une vie esseulée où les sentiments n'ont pas cours.

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J'eus à peine le temps de m'installer, de me préparer un café soluble avant que ne démarre la première conférence. Pour assister aux «enseignements» il convenait de revêtir, par-dessus ses vêtements habituels, une longue tunique blanche. J'eus évidemment une légère sensation de ridicule en enfilant la chose, mais l'intérêt de l'accoutrement ne tarda pas à m'apparaître. Le plan de l'hôtel était très complexe, avec des passages vitrés réunissant les bâtiments, des demi-niveaux, des galeries souterraines, le tout avec des indications rédigées dans une langue bizarre qui évoquait vaguement le gallois, à laquelle de toute façon je ne comprenais rien, si bien qu'il me fallut une demi-heure pour retrouver mon chemin. Durant ce laps de temps je croisai une vingtaine de personnes qui cheminaient comme moi dans les couloirs déserts, et qui portaient comme moi de longues tuniques blanches. En arrivant dans la salle de conférences, j'avais l'impression d'être engagé dans une démarche spirituelle – alors que ce mot n'avait jamais eu le moindre sens pour moi, et n'en avait d'ailleurs toujours aucun. Cela n'avait pas de sens, mais j'y étais. L'habit fait le moine.

L'orateur du jour était un type très grand, très maigre, chauve, d'un sérieux impressionnant – lorsqu'il tentait de placer un effet comique, ça faisait un peu peur. En moi-même je l'appelai Savant, et en effet il était professeur de neurologie dans une université canadienne. À ma grande surprise ce qu'il avait à dire était intéressant, et même passionnant par endroits. L'esprit humain se développait, expliqua-t-il, par création et renforcement chimique progressif de circuits neuronaux de longueur variable – pouvant aller de deux à cinquante neurones, voire plus. Un cerveau humain comportant plusieurs milliards de neurones, le nombre de combinaisons, et donc de circuits possibles, était inouï- il dépassait largement, par exemple, le nombre de molécules de l'univers.

Le nombre de circuits utilisés était très variable d'un individu à l'autre, ce qui suffisait selon lui à expliquer les innombrables gradations entre l'imbécillité et le génie. Mais, chose encore plus remarquable, un circuit neuronal fréquemment emprunté devenait, par suite d'accumulations ioniques, de plus en plus facile à emprunter – il y avait en somme auto-renforcement progressif, et cela valait pour tout, les idées, les addictions, les humeurs. Le phénomène se vérifiait pour les réactions psychologiques individuelles comme pour les relations sociales: conscientiser ses blocages les renforçait; mettre à plat les conflits entre deux personnes les rendait en général insolubles. Savant enchaîna alors sur une attaque impitoyable de la théorie freudienne, qui non seulement ne reposait sur aucune base physiologique consistante mais conduisait à des résultats dramatiques, directement contraires au but recherché. Sur l'écran derrière lui, la succession de schémas qui ponctuait son discours s'interrompit pour laisser la place à un bref et poignant documentaire consacré aux souffrances morales – parfois insoutenables – des vétérans du Vietnam. Ils n'arrivaient pas à oublier, faisaient des cauchemars toutes les nuits, ne pouvaient même plus conduire, traverser une rue sans aide, ils vivaient constamment dans la peur et il paraissait impossible de les réadapter à une vie sociale normale. On s'arrêta alors sur le cas d'un homme voûté, ridé, qui n'avait plus qu'une mince couronne de cheveux roux en désordre et qui semblait vraiment réduit à l'état de loque: il tremblait sans arrêt, ne parvenait plus à sortir de chez lui, il avait besoin d'une assistance médicale permanente; et il souffrait, il souffrait sans discontinuer. Dans l'armoire de sa salle à manger il conservait un petit flacon rempli de terre du Vietnam; chaque fois qu'il ouvrait l'armoire et ressortait le flacon, il fondait en larmes.

«Stop» dit Savant. «Stop.» L'image s'immobilisa sur le gros plan du vieillard en larmes. «Stupidité» continua Savant. «Entière et complète stupidité. La première chose que cet homme devrait faire, c ‘est prendre son flacon de terre du Vietnam et le balancer par la fenêtre. Chaque fois qu'il ouvre l'armoire, qu'il sort son flacon – et il le fait parfois jusqu'à cinquante fois par jour -, il renforce le circuit neuronal, et se condamne à souffrir un peu plus. De la même manière, chaque fois que nous ressassons notre passé, que nous revenons sur un épisode douloureux – et c'est à peu près à cela que se résume la psychanalyse -, nous augmentons les chances de le reproduire. Au lieu d'avancer, nous nous enterrons. Quand nous traversons un chagrin, une déception, quelque chose qui nous empêche de vivre, nous devons commencer par déménager, brûler les photos, éviter d'en parler à quiconque. Les souvenirs refoulés s'effacent; cela peut prendre du temps, mais ils s'effacent bel et bien. Le circuit se désactive.»

«Des questions?» Non, il n'y avait pas de questions. Son exposé, qui avait duré plus de deux heures, avait été remarquablement clair. En entrant dans la salle des déjeuners j'aperçus Patrick qui se dirigeait vers moi, tout sourire, la main tendue. Est-ce que j'avais fait bon voyage, est-ce que j'étais bien installé, etc.? Alors que nous devisions plaisamment une femme m'enlaça par-derrière, frottant son pubis contre mes fesses, posant ses mains à hauteur de mon bas-ventre. Je me retournai: Fadiah avait enlevé sa tunique blanche pour revêtir une sorte de body en vinyle léopard; elle avait l'air en pleine forme. Tout en continuant à frotter son pubis contre moi elle s'enquit, elle aussi, de mes premières impressions. Patrick considérait la scène avec bonhomie. «Oh, elle fait ça avec tout le monde…» me dit-il alors que nous nous dirigions vers une table où se trouvait déjà assis un homme d'une cinquantaine d'années, de forte carrure, aux cheveux drus et gris coupés en brosse. Il se leva pour m'accueillir, me serra la main en m'observant avec attention. Pendant le repas il ne dit pas grand-chose, se contentant de temps à autre d'aj outer un point de détail sur la logistique du stage, mais je sentais qu'il m'étudiait. Il s'appelait Jérôme Prieur, mais en moi-même je le baptisai immédiatement Flic. Il était en fait le bras droit du prophète, le numéro 2 de l'organisation (enfin ils appelaient ça autrement, il y avait tout un tas de titres du genre «archi-évêque du septième rang», mais c'était le sens). On progressait à l'ancienneté et au mérite, comme dans toutes les organisations, me dit-il sans sourire; à l'ancienneté et au mérite. Savant par exemple, bien qu'il ne soit élohimite que depuis cinq ans, était numéro 3. Quant au numéro 4, il fallait absolument qu'il me le présente, insista Patrick, il appréciait beaucoup ce que je faisais, il avait lui-même beaucoup d'humour. «Oh, l'humour…» me retins-je de répondre.

La conférence de l'après-midi était assurée par Odile, une femme d'une cinquantaine d'années qui avait eu le même genre de vie sexuelle que Catherine Millet, et qui d'ailleurs lui ressemblait un peu. Elle avait l'air d'une femme sympa, sans problèmes – toujours comme Catherine Millet – mais son exposé était un peu mou. Je savais qu'il y avait des femmes comme Catherine Millet, qui partageaient le même genre de goûts -j'estimais le pourcentage à environ une sur cent mille, il me paraissait invariant dans l'histoire, et peu appelé à évoluer. Odile s'anima vaguement en évoquant les probabilités de contamination par le virus du sida en fonction de l'orifice concerné – c'était visiblement son dada, elle avait réuni tout un tas de chiffres. Elle était en fait vice-présidente de l'association «Couples contre le sida», qui s'efforçait de mener à ce sujet une information intelligente – c'est-à-dire permettant aux gens de n'utiliser un préservatif que quand c'était absolument indispensable. Je n'avais pour ma part jamais utilisé de préservatif, et ce n'est pas à mon âge, et avec l'évolution des tri-thérapies, que j'allais m'y mettre – à supposer que j'aie de nouveau l'occasion de baiser; au point où j'en étais, même, la perspective de baiser, et de baiser avec plaisir, me paraissait une motivation largement suffisante pour envisager de terminer l'affaire.

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