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EMMANUEL CARRÈRE: L’usage du «Monde»

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EMMANUEL CARRÈRE

L’usage du «Monde»

Au kiosque de la gare, avant de monter dans le train, tu as acheté Le Monde . C’est aujourd’hui que paraît ma nouvelle, je te l’ai rappelé ce matin au téléphone en ajoutant que ce serait une excellente lecture de voyage. Tu as répondu que trois heures, c’était un peu beaucoup pour une nouvelle et que tu emporterais un livre aussi. Pour ne pas éveiller tes soupçons, j’ai reconnu que oui, sans doute, ce serait plus sage, mais maintenant je te parie que quel que soit ce livre tu ne l’ouvriras pas.

Tu as pris ta place, regardé les gens s’installer. Quelqu’un doit s’être assis à côté de toi: homme ou femme, jeune ou vieux, agréable ou non, je n’en sais rien. Tu as attendu que le train démarre pour ouvrir le journal, comme on fait quand on a du temps devant soi. Murs tagués le long de la voie ferrée, trouée vers le sud, sortie de Paris. Tu as parcouru la première page, la dernière où il y a un baratin sur moi, puis tu as pris le cahier central, tu l’as déplié, découpé, replié, j’espère que tu n’as pas piqué de phrases au vol. Maintenant tu commences à lire.

Drôle d’impression, non?

Ce qui est drôle, d’abord, c’est que tu ne sais rien de cette histoire. Nous étions au bord de la mer ensemble quand je l’ai écrite, mais je n’ai pas voulu te la montrer. Je t’ai dit, évasivement, que c’était plus ou moins de la science-fiction. A première vue, cela fait plutôt penser à ce roman de Michel Butor, La Modification, qui se passait dans un train et qui était écrit à la deuxième personne. Je suppose que parmi les lecteurs arrivés jusqu’ici certains y ont déjà pensé. Mais tu es trop étonnée, toi, pour penser à Michel Butor. Tu réalises qu’en fait de nouvelle je t’ai écrit une lettre que 600 000 personnes, c’est le tirage du Monde , sont invitées à lire par-dessus ton épaule. Tu es touchée, peut-être aussi un peu mal à l’aise. Tu te demandes où je veux en venir.

Je te propose un truc. A partir de maintenant, tu vas faire tout ce que je te dirai. A la lettre. Pas à pas. Si je te dis: arrête de lire à la fin de cette phrase et reprends seulement dans dix minutes, tu arrêtes de lire à la fin de cette phrase et tu reprends seulement dans dix minutes. C’était un exemple, ça ne vaut pas. Mais sur le principe, tu es d’accord? Tu me fais confiance?

Eh bien maintenant, je te le dis: à la fin de cette phrase, arrête de lire, referme le cahier et consacre dix minutes, montre en main, à te demander où je veux en venir.

Lecteur, lectrice surtout que je ne connais pas, je n’ai le droit de rien vous ordonner mais je vous conseille tout de même de faire pareil.

Voilà. Les dix minutes sont passées.

Les autres, je ne sais pas, mais toi, forcément, tu as compris.

J’aimerais maintenant que tu fasses un effort de concentration. Un effort sans effort, si je peux dire, parce que je vais t’en demander beaucoup d’autres, nous n’en sommes qu’à la deuxième page et il y en a 16 de prévues, il faut y aller progressivement, ne pas rater le crescendo. Tu vas juste essayer de te visualiser. Ton environnement immédiat, d’abord, dont pas mal de variables m’échappent: sens de la marche ou non, fenêtre ou couloir, banquette normale ou carré, donc vis-à-vis ou non, c’est évidemment un détail important. Et puis toi, assise, ce journal ouvert entre les mains. Est-ce que tu veux que je te décrive, pour t’aider? En fait non, je ne crois pas que ce soit nécessaire, d’abord parce que je ne suis pas très bon pour décrire, ensuite parce que l’idée n’est pas seulement de te faire mouiller toi, mais de faire mouiller aussi toute autre femme qui lit ceci et qu’une description trop précise nuirait à l’identification. Rien que dire une grande blonde avec un long cou, la taille fine et les hanches épanouies, ce serait déjà trop, je ne dis donc rien de tel. Même flou en ce qui concerne tes vêtements. Je serais évidemment partisan d’une robe d’été, laissant bras et jambes nus, mais je ne me suis pas permis de te donner d’instruction à ce sujet et il se peut très bien que tu portes un pantalon, c’est pratique en voyage, on s’arrangera avec. Quel que soit le nombre de couches que tu as superposées, et même si en cette saison on peut raisonnablement espérer qu’il n’y en a qu’une, la seule chose certaine c’est que tu es nue en dessous. Je me rappelle un roman dont le narrateur prenait conscience avec émerveillement du fait qu’en toutes circonstances les femmes sont nues sous leurs vêtements. J’ai partagé, je partage encore cet émerveillement. J’aimerais que tu y penses un peu.

Second exercice, donc: prendre conscience du fait que tu es nue sous tes vêtements. Distinguer, petit a, les zones de peau qui ne sont en contact avec aucun tissu, mais directement avec l’air libre - visage, cou et mains, plus une partie variable des membres supérieurs et inférieurs -, petit b, les zones recouvertes de tissu, et là s’ouvre tout un éventail de nuances, selon que ce tissu adhère - sous-vêtements, jean moulant - ou flotte à plus ou moins de distance - chemisier ample, jupe battant les mollets. Il reste un petit c que je gardais pour la fin et qui concerne les zones de peau en contact avec d’autres zones de peau, par exemple, sous une jupe toujours, les cuisses croisées, le dessous de l’une sur le dessus de l’autre, le haut du mollet contre le côté du genou. Tu vas fermer les yeux et inventorier tout ça, tous ces points de contact de ta peau avec de l’air, du tissu, de la peau ou une autre matière - tes avant-bras sur les accoudoirs, ta cheville contre le plastique du siège devant. Tu vas passer en revue tout ce que touche ta peau, tout ce qui touche ta peau. Détailler tout ce qui se passe à la surface de toi.

Un quart d’heure.

Il y a un moment qui est toujours délicat, plaisant mais délicat, dans les plans cul au téléphone, c’est celui où on passe du dialogue normal au vif du sujet. Presque invariablement, cela se fait en demandant à l’autre de décrire sa position dans l’espace - «Mmmm , je suis sur mon lit…» -, puis ce qu’il porte comme vêtements - «Juste un tee-shirt, pourquoi?» -, après quoi on lui demande de glisser un doigt quelque part entre ces vêtements et la peau. Là, j’hésite. C’est comme aux échecs ou dans une analyse, où tout est paraît-il contenu dans le premier coup. L’ouverture la plus classique, ce serait un sein, qu’on abordera différemment selon qu’il est ou non enveloppé par un soutien-gorge. Habituellement, tu en portes un. J’en connais la plupart, je t’en ai offert plusieurs, c’est une chose que j’aime bien, choisir de la lingerie sexy. J’aime discuter avec la vendeuse, lui décrire la destinataire, le mélange légitime d’échange purement professionnel et de sous-entendu sexuel crée une petite complicité telle qu’on en arrive vite à demander: «Et si c’était pour vous, qu’est-ce que vous choisiriez?»

Je pourrais te demander de te caresser un sein, d’en effleurer la pointe du bout des doigts à travers robe et soutien-gorge, aussi discrètement que possible. Encore une chose que j’aime, que nous aimons tous les deux, regarder ensemble les femmes et imaginer les pointes de leurs seins. Leurs chattes aussi d’ailleurs, mais du calme, pour l’instant nous en sommes aux pointes de leurs seins. Comme il m’est plusieurs fois arrivé de l’expliquer à des vendeuses de lingerie afin qu’elles soient mieux à même de me conseiller, les tiennes sont assez particulières en ce sens qu’elles ont l’air d’avoir été montées à l’envers, le bout vers l’intérieur, et qu’elles ressortent, comme un petit animal de son terrier, quand tu es excitée. Je suppose que c’est ce qu’elles font en ce moment, et que tu n’as même pas besoin de les toucher. Ne les touche pas. Interromps le mouvement que tu avais peut-être commencé, laisse ta main suspendue en l’air et contente-toi de penser à tes seins. Ou encore, visualise-les. Je t’ai déjà expliqué, c’est une technique de yoga extrêmement efficace - bien que son efficacité serve habituellement d’autres fins - de visualiser une partie du corps avec la plus grande précision et de s’y transporter en pensée et en sensation. Poids, chaleur, grain de la peau, grain différent de l’aréole, frontière entre la peau et l’aréole, tu es tout entière dans tes seins. Normalement, à l’instant où tu lis ceci, quelqu’un qui te fait face - mais quelqu’un te fait-il face? - doit voir leurs bouts pointer sous la double couche de tissu aussi nettement que sous un tee-shirt mouillé.

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