Emmanuel Carrère - La moustache

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Un jour, pensant faire sourire votre femme et vos amis, vous rasez la moustache que vous portiez depuis dix ans. Personne ne le remarque ou, pire, chacun feint de ne l'avoir pas remarqué, et c'est vous qui souriez jaune. Tellement jaune que, bientôt, vous ne souriez plus du tout. Vous insistez, on vous assure que vous n'avez jamais eu de moustache. Deviendriez-vous fou? Voudrait-on vous le faire croire? Ou quelque chose, dans l'ordre du monde, se serait-il détraqué à vos dépens? L'histoire, en tout cas, finit forcément très mal et, d'interprétations impossibles en fuite irraisonnée, ne vous laisse aucune porte de sortie. Ou bien si, une, qu'ouvrent les dernières pages et qu'il est fortement déconseillé d'emprunter pour entrer dans le livre. Vous voici prévenus.

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Dans le miroir gravé qui revêtait le mur, derrière la rangée de cabines, il avait pu, en écoutant résonner les sonneries sans réponse, s'observer à loisir: veste fripée, trop chaude, chemise grise de crasse et de sueur, cheveux embroussaillés et barbe de trois jours. Il résolut, pour se calmer, d'acheter des vêtements de rechange. Il traversa le lobby pour gagner un patio bordé de boutiques luxueuses où, sans se presser, il choisit une chemise légère, munie de larges poches pectorales qui le dispenseraient de porter une veste, un pantalon de toile, une paire de slips, des sandales de cuir, enfin un élégant nécessaire à raser, le tout lui coûta un prix insensé mais il s'en moquait et, à la réflexion, décida même de transférer ses quartiers à l'hôtel Mandarin. Le fait de s'engager dans des dépenses fastueuses lui donnait l'impression de prendre une décision. En outre, comme il n'avait rien de particulier à faire à Kowloon, ce déménagement l'écarterait un peu des tentations du ferry. Il n'avait pas davantage à faire «on the Hong-Kong side», mais bon…

Claire, spacieuse, confortable, sa nouvelle chambre comportait deux lits jumeaux, la fenêtre donnait, non sur la grande avenue parallèle au quai, mais sur une rue transversale dont les vitres scellées et doublées filtraient le vacarme. Dès que le groom fut parti, il se déshabilla, prit une douche et rasa sa barbe, maniant avec précaution le coupe-chou, à l'usage duquel il n'était pas habitué. La moustache reprenait tournure, et cette repousse éveilla en lui l'espoir bizarre que le retour à son aspect antérieul entraînerait la disparition et même l'annulation rétrospective de tous les mystères provoqués par son initiative. D'un coup, il retrouverait son intégrité, physique, mentale, biographique, aucune trace ne subsisterait du désordre. Il reviendrait de HongKong, persuadé à juste raison d'y avoir effectué un voyage d'affaires, pour le compte de l'agence, il aurait dans sa serviette, car il en achèterait une, les documents témoignant de son travail, des contacts qu'il avait établis. Agnès l'accueillerait tendrement à l'aéroport, elle connaîtrait l'heure exacte de son retour. Elle ne se souviendrait de rien, lui non plus, tout serait rentré dans l'ordre. Aucune incohérence ne se produirait par la suite, le mystère se serait effacé de lui-même, n'aurait en fait jamais eu lieu. Voilà ce qui pouvait arriver de mieux et, en y réfléchissant, ce n'était ni plus ni moins impossible que ce qui était arrivé. Il pouvait même, songe a-t-il, donner un coup de pouce aux puissances qui, après s'être jouées de lui, consentiraient à tout remettre en place. Aide-toi, le ciel t'aidera… Oui, mais s'aider, dans son cas, cela signifiait réunir des documents prouvant la réalité et l'utilité de son voyage d'affaires, téléphoner à Jérôme pour mettre au point la fiction justifiant son départ impromptu, lui demander de préparer psychologiquement Agnès à croire qu'elle avait rêvé, bref recommencer le cirque, donner de nouvelles preuves de sa folie, à peu de choses près convoquer soi-même l'ambulance qui le cueillerait au sortir de l'avion… Non, seul le ciel, si on pouvait appeler ça le ciel, était en mesure de l'aider: il ne s'agissait pas, surtout pas, de truquer la réalité, mais d'accomplir un miracle, de faire que n'ait pas eu lieu ce qui avait eu lieu. Gommer cet épisode de leurs vies, et ses conséquences, mais aussi gommer la trace de la gomme, et la trace de cette trace. Ne pas truquer, ne pas oublier, mais n'avoir plus rien à truquer ni à oublier, sans quoi le souvenir reviendrait, inéluctablement, les détruirait… Non, vraiment, la seule aide qui fût à sa portée, s'il voulait s'attirer la miséricorde du ciel, c'était de se laisser repousser la moustache, d'en prendre soin, de faire confiance à ce remède. Allongé sur le lit, il effleurait du doigt sa lèvre supérieure, caressait le poil renaissant, sa seule chance.

Plus tard dans l'après-midi, il fit une nouvelle tentative pour téléphoner à Agnès et à ses parents, sans plus de succès. Puis il passa ses vêtements neufs, roula, faute d'ourlet, le bas du pantalon et répartit ce qu'il possédait dans ses poches fessières et pectorales: le passeport, les cartes de crédit, l'argent liquide, la feuille portant les numéros de téléphone. Il hésita à garder sur lui la télécommande et, comme elle l'alourdissait, finit par la caler entre bol et blaireau dans l'étui de cuir contenant le nécessaire à raser, qu'il laissa dans la salle de bains. Il sortit et, empruntant les passerelles au-dessus des avenues, se dirigea vers le débarcadère. Le ciel était gris, la chaleur moite. Le reconnaissant, l'employé du ferry agita les bras en signe de bienvenue, mais il débarqua à Kowloon et ne reprit le bateau qu'une demi-heure plus tard, après avoir réglé sa note à l'hôtel King et récupéré ce qui restait de sa cartouche de cigarettes. Bizarrement, il n'avait pas fumé, pas eu l'idée, depuis son arrivée à HongKong.

De retour sur l'île, il marcha sans but, en tâchant de suivre les quais, ce qui s'avéra impossible à cause des nombreuses voies intraversables, des chantiers de construction, des palissades où il cherchait en vain des brèches pour entrevoir la baie. A la disposition des enseignes publicitaires, au sommet des gratte-ciel qui le surplombaient, il reconnut des quartiers qui, de l'embarcadère du ferry, la nuit précédente, lui avaient paru très éloignés du centre. Dans un autre hôtel de luxe, le Causeway Bay Plaza, il essaya encore de téléphoner, mais il n'y avait toujours personne. Le soir venu, il regagna en taxi le Mandarin, but un Singapore Sling au bar puis monta dans sa chambre pour se regarder dans la glace de la salle de bains, se raser à nouveau, comme un convalescent qui s'assure de ses forces. Plus ses joues étaient lisses, mieux ressortait la barre déjà noire de sa lèvre supérieure. Il savait que la nuit, comme d'habitude, serait dure à passer, que des idées contradictoires, obstinées, exclusives, se porteraient à l'assaut de son cerveau, qu'il voudrait tour à tour, sûr de ne plus varier, reprendre le ferry, filer à l'aéroport, se jeter par la fenêtre, et que le sport consistait à ne rien faire de tout cela, de manière à se retrouver au matin en vie, la moustache croissante, en s'étant contenté de rêver des actes irrémédiables. Il craignait plus que tout, sous l'effet d'une nouvelle lubie, de raser sa moustache et de devoir ensuite tout reprendre à zéro. Il entrevit une suite de jours et de nuits scandée par l'alternance des rasages, des espoirs de repousse, vainement éternisée dans l'attente, l'indécision, la succession plutôt de décisions contraires. Les idées noires revenaient, c'était prévu, bien sûr, le tout était de tenir. Tenir, rien de plus.

Il songea à se soûler, mais c'était trop dangereux. Après avoir appelé Paris encore une fois, inquiet de ce qu'il dirait si par extraordinaire Agnès décrochait, il descendit à la recherche d'une pharmacie où il pourrait se procurer des somnifères, mais lorsqu'il en eut trouvé une ouverte, qu'il eut expliqué ce qu'il voulait à grand renfort de mimiques ridicules, mains croisées sous un oreiller imaginaire et ronflements puissants, la vendeuse prit un air réprobateur et lui fit comprendre qu'il fallait une ordonnance. Il dîna sans faim, de nouilles et de poisson, dans un restaurant en plein air, marcha longtemps, pour se fatiguer, prit un tramway. Accoudé à une fenêtre dépourvue de carreaux, à l'étage supérieur, fumant cigarette sur cigarette malgré l'interdiction que personne ne respectait, il regarda défiler les façades des immeubles, les lumières, les enseignes, les quartiers qui se succédaient, animés ou déserts, les trams qui arrivaient en sens inverse, si proches qu'il lui fallait, à chaque fois, retirer précipitamment son coude.

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