Emmanuel Carrère - La moustache

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Un jour, pensant faire sourire votre femme et vos amis, vous rasez la moustache que vous portiez depuis dix ans. Personne ne le remarque ou, pire, chacun feint de ne l'avoir pas remarqué, et c'est vous qui souriez jaune. Tellement jaune que, bientôt, vous ne souriez plus du tout. Vous insistez, on vous assure que vous n'avez jamais eu de moustache. Deviendriez-vous fou? Voudrait-on vous le faire croire? Ou quelque chose, dans l'ordre du monde, se serait-il détraqué à vos dépens? L'histoire, en tout cas, finit forcément très mal et, d'interprétations impossibles en fuite irraisonnée, ne vous laisse aucune porte de sortie. Ou bien si, une, qu'ouvrent les dernières pages et qu'il est fortement déconseillé d'emprunter pour entrer dans le livre. Vous voici prévenus.

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Il régla son café, descendit au sous-sol de la brasserie pour appeler l'agence. Pas question d'y retourner, ni aujourd'hui ni demain, et tant pis pour le projet de gymnase, tant pis pour la présentation au client, lundi. Quand Jérôme commença à protester, à dire que merde ce n'était pas vraiment le jour, il le coupa net: «Je suppose, dit-il, que tu t'es rendu compte qu'Agnès n'allait pas bien, alors écoute-moi: je me fous du gymnase, je me fous de l'agence, je me fous de toi et je m'occupe d'elle. Entendu?», et il raccrocha. Il rappellerait le lendemain pour s'excuser, sermonner Jérôme et Samira sans trop leur reprocher leur complicité, après tout excusable, ils ne pouvaient pas savoir, et lui-même avait bien failli se laisser embobiner. Mais pour l'instant il avait hâte de rentrer, de s'assurer qu'Agnès était bien là. Il pensa qu'à partir de maintenant il n'allait plus cesser d'avoir peur pour elle et, tout en l'inquiétant, cette perspective l'exalta bizarrement.

Quand il arriva, un peu avant cinq heures, Agnès venait de rentrer et feuilletait un jeu d'épreuves en écoutant à la radio une émission sur les origines du tango. Elle lui dit qu'elle avait déjeuné dans les jardins de Bagatelle avec Michel Servier, un ami à elle qu'il connaissait peu, et décrivit plaisamment la foule qui se pressait dans le restaurant en plein air, avide de profiter des premiers beaux jours. Elle lui fit même admirer le hâle léger de ses avant-bras. Dommage, dit-il, qu'elle ait déjà déjeuné dehors, il pensait justement aller dîner au Jardin de la paresse, dans le parc Montsouris. Il craignait de l'étonner en proposant cela,. car ils préféraient en général ne pas sortir le samedi soir, mais elle observa seulement que, de toute façon, il risquait de faire un peu froid pour dîner à une terrasse. En revanche, elle aimait bien la salle du restaurant, alors adjugé.

Ils passèrent le reste de l'après-midi paisiblement, elle lisant sur le canapé et écoutant les tangos, lui feuilletant Le Monde et Libération qu'il avait pris soin d'acheter en rentrant, avec la vague idée de paraître naturel, de se donner une contenance. Il se faisait l'effet, derrière ses journaux négligemment dépliés, d'un détective privé épiant la jolie femme que son mari l'a chargé de surveiller. Afin de dissiper cette impression, il s'esclaffa à plusieurs reprises et, sur sa demande, lui fit la lecture des petites annonces Chéris de Libération, où figurait, pour la troisième semaine de suite, un jeune homosexuel désireux de rencontrer, pour amitié et plus, un monsieur entre soixante et quatre-vingts ans, rond, chauve et distingué, ressemblant à Raymond Barre, Alain Poher ou René Coty. Ils se demandèrent si la récurrence de l'annonce signifiait que le jeune homme avait peine à trouver chaussure à son pied ou si au contraire il faisait une abondante consommation hebdomadaire de grands commis dodus à la bedaine sanglée dans de stricts costumes à rayures. Croisés, ajouta Agnès.

Pendant tout ce temps, trois personnes téléphonèrent et il répondit à chaque fois. La troisième était Véronique, qui ne fit aucune allusion à son coup de fil nocturne de l'avant-veille et, de son côté, la présence d'Agnès l'empêchait de lui dire ce qu'il avait sur le cœur. Agnès fit signe qu'elle voulait prendre la communication, invita Véronique et Serge à dîner pour le lendemain soir. Il pensa qu'il lui faudrait les appeler avant, ce qu'il comptait faire de toute manière. A aucun moment, ils n'abordèrent la question du psychiatre.

Le soir tombant, ils se rendirent au Jardin de la paresse où ils arrivèrent un peu en avance sur l'heure à laquelle il avait réservé. Ils se promenèrent, en attendant, dans le parc Montsouris. Des lances piquées de petits trous arrosaient d'une pluie fine les pelouses; un coup de vent, détournant le jet, aspergea la robe d'Agnès et il passa son bras autour de ses épaules, puis l'embrassa longuement, se baissant pour caresser ses jambes nues sur lesquelles ruisselaient les gouttes d'eau fraîche. Elle rit. En la serrant contre lui, joue contre joue, il ferma violemment les yeux, ouvrit la bouche comme pour crier, submergé par l'amour qu'il lui portait, la crainte qu'elle ne souffre et, quand ils s'écartèrent l'un de l'autre, il surprit dans son regard une tristesse qui le bouleversa. Ils regagnèrent le restaurant, main dans la main, en observant plusieurs haltes pour s'embrasser à nouveau.

Le dîner fut gai, étonnamment naturel. Ils parlèrent de tout et de rien, Agnès se montra spirituelle, mordante même, mais avec la nuance d'abandon enfantin qui distinguait ce brio-là de celui qu'elle réservait aux autres. Il avait peine à manger, pourtant, la gorge serrée par l'impression qu'ils prenaient tous les deux sur eux, de sorte que leur tendre désinvolture évoquait à ses yeux la parade d'un couple dont la femme se sait condamnée, sait que l'homme qu'elle aime le sait aussi, et s'acharne à n'en rien laisser paraître, jamais, pas même la nuit, éveillée dans ses bras, certaine qu'il ne dort pas non plus et qu'il lutte comme elle pour réprimer ses sanglots. Et, de même que cette femme mettrait un point d'honneur à prouver que le mot cancer ne l'effraie pas, Agnès, en lui caressant la joue, puis la lèvre supérieure, murmura: «Ça pousse, non?» Il emprisonna alors sa main dans la sienne, la garda serrée contre son visage, retraçant avec ses doigts à lui le trajet de ses doigts à elle, comme lorsqu'ils caressaient son sexe tous les deux, et pensa sans rien dire: «Oui, ça pousse, ça repousse.»

Un peu plus tard, au milieu d'une série de plaisanteries concernant la timide prétention de la carte, et alors qu'ils inventaient chacun à leur tour des noms de plats plus prétentieux encore, elle dit brusquement qu'elle n'avait pas encore appelé de psychiatre. Il s'apprêtait à suggérer une chiffonade de petits rougets trépanés, hésitant pour la garniture entre le coulis de morilles «à ma façon» et le lit d'oseille à la moelle, il lui fallut faire un effort pour ne pas laisser tomber sa fourchette. Elle ne connaissait pas de psychiatre, continuait-elle, mais pensait que Jérôme, à cause de sa femme… Sans s'attarder au fait qu'il avait eu la même idée, il interpréta sa proposition comme le signe d'un regain de lucidité: en lui rendant l'initiative, car Jérôme était plutôt son ami à lui, elle sous-entendait qu'elle avait compris ses soupçons, renoncé peut-être à poursuivre auprès du pyschiatre ses manigances sans issue, acceptait qu'il la prenne en charge. Il pressa de nouveau sa main, promit d'appeler Jérôme sans tarder.

En ramassant le chèque glissé dans l'addition, le serveur réclama une pièce d'identité, ce qui l'irrita.

Quand on la lui rapporta, Agnès dit ce qu'il espérait qu'elle ne dirait pas:

«Montre.»

Il la lui tendit, luttant contre l'idée qu'elle abusait un peu de son statut d'incurable. Elle examina avec attention la photo, puis secoua la tête, en signe d'indulgente désapprobation.

«Quoi?

– Trouve mieux la prochaine fois, mon amour», dit-elle en léchant son index, qu'elle fit glisser sur la photographie. Puis elle le tourna vers lui, montrant une petite tache noire, le lécha à nouveau, le tendit vers son visage, tâchant de l'introduire entre ses lèvres. Il écarta sa main d'un geste brusque, comme celui de la femme au landau tout à l'heure.

«A mon avis, dit-elle, Stabilo Boss. Bonne qualité d'ailleurs, ça part à peine. Tu sais que c'est défendu de maquiller sa carte d'identité? Mais attends.»

Sans lâcher la carte, elle fouilla dans son sac, en retira une petite boîte de métal d'où elle sortit une lame de rasoir.

«Arrête», dit-il.

A son tour, elle écarta sa main et se mit à gratter la moustache, sur le photomaton. Pétrifié, il la regardait faire, détacher de son visage renversé de menues particules noirâtres, grattant jusqu'à ce que l'espace compris entre sa bouche et son nez devienne, non pas gris comme le reste de la photo, mais d'un blanc granuleux, déchiqueté.

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