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Jean-Marie Le Clézio: Histoire du pied et autres fantaisies

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Jean-Marie Le Clézio Histoire du pied et autres fantaisies

Histoire du pied et autres fantaisies: краткое содержание, описание и аннотация

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« Jusqu'où irons-nous ? Jusqu'à quand serons-nous vivants ? Quelles raisons donnerons-nous à notre histoire ? Parce qu'il faudra bien un jour trouver une raison, donner une raison, nous ne pourrons pas accréditer notre innocence. Où que nous soyons, quelle que soit notre destination finale (si une telle chose existe), il nous faudra rendre compte, rendre des comptes. J'ai été, j'ai fait, j'ai possédé. Et un jour je ne serai plus rien. Pareil à ce wagon lancé à une vitesse inimaginable, incalculable, sans doute voisine de l'absolu, entre deux mondes, entre deux états. Et pas question qu'aucun d'entre nous retourne jamais à ses états, je veux dire à son passé, à ce qu'il, à ce qu'elle a aimé. Pour cela les visages sont figés, immobiles, parfois terreux, on dirait des masques de carton bouilli ou de vieux cuir, avec deux fentes par où bouge le regard, une étoile de vie accrochée au noir des prunelles. »

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Il n’y a pas si longtemps, je me serais méfié. J’aurais cherché à deviner le complot, les espions postés sur ma route. Mais grâce à Viram, je suis délivré de ma peur. Les indices, les fameux indices : les bruits doubles, les gestes coupants du tranchant de la main, la musique tzigane, les affiches « Avez-vous vu ? », les messages cryptés sur l’écran des ordinateurs, avec ces mots : loger, logement, comme si on te menaçait d’une balle dans la tête, et les annonces, toutes les annonces, dans le journal, sur les panneaux publicitaires, au téléphone, à la télévision, partout, ce code secret, ce langage à double entendre, et les signes, partout, sur le trottoir, à la craie sur les murs, à la hâte, jetés par les enfants, mais il faut remonter à la source, trouver l’origine, déchiffrer le sens, avant qu’il ne soit trop tard — ils n’ont pas cessé, ils sont toujours là, autour de moi, mais je n’ai plus peur d’eux, je ne leur fais plus la faveur de m’abuser sur eux.

Une immense fatigue dans le ciel pèse sur la ville, dans la brume rose qui noie les châteaux, dans le nuage qui se tasse en bas, au fond des sillons des artères, et le long du grand fleuve rampe un grand tapis cotonneux et gris.

Une fatigue de trop savoir, de trop comprendre. Peut-être que je voudrais être semblable à ces amoureux, indifférents à ce qui se passe autour d’eux, trop occupés à se regarder, à se lire dans les yeux, à se dire des choses minuscules. J’ai téléphoné à An-Nee pour qu’elle vienne me rejoindre. Pour ne pas l’effrayer, je lui ai dit que j’allais mieux, que j’avais pris des médicaments. Depuis plusieurs mois nous ne nous étions pas vus, et j’ai lu dans ses yeux tout ce qui avait changé dans mon apparence. Ma maigreur, ma pâleur, les cernes d’insomnie, les rides, peut-être des cheveux blancs. Comment lui dire que je n’étais pas vaincu ? Que bien au contraire, Viram m’a chargé d’une certitude. An-Nee s’est assise sur le banc à côté de moi. Ses yeux très noirs brillent, deux feuilles d’obsidienne allongées vers les tempes. Elle a ces yeux qui semblent toujours étonnés. Elle parle de l’hôpital, des examens proches, à la fin de l’été. Elle dit qu’elle a l’intention de partir très loin, en Afrique, au Congo, pour accompagner une équipe qui opère les hernies. Elle pose des questions, est-ce que j’ai trouvé un autre travail, et mon projet de reportage sur les syndicats du port, sur les longshoremen et leurs chapitres ? Le soleil est en train de se noyer dans la brume, tout baigne dans une lueur d’or. C’est cela, mon indice, le signe que je dois suivre. Tout à coup, je prends la main d’An-Nee, je la serre très fort.

« Viens ! Nous devons nous envoler ! »

La première fois que je suis sorti avec An-Nee, nous avions couru dans les ruelles, descendu les volées d’escaliers, passé sous les ponts des autoroutes, jusqu’au fleuve. Nous étions des enfants. C’était avant le complot, avant que cette ville ne soit envahie par l’ombre. Avant les disparitions d’enfants et de vieillards, avant les crimes et les rafles.

An-Nee détache sa main de la mienne.

« Je ne peux plus, nous ne devons plus nous voir. »

Je ressens la douleur de cette déchirure. Ça n’est pas imaginaire, c’est une blessure saignante. Je ne savais pas qu’on pouvait avoir aussi mal d’être trahi.

An-Nee s’éloigne rapidement, sans se retourner. J’entends ses enjambées, les talons qui frappent le trottoir. Une-deux. Je ne peux plus bouger de mon banc. Je suis pareil à ces vieux cloués à leur morceau de ciment, dans les sous-sols, le front par terre et les paumes tournées vers le ciel.

On dirait que la vieille m’a attendu. Ai-je pensé trouver Viram chez elle ? Mais je suis à bout de forces, j’ai seulement besoin d’un peu de réconfort. C’est la fin du jour, au-dehors la chaleur et l’humidité sont à leur comble. En descendant l’escalier crasseux qui mène à cet antre, je ressens la fraîcheur bienfaisante de la vie sous terre. La vieille a allumé l’unique barre de néon au fond de la salle. Je viens ici pour la première fois, et pourtant l’endroit me semble familier, comme si je retrouvais un lieu de mon enfance, un lieu plein de délices et de mystères où se mêlent les odeurs de la suie, de la sciure de bois, des légumes cuits, des fruits trop mûrs. Une odeur de vin.

Que viens-tu faire ici ? Est-ce qu’elle m’a dit ces mots, ou bien je les ai rêvés ?

Peut-être, plutôt : Qu’est-ce que tu veux manger ?

Je ne sais pourquoi je suis venu chez Maman. Il n’y a plus personne, alors, plus d’autre endroit. C’est ici que Viram est venu, pour échapper aux sbires qui voudraient l’arrêter, le déporter. Quand les amis, les amours ne sont plus rien, et vous êtes à la poursuite d’une chimère, d’un enfant sorti de l’histoire pour changer la vie, pour rendre les mots à ceux qui n’en ont plus.

Je parle avec la vieille. Je ne suis pas venu pour manger, d’ailleurs, depuis des jours j’ai un goût de sang dans la bouche. Mais la vieille me sert sa fameuse soupe blanche, de la moelle et des pâtes épaisses, chaudes, gluantes, que j’avale voracement en faisant du bruit. La vieille me regarde manger en fumant sa cigarette. Ses yeux sont plissés en deux fentes étroites, ses lèvres peintes en rouge s’arrondissent pour lâcher un cercle de fumée qui s’étale, sa tignasse rouge brille à la lumière du néon en halo au-dessus de son visage très noir. Elle est laide, presque repoussante, mais bienveillante. Elle, la fille d’un soldat de la dernière guerre américaine, qui a grandi dans les bars, et qui a eu au mitan de sa vie un enfant de père aussi inconnu que son propre père. Il me semble qu’elle est ma seule parente, ma seule amie. Elle est ma mère, que je reconnais enfin.

À moitié ivre, sans doute. Elle guérit ma tristesse avec sa soupe qui emporte la bouche, qui brûle ma gorge et mon estomac comme un brouet de sorcière. Elle se met à me parler de son fils, son seul garçon nommé Michaël, qu’elle a élevé en petit prince et qui est fiancé à une fille de la haute, une fille parfaite, une princesse rose à qui il raconte que sa mère est morte depuis longtemps. Michaël ne vient jamais voir la vieille, il se contente de téléphoner pour les chèques qu’elle envoie chaque mois, pour payer sa chambre en ville et ses études. Qu’il aille au diable, lui et sa princesse parfaite !

La vieille parle de Viram avec précaution comme si Jésus lui-même lui avait rendu visite dans son boui-boui. Il est entré, il s’est assis là où je suis, il a mangé la soupe blanche, il a bu son soda, et puis il est reparti. Elle en parle doucement puis elle ricane. Qu’est-ce qu’il croit, qu’il est par hasard l’envoyé du ciel, venu prendre la mesure de ma vie, et m’annoncer ma mort prochaine ? Elle ne sait même pas son nom, et quand je le lui dis, elle se balance un peu sur ses coussins, la cigarette au bec, elle répète d’une voix hébétée : « Viram… Viram. »

L’instant d’après, elle prend dans son sac une petite photo encadrée, en couleurs, qui montre un jeune homme aux cheveux noirs très lisses, aux yeux langoureux en amande, l’air un peu bellâtre, c’est lui, c’est mon Michaël, il est si grand, deux mètres, est-ce qu’il n’est pas beau ? Est-ce qu’il n’est pas mon dieu ?

Chacun dans sa cage, prisonnier de soi-même.

Et j’imagine Viram marchant toujours dans cette ville, rencontrant d’autres humains. Marchant dans les rues mouillées par la pluie d’août, marchant dans le crépuscule, passant devant toutes ces fenêtres, son reflet glissant sur les ruisseaux. J’imagine les endroits où il va dormir, à l’abri d’une entrée d’immeuble, sur des cartons, ou dans un trou de tunnel, une bouche qui sent l’urine et la mort. Je vois les milices qui le cherchent, les brigades vêtues de blanc, j’imagine les assassins et les violeurs d’enfants, les marchands d’esclaves, les loueurs de misère avec leurs petits accordéons pour ravir les innocents.

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